Après ce temps fort autour de Noël et de la nouvelle année, nous nous retrouvons dans le temps dit « ordinaire ». Même si certains événements ont pu neutraliser les moments attendus, nous mettons le cap sur Pâques, ce qui nous dispense de « regarder en arrière ».
Pourtant, la tentation est grande de porter notre regard sur le passé.
J’entends souvent ces expressions : « C’était le bon temps », « Ce n’est plus comme avant ». Chacun a bien conscience de la valeur du passé ou des changements qui modifient nos habitudes. Le présent marque notre vie de son poids d’exigence ou d’adversité et le passé, souvent embelli par la mémoire, en apparaît d’autant plus gratifiant, moins rude. Penser à partir du passé fait naître la nostalgie, comme un songe plus supportable que la réalité. L’heure des épreuves est au présent, l’heure du rêve est au passé. Si la Foi, l’Espérance et l’Amour animent notre vie spirituelle, en revanche, le souvenir ne fait pas partie des éléments les plus stimulants. Accompagné de nostalgie et de regrets, il ne fonde pas notre bonheur, il n’est pas une vertu sur notre chemin de vie.
Dans son intervention pour la fête de l’Epiphanie, le Pape François méditait sur l’adoration. A l’adresse de tous, on peut s’en étonner. Pourtant la contemplation est la respiration de l’âme. Accessible à chacun, elle permet de voir Dieu dans le présent. Comme il est dit dans le récit de Matthieu sur l’adoration des mages, c’est dans la maison où se trouvaient Jésus et ses parents qu’ils se prosternèrent (Mt 3/11). Qui que nous soyons, là où nous sommes, nous pouvons annoncer cette Bonne Nouvelle de Dieu présent à la vie humaine. Nous serons ainsi « témoins missionnaires », en reconnaissant cette présence et cette action de Dieu, rendues sensibles par la prière gratuite et contemplative. Car cette forme de prière recèle une puissance d’unification d’où jaillissent la Paix et le Bien.
Non, la vie n’est « plus comme avant ». Et heureusement ! Quel que soit notre âge, la vie est devant nous. Dieu est toujours plus grand qu’on ne le pense, et sa présence d’amour nous attend tout au long de l’année.
Fr. Thierry Lille février 2020