Et l’essentiel dans tout cela ?

Il y eut une annonce de tempête puis une annonce d’accalmie et au moment où vous me lirez, vous seul pourrez dire le temps qu’il fait ! Nous nous souviendrons longtemps de cette période de notre existence… mais je ne suis pas un prophète, et je ne peux donc réfléchir qu’à partir de notre passé récent.

Tous nous n’avons pas la même vision de la vie et de l’avenir, il se trouve parmi nous des êtres qui sont marqués par une foi chrétienne et d’autres qui ne se réfèrent pas à la vision que cette foi inspire, mais, qui que nous soyons, personne n’est sourd à cette aspiration au « Bien et à la Paix ». Même s’il y a des hauts et des bas dans notre vie, ces deux aspects constituent des références vitales. C’est pourquoi je me pose cette question : la crise sanitaire que nous traversons pourrait-elle devenir une crise salutaire ? Et ce n’est pas seulement mon imagination qui apporte une réponse, mais l’expérience récente. Dans le ciel « sinistrosé », n’y-a-t-il pas des espaces de lumière à l’horizon ! Un mot me frappe, c’est le mot « essentiel ». Chacun sent bien qu’’il existe, à notre portée, des choix plus ou moins prioritaires. Dans l’urgence des restrictions ou du confinement, nous pouvons opérer un discernement pour mieux orienter nos décisions. En ce temps de crise, la formule « Que choisir » prend tout son sens dans une humanité fragile qui peut dériver ou régresser. Sur l’échelle des valeurs, où mettons- nous le curseur ? Je pense que le principal est de fraterniser dans un environnement parfois sauvage. C’est tout un programme, bien reformulé par la dernière encyclique « Tous Frères » du Pape François. Avec lui, nous constatons les bouleversements qui secouent notre monde. C’est comme un tremblement de terre à partir de quoi il nous faut reconstruire. Sinon l’habitude ou la peur peuvent nous transformer en inadaptés.

La situation que nous venons de traverser montre la capacité de s’adapter en inventant des manières de vivre ou de commencer. Chacun comprend bien qu’il faut s’adapter ou mourir. Les restrictions de tous ordres ont donné une saveur nouvelle à cette période de fêtes. La solution n’est pas dans la fuite sous d’autres cieux (cette formule n’est d’ailleurs pas donnée à tous) mais dans l’intériorité. C’est la charge spirituelle de ces mots nouveaux pour les fêtes : sobriété, fragilité, ouverture.

« C’est Noël tous les jours » Ce chant fredonné autrefois marque aussi cette vie nouvelle qui peut durer. C’est un vaste chantier qui commence et nous rapproche des corps fragilisés ou des êtres blessés. Alors surgit une Joie, comme une étoile, qui attire notre cœur. A l’avenir, le passage lumineux se fera par l’intériorité et par la faiblesse des petits.

Et je vous redis « Paix et Bien » les uns avec les autres.

Fr. Thierry