Second discours après la Cène 15-16 (première partie)

Introduction

◽️ Dans le 1er discours d’adieu, nous avons vu qu’il s’agissait surtout de la promesse d’un « enveloppement trinitaire ».
◽️ Aux chapitres 15 et 16, Jésus va leur montrer que cet enveloppement trinitaire, ce n’est pas encore le ciel, mais qu’il concerne leur vie d’ici-bas, dans le temps qui reste à vivre avant le retour du Seigneur. Il y a un délai… C’est le temps de l’Eglise… Que faire de ce temps ?
◽️ Ce n’est pas un temps creux, inerte. Ce sera le temps actif du salut (comme lorsqu’une femme attend un enfant). Comment se présentera cette condition active dans le temps ?

L’incorporation au Christ (Allégorie de la vigne – 15, 1-17)

1. En se recevant d’un Autre

◽️ La VIGNE, c’est d’abord le symbole d’Israël dans l’AT. Le peuple choisi par Dieu est un vignoble. YHWH l’a planté lui-même, arrosé, entouré de soin… Mais sa vigne l’a déçu, elle ne lui donnait que du verjus… Alors il l’a abandonnée au feu et à la dévastation.

• Dans l’évangile de Jean, la vigne devient une seule personne : Jésus. Il incarne et récapitule tout Israël. Autrement dit, le seul et véritable Israël, c’est lui. Quand il dit « Je suis la vraie vigne » il sous-entend qu’Israël n’était qu’une préfiguration et que la réalité n’est plus décevante comme la préfiguration, mais parfaite : c’est l’Israël réussi.
• Mais l’image se resserre encore : cette seule personne, le Christ, devient un vivant collectif, une seule unité organique avec ses disciples, un seul organisme vivant (cep + sarments).
cf. Saint Paul : comparaison du corps et des membres (1Co. 12, 12 ss)
Saint Augustin parlera du « Christ total », c’est à dire Jésus et les siens.

◽️ Il y a donc une réelle incorporation qui fait que la condition des disciples dans le temps n’est pas une vie loin du Christ, séparée du Christ remonté au ciel, mais une vie dans le Christ : la formule « en moi » revient 6 fois en 5 versets (2.4.5.6.7). Les disciples ne sont plus des individualités séparées, ils sont membres du Christ.
◽️ La plus évidente conséquence, c’est que la vie des disciples dans le temps consiste à SE RECEVOIR constamment d’un Autre, et à le reconnaître. Paul dit dans 1Co. 4, 7 : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? ! »


2. En se laissant vivifier par un Autre

En étant non pas passif, mais membre actif, en jouant vraiment le jeu de la vivification. C’est le sens de la formule « porter du fruit » qui revient 5 fois (2.4.5.8.16).
Qu’est-ce que cela veut dire ?

◽️ On peut avoir été branché sur le Christ par la foi (être entré dans l’Eglise par le baptême), mais n’avoir qu’une foi sèche, sans les « œuvres »
◽️ Or, ça ne suffit pas, il faut « porter du fruit » par la charité. D’où l’insistance de Jésus (v. 9-17) sur la loi de l’amour « aimez-vous les uns les autres ».
◽️ Donc, sans cesse les disciples ont à faire que la sève se propage, et que la vigne soit en expansion… Simplement, le fruit ne vient pas d’eux, mais du cep.


3. En acceptant de vivre le mystère de souffrance de cet Autre

L’incorporation au Christ va nécessairement jusque-là. D’ailleurs « porter du fruit » ne s’explique que par la phrase de Jésus : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (12, 24).
Tout le passage (15, 18-16, 4) annonce la destinée souffrante de l’Eglise, en solidarité avec celle de Jésus : il lui faudra affronter le « monde », lui résister, tenir bon, supporter la persécution, l’exclusion des synagogues, la mort. Si le corps souffre, les membres souffrent.

Fr Joseph