événementS de mars

Retraite des fraternités franciscaines séculières de la région Créteil, St Denis, Meaux

« Eglise des hommes, Eglise de Dieu »
avec fr Joseph Banoub, franciscain

Quand : Dimanche 27 mars de 9h30 à 17h
Où : Couvent des Capucins, 32 rue Boissonade ,75014 Paris
Info pratique : Chacun apporte son pique-nique


Retraite pascale  à La Clarté -Dieu (Orsay)

« Embrasser le Mystère Pascal avec saint François.
Suivre le Christ jusqu’à la Vie véritable ».

avec fr Eric MOISDON, Franciscain 

Quand : du mercredi 13 avril (18h) au dimanche 17 avril (14h)
Où : 95 Rue de Paris, 91400 Orsay
➡️ En savoir plus 👉 voici le tract


Parcours spirituel franciscain de 8 jours :
Une plongée progressive dans « L’itinéraire de l’esprit jusqu’en Dieu » (Saint Bonaventure)

Une expérience fondamentale de ressourcement spirituel et de structuration franciscaine de la foi.

Quand : Du 8 mai 2022 au 16 mai 2022
Où : Maison d’accueil de l’Ile blanche, à Locquirec en Bretagne

➡️ En savoir plus 👉 voici le tract
➡️ Combien ça coûte ? 👉 c’est là
➡️ Pour vous inscrire 👉 c’est ici

UNE ÉGLISE FRATERNELLE.

Le ciel est gris et les nuages s’amoncellent en notre monde. Le climat est sombre ; la pandémie rôde et les peuples grondent. Les foules s’agitent embrasées par les paroles de Trump, Bolsonaro, Orban ou Zemmour. Les protochronistes attisent de chimériques nostalgies alimentant les « Freedom convoy » qui, du Canada, cinglent vers l’Europe, alors que des migrants cherchent cette minuscule parcelle de bonheur dont ils sont privés. Tout semble contraintes pour les oubliés de l’enrichissement planétaire : vaccins, passes sanitaires, indigence des revenus, mépris, hausse des prix de l’énergie, complot des élites, … Certes, l’histoire n’est pas un éternel recommencement mais il y a analogie avec d’autres temps. Prenons garde aux convulsions des masses ; il souffle un vent mauvais, de ceux qui présagent les tempêtes. La résistance à l’oppression figure dans l’article 2 de la DDHC de 1789 et devient un droit dans l’article 35 de celle du 24 juin 1793. L’Église ne peut être la « grande muette » en ces temps troublés ; elle ne le fut pas lorsque les mouvements des années 1830 bousculèrent l’ordre confortable né du traité de Vienne. Félicité de Lamennais publia Paroles d’un croyant qui en appelait à l’insurrection contre l’injustice au nom de l’Évangile alors que son ami dominicain Lacordaire rejoignait le combat des ouvriers. Après beaucoup d’atermoiements et de déchirements, l’Église se rangea du côté de ceux qui souffraient.
« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » avait écrit Luc ; paroles prophétiques pour permettre de sortir d’un doux aveuglement, de ne pas réagir en « privilégiés » apeurés lorsque rugissent les oubliés du CAC 40. Léon XIII montra le chemin dans son Encyclique Rerum Novarum de mai 1891 : «Ainsi, les fortunés de ce monde sont avertis que les richesses ne les mettent pas à couvert de la douleur, qu’elles ne sont d’aucune utilité pour la vie éternelle, mais plutôt un obstacle, qu’ils doivent trembler devant les menaces insolites que Jésus-Christ profère contre les riches; qu’enfin il viendra un jour où ils devront rendre à Dieu, leur juge, un compte très rigoureux de l’usage qu’ils auront fait de leur fortune. ». N’est-ce pas à nous chrétiens de mettre nos pas à la suite de l’Évangile en entraînant les parangons du « ruissellement », du « trickle down economics » ? La doxa néo-libérale qui pose que les revenus des plus riches contribuent à la croissance de l’activité économique profitant à l’ensemble de la société est illusoire. La suppression de l’ISF, l’instauration du prélèvement forfaitaire unique, la « flat tax » pour les revenus du capital, en faveur des « premiers de cordée » est une fable et la réponse des peuples pourrait être virulente. Lamennais écrivit « Le cri du pauvre monte jusqu’à Dieu, mais il n’arrive pas à l’oreille de l’homme. » alors que Léon XIII, fidèle à l’épître de Jacques écrivit à son tour : « Voilà que le salaire que vous avez dérobé par fraude à vos ouvriers crie contre vous, et que leur clameur est montée jusqu’aux oreilles du Dieu des armées ». Là réside la conscience du chrétien qu’interpelle François :
« Aucun effort de pacification ne sera durable, il n’y aura ni harmonie, ni bonheur dans une société qui s’ignore, qui met en marge et abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même »
« L’injustice assombrit tout…Qu’il est méprisable, en revanche, celui qui amasse, celui qui a un cœur si petit, si égoïste, et qui ne pense qu’à emporter une mise qu’il devra laisser derrière lui après sa mort ! Parce que personne n’emporte rien dans la tombe. Je n’ai jamais vu de camion de déménagement derrière un cortège funèbre! Ma grand-mère nous disait : le linceul n’a pas de poche. ». Notre baptême ne nous enjoint-il pas d’aider ceux qui sont à la peine ?
Sans doute les franciscains sont-ils à la pointe de cette indispensable prise de conscience par fidélité à Saint-François, le Poverello qui écrivit dans sa première règle : « Les frères doivent se réjouir quand ils se trouvent parmi des gens de basse condition et méprisés, des pauvres, des infirmes, des malades et des lépreux et des mendiants des rues ». L’Église nourrit une conscience sociale parfois muselée par sa crainte d’affronter les bourrasques fragilisant l’ordre établi auquel elle semble contribuer. Pourtant, elle n’est pas au service des puissants car elle est celle d’un pauvre charpentier galiléen.
Ne nous y trompons pas, nous vivons des moments de bouleversements, la colère gronde. Il ne s’agit pas de gauche ou de droite mais de « classes malheureuses » s’opposant aux « classes heureuses » dans un conflit nourri d’amertume. L’Église a un message d’espérance à porter, sa place est aux côtés de ceux qui souffrent. La communauté chrétienne cultive la vertu de charité dont l’apôtre Paul fut un serviteur : « La charité est patiente ; elle est bénigne ; elle ne cherche pas ses propres intérêts ; elle souffre tout ; elle supporte tout ».
Dans un monde pétri d’injustices, où gonflent les bénéfices des sociétés transnationales, où les dividendes fructifient grassement, les damnés de la terre frappent à la porte et nos communautés chrétiennes doivent les entendre.
Négliger la colère des « petits » qui enfle sans cesse avec des accents insurrectionnels voire nihilistes sollicite nos consciences. Il nous faut aller au large, briser nos conforts, nous convertir et en fidélité avec Marie : déployer nos bras, élever les humbles et combler de biens les affamés. L’Église doit être voix et action auprès de l’humanité et offrir la « bonne nouvelle ». « Il faut aujourd’hui de l’or, beaucoup d’or, pour jouir du droit de parler ; … Silence au pauvre» Ne cédons pas aux sirènes du veau d’or, écoutons les petits qui hurlent leur désespoir et contribuons avec nos charismes au retour d’une Église fraternelle et soucieuse de ceux qui demeurent en marge.

WANTED

Il dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » et cela, depuis longtemps, me fait violence… Je le trouve arrogant, radical, exclusif, excluant. J’ai avec lui de ces rapports adolescents dans les¬quels on est toujours trop : volubile ou complètement fermé, boudeur, adorateur, accusateur. Ses excès m’excèdent, j’y réponds par les miens. Il dit qu’il est la vie, la vérité, le chemin.

Il dit qu’il est la vie, la vérité, le chemin, et cela me fait violence.

Devant tous ceux que j’aime, je m’oppose ; devant toute grandeur, je me cabre. J’éprouve. C’est cela ou fonctionnariser l’amour. Mieux vaut mourir !
Je n’ai pas vraiment décidé de le suivre. C’est à force d’opposition que je me suis retrouvée sur ses talons. À la manière des enfants qui vous suivent bras croisés, men¬ton enfoncé dans leur colère. Dites-leur qu’ils ne sont pas tenus de rester dans vos pattes [ainsi me l’a-t-il dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, mais… va donc où tu veux »], ils tapent du pied et s’avancent encore plus près. Ils vous veulent et je le voulais. Malgré moi. Et je voulais aussi ces paroles agaçantes, frustrantes, choquantes qui me contrariaient, me laissaient sèche, faisaient toujours bouger les lignes du portrait-robot que je m’évertuais à vouloir faire de lui. Pour qu’on reconnaisse ce bandit de ma vie, pour le placarder sur les murs du monde. Wanted !
Mais je jure que jamais je n’ai pu mettre la main sur lui. J’ai senti son souffle tout près du mien, je crois sentir souvent sa main masser mon cœur pour le réanimer. Puis, je le vois tourner à l’angle d’une rue. Car il est le chemin, la vérité et la vie. Toutes ces choses qu’on ne sait ni quantifier ni borner. Ces choses infiniment mouvantes. À la différence des gourous et des dictateurs, il met la vérité en mouvement. Il l’incarne de façon à ce qu’on la désire ardemment et qu’on placarde son nom sur les murs du monde. Ainsi, nous ne mettrons pas la main sur la vérité non plus. Mais nous nous raconterons encore longtemps — et c’est cela qui fait lever la pâte humaine — les fois où nous l’avons aperçu tourner à l’angle d’une rue.

Marion Muller-Colard
Théologienne protestante
(avec l’aimable autorisation de la revue ‘Panorama’- magazine de spiritualité chrétienne- N° 540, année 2017)

Bientôt deux ans… Nos fraternité racontent comment elles vivent ce temps de pandémie

Fraternité Sainte Claire (Roissy)
(La fraternité est composée de 16 membres actifs accompagnés par Jean-Pierre Rossi, diacre. Elle se réunit dans la salle de la paroisse de Roissy-en-Brie car elle s’est constituée principalement autour de la paroisse)

Un temps de confinement qui nous a permis de nous retrouver virtuellement et de garder le contact par des moyens de technologie tels que les téléphones, les tablettes ou les ordinateurs, pour ceux qui ne pouvaient pas se connecter le lien se faisait soit par des appels téléphoniques et (ou) par sms.

La Joie de se voir de se retrouver à chaque réunion mensuelle, nous a montré que notre chaleur fraternelle n’avait pas faiblie ; nous restons dans l’attente des bons petits plats de chacun que nous souhaitons retrouver.

Ce temps de confinement essentiellement nous a amenés à approfondir sur notre vie avec et en Dieu, avec les hommes, avec l’église, avec la fraternité franciscaine, avec la société….
On pourrait comparer ce temps de confinement à une retraite spirituelle de notre vie, c’est pour cela que les réponses ne seront pas forcement instantanées pour tous au même moment.

Avec la Grace de Dieu le COVID 19 a épargné la fraternité.
A chacun sa réflexion, l’essentiel c’est d’être en chemin vers le Seigneur.
PAIX et BIEN

LE PAPE CLÉMENT XIV, UN PAPE CONFRONTÉ À LA TOURMENTE DES LUMIÈRES, …

Certes, il y eut Clément V, rendu célèbre par Maurice Druon relatant ce lundi 18 mars 1314 lorsque Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay furent brûlés sur « l’île aux juifs » à Paris. Malédiction aussi tonitruante qu’apocryphe[1],appelant Guillaume de Nogaret, le roi Philippe le Bel et le Pape Clément au tribunal de Dieu. Cet épisode rendit célèbre un ancien pontife dont le nom se perpétue à la faveur du grand cru classé de Graves dont l’étiquette porte son nom. Se nommer Clément lorsque l’on coiffe la tiare serait-ce gage de lutte contre des ordres religieux ? 

Jusqu’à la fin du XVIII° siècle, la carte des confessions chrétiennes en Europe demeura une carte politique : « cujus regio, ejus religio[2] ». Le catholicisme, comme les autres confessions chrétiennes, fut frappé par la profonde crise de conscience qui, tout au long du siècle, façonna une Europe nouvelle.L’influence de l’Angleterre et de la France conduisit en effet l’élite italienne à adhérer à une « philosophie », projet de bonheur de l’humanité à la faveur du développement des sciences et des techniques. Faire reculer les superstitions ; tout cela conduisait à privilégier la « raison », le « progrès », la « bienfaisance » voire le « cosmopolitisme ». Paradoxalement, cette aspiration à améliorer le sort du collectif conduisit à une exaltation de l’individu auquel il fut offert l’opportunité d’échapper à des pressions ancestrales. Le « temps des Lumières » commença en Italie après la paix d’Aix-la-Chapelle de 1748[3] qui conclut la guerre de succession d’Autriche. Après les traités d’Utrecht et de Rastadt[4] la domination espagnole sur la péninsule prit fin. Si les papes les plus emblématiques de ce XVIII°siècle furent l’intelligent et pittoresque Benoît XIV[5]et « le père des pauvres », Pie VI[6] ; ces deux pontifes ne laissèrent en grande partie que des projets. L’histoire fit peu de cas de Vincenzo Ganganelli, fils d’un modeste chirurgien, né près de Rimini en janvier 1705. Fait cardinal en 1759 par le Pape Clément XII sur la recommandation du Général des jésuites Ricci. Qui était-il ?

Jean-Vincent fit ses études d’humanité chez les jésuites de Rimini puis chez les piaristes[7] d’Urbino. Ce fut en cette ville qu’il prit l’habit chez les frères conventuels sous le nom de frère Laurent. Après avoir enseigné au scolasticat[8] de la province de Romagne[9],  il fut nommé professeur au collège Saint-Bonaventure de Rome. En 1731, il soutint sa thèse de doctorat sur Saint-Ignace et fut élu définiteur général[10] de son ordre. C’est cet homme qui fut élu au Saint-Siège le 18 mai 1769 après un conclave de …3 mois ! ÉRIK LAMBERT.


[1] « Pape Clément !… Chevalier Guillaume !… Roi Philippe !… Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste jugement ! Maudits ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! » Ainsi s’exclame Jacques de Molay, le dernier maître des Templiers, au moment de périr sur le bûcher le 18 mars 1314. C’est en tout cas ce qu’écrit Maurice Druon dans la suite romanesque Les Rois maudits.

[2] « Telle la religion du prince, telle celle du pays.» est une maxime exprimé en latin qui édicte le principe politique selon lequel le souverain d’un pays impose sa religion à ses sujets. Ce principe plutôt d’inspiration protestante fut consécutif aux conflits nés de la Réforme. Principe affirmé suite à la paix d’Augsbourg de 1555. Cet adage manifeste la supériorité du temporel sur le spirituel. 

[3] Le 18 octobre 1748, le traité d’Aix-la-Chapelle met fin à la guerre de la Succession d’Autriche. Cette guerre de huit ans révéla l’émergence d’une nouvelle puissance avec laquelle il faudra compter : la Prusse.

[4] Le traité d’Utrecht, complété le 6 mars 1714 par celui de Rastatt mit fin à la guerre de Succession d’Espagne (1702-1714). L’Angleterre en fut la principale bénéficiaire, obtenant Gibraltar, et, surtout, des positions territoriales et commerciales décisives dans l’Amérique colonisée, qui assurent sa prépondérance économique et diplomatique au XVIIIe siècle. La France de Louis XIV, fut affaiblie mais parvint à installer un prince Bourbon, Philippe V, sur le trône d’Espagne, brisant le vieil encerclement du royaume par les possessions des Habsbourg.

[5] 1740-1758.

[6] 1775-1799.

[7] La congrégation des Piaristes ou Frères des écoles pies a été fondée par le prêtre espagnol José de Calasanz (1556-1648). Celui-ci, ayant fixé sa résidence à Borne, y avait en 1597 une école gratuite pour les enfants pauvres. Vingt ans plus tard, il organisa les instituteurs qu’il employait en une société religieuse, la « Congrégation Pauline des pauvres de la Mère de Dieu des écoles pies » ; en 1621, la Congrégation fut transformée par Grégoire XV en un ordre religieux, les Piaristes. Les écoles pies se répandirent assez rapidement en Italie, en Espagne, en Allemagne, et surtout en Pologne, où les piaristes eurent au dix-septième et au dix-huitième siècles des collèges florissants. 

[8] Institut religieux où les futurs prêtres font leurs études

[9] Région du nord de l’Italie qui s’étend de la chaîne des Apennins jusqu’au fleuve Pô avec des villes comme Bologne et Ravenne (capitale de l’Empire romain d’Occident en 402 sous le règne d’Honorius jusqu’à la déposition de Romulus Augustule en 476. Ce dernier a inspiré le roman de V.Manfredi, La Dernière Légion puis le film éponyme de Doug Lefler )

[10] Religieux qui est chargé d’assister pour un temps déterminé le supérieur général ou le provincial dans l’administration des affaires de l’ordre. 

Cycle de La Passion

La Passion 18-19 (fin)

La crucifixion 19, 17-42
Elle est racontée, elle aussi, en 7 épisodes. Jean relève des faits qui suggèrent un secret dessein de Dieu inscrit prophétiquement dans l’Écriture.

L’écriteau (19, 19-22) : Querelle entre les Juifs et Pilate sur ce titre « roi des juifs »
• Jean souligne le caractère universel de la proclamation : l’araméen (langue du pays et de la vie religieuse), le latin (langue du pouvoir politique et du droit), le grec (langue des échanges et de la culture).
• Une fixation irrévocable : pour Jean, Pilate non plus ne croyait pas si bien faire : nulle volonté humaine ne pourra effacer ce qu’il a fait graver, car c’est l’expression immuable du dessein de Dieu que Jésus soit à jamais le Roi de l’espérance universelle.

Le partage des vêtements (19, 23-24) : Jean distingue le partage et le tirage au sort
• Le psaume 22, 19 avait distingué par avance entre les habits partagés et le vêtement tiré au sort
• La tunique non déchirée comporte une lecture symbolique pour Jean : Dans 1R. 11, 29-39 le prophète Ahiyya déchire son manteau en 12 morceaux pour signifier le schisme d’Israël. Ici, la tunique, non déchirée, devient le symbole de l’unité refaite de la vraie communauté d’Israël.

Femme, voici ton fils… voici ta mère (19, 25-27). Cette parole a, elle aussi, une portée symbolique :
• A cana, Marie est là. C’est le début du ministère de Jésus. Elle n’apparaîtra plus dans l’évangile de Jean qu’au pied de la croix, au terme de ce ministère.
• Pourquoi ‘femme’ et non ‘mère’ ? Ceci nous renvoie, encore une fois, à Cana. Jésus ne veut considérer à cette heure que la femme qu’elle est dans le plan de Dieu.
• Le symbole concerne probablement le rapport du chrétien (Jean) à l’Église (Marie). Au moment de quitter les siens, Jésus confie le chrétien à l’Eglise, et propose cette dernière au chrétien. Marie n’a pas été que disciple, elle fut mère de l’homme-Dieu… et donc mère de tous les siens qui, désormais, sont branchés sur lui.

Soif et Mort de Jésus (19, 28-30)
• « Jésus sachant que tout était achevé… » : formule qui revient comme un leitmotiv pour le lavement des pieds, au moment de son arrestation et sur la croix. Jésus sait que l’œuvre que lui a confiée le Père est accomplie, achevée.
• … comme doit être accomplie les Écritures : Ps. 69, 22 : « … dans ma soif ils m’abreuvaient de vinaigre ».
• Jean ne retient dans ce récit que la majesté sereine de cette mort. C’est la raison pour laquelle il ne rapporte pas le cri de Jésus. Il dit simplement : « Il remit l’esprit ».
• « Il remit l’esprit ». Pour dire de quelqu’un qu’il expira, on ne trouve jamais avant Jean le verbe qu’il emploie ici. Il y a donc une intention. Jésus, par sa mort, va permettre que l’Esprit Saint se transmette aux siens.

L’eau et le sang (19, 31-37)
• A Jésus, les soldats ne brisent pas les os. L’Ecriture, en effet, demandait qu’en préparant l’agneau de la Pâque, on veille à ne pas lui briser les os (Ex. 12, 46). Ainsi pour Jean, Jésus est le véritable Agneau pascal, celui de la Pâque nouvelle.
• « … de son côté ouvert, il sortit du sang et de l’eau ». Le sang atteste la réalité du sacrifice de l’agneau offert pour le salut du monde ; l’eau, symbole de l’Esprit, atteste la fécondité spirituelle de cet agneau offert.
Les Pères y ont vu une allusion aux deux sacrements du baptême et de l’eucharistie :
– Eau, principe de la vie nouvelle, de la nouvelle création en liaison avec l’Esprit. Ceci renvoie au premier verset du livre de la Genèse ‘l’esprit planait sur les eaux’.
– Sang, équivalent du pain chez Jean en 6, 51, principe de sacrifice et de vie.
• « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé… » Le prophète Zacharie décrivait ainsi l’épisode de la mise à mort d’un innocent à Jérusalem (12, 10), mais dont la mort devenait l’occasion d’une grâce de repentir et de pardon.
Jésus avait déjà prédit cela au début de son ministère : « Comme Moïse a élevé le serpent au désert, ainsi faut-il que le fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit ait par lui la vie éternelle » (Jn. 3, 14).

L’embaumement et l’ensevelissement (19, 38-42)
Aucun des apôtres n’est présent. Par contre, Jean nomme deux disciples : Joseph d’Arimathie et Nicodème.
L’évangéliste tient à souligner que ce dernier apporte les aromates ; comme il a souligné aussi sa visite à Jésus de nuit au début de son ministère. Le voici à la fin, quand le soir tombe.
L’évangéliste tient à souligner que ce dernier apporte les aromates ; comme il a souligné aussi sa visite à Jésus de nuit au début de son ministère. Le voici à la fin, quand le soir tombe.

Conclusion
• Pour Jean, la Passion et la mort de Jésus représentent l’heure du paroxysme de l’opposition lumière / ténèbres.

• Elles sont aussi l’heure du paradoxe par excellence :
– le moment même de l’extrême humiliation devient celui de la gloire
– l’abaissement devient l’élévation
– et l’anéantissement devient l’exaltation suprême.

•Elles représentent enfin pour saint Jean la manifestation éclatante d’un leurre magistral. A leur insu, Pilate et les Juifs voient leurs mots et leurs gestes leur échapper. Les mots, censés traduire leurs idées et leurs intentions, sont en fait au service du dessein et du plan de Dieu qui se réalise en Jésus. Et ils sont les acteurs d’un théâtre d’ombres : car les événements qu’ils croient mener et maîtriser ne sont en fait qu’une écume fallacieuse ; à travers eux, perce une autre réalité, invisible, mais combien profonde et réelle : la mise en œuvre du dessein de Dieu, le parcours étonnant d’un amour achevé et, à travers la mort même, le retour en gloire du Fils bien-aimé.

«François et l’Église de son temps» 3ème Partie

Si François a pu comprendre certaines des aspirations des mouvements religieux contestataires de son époque, il s’est toujours situé dans l’Église romaine, lui témoignant sa fidélité et professant sa foi. Par contre, c’est à travers son itinéraire spirituel, avec l’Évangile comme Règle de vie, qu’il va contribuer à renouveler une institution bien mal en point.
La conversion de François s’est faite en plusieurs étapes, mais l’une d’elles a été décisive : au terme d’une jeunesse dorée, sous le signe de la fête et des plaisirs, le voilà, sous l’impulsion du Seigneur, au milieu des lépreux, figures des laissés pour compte et des exclus de son époque ; le voilà soignant et embrassant ceux-là mêmes qui lui faisaient tant horreur par le passé : « Voici comment le Seigneur me donna, à moi Frère François, la grâce de commencer à faire pénitence. Au temps où j’étais encore dans les péchés, la vue des lépreux m’était insupportable. Mais le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux ; je les soignai de tout mon cœur ; et au retour, ce qui m’avait semblé si amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le corps. Ensuite j’attendis peu, et je dis adieu au monde. » (Test 1-3) François choisit de suivre les pas de son Bien-Aimé et de vivre pleinement l’idéal de la pauvreté et de la simplicité évangéliques : « Et après que le Seigneur m’eut donné des frères, personne ne me montrait ce que je devais faire; mais le Très-Haut lui-même me révéla que je devais vivre conformément au saint Evangile.» (Test 14)
Il refuse donc de se laisser imposer une Règle, qu’elle soit de saint Augustin, de saint Bernard ou de saint Benoît (LP 114). Ce n’est pas d’une vie monastique, cloîtrée, où tout est ordonné et immuable, dont il rêve. Animé par le souffle de l’Esprit, il aspire à plus d’itinérance, à l’image de ce que le Christ et ses apôtres ont vécu, et c’est l’Évangile sans glose qu’il veut pour forme de vie. S’il passe, aux yeux des sages, pour un illuminé, sa Règle lui donne plus de liberté et de force pour rejoindre son Seigneur dans une vie authentiquement pauvre et humble, au cœur du monde.
Ce retour à l’Évangile conduit le Poverello et ses frères sur les routes, et donc hors des murs de l’Église, pour aller à la rencontre des hommes et des femmes de leur temps. François leur prêche, leur recommande la pénitence ; non pas « des pénitences » ou des actes de contrition, aussi importants soient-ils, mais « la pénitence », autrement dit la conversion. Loin des sermons convenus auxquels était habitué le peuple de Dieu, François annonce à tous une Bonne Nouvelle qui ne peut que transformer leur existence, comme l’a été la sienne, et les mettre en chemin à la suite du Seigneur. « Et le voilà qui, d’une âme brûlante de ferveur et rayonnante d’allégresse, prêche à tous la pénitence, édifiant son auditoire en un langage simple mais avec une telle noblesse de cœur ! Sa parole était comme un feu ardent qui atteignait le fond des cœurs » (1 Cel 23) Et les conversions sont nombreuses…
Imiter le Christ en tout point, c’est faire le choix d’une pauvreté radicale et rompre avec la société marchande que François a si bien connue, rompre également avec les habitudes et les travers d’une Église toujours plus riche. Ainsi, François encourage-t-il ses frères à demander l’aumône : « Mes très chers frères, le Fils de Dieu était beaucoup plus noble que nous, et cependant il s’est, pour nous, fait pauvre en ce monde. Par amour pour lui nous avons choisi le chemin de la pauvreté ; nous ne devons pas avoir honte d’aller mendier. » (2 Cel 74) Il les pousse également à s’employer à un travail honnête, « non pour le cupide désir d’en recevoir salaire, mais pour le bon exemple et pour chasser l’oisiveté. » (Test 19-21)
François renonce à tout bien, y compris à posséder des couvents, et s’abandonne à la divine providence pour imiter le Christ pauvre. Car c’est le Christ qui est premier, et non la pauvreté. Et c’est parce qu’il reconnait en eux le visage du Christ qu’il peut se faire proche de tous les pauvres, qu’il peut avoir un amour préférentiel pour les plus petits.
Alors que l’Eglise affiche sa puissance et son désir accru de domination, François, fidèle à l’Evangile, fait le choix de la minorité. A l’exemple de Jésus, dans l’épisode du lavement des pieds, il invite ses frères à se faire petits, les plus petits parmi les hommes, et à se faire leurs serviteurs. « Jamais nous ne devons désirer d’être au-dessus des autres ; mais nous devons plutôt être les serviteurs et les sujets de toute créature humaine à cause de Dieu. » (1 Let 47) Aussi s’oppose-t-il, devant l’évêque d’Ostie, à ce que ses frères reçoivent des titres ou des dignités : « Seigneur, si mes frères ont reçu le nom de petits (mineurs) c’est pour qu’ils n’aspirent jamais à devenir grands. Leur vocation est des rester en bas et de suivre les traces de l’humilité du Christ…Si vous voulez qu’ils fassent du bon travail dans l’Église de Dieu, maintenez-les et conservez-les dans le cadre de leur vocation, ramenez-les, même contre leur gré, toujours plus bas…ne leur permettez jamais d’accéder aux dignités. » (2 Cel 148) De même, dans l’Ordre, et c’est une nouveauté, les supérieurs sont appelés « ministres », c’est-à-dire serviteurs : « Les ministres et serviteurs se rappelleront que le Seigneur dit : Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir ; ils se rappelleront que l’âme de leurs frères leur a été confiée » « On ne donnera à aucun frère le titre de prieur, mais à tous indistinctement celui de frères mineurs. Ils se laveront les pieds les uns aux autres. » (1Reg 4,6 ; 6,3-4)
Alors que l’Église à son plus haut sommet prend une part active aux conflits et guerres de son époque, François se présente résolument comme un homme de paix. De nombreux exemples dans sa vie en attestent (la rencontre avec le Sultan, le Loup de Gubbio, la réconciliation du podestat et de l’évêque d’Assise…) Libéré de tout esprit de domination, soumis à toute créature à cause de Dieu, c’est en homme pacifié qu’il peut accueillir l’autre dans une attitude ouverte et fraternelle.
« Que le Seigneur vous donne sa paix ! », cette salutation que le Seigneur lui a enseignée, il l’adresse avec conviction à tous ceux qu’il rencontre ou croise sur son chemin et, nous dit Celano, cela aura souvent des effets bénéfiques (1 Cel 23). C’est pourquoi il insiste tant auprès de ses frères : « La paix que vos bouches proclament, il vous faut d’abord et bien davantage l’avoir en vos cœurs : ainsi vous ne serez pour personne occasion de rancœur ou de chute. Tout au contraire, votre paix et votre gentillesse ramèneront la paix et la tolérance parmi les hommes. Car c’est bien là notre vocation » (AP 38c)

«François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruines ! » Au vu de l’itinéraire spirituel de François, on comprend mieux pourquoi ses premiers biographes ont interprété ces paroles du Crucifix de Saint Damien, ou encore le songe du pape Innocent III (le saint d’Assise soutient la basilique du Latran dangereusement inclinée) comme l’affirmation que le Poverello était sans conteste le réformateur dont l’Église de son temps avait tant besoin…
Le 19 mai 1971, le pape Paul VI s’adressait ainsi aux tertiaires franciscains : « Inspirés par saint François et appelés avec lui à renouveler l’Église, ils s’engageront à vivre en pleine communion avec le pape, les évêques, les prêtres, dans un dialogue confiant et ouvert de créativité apostolique. » (Projet de Vie 6)

P. Clamens-Zalay

Prière de mars

Père, tu as confié à saint Joseph ce que tu avais de plus précieux : l’Enfant Jésus et sa mère, pour les protéger des dangers et des menaces des mauvais.

Accorde-nous aussi de ressentir sa protection et son aide. Lui qui a éprouvé la souffrance de ceux qui fuient à cause de la haine des puissants, fais qu’il puisse réconforter et protéger tous ces frères et sœurs qui, poussés par les guerres, la pauvreté et les nécessités, quittent leur maison et leur terre pour se mettre en chemin et chercher refuge vers des lieux plus sûrs.

Aide-les, par son intercession, à avoir la force d’aller de l’avant, le réconfort dans la tristesse, le courage dans l’épreuve.

Donne à ceux qui les accueillent un peu de la tendresse de ce père juste et sage, qui a aimé Jésus comme un véritable fils et qui a soutenu Marie tout au long du chemin.

Lui, qui gagnait son pain par le travail de ses mains, puisse-t-il pourvoir aux besoins de ceux à qui la vie a tout pris, et leur donner la dignité d’un travail et la sérénité d’une maison.Nous te le demandons par Jésus Christ, ton Fils, que saint Joseph sauva en fuyant en Égypte, et par l’intercession de la Vierge Marie, qu’il aima en époux fidèle, selon ta volonté. Amen.

Pape François

Une Expo

La collection Morozov

Prolongation jusqu’au 03 avril 2022

Bonne nouvelle pour les amateurs d’art distraits ou retardataires : sur la lancée de son grand succès, l’exposition organisée par la fondation Louis Vuitton, qui devait se terminer le 22 février, est très opportunément prolongée jusqu’au 3 avril.

La collection fut réunie entre 1890 et 1917 par les deux frères Morozov, Mikhaïl et Ivan, à qui leur père, un serf qui avait racheté sa liberté en 1821, avait légué ses fortes convictions progressistes en même temps que sa fortune bâtie dans le textile. C’est très logiquement, tout en agrémentant leurs usines de théâtres, que ces richissimes mécènes, grands amateurs d’art eux-mêmes formés à la peinture par des maîtres francophiles, s’enthousiasmèrent pour la révolution picturale qui bouillonnait alors dans notre pays, acquérant ainsi guidés par un œil sûr, près de 750 œuvres de peintres français et russes dont beaucoup ne tarderaient pas à se voir reconnues comme des chefs-d’œuvre inestimables. La collection qui ornait les salons de leurs hôtels particuliers fut nationalisée après la Révolution, puis rejoignit le musée d’art moderne occidental de Moscou avant d’être sauvée de l’obtusité destructrice de Staline en 1948, à l’instar de la collection Chtchoukine, elle aussi magnifique et profuse, que la même fondation Vuitton présenta il y a quelques années.

Aujourd’hui dispersées dans différents musées, plus de 200 œuvres représentatives de la collection qui n’était encore jamais sortie de Russie se trouvent exceptionnellement rassemblées à Paris. C’est assez dire l’importance de l’événement et du privilège ! Ces œuvres iconiques déroulent un panorama exceptionnel de la peinture du tournant du XXème siècle, c’est-à-dire de la naissance de l’art moderne découlant de la rupture décisive opérée préalablement par les impressionnistes. L’exposition s’ouvre sur des portraits des frères Morozov exécutés par des peintres russes que l’on retrouve aussi plus loin avec d’autres, comme Répine, Korovine, Golovine, Sérov, Larionov, Gontcharova, Malévitch, Machkov, Kontchalovski, Outkine, Sarian ou Konenkov, pour beaucoup moins connus que les peintres français, mais qui gagnent à l’être mieux. Puis le visiteur se promène dans l’explosion des couleurs et l’éclectisme des formes, de ravissement en ravissement devant les tableaux de Manet, Pissarro, Sisley, Van Gogh, Bonnard, Matisse, Vlaminck, Derain, du subtil Marquet si plaisant à redécouvrir ou à découvrir, du puissant Vlaminck, de l’inévitable Picasso dont la force créative de ses contemporains remet la virtuosité à une plus humble place, le tout agrémenté de quelques sculptures de Maillol, de Rodin et de Camille Claudel, et finissant, après notamment deux magnifiques salles consacrées l’une à Cézanne et l’autre à Gauguin, par les sept grands panneaux de Denis qui ornaient le Salon de musique des frères Morozov, comme un adieu reconnaissant à ces deux collectionneurs de génie, et de génies.

En retournant à pied par l’orée du Bois de Boulogne vers le métro Sablons, des toiles et des étoiles plein les yeux, on pourra soudain se prendre à penser avec un pincement, comme un caillou dans la chaussure, à la curieuse évolution du mécénat des frères Morozov à celui de Bernard Arnault, troisième fortune du monde à la tête de la fondation Vuitton. Des découvreurs d’hier aux investisseurs d’aujourd’hui, ou, autrement dit, des pionniers bâtisseurs aux liquidateurs affairistes, les motivations et les modes d’intervention ont-ils encore quelque chose en commun ? Mais cette question, pour importante qu’elle soit par ailleurs, ne suffira pas à nous faire regretter les 16 euros dépensés — une somme tout de même pour les familles — ni encore moins nous faire bouder notre plaisir.

Jean Chavot

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