Petites Sœurs de Saint François dites de Montpellier

Dans cette rubrique, le comité de rédaction a toujours souhaité partager avec les lecteurs le vécu et les expériences des sœurs et frères de la famille franciscaine. Il nous manquait, entre autres, nos « Petites Sœurs de Saint François » – dites « de Montpellier ».
Deux fraternités africaines ont accepté de nous partager leur vécu. Les textes qu’elles nous offrent sont tirés de rapport d’activités de l’année écoulée.


Le dispensaire

Dispensaire SAN MARZIANO (Centre Médicosocial)
ANYRONKOPE – TOGO

Population desservie : 4194
Hôpital de référence : CHP D’ANEHO ( Distance : 12 Km) et CHP de VOGAN : (13Km).
Nom du responsable : Sœur Gwladys KIBI-MANIBO
Les activités principales : Consultation curative ; Maternité ; Laboratoire ; Dépôt pharmaceutique ; Soins ; Suivi des PVVIH ; Suivi des personnes tuberculeuses ; Suivi des enfants malnutris…

Extrait du Rapport d’activité 2019 – 2020

Accueil sous l’apatam

ACCUEIL
Dans le monde médical, il est souvent dit qu’un malade bien accueilli est à moitié guéri. La compétence d’un centre de santé est aussi jugée par la qualité de son accueil. Nous nous efforçons de rendre cette première étape de la prise en charge de nos patients assez agréable pour eux et de leur donner confiance.

Personnel du dispensaire et bénévoles

Avant le début des activités, à 7 heures, l’équipe soignante ouvre la journée avec la prière suivie des informations puis d’une causerie éducative (par exemple : l’hygiène, l’alimentation équilibrée, les premiers gestes dans les cas de maladies courantes, diarrhée, paludisme…). Nous prenons les malades par ordre d’arrivée en insistant sur les mesures barrières tout en les orientant vers les consultants.
Avec la pandémie due à la COVID19, il nous a été recommandé, par le district, de faire l’accueil des malades dès l’entrée du portail avant de les admettre à la consultation. Le début de la mise en place de ce nouveau système a créé quelques désagréments chez certains de nos patients. Ce qui a demandé beaucoup de vigilance, de patience et d’attention de notre part pour expliquer le bien-fondé de ce « tri » qui permet une meilleure prise en charge de tous, sans distinction et sans discrimination.

ANALYSES
Dans l’ancien testament, les chapitres 13 et 14 du Lévitique sont consacrés à la maladie de la lèpre. La lèpre était une maladie maudite, redoutable et surtout invalidante. La communauté mettait tout en œuvre pour la diagnostiquer, pour isoler les malades et leur interdire toute vie communautaire avec les autres jusqu’à leur totale purification. La lèpre de notre communauté aujourd’hui, c’est la COVID19. Depuis l’année dernière cette pandémie a plongé le monde entier dans la peur et l’incertitude. La lutte contre cette crise sanitaire, par le respect de la distanciation sociale et des autres mesures barrières, nous oblige à nous adapter à un nouveau mode de vie qui vient bouleverser nos habitudes. Il faut s’isoler, isoler tous ceux qui sont contaminés et mettre en quarantaine tous les contacts de ces malades. Plus question de proximité si précieuse au réconfort de toute personne souffrante. Dans Marc (1,40-45) Jésus guérit un lépreux par contact avec ce dernier. Notre père saint François se fait proche d’un lépreux en descendant de son cheval. Pour nous, filles de saint François, comment prendre soin d’une personne souffrante à distance, une personne qui a besoin de notre secours et notre proximité ? Comment faire un soin à un malade sans le toucher ? Comment garder la distanciation à la maternité qui est un service de proximité ? Comment imposer à une parturiente, qui se tord de douleur et qui a besoin d’un certain confort, le port d’un masque ?

Cette année est pour nous une année de doute, de crainte mêlée d’espérance et, en fin de compte, une année de grâce et de bénédiction. Dieu est pour nous, il est avec nous, nous ne pouvons que nous savoir pleines de grâces et dire avec Marie « Mon âme exalte le Seigneur exulte mon esprit en Dieu mon sauveur…. Le Puissant fit pour moi des merveilles, saint est son Nom. » Nous avons eu peur que les deux cas que nous avons reçus, dont l’un suspect et l’autre confirmé de COVID19, fassent baisser considérablement le taux de fréquentation du centre.

Sœur Denise « sensibilise » et distribue une moustiquaire imprégnée à une femme enceinte.

Nous craignions pour notre santé mais nous redoutions également la fermeture du centre. Cependant, comme des guetteurs dans la nuit, nous attendions l’arrivée des malades et des femmes enceintes dans l’impatience et c’est dans la joie que nous accueillions ceux qui viennent à nous. « Comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux levés vers notre Dieu », nous avons compté sur le Seigneur qui n’a pas manqué de bénir nos petites œuvres et de nous protéger.