ETRE JUSTE !

« C’est pas juste ! » L’expression revient souvent dans la bouche des enfants, et lorsqu’un conflit entre eux nous oblige à les départager, il n’est pas toujours facile de justifier notre jugement. Il n’en reste pas moins qu’entre adultes aussi le terme « juste » n’est pas toujours le mieux adapté pour nommer une situation personnelle ou collective.
En début d’année, nous avons eu l’occasion de qualifier Joseph
d’« homme juste » à propos de son attitude et de sa manière d’être présent à une situation inattendue : la naissance de Jésus…
En effet « être juste » ce n’est pas d’abord la conclusion équilibrée d’un jugement moral ni la bonne appréciation d’une situation donnée. C’est avant tout une catégorie spirituelle de l’ordre de la foi, que je veux évoquer ici.

La juste place de la créature se conçoit en référence à l’Absolu de Dieu. Sa recherche est inséparable d’une recherche de conformité dans le sens où être juste, c’est être dans l’union à Dieu par désir, par action et par volonté. Que ce soit clair ou non au moment de la prise de décision ou du choix de vie, la Parole de Dieu produit son effet : la personne ou la communauté justes entrent peu à peu en phase, en communion avec la pensée de Dieu et son projet créateur.

Tout notre travail consiste à évaluer la conformité de nos désirs, de nos pensées et de nos actes au mystère de l’Amour de Dieu. C’est une recherche personnelle et collective d’ajustement de l’homme à Dieu. Tout se tient ; il est nécessaire de tenir compte du temps, espace de conversion ou de résistance à la Vie. Une autre attitude se révèle donc indispensable : la veille, afin de persévérer dans l’avancée et de vaincre les résistances et les oppositions diverses. Ce qui conduit l’homme, c’est l’étoile qui permet l’ajustement et conduit à la Paix et à la Joie.

François d’Assise fit ses preuves, il rayonna dans sa conformité à Jésus. En lui la créature et le créateur s’accordent et cela sonne juste. Ainsi, l’homme vit une histoire qui se développe dans le temps, avec confiance et énergie. C’est dans cette justice-là que peut s’établir une référence éternelle à celui qui « est tout Bien et sans qui n’est aucun Bien ».

Fr. Thierry Gournay