La spiritualité franciscaine
La spiritualité franciscaine, née il y a 800 ans en plein Moyen Age, reste toujours d’une étonnante modernité. Ses tonalités continuent d’interpeller les hommes et les femmes de notre temps, surpris par les réponses simples et claires que saint François propose aux défis auxquels notre société est aujourd’hui confrontée. Serait-ce tout simplement parce que l’époque dans laquelle saint François a vécu a été, elle aussi, une période de mutation rapide, de bouleversements, avec notamment le rôle croissant de l’argent dans les échanges, dans les relations sociales.
Et pourtant, la spiritualité franciscaine n’est pas révolutionnaire en soi.
Elle peut se résumer en une ligne : un retour à l’Evangile.
Tel un tailleur de diamants, François d’Assise va simplement essayer de redonner tout son lustre, tout son éclat à l’Evangile en mettant en valeur certaines de ses facettes.
- Pauvreté. Le mépris des richesses et la hantise de posséder des biens est une constante dans la vie de François et dans tous ses écrits. Pour lui, la possession de biens (y compris des biens intellectuels comme le savoir) peut devenir source de pouvoir et de domination et risque de tuer la fraternité entre tous les hommes. Sainte Claire aura la même aversion pour les richesses et demandera au pape le privilège exceptionnel de pauvreté pour elle et ses sœurs.
- Humilité et minorité. Saint François a invité ses frères à suivre l’exemple de Jésus lavant les pieds de ses disciples lors du dernier repas le Jeudi Saint. Cet esprit de service, cette humilité, ce refus des charges honorifiques, permettent d’échapper à la tentation omniprésente en l’homme de dominer, de prendre le pouvoir. François demandera expressément à ses frères de rester des frères ‘mineurs’, qualificatif que l’on retrouve encore aujourd’hui dans l’appellation ‘Ordre des frères mineurs’ donnée aux religieux franciscains.
- Fraternité. François éprouvera sa vie durant une attention pour tous les hommes, et en particulier pour les plus pauvres (en particulier les lépreux) en qui il retrouve la pauvreté du Dieu incarné, né dans une étable et mort sur une croix. Reconnaissant que tous les hommes sont issus du même Père, il voit en chaque homme en chaque femme un frère, une sœur à aimer, quel que soit son rang social, quelle que soit son apparence.
- Joie et émerveillement. La spiritualité franciscaine est toute empreinte de joie : joie de se savoir aimé par un Dieu de tendresse, joie en contemplant en chaque homme, en chaque créature, un reflet de l’amour divin.
- Artisans de justice et de paix. C’est sans doute une des aspects les plus connus de la spiritualité franciscaine, mis en valeur par le pape Jean Paul II invitant tous les responsables des grandes religions à se retrouver à Assise en 1986 pour prier pour la paix.
- Fidélité à l’Eglise. A l’opposé de nombre de ses contemporains qui se sont séparés de l’Eglise qu’ils considéraient comme corrompue et trop éloignée des valeurs évangéliques, saint François restera profondément attaché à l’Eglise et respectueux des prêtres qui permettent de perpétuer la présence réelle du Christ au travers du sacrement de l’Eucharistie.
- Respect de la Création. Saint François voit en toute créature, en toute chose, un frère, une sœur créée par Dieu et reflet de son image : c’est une invitation à développer un rapport fraternel et respectueux avec toute la Création et ne pas y voir uniquement une matière à dominer et exploiter. Cette invitation sera immortalisée par le ‘cantique de frère soleil’ ou ‘cantique des créatures’ composé par François au soir de sa vie. C’est la raison pour laquelle en 1979, le pape Jean Paul II a formellement reconnu en saint François le patron de l’écologie.
« François n’a pas choisi sa voie par protestation contre quoi que ce soit, mais par consentement à Dieu qui se révélait à lui dans l’Evangile du Christ. »
T. Matura dans « Naissance d’un charisme »