Cycle Duns Scot 4/5

L’Immaculée Conception

A l’époque de Duns Scot, la majorité des théologiens opposait une objection, qui semblait insurmontable, à la doctrine selon laquelle la très Sainte Vierge Marie fut préservée du péché originel dès le premier instant de sa conception. En effet, cela allait à l’encontre de l’universalité de la Rédemption, Marie alors n’aurait pas eu besoin du Christ et de sa rédemption.
Or la foi, tant dans l’Immaculée Conception que dans l’Assomption corporelle de la Vierge, était déjà présente chez le Peuple de Dieu.
Que fit Duns Scot ?

Il appliqua la notion générale de la grâce opérante prévenante pour conclure que Marie était sans péché depuis le premier instant de sa conception. « Parce que le Christ est le Rédempteur universel, il s’ensuit que Marie n’a pas eu le péché originel, et je le prouve.» Il développe alors un argument de « convenance » exprimée par la formule logique, issue de la théologie scolastique : « Potuit, decuit, ergo fecit » qui se traduit par « Il pouvait le faire, cela convenait ; donc il l’a fait ». Cette formule s’interprète comme suit : « Dieu a pu créer la Vierge dans la pureté originelle ; il convenait qu’il en fut ainsi; donc il l’a fait ». L’argument paraît subtil, mais il est solide. C’est la rédemption prévenante. Cela enthousiasma les franciscains de son temps !
La théologie a par la suite accueilli cet argument en l’état et l’a approfondi. Il deviendra le dogme de l’Immaculée Conception en 1854 avec le Pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus. Le Peuple de Dieu a donc précédé les théologiens !

Chantal Auvray