S’émerveiller !

Qui n’a pas été émerveillé devant un paysage, un ciel étoilé, une fleur, un nouveau-né… : moment de grâce, rencontre avec la beauté, l’immensité, l’infini, dont on se souvient et que l’on voudrait revivre encore et encore. Et pourtant, dans des conditions semblables on peut aussi ne rien ressentir car, si l’émerveillement fait appel à tous nos sens, il dépend aussi d’une attitude d’ouverture personnelle : c’est une porte qui s’ouvre sur l’extérieur pour une rencontre.

Le Pape François, dans l’encyclique « Laudato Si » explique que François d’Assise vivait en « merveilleuse harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec lui-même »(LS.10), en symbiose avec tous les éléments et les êtres de la création, ses « frères et sœurs », voyant en eux la grandeur et l’amour de Dieu. S’émerveiller de la Création permet d’accueillir le don de Dieu, de respecter « notre Maison commune », de changer son regard sur les autres, nos frères.

S’émerveiller c’est découvrir le monde avec des yeux d’enfant, sans préjugés, sans filtres, sans arrière-pensées ; c’est dire l’importance de l’éducation dans les familles « premier lieu où se vivent et se transmettent les valeurs de l’amour et de la fraternité, de la convivialité et du partage, de l’attention et du soin de l’autre » (Fratelli tutti n°114). De la cellule familiale à la famille humaine il n’y a qu’un pas : tout est lié, « la terre est un héritage commun dont les fruits doivent bénéficier à tous » (LS.93) grâce à « l’écologie intégrale », car nous habitons tous la même Maison.

« Le Seigneur a fait pour moi des merveilles » s’écrie Marie. A Noël, Dieu arrive parmi nous, dans notre famille, notre Maison. A Pâques, Jésus ressuscite : une présence actuelle que nous ne savons peut-être pas bien discerner. En effet, de même qu’il nous est difficile de nous émerveiller, nous avons des difficultés à trouver Dieu dans l’encombrement de nos activités, nos soucis quotidiens, nos craintes… notre « Galilée intérieure » ainsi que l’écrit le frère franciscain Eloi Leclerc dans son livre « Pâques en Galilée » ; la Galilée, carrefour des nations, bouillonnement de populations, cultures et activités. Les disciples découragés après la mort de leur Maître, se rappelèrent que Jésus leur avait dit « Je vous précèderai en Galilée » (Mc 14,28 ; Mt 26,32), là où ils vivaient et avaient leurs racines.
Dieu nous a précédé et nous attend, personnellement. En nous émerveillant de la création nous avons ouvert une porte extérieure ; pour trouver Dieu il nous faut laisser s’ouvrir une porte intérieure ; c’est tout le sens et l’occasion de ce Carême, chemin vers Pâques. Dieu nous précède, attendant patiemment de nous rencontrer personnellement, là où nous vivons, là où nous sommes profondément.

Confiance : tu t’es déjà ouvert aux merveilles de l’œuvre créatrice de Dieu, découvre maintenant son Amour, puisqu’il t’attend chez toi !

Guy BECHU