Archives de catégorie : Vie Franciscaine

Cycle sur les traces de ma vie

Ce très beau texte d’Adémar de Barros interpelle.
Nous vous proposons de le lire et de le méditer.


Les interviews qui vont suivre au cours de ces mois sont autant de traces que de témoignages qui nous rendent lisible et visible cette si douce discrétion de la présence du Seigneur à nos côtés.

Interview N°3
Guillaume Régnauld

Interview N°2
Frère Luc Mathieu (OFM)

Interview N°1
Anne-Marie & Guy

Sur le sable, les traces de ma vie

Cette nuit, j’ai eu un songe :
je cheminais sur la plage accompagné du Seigneur.
Des traces sur le sable rappelaient le parcours de ma vie :
les pas du Seigneur et les miens.
Ainsi nous avancions tous deux
jusqu’à la fin du voyage.
Parfois une empreinte unique était marquée,
c’était la trace des jours les plus difficiles,
des jours de plus grande angoisse,
de plus grande peur, de plus grande douleur…
J’ai appelé :
« Seigneur, tu as dit que tu étais avec moi
tous les jours de ma vie,
j’ai accepté de vivre avec toi.
Pourquoi m’avoir laissé seul aux pires moments ? »
Il m’a répondu :
« Mon fils, je te l’ai dit :
Je serai avec toi tout au long de la route.
J’ai promis de ne pas te quitter.
T’ai-je abandonné ?
Quand tu ne vois qu’une
trace sur le sable
c’est que, ce jour-là,
c’est moi qui t’ai porté. »

Adémar de Barros, poète brésilien

Retraite des fraternités franciscaines séculières de la région Créteil, St Denis, Meaux

Dimanche 27 mars, les fraternités de notre Région se sont retrouvées chez nos frères Capucins de Paris, pour une journée de retraite animée par le frère Joseph Banoub, sur le thème: « Église des hommes, Église de Dieu ».

ÉGLISE DES HOMMES, ÉGLISE DE DIEU



L’Église de Dieu Trinité
Deux événements sont à l’origine de l’Église : tout d’abord, la mort et la résurrection de Jésus, ensuite le don de l’Esprit à la Pentecôte. Et l’Église, tout au long de son histoire, est fondée sur ces deux événements, accomplis par le Christ et par l’Esprit.
L’Église n’est donc pas une institution comme les autres puisqu’elle est voulue par le Christ et fondée par l’Esprit. Elle est aussi un mystère car son côté transcendant dépasse de très loin son côté visible et historique.
Le concile Vatican II décrit l’Église, dans la constitution Lumen Gentium, N°1, « comme un sacrement, comme un signe ou un instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain. » L’Église a donc une visibilité bien concrète porteuse d’un don divin qui la dépasse et qui est invisible. La tradition chrétienne a donné au Christ le titre de « sacrement de Dieu ». S’il est le « sacrement de Dieu », l’Église est le sacrement du Christ et de l’Esprit. Ainsi, l’Eglise est avant tout la réalisation de la Trinité Sainte : elle a été pensée et voulue par le Père, elle a été réalisée par le Fils qui a donné sa vie pour elle et qui ne fait qu’une seule chair avec elle, elle est née de l’Esprit Saint dont elle est le Temple, la demeure parmi les hommes.
L’Église peut-elle prétendre être le Royaume de Dieu sur terre ? Le Christ a inauguré ce Royaume, il est donc déjà là ; mais il est à venir car il ne sera réalisé qu’à la fin des temps. Et l’Église aspire à cet avènement. En attendant, en elle, le Royaume de Dieu est en travail. Mais la croissance du Royaume est freinée par toutes les lourdeurs de l’Église.

Le péché de l’Église
La grandeur de l’Église c’est de vivre sa mission comme un service, mais elle l’a exercée trop souvent comme un pouvoir, c’est sa faiblesse.
L’un des paradoxes de l’Église est que le don de Dieu et du Christ ait été confié à des êtres pécheurs. Elle ne pourra jamais sortir de cette contradiction : elle est foncièrement sainte dans sa source, et elle reste radicalement pécheresse dans sa vie, parce que faite d’hommes et de femmes pécheurs. Divine par sa tête, le Christ, elle est sans cesse irriguée par lui pour sa nécessaire et continuelle conversion.
Quand le christianisme se présente comme une doctrine, il devient une idéologie avec tous ses travers. Il en est ainsi lorsque l’institution donne au peuple de Dieu à croire ‘à’, qui est de l’ordre de la loi, au lieu de croire ’en’, qui est de l’ordre de la foi, de l’amour.
Un signe incontestable de la présence du péché dans l’Église, c’est la division des chrétiens.
Elle est la négation par excellence de la vocation de l’Eglise qui est de rassembler les enfants de Dieu dans l’unité pour laquelle Jésus a prié. Une Église désunie est une Église qui ne révèle pas l’authenticité de la mission de Jésus.
Mais « unité » ne veut pas dire « uniformité ». L’amour entre les églises fait l’unité de l’Église et de cette unité doit découler l’amour pour faire vivre la diversité dans son unité.

Bientôt deux ans… Nos fraternité racontent comment elles vivent ce temps de pandémie

Fraternité Sainte Claire (Roissy)
(La fraternité est composée de 16 membres actifs accompagnés par Jean-Pierre Rossi, diacre. Elle se réunit dans la salle de la paroisse de Roissy-en-Brie car elle s’est constituée principalement autour de la paroisse)

Un temps de confinement qui nous a permis de nous retrouver virtuellement et de garder le contact par des moyens de technologie tels que les téléphones, les tablettes ou les ordinateurs, pour ceux qui ne pouvaient pas se connecter le lien se faisait soit par des appels téléphoniques et (ou) par sms.

La Joie de se voir de se retrouver à chaque réunion mensuelle, nous a montré que notre chaleur fraternelle n’avait pas faiblie ; nous restons dans l’attente des bons petits plats de chacun que nous souhaitons retrouver.

Ce temps de confinement essentiellement nous a amenés à approfondir sur notre vie avec et en Dieu, avec les hommes, avec l’église, avec la fraternité franciscaine, avec la société….
On pourrait comparer ce temps de confinement à une retraite spirituelle de notre vie, c’est pour cela que les réponses ne seront pas forcement instantanées pour tous au même moment.

Avec la Grace de Dieu le COVID 19 a épargné la fraternité.
A chacun sa réflexion, l’essentiel c’est d’être en chemin vers le Seigneur.
PAIX et BIEN

Bientôt Deux ans… Nos fraternités racontent comment elles vivent ce temps de pandémie

Fraternité franciscaine de Lagny
(La fraternité est composée de 11 personnes accompagnées par le frère Joseph. Elle se réunit chez l’un ou chez l’autre à Lagny)

Depuis un an que dure la pandémie, la fraternité de Lagny a pu se réunir 7 fois pendant les périodes dé-confinées, avec les gestes barrières, pour continuer à étudier « Pâques en Galilée » d’Eloi Leclerc et partager le vécu de ces temps très particuliers. Pendant les périodes de confinement nous avons gardé les liens téléphoniques et essayé de méditer sur les thèmes proposés : la Genèse, les méditations envoyées par Joseph, le préambule de « Fratelli tutti ». La fraternité s’est aussi investie en paroisse dans une « démarche d’émerveillement pour la nature », avec le CCFD-Terre solidaire, pour évoquer cet émerveillement sur des panneaux et lors d’un temps d’action de grâces, témoignant ainsi de l’attitude positive et fraternelle de Saint François, en ces temps difficiles.

La plupart des membres de la fraternité sont âgés et ressentent particulièrement l’isolement et une certaine angoisse face à la pandémie. Pour ceux qui travaillent ou poursuivent des activités, le quotidien est difficile avec la crainte de se contaminer et de contaminer sa famille. Cependant, la plupart des membres ont la chance de vivre en pavillon et de pouvoir ainsi profiter de la nature, de s’en émerveiller, et de rendre grâce au Seigneur, tout en pensant et en priant pour tous ceux qui vivent, isolés ou trop nombreux, dans des appartements étroits. En cette période, de nombreux signes positifs sont donnés par les enfants et les familles qui prennent régulièrement des nouvelles, ce qui renforce les liens et réduit l’isolement ; de même entre membres de la fraternité on échange plus souvent des nouvelles et on se soucie davantage de la santé des autres. De plus, la famille, des voisins ou des amis apportent plus d’attention aux personnes âgées ou isolées en leur proposant parfois des services pour leur éviter de trop sortir. Par ailleurs, cela donne une autre notion du temps et permet d’entreprendre des choses que nous n’avions pas le temps de faire.

Lors des réunions de fraternité, entre les confinements, chacun exprime en négatif ou en positif ce qu’il a vécu personnellement et cela rencontre une grande écoute des frères et sœurs. Cette expérience de pandémie et de confinement nous appelle à la réflexion et à la méditation sur ce que Dieu attend des hommes, de son peuple et de chacun de nous pour agir au mieux à la sortie de cette épreuve, pour un monde plus juste et plus fraternel. Cette expérience de confinement nous fait comprendre les difficultés de certains de nos frères; elle nous permet de mieux apprécier notre liberté et notre vie, et constitue un chemin pour nous rapprocher du Seigneur par la prière et la méditation. Merci à Joseph et à Jacqueline pour les textes de méditation qui entretiennent les liens tout en permettant la réflexion et la prière.

Durant cette année, trois anciens membres de la fraternité nous ont quittés : Yvette, Jeanne et Jean-Louis.

Vacances insoupçonnées à Notre-Dame de Reinacker !

Couvent de Notre-Dame de Reinacker
Lieu-dit Reinacker
67440 REUTENBOURG
tél : +33 3 88 03 23 26

Tous les deux ans depuis sa fondation, notre fraternité du « Petit Prince » choisit de partir en vacances pour vivre une semaine, ensemble, dans un cadre détendu et si possible spirituel, qui nous sorte du quotidien et nous permette de nous retrouver et d’approfondir nos échanges dans une ambiance sereine et baignée de nature !
En cette année où la pandémie commence à régresser, nous avions soif de partir et nous avons eu le privilège de nous évader la première semaine de septembre.


Presque par hasard, l’idée de notre assistant capucin, le frère Gilles Rivière, qui connaissait ce lieu, nous amena à séjourner en Alsace, non loin de Strasbourg, à 9 kms de Saverne, chez les Petites Sœurs de saint François d’Assise au « Foyer Notre-Dame de Reinacker ».
Si vous cherchez un hâvre de paix, où l’on vous accueille chaleureusement, « comme en famille », où vous trouverez toutes les commodités d’un séjour agréable, dans un cadre de prière et de calme et un site exceptionnel de campagne, n’hésitez pas : votre trésor est là !
Nous étions onze (neuf laïcs et deux frères capucin et franciscain) accueillis merveilleusement par une communauté de onze religieuses, à l’esprit ouvert et joyeux, où chacune se rend toujours disponible, d’une écoute bienveillante et en recherche constante d’une présence fraternelle à tous (alors qu’elles préparaient leur chapître général qui se déroulait juste après notre séjour dans ces lieux!).
Notre arrivée coïncida avec le début du « Mois de la Création », organisé par cette communauté, en lien avec les orthodoxes et célébré chaque week-end de septembre jusqu’à la saint François. Une belle prise de conscience de la nécessité de la Sauvegarde de la Création selon l’esprit de « Laudato Si » de notre Pape François !
Nous avons d’ailleurs apprécié d’être associés largement aux rencontres des 150 laïcs présents à cette occasion (concert de flûtes par le Quatuortensia le samedi soir, messe festive en plein air le dimanche présidée par Mgr Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg, ateliers et exposition d’oeuvres d’artistes, apéritif-rencontres…)

Puis, chaque jour de notre semaine se déroula selon un programme bien établi :

Le matin

Après l’office de laudes pour certains et la prière ensemble, nous avions convenu que chacun pourrait, seul ou en couple, présenter au groupe, entre 9h et midi, un thème qui lui tenait particulièrement à coeur : ce fut une surprise pour chaque matinée et l’occasion de nous découvrir mutuellement un peu mieux à travers nos choix.

• La première se lança sur ce magnifique thème de « la Joie », meilleur remède au pessimisme ambiant dans la période que nous traversons. Elle nous tint en haleine avec son texte « être joyeux », jaillissant de propositions concrètes et profondes, nous faisant deviner jusqu’au bout quel auteur avait bien pu être si intelligemment créatif dans un domaine que peu de gens lui aurait attribué : mais oui, Jacques Attali avait pu écrire tout cela en 2001 !
• La seconde matinée fut focalisée autour des textes du 22ème dimanche ordinaire (Deut,4 et Mc,7) où il est question de ce qui est intérieur (dedans) et extérieur (dehors) à l’homme, ce qui est pur et impur avec, en appui, un texte témoignage très dense de l’expérience d’un aumônier de prison qui atteste combien la moindre lueur du dedans ne doit pas s’éteindre, combien la Parole de Dieu peut transformer une vie et rendre libre intérieurement.
• le troisième matin nous plongea dans les grands problèmes socio-économiques et sociétaux de notre France actuelle : un interview remarquable de Gaël Giraud, s.j., projeté sur écran nous situa avec grande lucidité quels enjeux pourraient être réfléchis et « remis en jeu » dans les futurs programmes présidentiels : un grand chantier plein d’ouvertures pour nous !
• Le quatrième intervenant choisit de nous faire réfléchir très avantageusement sur l’amitié : amitié de Dieu, François d’Assise et l’amitié, l’amitié au-delà des différences, l’amitié : mot souvent galvaudé…Qu’est-ce qu’un ami pour nous, quelle est notre expérience de l’amitié, quelles différences entre amitié et fraternité?.. interrogations qui ouvrirent un échange très fructueux !
• La cinquième matinée fut consacrée à la découverte d’Arcabas : ce peintre de l’âme, sculpteur, poète converti à 25 ans et ce don de traduire sa foi et sa liberté de croire dans ses riches peintures, aux teintes extraordinaires (rouge, or, bleu…) qui font de son travail une œuvre sacrée, toujours très vivante, marquée d’une candeur joyeuse, révélatrice de questions profondes qui interrogent et provoquent à l’émerveillement. Un semeur d’Evangile à sa manière…qui a occasionné un vrai partage entre nous autour de ses œuvres parfois si surprenantes.
• Le dernier jour nous emporta sur un Discours du Pape François prononcé en 2015, lors d’une audience générale, plein d’humanité, de conseils, dans une expression toujours simple, actuelle, pragmatique, sur ce qu’est « être heureux » dans toutes les situations , meilleures ou pires, de la vie.Il ne condamne pas, va toujours de l’avant avec un regard positif sur les êtres , il est riche de foi en l’homme et en Dieu. Merveilleux échange pour clore cette belle semaine !

L’après-midi : détente et tourisme !

Soeur Pascale Bonef, de la communauté, nous a fait l’honneur de découvrir notre lieu d’accueil résidentiel et pendant plus de deux heures, nous a détaillé l’histoire de la Chapelle du Sanctuaire (XIIème siècle), le cimetière, le jardin des simples et des produits biologiques, les bâtiments et leurs nouvelles constructions porteuses d’avenir pour ce lieu plein de promesses. D’autres jours, nous sommes partis en balades visiter l’Abbatiale de Marmoutier, la Basilique, les rues pittoresques et le jardin botanique de Saverne, avons expérimenté « le Plan incliné de Saint Louis Arzviller » ascenseur à bateaux unique en son genre en Europe et situé sur le canal de la Marne-au-Rhin, et flané en découvrant le joli village typique d’Obernai.

Certaines soirées furent aussi bien occupées par le témoignage de sœur Nicole, supérieure de la Communauté, par la projection de 2 films «Dan et Aaron» (deux frères juifs que tout sépare reflètent bien une société en mutation), et « rêves d’or »(des migrants partis du Guatemala vivent la dure réalité de leur arrivée en Europe) suivis de débats enrichissants, par le partage-signalement de livres intéressants avec notre frère Gilles et même par une replongée sympathique dans nos chants de jeunesse avec l’accompagnement de notre cher guitariste Michel !

« Frère Soleil» rayonna chaque jour fidèlement pour nous découvrir les merveilles de ses levers et couchers dans cette nature luxuriante de fleurs, de champs, de verdure et d’oiseaux multiples !
En somme, une semaine de grâces où nous avons été gâtés en tous points et où nous nous sommes sentis très privilégiés par l’accueil, les rencontres, les échanges, le temps donné et passé ensemble, la prière avec la communauté, les richesses des lieux touristiques…
Oui, nous avons été très heureux de ces jours si fraternels, partagés dans une ambiance joyeuse et sereine, qui sont pour chacun source de renouveau et de « commencement » !…

Brigitte L
fraternité du « Petit Prince »

L’écriture d’un livre

L’écriture d’un livre est toujours une aventure et une plongée dans l’inconnu. On sait comment l’on veut commencer, on ne sait pas toujours ce qui viendra sous la plume (le clavier) en fin de course.

Dans certains cas, cette aventure réserve des surprises, de très bonnes surprises. Invité par les éditions Mame à écrire un petit livre sur la « manière franciscaine » de protéger la Création de la part de laïcs, j’ai pris le parti d’éviter de trop disserter sur ce que j’en pensais et de rassembler des témoignages de membres de l’OFS engagés dans des démarches correspondant à ce que le pape François, dans Laudato si’ appelle l’écologie intégrale : expériences de conversion personnelle et familiale des modes de consommation, réorientation de choix de vie dans le sens d’une plus grande sobriété, actions de solidarité fraternelle avec les plus démunis et les plus fragiles dans les périphéries souffrantes de la société (prisons, hôpitaux, migrants…), respect du monde animal, etc.

Ce pari n’était pas gagné d’avance pour moi. Je craignais de ne récolter que trop peu de témoignages et de me heurter à une trop grande retenue dans le récit d’histoires de vie et d’engagements personnels. Or la récolte a été au-delà de mes espérances, au point qu’après avoir supplié des religieux et des laïcs franciscains de me rediriger sur des personnes ou des fraternités susceptibles de témoigner, j’ai dû dire « N’en jetez plus ! »

Car très nombreux, à la vérité, sont ceux, dans l’OFS, qui mouillent leur chemise, en fraternité ou ailleurs, pour agir en faveur de la sauvegarde de la Création. Oui, vraiment très nombreux. Et, j’ai été intimidé devant ces témoignages, incité à une grande humilité, et surtout émerveillé par le dynamisme et la créativité d’une famille franciscaine laïque dont, prenant peut-être mon cas pour une généralité, j’avais l’image totalement erronée d’une communauté vieillissante, aux effectifs fondants, fatiguée… Tout le contraire. Les cheveux blancs n’empêchent guère d’aller de l’avant —toutes les têtes, d’ailleurs, sont loin d’être blanches dans la fraternité — et la large palette d’engagement de mes frères m’est apparue comme un vrai motif de louange.

Oui, disent tous ces témoignages, il est possible de partager ses biens, de se dégager de la crainte obsessionnelle du lendemain, de faire la différence entre besoin et caprice, de réfréner nos usages d’Internet, de se désapproprier d’une carrière supposée « prometteuse », de sortir de sa zone de confort et de revisiter sa vie à partir des plus pauvres, de voir en les plantes et les animaux des cadeaux de la Création, de verdir notre Église. Sans être des héros pour autant. Tous ces témoignages le disent et le redisent. Loué sois-tu Seigneur, pour tous ces frères qui ont le souci de respecter ta Création, de la protéger, de la jardiner !…

Libres, simples et heureux. Retourner à l’essentiel avec saint François, Éditions Mame, septembre 2021.

Michel Sauquet

La vie de notre Région Créteil / St Denis / Meaux

Chapitre régional électif.

Dimanche 26 septembre, chez les Petites Soeurs de St François d’Assise à Fontenay, s’est tenu notre chapitre régional électif, en présence de Claire Decheneaux, membre de l’équipe nationale et du frère Dominique Lebon, assistant national. Toutes les fraternités étaient représentées.
L’équipe sortante était composée de : Jacqueline Rossi, ministre régionale, Appoline Djondo, ministre adjointe, Joachim Lesage, trésorier, Brigitte sauquet, responsable de la formation et Pascale Clamens-Zalay, secrétaire.
Ont été élues ou réélues : Jacqueline Rossi, ministre régionale, Brigitte Lys, ministre adjointe, Françoise Rousseau, trésorière, et Pascale Clamens-Zalay, secrétaire.
Nous n’avons pas pu élire une personne en charge de la formation. Comme celle-ci est assurée dans chacune des fraternités, nous nous sommes donné un an pour revoir cette question.
L’après-midi s’est achevée par une célébration eucharistique d’action de grâce.

En l’absence de Rencontre régionale en juin dernier, nous avons demandé à chaque fraternité de nous partager ce qu’elle avait vécu en ces temps de confinement afin de constituer un livret qui puisse être envoyé à chacun et chacune durant l’été. C’était une autre façon de maintenir les liens entre frères et sœurs de la Région.
Nous avons décidé de diffuser ces différents témoignages sur notre Site Internet.

Fraternité Arc en Ciel
(La fraternité est composée de 7 personnes accompagnées par la sœur MarieJia , franciscaine Missionnaire de Marie à Clichy-sous-Bois. La fraternité se réunit chez la communauté des sœurs)
Depuis plus d’un an, notre fraternité vit par le truchement des téléphones qui nous ont permis de communiquer régulièrement. Équipés plus ou moins sur le plan informatique, voire pas du tout, il était difficile de mettre en place des visioconférences.
Nous nous sommes pourtant rencontrés à l’occasion de la messe d’au revoir de Sœur Françoise Roussel, à Clichy sous Bois, en juin 2020, avant son départ pour Lille afin de remplacer Sœur Yola. Ensuite, grâce au groupe WhatsApp créé par André, les informations ont circulé plus aisément, sérieuses, humoristiques parfois, histoire d’alléger la sinistrose extérieure…
A l’automne dernier, en octobre, Marie-Thérèse s’en est allée rejoindre son cher Jésus, après un parcours de vie remarquable, sans attendre son centenaire, mais toute de blanc vêtue comme elle le souhaitait. Elle nous a permis de nous retrouver physiquement à ses obsèques, et nous avons pu faire nos adieux à cette belle âme et belle personne qu’elle fut, toujours priant pour chacune et chacun de nous, gaie malgré sa quasi-cécité, toutes ses douleurs.
Nous avons vécu cette période aussi, rythmée par les méditations proposées par les fraternités bourguignonnes, transmises par Jacqueline. Pendant le temps de Carême, grâce à Joséfa, nous pouvions suivre les réflexions selon Saint François et nous avons partagé la joie de célébrer la Semaine Sainte dans nos paroisses respectives avec Pâques en point d’orgue !
Le 29 mai dernier, nous nous sommes revus chez Bernard, dans son petit paradis vert, pour un goûter de retrouvailles, fixer enfin des dates de réunion à Clichy sous Bois, chez les Sœurs franciscaines missionnaires de Marie, choisir un thème d’échange dans le dernier numéro d’Arbre. Notre sœur et amie Christine avec son époux Émeric, est revenue, ce printemps, en région parisienne après le refus de l’évêque de Rodez, de la poursuite de leur projet pour l’abbaye de Bonnecombe. Grande déconvenue qu’il leur faut prendre le temps d’appréhender… Voilà pour l’essentiel !

VOUS AVEZ DIT EMOTIONS ? BENEVOLAT DANS UNE ECOLE PRIMAIRE A PARIS

Voilà maintenant 3 ans que je suis bénévole dans une petite école primaire catholique à Paris et y propose des séances destinées au développement des « compétences psychosociales » (pour reprendre le jargon officiel en cours ! ;-). Il s’agit de séances destinées à mieux se connaître, notamment par la découverte et la « gestion » des émotions qui nous traversent. Une manière de contribuer à l’apaisement des relations et à l’éducation à la paix.

Toute ma source vient de la Communication NonViolente (CNV) de Marshall B. Rosenberg : suite aux stages « modules de bases » que j’avais eu la grâce de pouvoir suivre, je souhaitais ardemment la partager tant cela m’avait apporté. Et je pensais tout spécialement aux enfants dans un premier temps : moi j’avais attendu d’avoir 40 ans pour apprendre ça, quel temps perdu ! Je me disais que je pouvais déjà en partager au moins quelques « miettes », ce serait toujours ça de gagné pour eux ! Les séances que je propose ne prétendent donc pas être une transmission fidèle de la CNV (il faut beauooooooocoup de temps pour l’intégrer et la pratiquer vraiment !), cependant elles s’en inspirent largement.

Au début j’ai commencé dans une seule des 3 classes maternelles de l’école : celle de Silvia, rencontrée providentiellement lors d’une journée Foi et Lumière chez nous à Fontenay-sous-Bois, et par qui je suis entrée dans cette école. Puis, assez rapidement, le lien se créant dans le secteur des maternelles (il est « géographiquement » un peu à part), je suis intervenue dans les 2 autres classes. Il s’agit de 3 classes maternelles Montessori, avec des enfants âgés de 3 à 6 ans en moyenne (les petite, moyenne et grande sections y sont donc mélangées, à proportion aussi égale que possible), et les maîtresses sont également éducatrices Montessori, formées à l’Institut Maria Montessori.

En arrivant là, j’avais un double objectif : apprendre et m’imprégner le plus possible de cette pédagogie qui m’intéressait beaucoup, pour ensuite partager dans cette dynamique là ce que j’avais compris et intégré du processus de CNV. Cela repose donc depuis le début sur une étroite coopération avec les maîtresses et leurs aides maternelles, et le partage de nos compétences respectives dans un dialogue ouvert aux tâtonnements. Maria Montessori n’ayant pas développé cet apprentissage spécifique (pas en vogue ni au programme scolaire à son époque), nous avions conscience d’innover quelque chose tout en tâchant de rester fidèles à l’esprit d’une pédagogie qui nous précède et nous dépasse, avec l’humilité que cela requiert, notamment par l’accueil de nos erreurs comme faisant partie de notre apprentissage et de notre avancée « pas à pas ». Le fait que nous ayons posé cela dès le début était très libérant à mes yeux, dans le sens où nous ne nous sommes pas fait peser d’attentes ni d’exigences surdimensionnées. L’expérience a été très chouette, et cette première année a aussi été l’occasion de créer de nouveaux outils dans l’esprit de cette pédagogie, et destinés à l’apprentissage des émotions et des besoins (au sens où on l’entend dans le jargon CNV, c’est-à-dire uniquement nos besoins vitaux, ces « énergies de vie » universelles, ces « forces motrices » intérieures qui nous meuvent et nous poussent à développer des stratégies concrètes au service de la vie, pour sa protection et sa croissance – même si on fait aussi le contraire ! Le terme « besoin » n’est donc pas ici employé au sens d’un manque, ni pour désigner une « stratégie » concrète comme cela peut être courant dans notre langage habituel. Par exemple on dira facilement « j’ai besoin d’un stylo » à un moment où il nous manque. En CNV, on distinguera bien la « stratégie » du « besoin », et on ira chercher quelle est l’énergie profonde qui nous anime lorsque nous cherchons la « stratégie » stylo dans cette situation précise et en cet instant t (on pourrait imaginer que c’est le « besoin », la force vitale d’expression/de communication qui est motrice à ce moment-là et me pousse à chercher un stylo pour écrire un message à quelqu’un).

La deuxième année, ayant aussi créé des liens avec les autres institutrices l’année précédente, j’ai continué avec les maternelles, et commencé des séances dans une des autres classes (avec une pédagogie classique : dans cette école seules les maternelles suivent la pédagogie Montessori). Là, c’était une toute nouvelle expérience, avec des séances plus structurées et à durée limitée dans le temps. Un nouvel apprentissage donc, avec des enfants d’une toute autre tranche d’âge, un autre format pour leur partager la CNV, et une autre forme de coopération avec la maîtresse. Une découverte très riche aussi !

Puis le confinement est arrivé et a tout interrompu. Et lorsque je suis revenue, je me suis plutôt rendue disponible pour aider là où c’était nécessaire, la situation étant inédite et l’année scolaire touchant déjà à sa fin.

L’an dernier nous avons eu une année presque normale avec seulement une semaine de fermeture des écoles primaires, ce qui a été très chouette car j’ai pu, cette fois-ci, intervenir tout au long de l’année dans les 8 classes de l’école. Avec les maternelles j’ai continué à peu près sous le même mode que la première année (j’étais toutefois moins présente du fait de mon investissement dans les autres classes), et du CP au CM2, nous avons calé avec chacune des maîtresses, le mode, la durée et le rythme des séances. Là aussi j’ai énormément apprécié la collaboration avec les maîtresses, le partage d’expérience et de compétences, ainsi que leur soutien pour vérifier avec elles que ce que je proposais était bien adapté aux enfants de la tranche d’âge concernée et pour la « gestion de groupe » (dans laquelle je n’avais pas de compétences particulières, et je les prenais en général seule par demi groupes, ce qui fût parfois assez sportif !).

Je rends grâce de tout mon cœur au Seigneur qui par sa Providence a permis cela, et éprouve une profonde gratitude à l’égard de la Congrégation qui m’encourage et me soutient dans cette riche expérience. Je vois que cela m’apporte beaucoup, et me permet de continuer mon apprentissage de la CNV en la pratiquant avec les enfants. Et ce, d’autant plus que le besoin de cohérence, que nous avons tous, est particulièrement « sensible » chez eux. Cela a aussi plein de sens pour moi dans la mesure où ce processus m’aide à vivre davantage de cohérence intérieure pour vivre l’Evangile, notamment pour contribuer à la paix, paix qui est si chère à notre spiritualité franciscaine ! Et cette découverte de nos besoins profonds, ces énergies si vitales qui nous meuvent, est toujours un cadeau : les rejoindre par ce processus est source d’émerveillement et de gratitude devant l’infinie bonté de Dieu et la beauté de sa création. Et bien sûr, comme pour tout le reste, rien n’est définitivement acquis : c’est toujours à re-commencer !!! 😉

Sr Elisabeth Desportes, Sœurs de Saint François d’Assise

POUPONNIERE SAINTE CLAIRE DE LOME-TOKOIN-TOGO

Directrice de la pouponnière Sainte Claire : Sœur Esther SOME
La pouponnière Sainte Claire de Tokoin, à Lomé, a été créée le 28 décembre 1959. Elle accueille des enfants de 0 à 3 ans de diverses catégories : orphelins de mère, bébés nés de mères malades mentales ou en prison, ainsi que des enfants abandonnés. Ce centre abrite actuellement un effectif de 45 enfants.

Extrait du Rapport d’activité 2019 – 2020

RELECTURE DE LA PANDEMIE DU CORONAVIRUS « La vitalité missionnaire de notre Institut s’enracine dans sa capacité à rester ouvert aux réalités du monde et à sa propre réalité…» (Constitutions des Sœurs de saint François d’Assise, chapitre 5)

Le discernement communautaire était nécessaire face à la crise sanitaire mondiale liée à la COVID19. Bouleversées, notre inquiétude était de savoir comment protéger ces enfants vulnérables dont nous avons la charge ? Quelles dispositions prendre ? La solution adoptée à l’unanimité fut celle de rester confinés dans la clôture de la pouponnière pour la sécurité des enfants et de nous tous. Ne pouvaient adhérer à ce projet que les salariés qui avaient moins de contraintes familiales. Des sœurs des autres communautés de Lomé ont été également sollicitées pour renforcer l’équipe de la Pouponnière. Il fallait repenser l’organisation et le système de rotation dans les services. Ce fut à la fois une expérience difficile mais riche de sens car il fallait tout mettre en œuvre pour favoriser le vivre ensemble dans un esprit d’entraide. Il fallait aussi supporter le travail supplémentaire lié à la prise en charge, à tous les niveaux, des employés en confinement surtout quand intervient la maladie. Ce furent des moments d’intenses angoisses. Ce qui est beau est qu’au-delà de cette situation éprouvante pour tous nous pouvons y lire des impacts positifs à plusieurs niveaux :

• Au niveau spirituel. La prise de conscience de la limite de l’homme. La recherche de Dieu comme seul et unique sauveur. Comme Pierre dans la barque nous avons crié : « Seigneur sauve nous ». Notre impuissance face à la situation nous a conduits à l’abandon total à Dieu, notre unique libérateur. Un soutien mutuel nous invitait à prier ensemble pour une même cause : la délivrance de l’humanité de cette pandémie. Une expérience riche en la Providence divine.

• Au niveau relationnel. Nous avons vécu l’expérience de la dépendance face à l’épreuve. La question « Que faire ? » nous a permis de mieux mesurer le sens de la dépendance qui évoque l’idée du besoin. C’est-à-dire : avoir besoin de… Nous avons eu besoin d’un discernement communautaire afin de parvenir à un choix libre et personnel de participer au confinement strict, avec l’adhésion des employés qui n’avaient pas de contraintes familiales. L’application des mesures barrières et la distanciation sociale édictées par les autorités gouvernementales étaient et demeurent une rude épreuve pour nous tous mais un remède en attendant les dispositions idoines pour lutter contre le coronavirus. Ceci dit, le lavage des mains et le port des masques sont obligatoires à la Pouponnière.

Au niveau matériel et financier. Le soutien, tant moral que matériel et financier, dont nous avons bénéficié, témoigne une fois de plus que la cause des enfants à la Pouponnière préoccupe des âmes sensibles et généreuses. Une générosité qui nous a permis à notre tour, dans l’écoute et le discernement, de soutenir des personnes que la pandémie a privées du minimum vital.

Difficultés : Les difficultés s’expriment en termes d’impossibilités et de contraintes. Il s’agit, entre autres, de la limitation des contacts entre les enfants et les personnes extérieures occasionnant la suspension des visites, des stages et des services de bénévolat. La réduction des activités avec les enfants : les sorties détente par exemple. Comme déjà signalé plus haut, une des grosses difficultés a été le travail supplémentaire lié à la prise en charge du personnel confiné avec les enfants. Ce furent des moments d’angoisse mais aussi de tension qui ont, par moment, troublé l’ambiance de paix du groupe. Le contexte de la crise sanitaire a également affecté l’élan de nos activités, mais l’ensemble des acteurs ont été plutôt déterminés à offrir une prise en charge adéquate aux enfants. Les conséquences imposées par cette situation de crise sanitaire ont bouleversé les stratégies de mobilisation des ressources.

Questionnements : Quelles attitudes adopter face au vaccin contre la COVID19 ? Dans quelles conditions autoriser l’accès des personnes extérieures auprès des enfants avec une garantie de sécurité ?

CONCLUSION : Dans la fidélité à notre Charisme, sœurs de saint François d’Assise, la place des plus vulnérables a été toujours valorisée à travers, à la fois le souci des enfants, mais aussi des familles en général vivant dans des conditions de précarité. (…) Au-delà des difficultés incontournables, il convient de souligner combien ces enfants, dans leur innocence, nous édifient et nous interpellent sur notre perception de la vie. Ils nous apprennent comment apprécier les merveilles de la vie en étant à leur service.