Premier discours après le dernier repas et le lavement des pieds 13, 31-14, 31 (1ère Partie)

Remarques préliminaires

Ce discours devient possible après le départ de Judas. Nous entrons dans une atmosphère d’intimité qui suppose qu’il n’y ait plus aucune arrière-pensée. Il n’y a plus que les amis.
Pour éviter les contresens, il faut comprendre le vocabulaire johannique :

  • « LE MONDE » a 2 sens différents : l’un positif et l’autre négatif
    • soit la création et spécialement l’homme qui en est le sommet (« Dieu a tant aimé le monde.. » « Le Verbe est venu dans le monde… »)….. sens positif
    • soit une mentalité collective de refus de Dieu, c’est à dire replie de l’homme dans sa suffisance ….. sens négatif
  • Le « RETOUR DU SEIGNEUR »
    • soit la parousie, c’est à dire le retour à la fin des temps
    • soit, plus tôt dans le temps, les apparitions du Ressuscité
  • la « GLOIRE » : n’est pas d’abord la majesté, la puissance écrasante, le prestige et les honneurs.
    Pour Jean, c’est l’éclat fascinant du véritable et insoupçonné visage de Dieu, ou du Christ. Dans l’AT on se présentait Dieu dans sa majesté écrasante. Avec le Christ, c’est le visage insoupçonné que nous découvrons. On croyait que Jésus n’était qu’un homme, plus grand que tous les prophètes, or voici que va se révéler sa condition divine.
  • « l’HEURE » : pour Jean, c’est l’heure du mystère pascal, l’heure pour Jésus du retour au Père, l’heure où il va retrouver toutes les prérogatives de sa condition divine, qu’il avait abandonnées lors de son incarnation.

Bien sûr, pour Jean, cette « heure » est faite inévitablement de plusieurs moments différents (passion, mort, résurrection, ascension). Mais Jean s’intéresse moins à ces moments différents qu’à la signification commune de l’ensemble ; ce n’est pas la chronologie qui l’intéresse, mais « l’heure » en tant que signifiante et révélatrice : qu’est-ce qui est en train de se passer et de se dire à ces moment-là ? C’est l’heure où le « Serviteur Souffrant » va devenir le « Seigneur de gloire ».

Comme d’habitude chez Jean, deux niveaux de lecture :
▪️ De premier abord, ce qui semble dominer, c’est l’adieu. Donc, le départ de Jésus et les disciples qui vont rester seuls.

L’impression semble justifiée par les interventions et les questions des disciples :
Pierre : Où vas-tu ? … je te suivrai jusqu’à la mort !
Thomas : On ne connaît même pas ton chemin…
Philippe : Montre-nous le Père, cela nous suffit !
Jude : Pourquoi parles-tu de te manifester à nous seulement, et pas au monde ?

Questions bien concrètes, réalistes, immédiates, pleines d’incertitudes et d’inquiétude.

▪️ Second niveau, ou la signification de ce discours.
C’est la révélation par Jésus du très proche enveloppement trinitaire des disciples. Pour Jésus, il ne s’agit pas seulement d’un discours d’adieu, selon toutes ses composantes d’émotion, de tristesse et de tendresse devant la perte et l’arrachement subit.

C’est un moment solennel et positif de révélation. Il ne s’agit plus de perte et d’arrachement, il s’agit d’un gain insoupçonné.
✨ Cette révélation, la voici : après le départ de Jésus, les disciples vont être enveloppés d’une mystérieuse présence trinitaire.

Fr Joseph