SAINT ANTOINE DE PADOUE, LA NAISSANCE D’UN GRAND PRÉDICATEUR …

Né en 1191 ou en 1195 sans que l’on sache vraiment quand il vint au monde, peut-être d’origine noble apparenté à Godefroy de Bouillon[1], le prestigieux avoué du Saint-Sépulcre[2], était probablement un roturier lisboète. Né et baptisé Fernando, Antoine de Padoue demeure un saint illustre et légendaire célébré le 13 juin. Élevé par sa mère dans le culte de la Vierge Marie, il était animé d’une foi profonde. Le premier des nombreux miracles prêté au saint, survint alors qu’il était encore adolescent. Agenouillé sur les marches de l’autel de la cathédrale Santa Maria Maior de Lisbonne, le diable lui apparut. Le jeune homme traça alors une croix sur le sol afin de repousser le démon, croix toujours visible aujourd’hui. Encore jeune, en 1210, il revêtit l’habit des chanoines[3] réguliers de Saint Augustin au monastère Saint Vincent de Fora fondé en 1147 par le premier roi portugais Alphonse 1er. Puis, il rejoignit le monastère de la Sainte-Croix de Coimbra au centre du pays où il fut ordonné prêtre. Frère portier, il côtoya une petite communauté de Frères, venus d’Assise vivant pauvrement et prêchant l’Évangile. Installés à l’ermitage Saint Antoine, sur la colline d’Olivares, ils descendaient demander l’aumône au couvent. En 1220, impressionné par l’exposition des reliques de cinq missionnaires franciscains martyrisés au Maroc, il aspira à suivre leur exemple. Il rejoignit donc les frères mineurs, prit le nom d’Antoine, et, après avoir vainement cherché le martyre au « Pays du couchant », il tomba malade et, suite à une tempête sur le chemin du retour, échoua en Sicile[4] où il rencontra peut-être Saint François d’Assise. Âgé de vingt-six ans, il arriva donc en Italie où il vécut jusqu’à sa mort. Il participa au premier chapitre général de l’ordre, le « Chapitre des nattes »[5] qui se déroula à la Pentecôte de 1221, en présence de cinq mille frères. Lors de cette rencontre, il impressionna lesdits frères par ses qualités de prêcheur chrétien et il commença alors sa carrière de prédicateur populaire. Le Provincial de Romagne, Frère Gratien, l’envoya au Monte Paolo dans les Apennins[6], tant les frères prêtres étaient rares au sein de l’Ordre franciscain naissant. Il y trouva un lieu de silence, un « désert de l’esprit », mena une vie de haute contemplation propice à la familiariser avec le charisme franciscain.

Érik Lambert.


[1] Par son père, Don Fernando Martins de Bulhões. Godefroy appartenait à l’une de ces familles qualifiées par les contemporains de « très nobles et très illustres », ce que justifiaient une parenté royale et l’éclat de la vie de ses ancêtres. Le pape Étienne IX était son grand-oncle. Godefroy faisait partie d’un clan de ducs, comtes et évêques, d’un groupe aristocratique qui gouvernait la Lotharingie depuis 950 au moins. Il n’était que le second fils du comte Eustache de Boulogne et d’Ida, mais son oncle, le duc Godefroy le Bossu, connaissait sa valeur et, à sa mort en février 1076, il le désigna pour être son successeur à la tête du duché de Basse-Lorraine.
[2] Pour lui la Terre sainte, Jérusalem surtout, était propriété du Christ et donc du Siège apostolique, qu’il ne pouvait être lui-même qu’un gérant, mettant son bras au service de l’Église. Dans l’Empire germanique, l’avouerie, (En droit féodal, l’avoué -du latin advocatus– est un laïc chargé de défendre les intérêts temporels d’une abbaye ou d’un chapitre. Reste désormais le terme français d’avoué) garde et protection des Églises, se muait souvent en seigneurie, tout en maintenant le respect de l’autorité ecclésiastique.
[3] Les chanoines réguliers vivent généralement selon la règle de Saint Augustin. Les chanoines séculiers sont des clercs diocésains, membres d’un chapitre cathédral ou collégial, ou de certaines basiliques dont la fonction essentielle est de réciter l’office divin. Chanoine honoraire est un titre honorifique donné à certains ecclésiastiques. In, glossaire de l’Église catholique de France.
[4] Son bateau fut dévié par les vents sur la côte de Sicile où il rencontra les franciscains de Messine et se rendit avec eux au Chapitre général de 1221 et passa ensuite près d’un an en retraite au couvent de Montepaolo, pratiquement isolé du reste de la communauté. En 1221, saint François avait convoqué ses 5 000 frères à Assise, pour ce qui fut le premier chapitre général de l’ordre. On l’appela le « Chapitre des Nattes », car, faute de lits, les religieux avaient été contraints de dormir sur des nattes et des joncs. 
[5] Son bateau fut dévié par les vents sur la côte de Sicile où il rencontra les franciscains de Messine et se rendit avec eux au Chapitre général de 1221 et passa ensuite près d’un an en retraite au couvent de Montepaolo, pratiquement isolé du reste de la communauté. En 1221, saint François avait convoqué ses 5 000 frères à Assise, pour ce qui fut le premier chapitre général de l’ordre. On l’appela le « Chapitre des Nattes », car, faute de lits, les religieux avaient été contraints de dormir sur des nattes et des joncs. 
[6] Les Apennins sont des montagnes sauvages dont les sommets peuvent atteindre 2000 m. Chaîne longue de 1 200 kilomètres qui « coupe » l’Italie en deux. Le Gran Sasso (« grande pierre » en italien) culmine à 2912 mètres au Corno Grande. Ce fut en ces montagnes que Mussolini fut retenu captif. Le 12 septembre 1943, des forces spéciales allemandes composées de parachutistes dirigées par Otto Skorzeny parvinrent à le libérer. Skorzeny et le Duce s’envolèrent de manière spectaculaire dans un petit appareil de reconnaissance, un Fieseler Storch piloté par le pilote virtuose Gerlach. (opération Eiche ce qui signifie chêne en allemand). Les Apennins sont désormais le refuge du loup des Apennins (Canis lupus italicus)