Journée régionale des fraternités franciscaines séculières de la région Créteil-St Denis-Meaux

Le   dimanche 16  juin 2019, les fraternités séculières  de notre région se sont retrouvées à Roissy en Brie où nous  avons  été accueillis  chaleureusement par la fraternité Ste Claire. Ce fut une journée mémorable.

Le thème de la journée, «  Tout homme est mon frère  »,  prolongeait celui de notre retraite régionale de février. L’approche du thème fut nouvelle par rapport à celle adoptée généralement lors  de nos rencontres régionales : pas d’exposé suivi de carrefours, mais des témoignages personnels approfondis ; des frères et des sœurs séculiers de notre région ont partagé leur expérience au service de malades ou de personnes âgées, de prisonniers  ou de jeunes de l’aide sociale à l’enfance ou encore de parents (père ou mère) élevant seuls leurs enfants. De cette grande variété d‘engagements et de la manière de les vivre se dégageait un même esprit franciscain, un même parfum évangélique  qui nous a tous beaucoup touchés. Certains de ces témoignages seront publiés sur le site à partir de septembre.

Le repas partagé  à l’extérieur ,dans les effluves du tilleul en fleurs, a été un grand  moment de bonheur  fraternel  mais nous n’étions pas au bout de nos surprises : l’après-midi , nous avons été invités à préparer, en équipes, de brèves mises en scènes mimées d’épisodes de la vie de St François à partir de quelques lignes distribuées à chaque équipe, le but étant de faire deviner aux autres de quel épisode il s’agissait.  C’était loin d’être facile car il s’agissait parfois de moments peu  connus de la vie de François mais rien ne nous a arrêtés et  tout le monde s’est bien amusé. Mais il ne s’agissait  pas seulement d’un jeu  car, bien  sûr, il y était aussi  question de l’attitude de St  François  vis-à-vis du frère et Frère Joseph nous a aidés  à mieux comprendre ce qui était en jeu  dans ces épisodes. La rencontre s’est terminée par l’Eucharistie dans la gratitude pour tout ce que nous avions vécu et partagé au cours de cette journée.

Marie Agnès et Pascale

Marguerite de Cortone (1/3)

  1. Une vie qui ne prédestinait pas à la sainteté…

             Marguerite naquit en Toscane dans une famille paysanne. Elle perdit sa mère alors qu’elle avait à peine sept ans. Son père se remaria, et sa vie en devint fort difficile car sa belle-mère ne lui manifestait ni attention ni affection. 

            Marguerite était d’une rare beauté, et à seize ans, elle fut séduite par un jeune et riche noble de Montepulciano, nommé Arsenio, qui promit de la prendre pour femme. Elle quitta la maison paternelle pour vivre avec lui à Montepulciano. Malgré des promesses répétées aucun mariage n’eut lieu, même lorsqu’un fils naquit de cette union. Durant neuf ans, ce fut la vie facile et insouciante. Elle recevait de l’argent qui lui permettait d’acheter des bijoux et de se parer. Elle avait beaucoup de charme et était connue comme la ‘Dame de Montepulciano’ alors qu’elle n’était en fait que la maîtresse d’Arsenio. 

            En 1273, son amant fut assassiné dans des circonstances mystérieuses. La légende raconte que son chien vint chercher Marguerite pour la conduire jusqu’au corps du malheureux, d’où les représentations de la sainte, accompagnée d’un chien. La vie de Marguerite s’en trouva radicalement changée, elle fut fortement secouée par la mort de l’homme qu’elle aimait. 

            Elle fut mise à la porte de la maison de son amant. Retournant auprès de son père, elle n’y fut pas reçue. Elle se retrouva seule avec un enfant de six ans, à la rue, sans argent et désespérée. 

            Se réfugiant dans une église proche, elle y fut reçue et écoutée par des franciscains. Elle se mit sous leur direction et fit pénitence.

Chantal AUVRAY

Berthe Morisot au musée d’Orsay

La dernière rétrospective de l’œuvre de Berthe Morisot remontait à une exposition à l’Orangerie en 1941. Celle-ci, au musée d’Orsay, rassemble soixante-quinze tableaux dont certains n’avaient plus été montrés en France depuis plus de cent ans. Seulement douze de ces tableaux proviennent de musées français, c’est dire combien cette exposition est exceptionnelle. Une telle rareté est une injustice faite à la fondatrice et doyenne du mouvement impressionniste, et plus encore au génie novateur et à la maîtrise d’une grande artiste.

            Née en 1841 dans une famille bourgeoise, Berthe Morisot reçoit l’éducation des jeunes filles de bonne famille qui comporte la peinture comme activité d’agrément. Le premier affranchissement de Berthe est de décider de la pratiquer en professionnelle. L’école des Beaux-Arts n’ouvrira ses portes aux filles qu’en 1897 ; ses parents qui ne la désavouent pas lui permettent de peaufiner sa technique avec Corot et de s’ouvrir par lui à la peinture en plein air et à la copie des maîtres. Elle n’a pas encore vingt ans qu’elle côtoie déjà de grands artistes : Manet, Degas, Fantin-Latour… Avec ses « confrères », elle élargit déjà les horizons de la peinture avec audace et fomente la rébellion impressionniste dont la naissance est actée par l’exposition de 1874. Elle est la seule femme à y participer, l’année de son mariage avec Eugène Manet, le frère du peintre, et n’en manquera qu’une des suivantes, en 1878, l’année de son accouchement.

            Bien que sa position de femme de la bourgeoisie du XIXème siècle la contraignît dans les limites étroites du convenable, Berthe Morisot sut s’en emparer pour les dépasser, peignant l’intimité quotidienne, les servantes au travail, les toilettes élégantes, les enfants au berceau… Mais rien de cette vie n’est reclus à l’intérieur de la maison ; les extérieurs vus par les fenêtres permettent des jeux de lumière et de profondeur où le réel lu sur plusieurs plans s’offre dans sa profondeur symbolique, dans une peinture de l’invisible. L’art de Berthe Morisot ne cesse de s’émanciper des conventions pour saisir au plus près le mouvement et la lumière, afin de capturer l’instant. C’est étonnant à quel point elle y réussit dans les visages dont elle restitue l’expression vivante en quelques touches à peine esquissées, mais aussi comment les figures se fondent jusqu’à se confondre dans leur environnement, et la manière dont les contours du sujet finissent, plus son style s’affirme, par ne même plus apparaître sur la toile de l’artiste qui revendique pour elle seule la décision que l’œuvre soit terminée. Berthe Morisot n’est pas seulement fondatrice de l’impressionnisme, elle en est aussi la plus pure expression par son talent exceptionnel de représenter l’éphémère. Elle continua sa recherche créative toute sa trop courte vie (elle meurt de la grippe en 1895), évoluant vers une peinture presque allusive où tout est mouvement et vibration.

            Ce serait une autre injustice de faire d’elle une figure d’artiste féminine en butte à la société patriarcale, tant la portée et l’audace de son génie transcendent ces catégories mesquines. Même si le mot n’existe pas (encore) au féminin, Berthe Morisot est un maître

Jean Chavot.

Voici que je fais toutes choses nouvelles

Combien de fois dans nos vies, nous traversons des périodes humainement difficiles, où nous nous sentons vides, laids, peu attirants, sans talents, ou humiliés ? Nous lisons dans l’Apocalypse de saint Jean (21, 15a) : « Moi, Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus » (…) « Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Quelle affirmation souveraine ! Une parole de créateur. 

Elle est reprise par le personnage du Christ dans La passion de Mel Gibson, en s’adressant à sa mère, alors qu’il n’en peut plus, qu’il est en sang et que la situation semble définitivement et lamentablement perdue. Les apparences ne doivent pas nous tromper sur le travail de la grâce. François d’Assise est lui aussi comme le serviteur dont parle le prophète Isaïe : « le serviteur qui a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride, sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire ». Pourtant, « par suite de ses tourments, (il) verra la lumière et la connaissance le comblera ». Car « Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes ». 

Dieu nous nourrit souvent, non pas de contradictions, mais de paradoxes, pour nous emmener au-delà de nos jugements humains et approcher la vraie beauté. Celle du cœur. Lorsque nous vivons des moments de doute profond dans lesquels nous nous trouvons en conflit, malgré nous, avec notre entourage professionnel ou familial, c’est là qu’il faut nous rappeler que si notre cœur reste coûte que coûte uni au Christ, nous nous en sortirons par le haut. C’est cette attitude qui peut nous mener à la joie parfaite de François, malgré les tribulations de toutes sortes. 

Après ce long hiver et ce printemps hésitant, voici que vient l’été. Que souhaiter de mieux que de cueillir en notre cœur le fruit de la patience et de la miséricorde, dans toutes les contrariétés et les injustices – petites et grandes – que l’on a pu subir ces derniers temps ? Car nous le savons, Dieu fait avec nos pauvres vies « toutes choses nouvelles ».

Christine Fisset, 

Membre de la fraternité Arc-en-ciel de Clichy-sous-Bois