ANTOINE, DOCTEUR DE L’ÉGLISE. (2ème partie)

Antoine passa plus d’une année à Monte Paolo, de 1221 à 1222, priant dans une grotte, jeûnant au pain et à l’eau, s’adonnant comme les autres frères aux tâches les plus humbles. Pourtant, encouragé par le Poverello[1], il participa, avec d’autres franciscains et quelques dominicains, à des ordinations sacerdotales en la ville de Forli[2] le 22 septembre 1222. Il y remplaça le prêcheur absent, fit son premier sermon public et révéla son talent de prédicateur. Les mots qu’il prononçarévélèrent sa grande culture biblique, son aisance et sa simplicité d’expression une façon simple et concrète de s’exprimer, et un talent pour parler au cœur des personnes. Le Père Gratien, ministre de la province de Bologne qui lui avait confié le poste d’aumônier du petit monastère de Saint-Paul, écrivit le soir même à François d’Assise : « Dans le ciel franciscain, une nouvelle étoile vient de se lever ! »

Dès lors, Antoine mena l’œuvre d’un prédicateur chrétien au fil des routes du nord de l’Italie et du sud de la France pour réveiller par sa prédication les peuples et les pays souvent confrontés à un climat d’héréticité ; il s’agissait pour lui de « Tendre à une seule fin : le salut des âmes »[3]. Il est vrai que le XIII° siècle, fut, au-delà de sa « part d’ombre », une période de mutations suscitées par la croissance rurale et urbaine ; l’essor des activités économiques et commerciales[4]; le renforcement du pouvoir des gouvernants[5] ; l’essor artistique du gothique ; le développement et la circulation des savoirs[6]; l’apparition de nouveaux ordres religieux et de nouvelles formes de spiritualité[7]. Période d’éveil de la curiosité intellectuelle, de l’intérêt pour la nature et l’expérimentation qui se manifestèrent alors. 

Il fut un siècle d’élan intellectuel alimenté par la diffusion des écrits d’Aristote, transmis par les Arabes ; par le développement de la logique qui supplanta alors la rhétorique, et par l’usage croissant de la langue vulgaire dans la littérature, les actes publics ou les écrits scientifiques. Toutes ces évolutions pouvaient susciter des craintes, des égarements et des secousses expliquant en partie l’émergence de nombreux mouvements hérétiques. 

Antoine professa la théologie, d’abord en France, à Montpellier, puis à Bologne et à Padoue, et, en dernier lieu, à Toulouse, à Limoges et dans quelques autres villes de France, n’hésitant pas à stigmatiser l’inconduite de certains membres du clergé : « Qui pourra briser les liens des richesses, des plaisirs, des honneurs, qui tiennent captifs les clercs et les mauvais religieux ? ». À partir de 1224, Frère Antoine fut envoyé à Toulouse, au Puy-en-Velay et à Limoges ; lieux où il fonda des communautés dont il devint le supérieur. 

Érik Lambert.


[1] François lui écrivit : « Il me plaît que tu enseignes à mes frères la sainte théologie. »
[2] En Emilie-Romagne.
[3] Il y gagna le surnom de « L’Évangéliste »
[4] Foires de Champagne, origines de la Hanse, marchands italiens, …
[5] Rois, papes, républiques urbaines.
[6] Naissance des universités.
[7] Par exemple les ordres mendiants et ordres militaires.