Cycle de la passion

La Résurrection 20

Apparition aux 10 disciples (20, 19-23)

➡️ Importance bien soulignée de l’identité entre celui qui apparaît et le crucifié d’hier : il est le même. Et pourtant, importance bien soulignée aussi de la différence : il est d’un tout autre monde (portes fermées, apparition, disparition…)

➡️ Jésus apparaît avec ses plaies : c’est l’Agneau immolé qui se présente aux siens, celui dont parle l’Apocalypse (5, 6), l’Agneau égorgé qui trône dans les cieux.

➡️ Jésus leur déclare la paix. Que veut-il signifier ?
• ce n’est pas seulement le « shalom » habituel des rencontres
• Jésus ne prétend pas seulement les rassurer, calmer leur peur, leur donner confiance ;
• Il leur déclare solennellement le pardon de Dieu. L’amour du Père est plus fort que le péché des hommes. Au-delà de la mort en croix, où s’étalait la preuve du péché des hommes, le Père présente maintenant, en la personne de Jésus ressuscité montrant ses plaies, le sceau vivant d’une parole donnée qu’il ne reprendra plus : la Paix !

➡️ Jésus envoie ses disciples en mission. Mais c’est la nature de cette mission qui est remarquable. Jésus ne leur donne pas simplement mission d’exhorter à la conversion, ou d’annoncer la Rédemption. Il affecte à ses disciples la même mission que la sienne, la même qu’il reçut du Père. Jésus intègre ses disciples dans sa mission propre. C’est donc, au plan de la mission, une intégration trinitaire.

➡️ Jésus souffle sur eux l’Esprit Saint… C’est le rappel de la création de l’homme, d’après la Genèse, qui s’est faite par insufflation du souffle vital par Dieu.
Les disciples sont donc une nouvelle création, purifiée de ses péchés et refaite dans la sainteté.

➡️ Jésus leur donne mission de pardonner. Pour les juifs, seul Dieu pardonne les péchés. Or Jésus, déjà, s’était arrogé ce pouvoir. Et voilà qu’il accorde ce pouvoir à ses disciples. C’est bien la preuve de leur « intégration trinitaire ».

Apparition aux 11 disciples (20, 24-29)

➡️ L’incrédulité des apôtres devant l’apparition du ressuscité est l’un des traits communs des récits des 4 évangélistes sur les apparitions, et Jésus le leur reproche (Mt. 28, 17 ; Mc. 16, 14 ; Lc. 24, 36-42). Jean concentre cette incrédulité sur Thomas.

➡️ En quoi consiste l’incrédulité de Thomas, qui représente pour Jean l’incrédulité-type ?
• Thomas ne veut pas croire sur parole, il veut voir et toucher. C’est donc un refus du témoignage. Or ce sera une des missions essentielles de l’Eglise : témoigner du Christ ressuscité. La foi chrétienne est une chaîne de la foi : nous croyons, non pas parce que nous avons vu, mais parce que nous croyons les témoins qui ont vu. L’Eglise est chargée de la transmission de la foi qui lui vient des témoins.
• Thomas impose à Jésus les conditions de sa foi en lui : toucher ses plaies. C’est le contraire exact de l’attitude chrétienne, qui consiste essentiellement à se recevoir humblement de Dieu et du Christ.

➡️ Par contre, la confession de foi de Thomas est admirable et étonnante : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Elle est une des plus hautes expressions de la foi chrétienne des origines. Thomas associe en Jésus les titres de Seigneur et de Dieu. Jésus est Dieu, comme dans le 1er verset du prologue où le « Verbe était en Dieu ». Et comme le dira saint Paul : « Jésus est Seigneur ».

➡️ « Heureux ceux qui croiront sans avoir vu ». C’est sur cette béatitude de la foi que se terminait primitivement l’évangile selon saint Jean, avant qu’il n’ajoute l’appendice du chapitre 21 dans une édition ultérieure. C’est bien donc à cette béatitude que tendait toute la scène, que tendaient aussi toutes les scènes d’apparitions du chapitre 20, et que tendait probablement tout l’évangile de Jean, qui insiste sur l’incrédulité et sur la foi.

➡️ Mais remarquons aussi que l’évangile de Jean contient une seule autre béatitude : « Heureux serez-vous si vous mettez en pratique mon commandement de vous laver les pieds les uns aux autres » (13, 17). C’est la béatitude de la charité-service.

Conclusion

Le chapitre 20 des apparitions du Ressuscité insiste sur 2 points :

1. L’incrédulité spontanée des disciples : l’homme a du mal à faire confiance à Dieu.
2. Le temps de l’Eglise commence avec la présence/absence de Jésus (il est là, mais selon tout un autre mode de présence) ; et avec une mission confiée qui est la continuation de la sienne, parce qu’elle est totalement intégrée à la sienne.

fr. Joseph