« A l’invitation de la Famille Franciscaine, du diocèse de Créteil et du Service National pour les Relations avec les Musulmans, venez nombreux à la célébration nationale des 800 ans de la rencontre entre saint François et le sultan d’Egypte à la cathédrale de Créteil le 27 octobre 2019 de 10h30 à 18h00. » C’est ainsi que sur le site du diocèse de Créteil était annoncé la journée du 27 octobre à la cathédrale de Créteil. Cette rencontre est présentée plus que jamais comme une rencontre d’actualité alors que le Pape a choisi, en ce début d’année, de visiter des pays majoritairement musulmans.
Cependant pour ma part j’aimerais insister sur un point essentiel qui a animé le comité d’organisation lors de la préparation de cette journée, et qui dépassait le seul cadre du dialogue interreligieux : il s’agissait pour nous d’une invitation à interroger la manière dont nous vivons toutes nos rencontres. Dans la rencontre de François et du sultan, on découvre la rencontre de deux hommes qui apprennent à se connaitre et à se respecter y compris à travers leurs différences. Alors, comment pouvons-nous apprendre de cette rencontre à creuser un chemin possible de communion dans la rencontre de l’autre, quel qu’il soit.
« Saint François nous invite à refléter la divine humilité de Dieu sur ceux que nous rencontrons en faisant ce premier pas de serviteur avec amour. Il nous invite à oser la rencontre avec celui qui est différent, à nous laisser surprendre, à nous laisser déplacer et, dans ce mouvement, à découvrir le Christ Vivant qui se donne à travers l’autre ». C’est autour de cette problématique que nous avons pensé cette journée, depuis la messe du matin jusqu’à la manière d’organiser les ateliers de l’après-midi, en passant par le temps du verre de l’amitié et du repas : permettre aux participants de faire l’expérience de la rencontre de l’autre, de la découverte de celui que je ne connais pas, de celui qui peut me paraitre étrange, étranger à ma vie.
C’est cette interpellation que je voudrais retenir de cette journée, interpellation « prophétique », à contrecourant de discours qui envahissent les réseaux sociaux et appellent au rejet de l’autre. En tant que franciscains nous devons être convaincus que l’autre, quelles que soient son identité, sa nationalité, sa race, sa couleur de peau, sa religion, n’est pas à priori celui dont je dois me méfier mais celui dont j’ai besoin pour être moi-même, pour être pleinement humain. « Qu’as-tu à m’apprendre que je ne connais pas, pour être pleinement Homme ? Et moi que puis-je t’apprendre que tu ne connais pas ? » Voilà peut-être la question qui devrait nous habiter dans la rencontre de l’autre : Comment nous enrichir mutuellement de notre humanité commune ?
Frère Daniel Painblanc
Fraternité des capucins de Créteil