La doyenne de notre fraternité a connu, il y a peu, la grande émotion de fêter un siècle de vie sur cette Terre, entourée de toute la fraternité. Nous avions d’un commun accord décidé que, si elle ne pouvait plus venir à la fraternité, c’est la fraternité qui irait à elle !
Bien nous en a pris, la réunion fut chaleureuse et joyeuse au possible : prières et chants de Noël (la fête avait lieu mi-décembre), ainsi qu’un délicieux gâteau préparé par le chef cuisinier de l’Ehpad, accueil sympathique du personnel, … quelques larmes de notre centenaire en découvrant sa fraternité au complet, la frat, à laquelle elle tient toujours autant. Emotion partagée par les participants, dont certains n’avaient jamais rencontré notre douairière …. Et la tristesse de se quitter en fin d’après-midi.
Un peu d’histoire …. Notre fraternité vieillissante s’était étiolée au fil des ans, puis avait rejoint le groupe avec lequel nous partagions déjà le repas de midi lors des réunions mensuelles tenues au couvent des frères franciscains de Fontenay/Bois. Elle gardait cependant son identité et un échange de bonnes pratiques s’était mis en place au sein de cette nouvelle fraternité.
Bonnes pratiques transmises par nos aînés bien sûr. Dans nos fraternités, mais aussi dans nos familles, dans les cercles d’amis, les groupes paroissiaux… « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demandons-nous à la suite du Christ
En fraternité : visite des frères et sœurs malades ou esseulés, envoi de cartes signées de tous à celles et ceux qui ne peuvent plus se déplacer pour venir aux rencontres fraternelles, durant des années, sans attendre de réponse.
C’est un vrai plaisir de recevoir ces cartes lorsqu’on est malade. Le groupe est alors présent près de nous, et nous toujours présents en fraternité.
Nos aînés nous ont si bien montré le chemin, dans la bonté et la simplicité franciscaines ! Douceur des rencontres où chacun bénéficie d’une écoute sans jugement, de l’accueil et du service fraternels dans les toutes petites choses comme dans les grandes difficultés de la vie. Nous continuons dans le même esprit, c’est une façon de leur rendre hommage.
Combien de fois, lors des partages de vie, avons-nous entendu chacun des membres de notre fraternité, donner tranquillement et simplement des nouvelles de personnes visitées, accompagnées dans leur vie quotidienne, aussi bien en juillet sous le soleil (« cela a été un peu fatigant par cette chaleur … » disait en souriant notre doyenne déjà âgée de 80 ans) qu’en hiver par un froid appelant à rester bien au chaud dans son salon.
Un joli souvenir : lors d’une réunion de fraternité, l’une de nos aînées a ressenti un malaise, elle a été conduite aux urgences par trois ou quatre d’entre nous. L’agent d’accueil, établissant la fiche de renseignements, prenait les coordonnées de la famille de notre amie, et se tournant vers nous, demanda avec étonnement qui étaient toutes ces personnes. Réponse immédiate et logique : « vous savez, nous sommes une fraternité ! »
Une fraternité de globe-trotters ? Vous connaissez certainement autour de vous un type de globe-trotteurs en maraude de jour et de nuit, des visiteurs à l’hôpital, à domicile, en maisons de retraite. L’accueil est souvent chaleureux ; parfois la maladie ou l’amertume rendent les personnes un peu agressives, mais qu’importe ! La visite peut être, malgré les apparences, appréciée, surtout entre membres d’une même fraternité !
« Parfois je me demande qui visite l’autre » (extrait de la brochure du Service de la Pastorale de la Santé du diocèse de St-Denis (janvier 2021)
« Dès lors que nous acceptons d’accompagner les personnes là où elles sont, nous faisons route avec elles, dans une attitude de compagnonnage où chacun devient Révélation pour l’autre. C’est le Seigneur qui nous attend chez les plus fragiles. Alors il est bien possible que sur les chemins -souvent inattendus- que peuvent prendre nos accompagnements nous faisions l’expérience d’une grâce capable de nous réchauffer le cœur et de le transformer. »
« La joie profonde de la mission de l’aumônier est de découvrir que Dieu nous adresse une parole de consolation et de Vie à travers des hommes et des femmes marqués par la maladie, la souffrance, le deuil. Le Pape François nous invite à entendre « la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous révéler à travers eux (les plus fragiles).
« Être visiteurs, nous rend alors témoins de la lumière du matin de Pâques en plein milieu de la nuit, grâce à tous ceux avec lesquels nous avons cheminé. Chaque visite est comme un nouvel appel à suivre le Christ et à demeurer en lui. »
Anne Ednani, de la fraternité St François de Fontenay