St Jean chapitre 11 suite La vie rendue à Lazare

La préfiguration de la résurrection du Christ

Il y a une mise en parallèle entre le retour à la vie de Lazare et la résurrection de Jésus, avec des ressemblances et des différences, pour bien faire sentir qu’il y a préfiguration, mais incomplète : le retour à la vie de Lazare est une image encore floue du drame de la mort, puis de la vie ; et que l’image vraie, ce sera celle de la mort et de la résurrection de Jésus.

Ressemblances

  1. Lazare subit une maladie qui « va à la mort », humainement parlant. Or Jésus, qui s’était « mis à l’abri » en Pérée, sait qu’en se rendant à Jérusalem, il va lui aussi à la mort.
  2. Et pourtant Jésus affirme que cette maladie « n’aboutira pas à la mort », divinement parlant, c’est à dire que la mort n’est pas la fin de tout, qu’il va le tirer de la mort, qu’après la mort il y aura la vie. C’est préparer ses disciples à ce qui se passera après sa propre mort à lui.
  3. Lazare est au tombeau depuis 3 jours et Jésus le ressuscitera le 4ème jour. Jésus, lui, sera ressuscité le 3ème jour. Il faut qu’ils soient bien morts tous les deux, car les juifs pensaient que l’âme demeurait près du mort 2 jours pleins.
  4. Nous avons deux réflexions similaires de la part des juifs :
    • S’il a guéri un aveugle, il aurait pu empêcher Lazare de mourir!
    • Si tu es le Fils de Dieu, descends de ta croix !
  5. Jésus « frémit intérieurement et se troubla »
    … comme la veille de sa mort à Gethsémani, devant la perspective de sa propre mort
  6. La résurrection de Lazare est attribuée par Jésus à la puissance du Père : juste avant le miracle, il rend grâce au Père d’être exaucé (41).
    De même pour Jésus, les Apôtres témoigneront que c’est Dieu qui l’a ressuscité.

Différences (au profit de la résurrection de Jésus)

  1. Lazare subit déjà la putréfaction
    Jésus, non ! (cf. l’Ecriture : « Tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption » (Ps. 16).
  2. Pour Lazare, on doit rouler la pierre,
    pour Jésus, inexplicablement, la pierre était déjà roulée quand les femmes arrivèrent pour l’embaumer après le sabbat.
  3. Lazare sort encore tout ficelé de bandelettes et enveloppé de suaire.
    Jésus, lui, n’est plus là, mais les bandelettes et le suaire sont roulés, à part.
  4. Surtout, Lazare rendu à la vie devra bien re-mourir un jour : il ne fait que revenir à sa vie antérieure conditionnée par les limites de l’espace et du temps.
    Or, Jésus, lui, par sa résurrection, va sortir corporellement des limites de l’espace et du temps. Ni l’espace ni le temps n’auront plus de prise sur lui.

Conclusion

Une fois de plus, la scène doit être lue à deux niveaux : au niveau humain d’un bouleversant témoignage d’émotion et d’amitié ; mais surtout au niveau théologique, car ce geste miraculeux a une portée et une signification.

Paradoxalement, cette maîtrise éclatante de Jésus sur la mort, signe son propre arrêt de mort. Le miracle est trop fort pour n’être pas des plus dangereux. La peur l’emporte sur la foi.

11, 45-57
Ces quelques versets montrent l’impact que ce miracle a eu sur les juifs et sur les autorités juives.
Parmi les premiers beaucoup croient.
Les seconds, grands prêtres et pharisiens, comme d’habitude chez Jean, se cabrent. Ils reconnaissent que cet homme accomplit beaucoup de signes (47). Mais, pour eux, cela ne peut qu’engendrer un soulèvement avec toutes ses conséquences. Il faut donc en finir. Jésus doit mourir, « mourir pour la nation et pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (51-52). Jean, par cette prophétie qu’il met dans la bouche de Caïphe, signifie que la mort de Jésus est pour le rassemblement des hommes en UN, c’est-à-dire pour l’unité des hommes dans le Fils.

Le verset 54 : « Jésus donc ne circulait plus ouvertement parmi les juifs ; mais, de là, il partit pour la région voisine du désert, … et il y demeurait avec ses disciples ».
Ce verset fait pendant à 10, 40-42. Par un « donc », l’évangéliste indique une relation de cause à effet. Mais aussi, il met en évidence l’atmosphère tendue à Jérusalem où Jésus était serré de près. A la différence du séjour au-delà du Jourdain, aucune affluence n’est notée. Jésus est seul avec ses disciples. La rupture avec la Judée est consommée ; mais non sans que le signe de Lazare ait donné figure et sens à l’œuvre que Jésus réalisera par sa mort.

Fr Joseph