La prière

Témoigner de ma prière ? Pas facile si l’on songe qu’il s’agit du plus intime de notre vie mais l’Esprit Saint aidant, je vais tenter de mettre des mots sur cet indicible. Deux petits points en préambule si vous voulez bien parce qu’ils me semblent essentiels :

Tout d’abord, je vous parlerai en simple chrétienne (pour la partie personnelle) et non pas en « spécialiste » de la prière comme on le pense trop souvent des religieux(ses) en général. En effet, prendre du temps chaque jour pour prier a changé ma vie de chrétienne alors même que je ne pensais pas le moins du monde entrer dans un monastère. En second, se poser une question : quelle image de Dieu avons-nous au fond de notre cœur ? Pour un chrétien/ne, il ne peut y en avoir d’autres que celle dévoilée par Jésus : le Dieu de la Bible, notre Dieu et Créateur, est amoureux de nous, Il est fou de nous, de chacun d’entre nous, et la passion d’Amour qui L’anime entoure chacun en particulier mais débouche immanquablement sur tous nos frères/sœurs en humanité : Notre Dieu appelle Abraham seul mais en disant qu’en lui « seront bénies toutes les familles de la terre ».

Alors…qu’est-ce que prier pour moi ? C’est respirer Dieu. C’est prendre un temps d’absolue gratuité pour Lui. Est-il un amoureux qui me convaincra que prendre du temps pour l’autre est facultatif ? Non ! Il peut faire noir dans mon cœur ou couleur de soleil. Je peux « sentir » quelque chose ou non (attention à la recherche de sensations, ça peut être piégeant). Je peux bien m’appuyer sur un texte inspirant (Parole de Dieu, prière…) ou non ; ce qui prime avant tout, c’est ce temps que je Lui donne, à Lui qui est ce Dieu mendiant, continuellement à la porte de mon cœur, espérant…mais oui, espérant qu’une porte s’ouvre, que je vais Lui donner un peu de temps et qu’Il pourra me combler comme Il le désire ( les plus grands dons ne sont pas ceux qu’on « sent »). Je sais que ces moments de prière, surtout celui du matin, raniment en mon cœur comme un feu, celui de mon désir de Lui. Quand j’ai pris ce temps, il me suffit dans la journée d’un regard, une invocation, un appel au secours…qui sont autant de menus bois, propres à entretenir ce feu. Je n’en dis pas plus car, pour le reste, « Dieu enseigne la prière à Celui qui prie » (St Jean Climaque) mais j’aime me souvenir qu’on entendait St François balbutier : « Toi…Toi…Toi… » puisqu’il est bien vrai que « Devant Toi, ma bouche est muette et mon silence te parle » (du livre « L’imitation de Jésus Christ »).

Et en communauté ? Nous avons en effet un temps rythmé par les offices que je vis comme le ferait un veilleur, une sentinelle responsable de la sécurité de son lieu de vie, c’est-à-dire pour nous, de la terre entière. Notre prière rejoint celle de tous les monastères, des religieux/ses mais aussi de tous les chrétiens et même de tous les croyants de bonne volonté. Contrairement à la prière personnelle, je ne choisis pas les textes car il s’agit de la prière de l’Église, essentiellement des psaumes. Certains jours, ils sont en accord avec ma météo intérieure, à d’autres…pas du tout mais je les prie avec tous les enfants de Dieu qui sont en phase ou avec ceux qui n’ont même plus la force de les dire ou de les penser. Qu’importe ! Il y a au profond de l’humanité une nappe phréatique qui crie vers Dieu ses joies et ses souffrances. Nous sommes intimement liés les uns aux autres dans une communion qui m’émerveille quand j’en prends conscience. Des distractions ? Lorsqu’elles sont là malgré ma bonne volonté, je reviens au Seigneur et Lui donne la joie de mes retours comme l’a fait l’enfant prodigue de la parabole. Je lui dis tout bas : « Jésus, je n’en fais pas d’autres, pardon ! ». Quand il n’y en a pas, c’est que le Seigneur s’en est mêlé mais « nous n’y sommes pour rien » dit St Paul. Avec quelle joie je Lui dis merci !

Pour clore, je fais miens les mots du père André Sève qui disait en son temps : « la prière est un rendez-vous d’amour ou elle n’est pas »
Vite ! Prenez date !

Une soeur clarisse de Cormontreuil