3ème partie
AU FIL DU TEXTE
- Une femme (12, 1-2) couronnée de 12 étoiles : c’est la « Fille de Sion » d’Isaïe personnifiant les 12 tribus d’Israël dont devait sortir le Messie, et dont Isaïe avait déjà célébré la parure stellaire (Is. 60, 20).
- vêtue de soleil, la lune sous les pieds : elle a tous les attributs de la gloire. Pourquoi un tel rang ? Parce que Israël est l’épouse de Dieu (image fréquente chez Osée, Isaïe, Michée, Ezéchiel, le Cantique des cantiques et S. Paul).
- dans les « tortures » de l’enfantement : allusion probable à la malédiction primitive au Jardin d’Eden, mais aussi aux espérances sans cesse déçues et reportées en Israël concernant la venue du Messie, et surtout au drame de la Passion à travers lequel devait s’opérer la solennelle naissance au ciel du Christ comme Seigneur de l’univers.
- Un dragon (12, 3-4) « épiant » la femme : c’est le même terme que lors de la scène du Paradis terrestre, où l’on voit le serpent s’en prendre à la femme dès le début de l’humanité.
- rouge feu : couleur du sang du meurtre ?
- 7 têtes : intelligence suprême ? Rome aux 7 collines ?… et autant de diadèmes : pouvoir royal-impérial.
- 10 cornes : très grande puissance, mais pas illimitée (10 n’est ni 7 ni 12).
- balayant de sa queue le tiers des étoiles : réminiscence de Daniel 8, 10 qui décrivait ainsi la capacité de sauvagerie destructrice du despote Antiochus Epiphane.
- Un enfant (12, 4-5), un bébé mâle « qui gouvernera les peuples avec une verge de fer » (Ps.2, 9) : le Messie, tout de suite emporté auprès de Dieu = la Résurrection-Ascension.
- Mais ce raccourci curieux pose question. Pourquoi Jean fait-il l’impasse sur les 30 années de la vie cachée de Jésus, comme si de la naissance à la mort/résurrection il ne s’était rien passé ? – C’est que pour Jean l’intention est autre : il veut nous faire saisir que la Femme et le Messie sont des personnalités redoublées (un peu comme des frères ou des sœurs siamoises), et que dans son film l’une doit prendre tambour battant le relais de l’autre, sans se faire scrupule de télescoper les étapes (Encore une fois Jean ne décrit pas, il signifie ; il ne peint pas, il veut faire saisir une vérité de foi).
- Ainsi le Messie enfanté n’est pas seulement celui qu’attendait Israël (l’incarnation), mais le Messie douloureusement enfanté le Vendredi-Saint et solennellement intronisé à la Résurrection comme Seigneur de tout l’univers (Pâques). Car pour Jean l’important c’est Pâques, puisque c’est la résurrection qui révèle avec fulgurance le vrai Messie.
- De même la Femme n’est pas seulement le peuple d’Israël, autrefois protégé par Dieu au désert, et qui allait enfanter le Messie. Elle est aussi l’Eglise, la communauté des disciples de Jésus, qui dut contribuer, dans le drame de la Passion, à la naissance au ciel de son Seigneur, avant de devoir être poursuivie, elle aussi, par la vindicte persécutrice de Satan.
(Jean 16, 20-22) – « Vous allez gémir et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés, mais votre affliction tournera en joie. Lorsque la femme enfante, elle est dans 1’affliction, puisque son heure est venue ; mais quand elle a enfanté, elle oublie les douleurs, dans la joie qu’un homme soit venu au monde. Vous êtes donc maintenant dans l’affliction ; mais je vous verrai à nouveau, votre cœur se réjouira, et cette joie nul ne vous la ravira. »
Fr Joseph