Témoignage d’un frère capucin de Créteil
« Va, François, et répare mon Église. » Il y a huit siècles, François d’Assise entendait résonner cette parole, cette mission que le Christ lui confiait.
Cette mission, il l’a reçu dans une pauvre chapelle délabrée, située en périphérie de la Cité ; Et pour le former à cette mission, le Christ l’a envoyé hors de l’institution Eglise, en périphérie de l’Eglise et de la Cité, à l’école des « minores », des petits de la société. Le Christ a demandé à François de l’entendre parler à son Eglise à travers la vie quotidienne des hommes de son temps, à commencer par les plus simples ; de se mettre à l’école des hommes afin d’entendre ce que Dieu avait à enseigner à son Eglise. Il lui a confié la mission de mettre l’Eglise à l’écoute et à l’école du monde pour apprendre Dieu. Et c’est toujours aujourd’hui la mission de la famille franciscaine.
Voilà ce que je méditais un matin dans le petit oratoire de notre fraternité capucine de Créteil, située à l’entrée d’une cité dite populaire ; ces cités habitées par des hommes et des femmes à l’école de qui le Christ nous appelle à nous mettre pour apprendre l’Evangile, pour entendre l’Esprit de Dieu à l’œuvre dans notre monde d’aujourd’hui. Voir, entendre, à travers « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent » la présence de Dieu se disant et se faisant connaitre à l’humanité d’aujourd’hui. Discerner ainsi la présence de Dieu apprenant à son Eglise à se réformer pour manifester l’Evangile à l’humanité d’aujourd’hui.
N’est-ce pas déjà ce qu’affirmait Gaudium et Spes : « Pour mener à bien cette tâche, l’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques » : se laisser enseigner avant de prétendre enseigner.
Va et répare mon Eglise, c’est aussi les vœux d’un pape nommé François. Alors notre mission franciscaine ne serait-elle pas de devenir porte-parole des réalités quotidiennes en prenant sur nous les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de tous les hommes pour les faire résonner au sein de l’Eglise, une Eglise Peuple de Dieu constituée d’hommes et de femmes rassemblés par le Christ ? Ne serait-ce pas là le cœur de toute vocation franciscaine au sein de notre Eglise d’aujourd’hui?
Frère Daniel PainBlanc, capucin