« Que ton règne vienne »
François-Xavier de Boissoudy à la galerie Guillaume
François-Xavier de Boissoudy n’est pas un peintre catholique, il est, selon ses propres termes, « juste un catholique qui peint ». On comprend la nuance en découvrant sa peinture qui n’est pas un art de convention, mais au contraire l’expression d’un émerveillement authentique, vécu, dit-il, en 2004 « lorsqu’un jour j’ai été touché par Sa présence ». Cette révélation a fait de sa peinture un art religieux au sens retrouvé, ou tout simplement trouvé, dans une inspiration qui est avant tout une aspiration. Car, dit-il encore, « C’est l’essence même de l’art d’être une prière et un dialogue avec le Créateur ».
Ce dialogue rayonne de ses tableaux. Lavis ou peinture à l’huile, peu importe la technique pourtant parfaitement maîtrisée, car elle s’efface devant la force de l’expression, de même que le peintre s’efface devant son sujet pour mieux s’en faire l’instrument. C’est en cela qu’on peut parler d’art religieux retrouvé, car cette humilité vraie est le fait d’artistes devenus rares, religieux ou non : ceux qui se mettent au service de la puissance qu’ils représentent, à contre-courant d’une époque où l’on plébiscite les autres qui, esclaves d’autres nécessités, tentent de se revêtir eux-mêmes des beautés qu’ils convoquent. La peinture de Boissoudy est libre de ces pauvres ambitions-là ; elle est franche, directe, dépouillée, « simple » pourrait-on dire, comme le geste d’un homme au savoir-faire habité, c’est-à-dire exempte de toute sophistication narcissique ou spectaculaire. Ainsi, le thème commun à tous ses tableaux est-il la lumière. Toujours centrale, elle révèle le monde et les personnages qui le peuplent, peints dans des teintes sobres, unifiées et résolument terriennes, comme pour dévoiler que tout est incarnation de la Présence. Boissoudy, en témoignant si simplement, vitalement, de sa prière et de son dialogue avec le Créateur, nous induit, au-delà de son œuvre, à les vivre par nous-mêmes dans la réalité qui nous entoure, à « voir » cette réalité comme sa Création. Et cette prière particulière de l’artiste devient notre prière à tous, par l’effet de sa poésie intense et véridique. L’art y retrouve sa dimension de grâce : création à l’image de la Création comme Dieu nous a faits à son image. Cette universalité fraternelle est encore soulignée par les titres des œuvres, tous des verbes à l’infinitif — Naître, Revenir, Reconnaître, Croire, Guérir, Chercher, Rencontrer, Louer… — qui nous incitent à la pratique, au dialogue et à la conjugaison, pour que s’élève la prière des prières : « Que ton règne vienne » sur la terre où nous vivons comme au ciel auquel nous aspirons.
Les visites d’expositions restant interdites, il est impératif de prendre rendez-vous avec la galerie Guillaume (voir les informations ci-dessous) pour admirer les œuvres en tant qu’acheteur potentiel, dans le cadre du « Click and collect » de rigueur. Le galeriste accueillant, sympathique et passionné ne vous en voudra pas si vous ne repartez qu’avec le beau catalogue (25 €), ou celui qui contient une gravure de l’artiste (75 €) ou même les mains vides (mais à coup sûr les yeux brillants).
Jean Chavot
Jusqu’au 29 mai. Galerie Guillaume, 32 rue de Penthièvre, 75008 Paris. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h. https://www.galerieguillaume.com
Pour voir l’exposition, prendre impérativement rendez-vous
au 06 71 00 89 72 ou par e-mail : galerie.guillaume@wanadoo.fr
Le lien du catalogue ici : https://www.galerieguillaume.com/pdf/expo/Franc__ois-Xavier%20de%20boissoudy%202021%20copie_1.pdf
Et ici : https://www.revue-conference.com/index.php?option=com_content&view=article&id=1946:que-ton-regne-vienne-oeuvres-de-francois-xavier-de-boissoudy&catid=156:collection-en-regard&Itemid=56