« En Toi j’ai mis ma confiance »

La confiance, nous dit le dictionnaire, est « le sentiment de sécurité de celui qui se fie à quelqu’un ou à quelque chose ». Mais à qui ou à quoi un monde qui affiche son indifférence ou son hostilité au divin peut-il se fier ? L’homme d’aujourd’hui est devenu son propre maître et croit pouvoir se suffire à lui-même en se choisissant des idoles, toujours les mêmes (argent, pouvoir, domination…), dont il découvre peu à peu qu’elles ne peuvent satisfaire ses désirs les plus profonds. La déception fait place à la défiance, à un sentiment d’insécurité qui peut mener bien vite au désespoir face aux difficultés.

Le croyant, lui, a mis sa foi en Dieu, cependant il peut être tenté de s’en détourner ou voir sa confiance entamée lorsque se présentent les épreuves.

Dans l’Ancien Testament, déjà, les exemples ne manquent pas où le peuple hébreu préfère se fier à son propre jugement plutôt qu’à la sagesse divine. Malgré les mises en garde, il se tourne vers des idoles que les prophètes qualifient de « mensonge » (Jr 13,25) et de « néant » (Is 59,4).

A l’inverse, la foi d’Abraham ne vacille pas à l’heure du sacrifice de son fils car il a l’assurance que « Dieu pourvoira » (Gn 22,8-14). Il est pour nous le modèle du juste qui obéit par la foi. Dans les psaumes, c’est au cœur des ténèbres que surgissent les appels au secours et que se manifeste la confiance en un Dieu fidèle et miséricordieux : « qui se fie en Yahvé, la grâce l’entoure » (32,10), « En Dieu seul repose-toi, mon âme, de lui vient mon espoir ; lui seul mon rocher, mon salut, ma citadelle » (62,6-7). Tout au long de l’histoire d’Israël, Yahvé est le Dieu qui « écoute », « garde », « protège », « défend », « console », « rachète », « sauve »… particulièrement les petits et les faibles. Le psaume 131 traduit la prière humble et confiante de celui qui a gardé l’esprit d’enfance : « Yahvé, je n’ai pas le cœur fier, ni le regard hautain. Je n’ai pas pris un chemin de grandeurs ni de prodiges qui me dépassent. Non, je tiens mon âme en paix et en silence ; comme un petit enfant contre sa mère, comme un petit enfant, telle est mon âme en moi. Mets ton espoir, Israël, en Yahvé, dès maintenant et à jamais. » Jésus utilise également cette image du petit enfant : « Laissez les enfants venir à moi ; ne les empêchez pas, car le Royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux. En vérité, je vous le déclare, qui n’accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas. » (Lc 18,16-17) car le petit enfant est celui qui s’abandonne dans la confiance et qui accueille tout ce qui lui est donné avec simplicité et émerveillement.

S’inspirant de la prière du Christ, qui fait sienne la volonté de son père, Charles de Foucauld exprime ainsi sa confiance en Dieu : « Mon Père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout, pourvu que ta volonté se fasse en moi ». Avec une « infinie confiance » il s’en remet entièrement à la volonté et à la bienveillance de son Père car il se sait fils bien-aimé.

François d’Assise, lui, renonce à toute prétention pour se faire petit et humble serviteur, pour pouvoir tout recevoir et se recevoir du Père, Lui le seul Bien. C’est une confiance simple et joyeuse qui le porte à la louange. « Tu es le bien, tu es tout bien, tu es le souverain bien, […] tu es notre abri, notre gardien et notre défenseur, tu es la force, tu es la fraîcheur. Tu es notre espérance, tu es notre foi, tu es notre amour ». (Louanges de Dieu pour frère Léon) .

Nous sommes tous les enfants bien-aimés du Père, aimés d’un amour qui, seul, peut nous combler. Un amour de toujours à toujours, qui peut tout, qui supporte tout et qui ne se dément pas. Mais c’est dans la détresse que se vérifie notre confiance en Dieu ; l’expérience de ces grandes figures peut alors affermir notre foi et nous redonner l’assurance qui nous fait tant défaut, à l’exemple de Ste Thérèse d’Avila : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit […] Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n’y a pas d’amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi vive maintiennent l’âme, celui qui croit et espère obtient tout. »

Croyons avec le pape François que « seule la confiance en Dieu peut transformer le doute en certitude, le mal en bien, la nuit en aurore radieuse. » (tweet posté le 11 avril 2014)

P. Clamens