La liturgie catholique, pour la fête de la Toussaint, nous invite à redécouvrir le texte des Béatitudes.
Que signifient-elles dans notre présent, profondément habités que nous sommes par la quête du bonheur ? Comment les comprenons-nous ? En terre d’Israël, les Béatitudes, c’est une montagne et au cœur de nos existences, c’est un projet.
Mon but n’est pas de vous faire rêver mais, malgré les débordements du mal, de faire porter vos regards sur la vie espérée et sauvée pour tant d’individus et de groupes de notre société. Malgré les tensions qui blessent et qui tuent, les yeux sont éblouis et le cœur touché par tant de gestes d’amour que la vie porte autour de nous. Le Bien chimiquement pur n’existe pas sur la Terre, dans le réel que nous connaissons. Le mal et le Bien se partagent le monde où combattent et se manifestent à la fois la réalité dévastatrice de l’un et la force constructive de l’autre, l’énergie spirituelle qui inspire et soutient les accompagnants, les aidants, les bénévoles… tous d’une magnifique exemplarité, dans tous les domaines. Nous ne pouvons certes ignorer le mal, si bruyant, si écrasant, mais nous pouvons encore moins le laisser étouffer la voix du Bien, le murmure de son eau vivifiante qui pénètre toute chose de sa douce puissance pour lui donner réalité et vie. La salutation franciscaine « Paix et Bien » est pour nous une parole créatrice qui stimule et réconforte, un souhait étendu à tous, à commencer par ceux qui sont maltraités, c’est-à-dire victimes de telle ou telle atteinte du mal. « Paix et Bien » est une expression concentrée de l’Amour qu’est Dieu, transmis dans l’Évangile. Nous croyons à la source heureuse de la Vie qui, par la création, féconde le Bien. L’Esprit nous inspire pour développer et sauver le Bien. Mais ce n’est pas magique, car il faut y œuvrer, et compter avec l’incontournable facteur du « temps » pour mettre la création en bon ordre. Le synode en est une illustration. Comme dans la société, le mûrissement, la patience, la négociation sont autant de mouvements qui accompagnent celui de la vie.
Bien avant nous, Jésus a pris dans sa vie terrestre le risque d’une vie donnée, cela dans une période elle aussi difficile. L’histoire de l’humanité dépasse nos histoires personnelles car nous sommes témoins et messagers d’une vision positive du monde. Au-delà de la montagne en terre d’Israël, les Béatitudes sont notre horizon, notre avenir. Dès maintenant, il nous est possible de reconnaître ce projet et d’en faire le guide de nos existences. Des étincelles de bonheur scintillent çà et là et c’est déjà le bonheur en Dieu.
« Paix et Bien »
Fr. Thierry autour de la fête de Toussaint 2024