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Prière de mai

Dieu notre Père, accorde à ton Église
les saints dont elle a besoin
pour témoigner de ta présence
et de ton Royaume.

Donne aux jeunes la joie d’écouter
ton appel à aimer.
Apprends-leur à discerner
leur vocation pour vivre
à ta suite dans la diversité
des états de vie.

Père, fais grandir en nous
cette passion pour le Christ
et pour l’humanité
afin d’annoncer la joie de l’Évangile.

(Texte composé pour la journée mondiale de prière pour les vocations –
8 mai 2022)

Une Expo, Un livre

L’aventure Champollion
Une expo de la BnF

Du 12 avril 2022 Au 24 juilet 2022
Bibliothèque François-Mitterrand – Galerie 2
👉 En savoir plus

La Bibliothèque nationale ouvre régulièrement ses trésors au public à l’occasion d’expositions toujours précieuses, riches et instructives. Elle a en outre le mérite de proposer des tickets d’entrée à des prix raisonnables (9 à 7 €) et d’offrir la gratuité aux moins de dix-huit ans. Elle a en revanche parfois le défaut d’un penchant livresque — on comprend pourquoi. Mais dans notre époque qui abuse des raccourcis de l’image, est-ce là un défaut ou une mission salutaire du service public ?

C’est purement d’écriture qu’il s’agit dans cette belle exposition tous publics — « L’aventure de Champollion » réalisée avec la contribution du musée du Louvre et du Museo Egizio de Turin, le plus ancien et l’un des plus grands musées d’antiquités égyptiennes. Elle a pourtant de quoi séduire les jeunes autant que les moins jeunes, car les arts graphiques et plastiques y sont à l’honneur par la nature même du hiéroglyphe à l’élégance toujours saisissante, ainsi que par la présence de nombreux objets plus admirables les uns que les autres, témoignages d’une civilisation profonde et raffinée qui ne cesse d’émerveiller.

L’exposition célèbre Jean-François Champollion (1790-1832) pour le deux centième anniversaire de son déchiffrement des hiéroglyphes dont il fit la communication officielle le 27 septembre 1822, mettant fin à toute crédibilité des interprétations précédentes et contemporaines, farfelues ou fantasmatiques comme celles des symbolistes ou des francs-maçons. Plus personne n’était capable de lire ces « gravures sacrées « (c’est le sens du mot hiéroglyphe) depuis plus de 1 500 ans, et s’était donc perdu le secret de ce système de notation de la parole vieux de 5 000 ans qui est la première marche vers l’écriture telle que nous la connaissons, avec les précédents des écritures sumériennes pictographique (6 000 ans) et cunéiforme (5 700 ans), et ses déclinaisons cursives postérieures que sont l’écriture « hiératique », puis « démotique », moins connues et pourtant à l’origine directe de nos alphabets modernes. C’est dire l’importance de la découverte que fit Champollion grâce à la fameuse pierre de Rosette trouvée dans la ville éponyme par un officier français lors de la campagne égyptienne de Bonaparte (1798-1801). Un contingent de savants et de dessinateurs avait accompagné la troupe dans ce pays encore bien mal connu, à l’importance historique largement sous-évaluée, occultée par la prééminence accordée à la civilisation grecque. On doit à ces explorateurs l’énorme documentation rassemblée dans les vingt-trois volumes de La Description de l’Égypte publiée en 1809 qui détermina la vocation de Champollion et de nombreux autres futurs égyptologues. Âgé alors de dix-neuf ans, ce grand travailleur et savant original, à l’esprit indépendant doté d’une intuition extraordinaire, avait déjà démontré que la langue copte était une forme tardive de l’égyptien ancien. Une bonne dizaine d’années d’efforts et de curiosité plus tard, il pouvait livrer des résultats à même d’éclairer les quarante siècles d’Histoire qui nous contemplaient du haut des pyramides, et au-delà. Car si c’est par l’écriture que l’homme put commencer à livrer son témoignage sur sa propre époque — faculté distinguant la Préhistoire de l’Histoire —, encore fallait-il que ses descendants fussent en mesure de la lire.

Magnifiant l’intérêt éprouvé pour ses découvertes majeures, le grand charme de l’exposition est de restituer la personnalité et les chemins de connaissance d’un homme hors du commun, dévoué scrupuleusement et ardemment à sa recherche. Son exemple de passion et de rigueur n’est pas le moindre des enseignements que le visiteur actuel, jeune en particulier, puisse en retirer. Il pourra par exemple admirer ses relevés de hiéroglyphes, ses dessins reproduisant fidèlement tout ce qu’il pouvait rencontrer de beau, d’intrigant et de significatif en un temps où la photographie n’existait pas, le tout accompagné de notes et d’observations écrites de sa main et consigné dans des cahiers impressionnants de précision scientifique comme de qualité artistique. On y pressent un homme rare, très attachant, disparu trop tôt, ainsi que le lien émouvant avec son frère aîné, Jacques-Joseph, qui poursuivit son œuvre en constituant un dictionnaire et une grammaire de l’égyptien ancien. Des années après sa découverte fondatrice, Jean-François Champollion devint ainsi immortel, à l’instar des pharaons qui sans doute avaient visité ses rêves.

Jean Chavot


Berlin Requiem
Un livre de Xavier-Marie BONNOT

X-M.Bonnot, Berlin Requiem, Paris, Plon, 2021, 368 pages, 19 €

Hasard de l’actualité, Michel Bouquet nous a quittés en ce mois d’avril 2022. Or, il fut un saisissant Furtwängler dans la pièce À tort ou à raison. Le chef d’orchestre ne fut jamais un opposant au nazisme et poursuivit sa carrière au prestigieux philharmonique de Berlin durant les sombres années. Certes, à la fin de la guerre, beaucoup de musiciens le soutinrent comme Yehudi Menuhin arguant du refus du maestro de prendre sa carte du Parti comme le firent d’autres tel Herbert von Karajan. Blanchi par un tribunal de dénazification en 1946, il nourrissait des rêves chimériques dans lesquels la culture et l’art se dérobaient aux contingences politiques. L’ambiguïté du parcours du chef inspire le roman Berlin Requiem, funérailles ou nostalgie ? 

Les vies de quatre personnages se croisent, s’entrecroisent Wilhelm Furtwängler, Rodolphe Meister, fils de la célèbre cantatrice Christa Meister, et la jolie Eva. Le roman est d’abord celui de l’adulé chef d’orchestre du Philarmoniker de Berlin et de ses rapports avec les nazis. Il se trouve confronté aux rivalités entre les dirigeants-coutisans pour s’attirer les faveurs d’un chancelier qui joue sur les jalousies de ses proches pour assurer son pouvoir. Au fil de son roman historique, Bonnot plonge ses personnages au cœur de Berlin lors de la funeste aventure de l’Allemagne des années 1930 et 1940. 

Cette biographie romancée soulève bien des questions qui pourraient nous interpeller dans les temps que nous vivons. Quel peut-être le rôle, d’un intellectuel, d’un artiste dans une société gagnée par le totalitarisme ? Nul doute que ces sociétés n’apprécient guère ces individus rétifs par nature aux préceptes simplificateurs. Pourtant, certains d’entre eux furent envoûtés par les prêches incitant à la violence, au rejet de l’autre. Ainsi, en fut-il du dramaturge Hanns Johst[1], auteur de la pièce Schlageter honorant l’arrivée au pouvoir des nazis. Le « héros », Albert Schlageter[2] et son ami Thiemann se demandent s’il est nécessaire de nourrir des ambitions universitaires ; l’un affirmant : « Wenn ich Kultur höre… entsichere ich meinen Browning ! », « Quand j’entends parler de culture… je relâche la sécurité de mon Browning » que d’aucuns ont interprété en traduisant : « Quand j’entends le mot culture, je sors mon révolver ».

Ce livre tire avantage d’une plume alerte, engageant un débat sur l’irruption du pouvoir politique dans l’art mais aussi de l’aptitude à la résistance et à la résilience face aux pouvoirs totalitaires. Hitler considérait que la musique participait à la Gleichschaltung[3] de tout un peuple alors que pour le Kapellmeister, la musique œuvrait sur la raison et sur les sentiments. L’art, soumis, était ainsi au service de l’idéologie et participait aux projets totalitaires. 

Furtwängler fut-il trop orgueilleux ? Sa responsabilité morale fut-elle engagée vis-à-vis des nazis qu’il méprisait ? Pourtant conscient de l’abjection dans laquelle s’abîmait l’Allemagne, stupéfait de la médiocrité du Führer, lors des rares échanges entre les deux hommes, nourrissant l’illusion que son prestige lui permettrait de protéger ses musiciens juifs, il ne quitta pas pour autant le pays. 

Admirant le maestro, le jeune Rudolf, personnage de fiction, vit seul avec sa mère, cantatrice vieillissante. Il ignore tout de son père et nourrit l’ambition de devenir le plus grand chef d’orchestre d’Allemagne. Fasciné par les défilés en uniforme, il observe naïvement le gouffre dans lequel plonge l’Allemagne. Le lecteur partage la profonde solitude du petit prodige, solitude toutefois égayée par la présence bienveillante d’Éva. Rudolf souvent muet, vit reclus dans son univers. La musique l’accompagne, lui permet d’endurer la guerre, les humeurs puis la déportation de sa mère, d’affronter l’absence de père. 

La musique est toujours présente dans ce roman ; on s’imagine dans la grotte de Herrenchiemsee entraîné dans le Ring wagnérien des Nibelungen. La culture peut-elle résister au totalitarisme ? Éviter de se compromettre en tenant sa baguette de la main droite pour ne pas faire le salut nazi suffit-il à exonérer du devoir moral ?

C’est la réflexion qu’engage l’auteur, plutôt bienveillant à l’endroit du maestro, dans ce roman palpitant qui conduit à chercher sur Internet des vidéos de Furtwängler dirigeant Tristan et Isolde. Le roman commence et s’achève alors que le « Reich millénaire » s’est effondré avec l’espoir que nourrissait Wittgenstein lorsqu’il écrivit : « De l’ancienne culture il ne restera qu’un tas de décombres et pour finir un tas de cendres, mais il y aura toujours des esprits qui flotteront sur ces cendres. »

Érik Lambert

[1] Devint en 1935 président de la Reichsschrifttumskammer (La Chambre de littérature du Reich) avant de mener la Deutsche Akademie für Dichtung (académie allemande de poésie).
[2] Combattant des Freikorps, exécuté lors de l’occupation de la Ruhr par les Français en 1923, devenu un héros du panthéon nazi. https://www.retronews.fr/conflits-et-relations-internationales/echo-de-presse/2019/02/05/albert-leo-schlageter
[3] La mise au pas.

événements septembre

🙏 ✨Week-end à Vézelay✨ 🙏

‼️ Date limite d’inscription : 05/09/2022 ‼️

Les fraternités des 3 régions d’Ile de France sont invitées à se joindre au week-end organisé à Vézelay du 15 au 16 octobre 2022

Marcher ensemble aux sources de la fraternité
Avec le frère Jean-Baptiste Auberger

Samedi 15 octobre : Marche fraternelle d’Asquins à Vézelay -Célébration de la messe à la Basilique – Rencontre fraternelle – Veillée de prière et adoration à la basilique

 Dimanche 16 octobre : Messe à La Cordelle – Rencontre des frères de La Cordelle – Visite de l’ermitage Chapelle Ste Croix , rappel historique – Marche et pique-nique -Prières et chants avant l’envoi -Retour à Asquins

➡️ En savoir plus 👉 voici le tract et le bulletin d’inscription


Célébration régionale de la fête de St François

➡️ Chez les sœurs franciscaines de Fontenay-sous-Bois
👉 Quand : vendredi 7 octobre, à 19h
👉 Où : 33, rue du Commandant Jean Duhail – 94120 Fontenay-sous-Bois

➡️ La St François sera aussi célébrée à la paroisse Val de Lagny, salle St Fursy.
👉 Quand : mardi 4 octobre à 19h
👉 Où :35 Rue du 27 Août 1944, 77400 Lagny-sur-Marne

Edito

Paix

Un virus inconnu venait de rappeler aux pays nantis que la maladie et la mort existaient. À peine remis, ils se trouvent affligés d’un nouveau fléau oublié : la guerre. Comme l’épidémie, on la croyait reléguée à des contrées où elle ne touchait que des populations vouées à la souffrance, trop miséreuses pour mériter chez nous le statut de réfugié. Mais la voilà revenue aux marches de l’Europe, à portée de missile et de caméra, et dès lors prise beaucoup plus au sérieux. Ce rappel de l’égoïsme occidental ne diminue en rien l’horreur absurde de la guerre en Ukraine. Il ne vise qu’à la replacer dans le cadre de l’atrocité commune afin de poser la nécessité urgente et primordiale de la paix pour tous, non pas une paix attendue de la victoire de gentils auto-proclamés sur des méchants désignés — celle qui répond à l’adage « si tu veux la paix, prépare la guerre » — mais la seule paix à laquelle il est juste d’œuvrer inlassablement : la paix victo-rieuse, partout et à jamais.

Comment gagner cette bataille contre la guerre que l’on dit tantôt froide, éclair, grande, drôle, juste et plus odieusement encore : « propre », et même « humanitaire » ? Comment faire que la paix s’impose comme condition naturelle des choses, qu’elle ne soit plus définie comme suspension des hostilités résultant de la victoire d’un des camps, de l’écrasement de l’autre, de l’épuisement ou de la mort de tous les combattants ? Paix trompeuse que celle du cimetière qu’évoquait Emmanuel Kant dans son retentissant Vers la paix perpétuelle, ouvrage resté lettre morte dans lequel il posa les fondements politiques et législatifs d’une paix définitive. Mais d’armistices en traités, l’Histoire nous apprend que les lois et les accords, s’ils sont bien sûr in-dispensables, se révèlent insuffisants à calmer définitivement les ardeurs bellicistes. Pire, les traités de paix contiennent bien souvent le germe de la prochaine guerre, comme le Traité de Versailles celui de la Seconde guerre mondiale. Car aucune victoire n’épuise les raisons des con-flits et l’humiliation du vaincu ne fait qu’exalter son espoir de revanche. Ainsi l’Histoire est-elle pleine des transgressions guerrières, et plutôt que des œuvres magnifiques de la paix, les éco-liers en apprennent les dates comme les jalons naturels du destin commun. Et pourtant, tout être humain aspire fondamentalement à la paix comme condition première d’une vie heureuse. D’où vient ce paradoxe délirant et meurtrier qu’est la guerre ? Quelle force obscure nous dresse, mal-gré nous, hommes, femmes, pays, coalitions, les uns contre les autres ?

C’est un fait, les guerres sont toujours déterminées par les intérêts « supérieurs » des puissants. Mais des intérêts de même nature siègent dans le cœur de chacun, aussi humble soit-il, y grossissant jusqu’à étouffer l’amour du prochain et le désir de paix qui sont les condi-tions du bien. Une soif insatiable de pouvoir, de richesse et de jouissance, ne serait-ce que sous la forme minimale de la peur de manquer, pousse les individus comme les foules les uns contre les autres. Il ne suffit donc pas de vouloir la paix, encore faut-il renoncer en chacun de nous au moteur de la guerre : la folle poursuite de ces passions morbides qui sont le terreau de la vio-lence. C’est à cette mise en cohérence du renoncement au mal et de la quête du bien que saint François nous exhorte : « Vous annoncez la paix par vos paroles, disait-il, ayez-la plus encore dans vos cœurs. Ne soyez pour personne une occasion de colère ou de scandale, mais que votre dou-ceur incite tous les hommes à la paix, à la bonté et à la concorde. » (Légende des trois compa-gnons, 58) François se fait ainsi l’écho de l’invitation du Christ à trouver en nous-mêmes la res-source de la paix véritable, non pas la paix à la manière du monde, momentanée, incomplète, minée par les arrière-pensées, mais sa paix à lui, toute de confiance et de fidélité : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » (Jean 14,27) Résister aux appels de la haine, des passions chaotiques et de la peur exige de rassembler tout son courage autour d’une foi inébranlable, comme celle dont Jésus nous montre la puissance dans la tempête, apte à calmer la mer et le vent déchaînés. Chacun, pour œuvrer véritablement à la paix du monde, doit com-mencer par dominer la tempête qui couve dans son cœur, par rester petit devant ce qui se croit grand, car il n’est qu’Un seul à qui appartiennent le règne, la puissance et la gloire. C’est alors que l’on peut proclamer « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! »

Le comité de rédaction

Prière d’Avril

Seigneur, mon Dieu, je ne sais pas où je vais,
je ne vois pas la route devant moi,
je ne peux pas prévoir avec certitude où elle aboutira.
Je ne me connais pas vraiment moi-même et,
si je crois sincèrement suivre ta volonté,
cela ne veut pas dire que je m’y conforme.
Je crois cependant que mon désir de te plaire te plaît.
J’espère avoir ce désir au cœur en tout ce que je fais,
et ne jamais rien faire à l’avenir sans ce désir.
En agissant ainsi je sais que tu me conduiras sur la bonne route,
même si je ne la connais pas moi-même.
Je te ferai donc toujours confiance,
même quand j’aurai l’impression que je me suis perdu
et que je marche à l’ombre de la mort.
Je n’aurai nulle crainte car tu es toujours avec moi
et jamais tu ne me laisseras seul dans le péril.

Thomas MERTON, cistercien (1915-1968)

événements d’avril

Retraite pascale  à La Clarté -Dieu (Orsay)

« Embrasser le Mystère Pascal avec saint François.
Suivre le Christ jusqu’à la Vie véritable ».

avec fr Eric MOISDON, Franciscain 

Quand : du mercredi 13 avril (18h) au dimanche 17 avril (14h)
Où : 95 Rue de Paris, 91400 Orsay

➡️ En savoir plus 👉 Voici le tract


Parcours spirituel franciscain de 8 jours :
Une plongée progressive dans « L’itinéraire de l’esprit jusqu’en Dieu » (Saint Bonaventure)

Une expérience fondamentale de ressourcement spirituel et de structuration franciscaine de la foi.

Quand : Du 8 mai 2022 au 16 mai 2022
Où : Maison d’accueil de l’Ile blanche, à Locquirec en Bretagne

➡️ En savoir plus 👉 Voici le tract
➡️ Combien ça coûte ? 👉 C’est là
➡️ Pour vous inscrire 👉 C’est ici


Retraite Régionale

Le thème de cette journée sera sur la synodalité.

Quand : Le 19 juin 2022 de 09h00 à 17h00.
Où : Couvent franciscain, 7 rue Marie-Rose, 75014 Paris (métro Alésia)

Un Film, Un Livre

« L’homme de Dieu » 
un film de Yelena Popovic

La vie exemplaire d’un moine orthodoxe : Nectarios d’Egine

«L’homme de Dieu» : un film dramatique grec de langue anglaise de 2021, sur la vie d’un moine orthodoxe grec Nectarios. Il est écrit et réalisé par la serbe Yelena Popovic avec Aris Servetalis dans le rôle de Nectarios d’Égine avec également Mickey Rourke et Alexander Petrov.
Sous la pression populaire, l’église grecque orthodoxe n’a pas longtemps hésité à canoniser quelques quarante ans après sa mort, ce moine Nectarios, persécuté par sa hiérarchie.

«Exilé injustement, condamné sans jugement, calomnié sans motif, voici la vie, les épreuves et les tribulations d’un homme de Dieu, Saint Nectarios d’Égine, qui supporta jusqu’au bout la haine injuste de ses ennemis tout en prêchant la Parole de Dieu sans relâche.» Nous avons en 110 minutes l’histoire de cet homme, peu banal et vraiment édifiant, nouvelle figure incarnée du message évangélique, comme le souligne bien les sites « Sens critique » et « les fiches du cinéma ».

Oui, Nectaire d’Égine a bel et bien existé. C’est pour lui rendre hommage qu’a été produit « L’homme de Dieu ». Ce film nous permet de partager les valeurs de cet homme qui a vécu de 1846 à 1920 dans l’Empire ottoman. À l’époque, la religion avait une tout autre influence sur le monde. Le culte orthodoxe était puissant grâce à cet empire qui fut divisé après la Première Guerre mondiale. Les hommes de foi étaient donc des sages que la population écoutait attentivement. Nectaire d’Égine a été canonisé et il est fêté le 9 novembre dans l’église grecque orthodoxe. Son histoire commence à partir du moment où il s’est fait remercier du Caire, jeune moine plein de zèle et de générosité, dépendant du patriarcat d’Athènes.

Ce moine mène une vie retirée et austère sans rechercher ni les honneurs ni l’approbation des foules. Ce qu’il désire c’est une vie humble, de prière et de charité pastorale, servant de son mieux ses ouailles comme prédicateur dévoué et prenant volontiers la place des plus petits et des plus faibles. Mais une rumeur persistante venue de sa hiérarchie l’accuse d’être fanatique et d’être attiré par le trône patriarcal.

Le film prend le rythme lent des maturations humaines et les méandres d’une calomnie insidieuse, tandis que les communautés dont il est le pasteur lui sont très attachées. Constamment Nectarios recherche le vrai et ce qu’il convient de faire en accord avec l’évangile, même avec la douloureuse hostilité du clergé et de son entourage. De style austère, bon et infatigable, il vit dans une extrême solitude le don de sa personne en s’oubliant lui-même à l’image du Christ, dans la bienveillance et une profonde sollicitude envers son prochain, malgré la persécution des supérieurs.

Soupçonné d’ambition personnelle de la part de ses supérieurs mais estimé des gens et en particulier de jeunes femmes désireuses de fonder un monastère, il est aussi accusé faussement d’abuser sexuellement des religieuses et subit le saccage du nouveau monastère féminin dont il est le fondateur.
Nous assistons à son drame personnel, à ses luttes spirituelles. Finalement c’est « la vox populi » qui le canonise et obtient sa réhabilitation, après une mort semblable à celle de tant d’indigents dans un hôpital d’Athènes et la guérison miraculeuse de son voisin de chambre. Sa hiérarchie reconnaît enfin la valeur de son témoignage et la dignité de sa vie.

Voilà une vraie vie de saint en pleine pâte humaine, à raz de terre, mais à hauteur d’évangile et capable d’édification véritable.

F. Gilles


De l’âme
Un livre de François Cheng

François Cheng, De l’âme, Le livre de Poche, 192 pages, 7,20€

Il faut une belle audace pour publier un livre de cent quatre-vingt-trois pages sous le même titre qu’un des piliers de la connaissance qu’est l’œuvre magistrale d’Aristote. Il faut de toute façon du courage pour s’attaquer au sujet de l’âme, tant est infinie sa complexité, et tant notre monde du bien-être technologique — particulièrement notre France prompte au « ricanement voltairien » — l’a reléguée au rang de vieillerie poétique, au mieux à celui de curiosité psycho-folklorique. Difficile de parler de l’âme, donc sans « paraître ridicule, ringard ». Et pourtant, chacun sent, au siècle du dé-veloppement personnel, qu’il manque quelque chose au dualisme corps-esprit. Car l’âme est bien là, qu’on le reconnaisse ou qu’on le nie, au centre de soi comme unicité, au centre de l’autre comme unité, au centre de tout comme souffle vital. Elle est bien là, et elle manque aux esprits et aux corps qui l’ignorent.

François Cheng entreprend de relever le défi sous la forme d’une correspondance avec une belle jeune fille rencontrée trente ans plus tôt dans le métro, à qui il avait glissé ce mot dans l’oreille, mot qui mit trois décennies à germer, si bien que « sur le tard, [elle se] découvre une âme », et le besoin d’en parler. En parler si l’on veut, car les sept lettres de François Cheng en-voyées à sa « chère amie » ne rendent pas compte, à quelques citations près (au style identique à celui de l’auteur), des réponses de la jeune fille, désormais artiste et femme faite. On n’en voudra pas au poète d’une probable coquetterie littéraire destinée à maquiller en sept missives ce qu’il se refuse à présenter comme sept leçons, ou dissertations, comme celles dont il nous avait régalé avec ses cinq méditations sur la mort et autant sur la beauté. Mais voilà, la marche semble ici trop haute. François Cheng en appelle pourtant à son immense culture, passe en revue les religions ; il a beau décliner le thème avec toutes les ressources de sa qualité et de sa sensibilité littéraires, jusqu’à l’emphase, sa conception de l’âme se trouve finalement résumée en peu de mots dans sa lettre ultime, sans nous avoir appris grand-chose que la tradition ne nous eût déjà apporté : « Dans l’indispensable triade corps-esprit-âme, je reconnais pleinement le rôle de base du corps et le rôle central de l’esprit. Mais du point de vue du destin d’un individu, encore une fois, c’est l’âme qui prime ; elle qui est sa part la plus personnelle, donc la plus précieuse, l’état suprême de son être en quelque sorte. C’est à partir de cet état que chaque être est à même d’entrer en communion avec l’âme de l’univers. » C’est le mérite du livre de nous rappeler la tradition, mais on se demande d’où vient le sentiment qu’il n’aboutit pas, que l’auteur répète plus ou moins la même chose de lettre en lettre. Est-ce une difficulté à nommer Dieu, le risque de « paraître ridicule, ringard », qui lui fait em-ployer des périphrases comme « âme de l’univers » ? Ou autrement dit : n’est-ce pas la tentative de parler de l’âme sans nommer Dieu qui provoque cette impression d’un certain vide ? François Cheng est un grand esprit doté de très louables intentions, c’est indiscutable. Mais s’agissant de définir l’âme, est-il pertinent et suffisant de décrire la beauté, la poésie et l’amour amoureux qui n’en sont, tout au plus, que des manifestations ? Est-il opportun pour que l’âme se révèle de l’invoquer à grand renfort de lyrisme, de préciosité et d’auto-citation ? Évidemment non : au jeu de l’inflation poé-tique, sa gloire s’éclipse et seul l’ego est mis au jour.

Comme chacun d’entre nous devant le mystère de l’âme, François Cheng est tenté, se re-prend, cherche, et le suivre dans cette errance méditative est peut-être la bonne manière de lire son livre, bien meilleure en tout cas que celle, didactique, à laquelle l’artifice littéraire malheureux nous induit. Ainsi l’auteur n’est-il jamais aussi pertinent que lorsqu’il fait parler les autres : comme dans sa quatrième lettre où il cite Pascal (Les Pensées. Fragment Preuves de Jésus-Christ n° 11 / 24), pour quelques lignes d’une densité extraordinaire, et dans sa sixième lettre entièrement con-sacrée à la vision magnifiquement éclairante de Simone Weil, en particulier dans L’Enracinement. C’est finalement en sachant s’effacer de cette manière que François Cheng montre le mieux la qualité de son esprit, si ce n’est de son âme, car le chemin de sa découverte n’est-il pas l’humilité ?

Jean Chavot

Retraite des fraternités franciscaines séculières de la région Créteil, St Denis, Meaux

Dimanche 27 mars, les fraternités de notre Région se sont retrouvées chez nos frères Capucins de Paris, pour une journée de retraite animée par le frère Joseph Banoub, sur le thème: « Église des hommes, Église de Dieu ».

ÉGLISE DES HOMMES, ÉGLISE DE DIEU



L’Église de Dieu Trinité
Deux événements sont à l’origine de l’Église : tout d’abord, la mort et la résurrection de Jésus, ensuite le don de l’Esprit à la Pentecôte. Et l’Église, tout au long de son histoire, est fondée sur ces deux événements, accomplis par le Christ et par l’Esprit.
L’Église n’est donc pas une institution comme les autres puisqu’elle est voulue par le Christ et fondée par l’Esprit. Elle est aussi un mystère car son côté transcendant dépasse de très loin son côté visible et historique.
Le concile Vatican II décrit l’Église, dans la constitution Lumen Gentium, N°1, « comme un sacrement, comme un signe ou un instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain. » L’Église a donc une visibilité bien concrète porteuse d’un don divin qui la dépasse et qui est invisible. La tradition chrétienne a donné au Christ le titre de « sacrement de Dieu ». S’il est le « sacrement de Dieu », l’Église est le sacrement du Christ et de l’Esprit. Ainsi, l’Eglise est avant tout la réalisation de la Trinité Sainte : elle a été pensée et voulue par le Père, elle a été réalisée par le Fils qui a donné sa vie pour elle et qui ne fait qu’une seule chair avec elle, elle est née de l’Esprit Saint dont elle est le Temple, la demeure parmi les hommes.
L’Église peut-elle prétendre être le Royaume de Dieu sur terre ? Le Christ a inauguré ce Royaume, il est donc déjà là ; mais il est à venir car il ne sera réalisé qu’à la fin des temps. Et l’Église aspire à cet avènement. En attendant, en elle, le Royaume de Dieu est en travail. Mais la croissance du Royaume est freinée par toutes les lourdeurs de l’Église.

Le péché de l’Église
La grandeur de l’Église c’est de vivre sa mission comme un service, mais elle l’a exercée trop souvent comme un pouvoir, c’est sa faiblesse.
L’un des paradoxes de l’Église est que le don de Dieu et du Christ ait été confié à des êtres pécheurs. Elle ne pourra jamais sortir de cette contradiction : elle est foncièrement sainte dans sa source, et elle reste radicalement pécheresse dans sa vie, parce que faite d’hommes et de femmes pécheurs. Divine par sa tête, le Christ, elle est sans cesse irriguée par lui pour sa nécessaire et continuelle conversion.
Quand le christianisme se présente comme une doctrine, il devient une idéologie avec tous ses travers. Il en est ainsi lorsque l’institution donne au peuple de Dieu à croire ‘à’, qui est de l’ordre de la loi, au lieu de croire ’en’, qui est de l’ordre de la foi, de l’amour.
Un signe incontestable de la présence du péché dans l’Église, c’est la division des chrétiens.
Elle est la négation par excellence de la vocation de l’Eglise qui est de rassembler les enfants de Dieu dans l’unité pour laquelle Jésus a prié. Une Église désunie est une Église qui ne révèle pas l’authenticité de la mission de Jésus.
Mais « unité » ne veut pas dire « uniformité ». L’amour entre les églises fait l’unité de l’Église et de cette unité doit découler l’amour pour faire vivre la diversité dans son unité.

… ET À LA LUTTE ENTRE POUVOIR TEMPOREL ET SPIRITUEL. (2ème épisode)

Pape Clément XIV

Le nouveau pape était un étrange personnage qui contrastait avec la dignité classique des ecclésiastiques romains : poète, compositeur et chanteur, c’était aussi un joueur de billard et de pétanque et un redoutable cavalier. 

Artiste, Clément XIV fonda le musée Clémentin. Il accueillit à Rome le jeune Mozart et lui conféra l’ordre de l’Éperon d’or. 

Après le siècle d’or de 1540 à 1640, les jésuites étaient devenus les confesseurs habituels des souverains catholiques mais il leur était reproché un sévère relâchement et une grande hypocrisie comme l’illustra l’affaire du père de Lavalette[1].

L’époque était à l’affrontement entre les puissances et l’influence de l’ordre fondé par St Ignace. Ce fut une période très animée qui portait préjudice à l’image de l’Église. Ainsi, lors des fêtes du carnaval ouvert par la cloche du capitole qui ne sonnait par ailleurs que pour signifier la mort des papes et achevées par les jeux du moccoli lors de laquelle chacun tentait de conserver sa fine bougie allumée suscitant de plaisantes poursuites dans les rues auxquelles participaient princes, ambassadeurs, belles dames mais aussi prélats. Rome changeait le lendemain car on recevait les cendres. Rome était soumis à l’assaut de la franc-maçonnerie interdite par Clément XII en 1738 et par Benoît XIV en 1751 mais elle était prospère durant la seconde moitié du siècle. La contagion maçonnique venue d’Autriche et de France gagnait. En réalité, la maçonnerie d’alors n’était pas un athéisme ; elle souhaitait une religion purifiée et rationalisée et rejoignait en nombre de points le courant janséniste[2]. L’insatisfaction était grande vis à vis de l’état de l’Église. Cette méfiance était sensible jusqu’à Rome où l’on ne cessait d’imprimer et de diffuser livres et libelles[3] hostiles à tous les jansénistes et crypto-jansénistes accusés de vouloir évacuer le dogme et transformer la religion révélée en un vague théisme[4]. À l’ombre même de Saint-Pierre, se réunissait un cercle, l’archetto (l’archet) qualifié de « janséniste » alors que ses membres étaient des catholiques hostiles au laxisme et aux jésuites, mais désireux de tenir compte du progrès des Lumières. 

Afin d’accéder au trône de Saint-Pierre, Vincenzo Ganganelli avait adopté une attitude conciliatrice entre les zelantii[5] et le parti des couronnes[6]. Il produisit un billet qui ne contenait aucun engagement ; dans lequel il déclarait « qu’il recourait au souverain pontife le droit de pouvoir éteindre en conscience la société de Jésus, en observant les règles canoniques, et qu’il était à souhaiter que le futur pape fasse tous ses efforts pour accomplir le voeu des couronnes ». Le droit dont il s’agit ne pouvait être contesté par aucun théologien catholique et par les ultramontains[7] moins encore que par tous autres ; le reste était l’expression d’un simple souhait.

Une fois élu, Clément XIV estima que les déclarations qu’il avait faites avant d’être pape, laissant entendre qu’il fallait remettre en cause l’influence des jésuites, avaient été imprudentes. Il louvoya pendant quatre ans, pressé et menacé par les monarchies. Le 13 décembre 1769, Clément adressa aux pasteurs et aux fidèles une encyclique, qui était le programme de son pontificat. Il y recommandait l’obéissance aux princes, le respect et l’amour, et il déclara que le bien de l’Église était inséparable de la paix des États. Le jeudi saint de l’année 1770, il s’abstint de faire procéder à la lecture accoutumée de la bulle In coena domini[8] ; il leva les excommunications prononcées aux termes de cette bulle, contre les administrateurs du duché de Parme ; il réussit à apaiser le roi du Portugal, qui avait menacé le précédent pape[9] de supprimer la nonciature et de nommer un patriarche pour ses États. Malgré l’incessante pression des puissances qui avaient banni les Jésuites, il ne mit aucune hâte à l’instruction de la grande cause relative à l’abolition de cet ordre ; il y procéda lui-même, sans confier à personne le résultat de ses délibérations, sinon peut-être aux pères Buontempi et Francesco, deux religieux de son couvent des Saints-Apôtres, qu’il avait gardés auprès de lui. Confinée dans ses États de plus en plus mal administrés, la Papauté affaiblie se laissa arracher la suppression de la compagnie de Jésus, déjà chassée par les différents souverains catholiques, jusqu’à ce que le 16 août 1773, se rendant aux arguments des cardinaux français et espagnols qui l’avaient élu il publiât le bref Dominus ac Redemptor Noster Jesus Christus[10]qui liquidait les biens de la compagnie de Jésus dans les États de l’Église et laissait aux autres souverains la faculté de le faire dans leurs propres États. 

Les cardinaux opposés à cette mesure se livrèrent à une sorte de grève en ralentissant leur activité. L’archevêque de Paris refusa d’appliquer le bref. Déjà frappée par une trentaine de suppressions et d’expulsions par les différents souverains catholiques, la Compagnie organisa son repli : le luthérien Frédéric II et l’orthodoxe Catherine de Russie décidèrent de conserver chez eux les résidences de jésuites. Pour faire fléchir le pape, le gouvernement français avait fait en 1769 occuper Avignon ; la ville fut évacuée en mars 1774. 

Les partisans des Jésuites attendaient le châtiment céleste qui devait frapper le pape coupable d’avoir aboli cet ordre ; les plus fanatiques annoncèrent sa mort prochaine, sur la foi des visions de sœur Marie-Thérèse du Cœur de Jésus et de Bernardine Renzi, divulguées par les confesseurs de ces femmes. Des rapports du cardinal de Bernis[11], ambassadeur de France, écrits longtemps avant la promulgation du bref attestaient que Clément avait le pressentiment que l’abolition de l’ordre des Jésuites lui coûterait la vie.

La santé du pape, jusqu’alors vigoureuse, déclina rapidement. Il mourut, le 10 septembre 1774, victime d’un refroidissement à l’âge de soixante-neuf ans après un pontificat de cinq ans. La rumeur se répandit aussitôt qu’il avait été empoisonné. Il fut inhumé en la basilique romaine des Douze-Apôtres. Casanova lui consacra un monument funéraire près du Triomphe de l’Ordre Franciscain de Baciccio. Le tombeau de Clément XIV passe pour l’un des chefs d’œuvre de l’art classique. Le caractère de Clément paraît avoir été celui d’un Franciscain autant qu’il était possible au XVIIIe siècle, épris de simplicité, de recueillement et d’amour des œuvres de Dieu dans la nature. Avant son élévation, il prenait ses délassements dans l’étude de la botanique et de l’entomologie et quelques exercices corporels. Devenu pape, il continua à rechercher le silence et la solitude, ayant pour compagnie préférée quelques religieux de son ordre. De tous les papes, il fut peut-être celui qui a le moins parlé, et l’un de ceux qui ont le plus scandalisé Ies Romains par le mépris des pompes que ce peuple affectionnait.

Érik Lambert


[1] En 1741, il fut envoyé en Martinique où la Mission traversait une grave crise matérielle. Le Père Lavalette parut être l’homme providentiel pour relever la situation. Comme ‘procureur’ il était chargé de trouver les ressources financières nécessaires au bon fonctionnement de la mission. En 1751, les premières accusations de participation à des opérations commerciales furent lancées contre le jésuite français. Antoine Lavalette fut rappelé de Martinique en 1753 pour justifier sa conduite. Juste avant qu’il ne meure, le supérieur général de la Compagnie de Jésus l’autorisa à rentrer dans sa mission, où il devint le Supérieur des Missions Françaises de l’Amérique du Sud en 1754, mais avec un ordre explicite d’arrêter toute entreprise commerciale.
Cet ordre fut ignoré par Lavalette qui poursuivit avec sa compagnie commerciale. Il fut canoniquement suspendu jusqu’à décision du Supérieur GénéralMais avant que décision soit prise Lavalette quitta la Compagnie (1762). Après le bannissement des jésuites du royaume de France, il répudia formellement ses liens avec les jésuites en prononçant le serment qui, en condamnant le caractère pernicieux de l’Ordre permettait aux anciens jésuites de recouvrer leur statut et droits comme citoyens français. Retiré dans son village natal de Valette il meurt le 13 décembre 1767. Ce scandale – et le refus des jésuites français d’accepter d’engager leur responsabilité financière – donnèrent l’opportunité aux ennemis de la Compagnie en France de déclencher des attaques contre celle-ci. Le 6 août 1762, le Parlement de Paris prit un arrêt bannissant la Compagnie de Jésus de France. Malgré l’intervention du pape Clément XIII, Louis XV fut amené à expulser les jésuites le 26 novembre 1767.

[2] Le jansénisme est un mouvement religieux qui a agité l’Église catholique en France, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Il est né dans les cercles intellectuels de l’Université de Louvain (Belgique) à la fin du XVIe siècle, en réaction à l’optimisme des jésuites. Ses fondements théologiques ont été exposés par l’évêque d’Ypres Jansenius (Cornelis Otto Jansen de son vrai nom, 1585-1638), d’où son nom. En soulignant comme les protestants l’importance de la « prédestination » dans le chemin qui mène à la vie éternelle, Jansenius et ses disciples se mirent à dos les Jésuites et une grande partie de la hiérarchie catholique. Ils séduisirent par ailleurs des catholiques avides de mysticisme et de retour à une pure spiritualité. Parmi ces derniers, l’abbé de Saint-Cyran, Jean Duvergier de Hauranne, qui devient confesseur puis directeur de conscience de l’abbaye de Port-Royal de Paris et de son abbesse, Jacqueline Arnauld. Des querelles théologiques aigües se déclenchèrent dont l’enjeu, gâta la vie de la cour de Versailles, aboutir à la dissolution de Port-Royal et altérer les relations entre la monarchie française et le Saint-Siège. Sous le règne de Louis XV, le mysticisme janséniste conduisit même à des émeutes dans les rues de Paris, en particulier avec l’affaire de l’Hôpital général.  Elle eut pour lointaine conséquence l’expulsion des Jésuites (1764).

[3] Écrit généralement court, diffamatoire, dirigé contre une personne, un groupe de personnes, une corporation.

[4] Doctrine qui admet l’existence d’un Dieu unique et personnel comme cause transcendante du monde.

[5] Cardinaux défenseurs obstinés de la papauté du XVIIème au XIXème siècle.

[6] Soutenant les pouvoirs temporels monarchiques.

[7] Qui soutiennent et défendent les positions traditionnelles de l’Église italienne, le pouvoir absolu, spirituel et temporel du pape.

[8] La bulle pontificale In Cœna Domini (Au repas du Seigneur) prononce une excommunication générale contre tous les hérétiques, les contumaces et les ennemis du Saint-Siège. Elle fut ainsi nommée parce qu’on la lisait publiquement à Rome tous les ans le jour de la Cène (jeudi saint). Elle fut rendue par Paul III en 1536 ; Clément XIV en supprima la lecture en 1770.

[9] Clément XIII.

[10] Jésus-Christ, notre Seigneur et Rédempteur, un écrit apostolique supprimant la Compagnie de Jésus.

[11] Il n’est pas le plus célèbre des cardinaux qui ont orienté les destinées de la France. Moins illustre que Richelieu ou Mazarin, François de Bernis n’en a pas moins joué un rôle majeur dans la diplomatie sous Louis XV et Louis XVI.

Bonne nouvelle !

Seigneur, j’ai regardé le monde. Seigneur, j’ai regardé les hommes. Et j’ai vu la misère des pauvres. J’ai entendu leur silence. J’ai vu tous ceux qui ne comptent pour personne. J’ai vu ces enfants abandonnés par leurs parents et ces parents abandonnés par leurs enfants. J’ai vu tous ceux qu’on rejet¬te, ceux qu’on méprise, ceux qui travaillent sans même avoir un mot à dire, sans avoir une responsabilité à prendre. J’ai vu toutes ces cohortes de jeunes qui cherchent désespérément un sens. Et, j’ai vu aussi la foule des meurtris et des résignés…
Seigneur j’ai vu aussi les guerres et le sang des guerres. Et j’ai entendu comme une rumeur de grandes eaux. J’ai entendu le silence des pauvres et Ta colère, car Tu es Père et ce sont tes propres enfants qui sont là devant nous. Dans leurs cris, comme dans leurs silences, j’ai entendu ton appel insistant : EGLISE, SOIS BONNE NOUVELLE !…

Seigneur j’ai regardé le monde. Seigneur j’ai regardé les hommes. Et j’ai vu aussi la joie de ceux qui s’aiment, la joie d’un couple accueillant un enfant, la joie d’un homme devant sa création. La joie d’un jeune devant toutes les capacités de vie qui s’éveillent en lui. J’ai vu des visages s’éclairer quand fleurit le pardon. J’ai vu des mains s’ouvrir pour que triomphe la vie. J’ai entendu des poèmes faire danser les années…
Et j’ai perçu encore dans la joie et l’espérance des hommes, encore et encore ton appel insistant : Eglise sois BONNE NOUVELLE