Le discours du chapitre 6 sur le « pain de vie » est un nouveau discours de révélation
- Jésus vient du ciel
• Nouvelle affirmation de la divinité de Jésus : il vient d’ailleurs.
• Scandale du mystère de l’Incarnation pour les juifs : « N’est-il pas ce Jésus fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? » (42)
• Scandale aussi, pour eux, qu’un messianisme non politique et de non prospérité.
• Démythisation du pain de l’exode : la manne n’est pas le vrai pain venu du ciel. - … Comme un don gratuit de Dieu
• Cela suppose qu’on accueille ce don, qu’on soit ouvert à son aspect étrange, qu’on croit que Jésus est bien le don du Père, autrement dit, la grâce par excellence.
• Mais les juifs préfèrent se croire dociles à Dieu, parce qu’ils observent certaines règles et pratiques… Ce qui leur est demandé, c’est un accueil inconditionnel (la foi). - … Destiné à être rompu et consommé comme nourriture
• « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde »… « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme, si vous ne buvez pas son sang… »
Jésus, don de Dieu, est un don sacrificiel, don destiné à être sacrifié ; l’évocation séparée de la chair et du sang est significative de la mort violente, allusion au Golgotha.
• Scandale pour un juif : boire le sang ! Cela est proscrit par le Lévitique. Si la vie est dans le sang, l’auteur de la vie est le maître du sang.
• D’autre part, et c’est l’aspect nourriture de l’Eucharistie, si Jésus se donne à manger, c’est pour faire nôtre sa substance, pour que nous vivions de sa vie « Qui me mangera vivra par moi ».
• Toutefois, la vie qu’il donne n’est pas la sienne propre, c’est celle qu’il partage avec le Père « Comme je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi » (57). L’Eucharistie communique la vie que le Fils tient du Père. - … Afin que les hommes soient ensemencés de Résurrection.
• L’Eucharistie est très fortement présentée ici comme ferment de résurrection. La fréquence des allusions à la mort, où à la non-mort, disent assez qu’elle est pour Jean une garantie contre la mort naturelle et spirituelle (8 allusions dans le discours).
• Consentir à manger le corps du Seigneur, c’est consentir à croire en lui comme à l’antidote de la mort, comme au maître de la vie qui peut annuler la mort. C’est croire qu’on a déjà cette garantie.
Conclusion
Toute l’Eucharistie, chez Jean, est finalisée vers notre condition de sur-vivants :
- De l’éternité, Dieu envoie son Fils aux hommes comme nourriture, pour les ramener dans son sillage vers l’éternité.
- Ou équivalemment, en Jésus, c’est l’Eternel qui se donne à nous pour que nous soyons gagés, ensemencés d’éternité.
Remarque finale : Jean comparé aux synoptiques
L’Eucharistie est riche de plusieurs aspects, en particulier l’aspect sacrifice (mort du Seigneur), l’aspect repas (corps du Seigneur = nourriture et facteur de communion), et l’aspect eschatologique (anticipation du banquet céleste, gage de vie éternelle).
Jean et les 3 synoptiques donnent de l’Eucharistie des accentuations différentes :
• Les synoptiques : 1/ sacrifice 2/ repas-communion 3/ Espérance du Royaume des cieux.
• Jean : 1/ repas-nourriture (aspect vivifiant de la chair de Jésus) 2/ gage de vie éternelle, ferment de résurrection 3/ sacrifice.
Fr Joseph