Quelques témoignages anciens sur Saint Jean et le quatrième évangile (suite)

Avec ces témoignages qui nous viennent d’Asie Mineure et qui, par Irénée qui avait connu Polycarpe qui avait connu saint Jean, nous relient aux sources apostoliques ; on peut citer aussi les témoignages de Clément, d’Origène, d’Eusèbe, qui, ceux-là, passent par l’Orient et la Terre-Sainte.

Clément d’Alexandrie est né à Athènes, vers 150 ; après des voyages au cours desquels il a visité notamment la Palestine, il s’est fixé à Alexandrie vers 180 et y a fondé une école célèbre. Il est mort vers 211-216.
A propos des Evangiles il dit :
« Pierre ayant prêché la doctrine publiquement à Rome et ayant exposé l’Evangile par l’Esprit, ses auditeurs qui étaient nombreux, exhortèrent Marc, en tant qu’il l’avait accompagné depuis longtemps et qu’il se souvenait de ses paroles, à transcrire ce qu’il avait dit : il le fit et transcrivit l’Evangile à ceux qui le lui avaient demandé : ce que Pierre ayant appris, il ne fit rien par ses conseils, pour l’en empêcher ou pour l’y pousser.
Quant à Jean, le dernier, voyant que les choses corporelles avaient été exposées dans les Evangiles, poussé par ses disciples, et divinement inspiré par l’Esprit, il fit un Evangile spirituel. » (Eusèbe VI.XIV.6-7)

Origène qui était né à Alexandrie en 185, a été le disciple de Clément et son successeur à la tête de la célèbre Ecole. Après avoir voyagé lui aussi, il a été ordonné prêtre, vers 230, en Palestine, et s’est retiré à Césarée, où pendant 20 ans il a fondé et dirigé une école elle aussi demeurée célèbre. Il a écrit l’un des premiers commentaires de l’Evangile selon Jean.
Voici son témoignage :

« Comme je l’ai appris dans la tradition au sujet des quatre Évangiles qui sont aussi seuls incontestés dans l’Eglise de Dieu qui est sous le ciel, d’abord a été écrit celui qui est selon Matthieu, première¬ment publicain, puis apôtre de Jésus Christ : il l’a édité pour les croyants venus du Judaïsme, et composé en langue hébraïque. Le second est celui selon Marc qui l’a fait comme Pierre le lui avait indiqué : celui-ci d’ailleurs le déclara son fils dans son Epître catholique, où il dit « L’Eglise élue, qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc mon fils ».
« Et le troisième est l’Evangile selon Luc, celui qui a été loué par Paul et composé pour les croyants venus de la gentilité. Après tous, l’Evan¬gile selon Jean. »

Dans les Commentaires sur l’Evangile selon Jean, il dit :

« Que faut-il dire de celui qui a reposé sur la poitrine de Jésus, de Jean, qui a laissé un Evangile, en déclarant pouvoir faire plus de livres que le monde ne pourrait en contenir, et qui a aussi écrit l’Apocalypse, où il reçoit l’ordre de se taire et de ne pas écrire la voix des sept tonnerres ? Il a laissé aussi une Epître, de très peu de lignes, et peut-être une deuxième et une troisième … » (Eusèbe : Hist. Eccl. VI.XXV. 4-6).

Eusèbe enfin, né vers 265 à Césarée de Palestine, a été évêque de cette ville en 313. Il a recueilli l’enseignement d’Origène dont il a été le disciple. Il a écrit aussi son « Histoire ecclésiastique », 9 volumes, recueil précieux de tous les témoignages apostoliques des premiers siècles.

A propos de saint Jean il dit :

« En ces temps-là, demeurait encore en vie, en Asie, celui qu’aimait Jésus, Jean, à la fois apôtre et évangéliste, qui gouvernait les Eglises de ce pays, après être revenu, à la mort de Domitien, de l’île où il avait été exilé (III.XXIII.I). »
« Et maintenant, indiquons les écrits incontestés de cet apôtre. Et tout d’abord il faut certainement recevoir l’Evangile selon Jean qui est reconnu par toutes les Eglises sous le ciel. C’est à juste titre qu’il a été placé par les anciens au quatrième rang après les trois autres, comme il est évident par ce qui suit. Les hommes inspirés et vraiment dignes de Dieu, je dis les apôtres du Christ, ont été extrêmement purifiés dans leur vie et ont orné leurs âmes de toute vertu ; mais ils connaissaient mal la langue : c’est par la puissance divine et capable de prodiges qui leur avait été accordée par le Sauveur qu’ils étaient forts ; ils ne savaient pas expliquer les enseignements du Maître par la persuasion et l’art des discours, et ils ne l’essayaient même pas. Seules la démonstration de l’Esprit divin qui collaborait avec eux et la puissance thaumaturgique du Christ qui agissait par eux, leur étaient utiles. » (III.XXIV.1.3)

Fr Joseph