L’écriture d’un livre

L’écriture d’un livre est toujours une aventure et une plongée dans l’inconnu. On sait comment l’on veut commencer, on ne sait pas toujours ce qui viendra sous la plume (le clavier) en fin de course.

Dans certains cas, cette aventure réserve des surprises, de très bonnes surprises. Invité par les éditions Mame à écrire un petit livre sur la « manière franciscaine » de protéger la Création de la part de laïcs, j’ai pris le parti d’éviter de trop disserter sur ce que j’en pensais et de rassembler des témoignages de membres de l’OFS engagés dans des démarches correspondant à ce que le pape François, dans Laudato si’ appelle l’écologie intégrale : expériences de conversion personnelle et familiale des modes de consommation, réorientation de choix de vie dans le sens d’une plus grande sobriété, actions de solidarité fraternelle avec les plus démunis et les plus fragiles dans les périphéries souffrantes de la société (prisons, hôpitaux, migrants…), respect du monde animal, etc.

Ce pari n’était pas gagné d’avance pour moi. Je craignais de ne récolter que trop peu de témoignages et de me heurter à une trop grande retenue dans le récit d’histoires de vie et d’engagements personnels. Or la récolte a été au-delà de mes espérances, au point qu’après avoir supplié des religieux et des laïcs franciscains de me rediriger sur des personnes ou des fraternités susceptibles de témoigner, j’ai dû dire « N’en jetez plus ! »

Car très nombreux, à la vérité, sont ceux, dans l’OFS, qui mouillent leur chemise, en fraternité ou ailleurs, pour agir en faveur de la sauvegarde de la Création. Oui, vraiment très nombreux. Et, j’ai été intimidé devant ces témoignages, incité à une grande humilité, et surtout émerveillé par le dynamisme et la créativité d’une famille franciscaine laïque dont, prenant peut-être mon cas pour une généralité, j’avais l’image totalement erronée d’une communauté vieillissante, aux effectifs fondants, fatiguée… Tout le contraire. Les cheveux blancs n’empêchent guère d’aller de l’avant —toutes les têtes, d’ailleurs, sont loin d’être blanches dans la fraternité — et la large palette d’engagement de mes frères m’est apparue comme un vrai motif de louange.

Oui, disent tous ces témoignages, il est possible de partager ses biens, de se dégager de la crainte obsessionnelle du lendemain, de faire la différence entre besoin et caprice, de réfréner nos usages d’Internet, de se désapproprier d’une carrière supposée « prometteuse », de sortir de sa zone de confort et de revisiter sa vie à partir des plus pauvres, de voir en les plantes et les animaux des cadeaux de la Création, de verdir notre Église. Sans être des héros pour autant. Tous ces témoignages le disent et le redisent. Loué sois-tu Seigneur, pour tous ces frères qui ont le souci de respecter ta Création, de la protéger, de la jardiner !…

Libres, simples et heureux. Retourner à l’essentiel avec saint François, Éditions Mame, septembre 2021.

Michel Sauquet