Evangile selon Saint Jean

LA GUERISON DU PARALYTIQUE     5, 1-47

Introduction
Contraste : en Galilée et en Samarie, on accède à la foi. A Jérusalem, on refuse Jésus Même procédé littéraire : l’anecdote, qui est prétexte à révélation. L’auteur part d’un fait précis (miracle), de personnages précis (paralytique et juifs influents) et d’un motif précis (violation du sabbat) ; mais ensuite ces réalités s’estompent au profit d’une révélation théologique fondamentale : la condition divine de Jésus, et le nouveau visage de Dieu. Dans ce chapitre, 2 plans historiques sont superposés : l’apologétique de Jésus qui se défend contre les docteurs d’Israël à Jérusalem, et l’apologétique de Jean qui défend le christianisme naissant contre le judaïsme immobile et persécuteur.  

I.  Le miracle  v. 1-9
Une nouvelle fois, Jésus franchit les frontières : la piscine probatique de Bezatha,  qui est un lieu peu orthodoxe, plus ou moins suspect aux autorités : eaux guérisseuses de réputation et d’origine païennes ?  L’action missionnaire de Jésus se dirige vers les superstitieux. Jésus n’exige pas d’abord la foi, d’emblée il agit avec puissance ; la foi du paralytique sera d’obéir après le miracle. C’est une manière de dire que la foi n’est pas seulement la confiance, mais aussi l’obéissance. La guérison ne s’adresse pas seulement au corps (v. 8), mais aussi au cœur (v. 14) ; tout en précisant qu’il n’y a aucun lien entre l’infirmité et le péché : Jésus le dira explicitement en 9, 3. Jean fait probablement une allusion au baptême chrétien, qui lui aussi est une plongée dans l’eau et une guérison-recréation. L’impossibilité dans laquelle se trouvait le paralytique de recevoir la guérison jusqu’à ce que vienne à lui le Christ, évoque l’humanité laissée à ses propres forces.

II. La polémique avec les juifs v. 10-18
Le prétexte est la rupture du sabbat. L’argumentation des juifs et de la Bible, c’est que l’homme doit imiter le repos du Créateur La réponse de Jésus est d’un autre ordre : « Mon Père travaille toujours et moi aussi je travaille ». Il faut savoir que la pensée juive peinait à concilier le repos de Dieu après la création, repos dont le sabbat est l’image (Gn. 2, 2), avec son activité constante dans le gouvernement du monde. On distinguait l’activité du Créateur qui a pris fin, et l’activité du Juge, qui ne cesse jamais. Jésus identifie son activité à celle du Juge. D’où le scandale des juifs puisque Jésus s’estime seul juge de la véritable imitation de Dieu. Bien plus, il l’appelle « son Père », et donc l’égal de Dieu.

III. Le discours apologétique de Jésus          v. 19-47

Deux parties dans ce discours :

  • Parfaite unité d’action entre le Père et le Fils (19-30 : bien marquée par une inclusion)
  • fondée sur « voir » et « aimer »
  • Les 2 œuvres du Fils : « donner la vie » et « juger »

double pouvoir qui est proprement divin (cf. Dt. 32, 39 ; 2R. 5, 7)

  • Les témoins de Jésus (31-47)
  • Jean-Baptiste… mais ce n’était qu’un homme (33-35)
  • Le Père, au travers des œuvres de Jésus (32. 36-38)
  • Les Ecritures (39-40).

Alors, pourquoi les juifs refusent-ils le témoignage du Père ? (41-47). Parce qu’ils recherchent la gloire auprès des hommes, plutôt que l’amour du Père. Par-là, ils sont infidèles à Moïse.

Fr. Joseph