Témoignage de Jacqueline Rossi

Sur le thème de la rencontre régionale du 16 juin « Tout homme est mon frère »

« Quand le Seigneur m’eût donné des frères, le Très Haut me révéla lui-même que je devais vivre selon le Saint Evangile.»

Cette phrase du Testament de St François a toujours été celle qui m’a guidée pour accepter les différentes missions pour lesquelles j’ai été appelée.

Aussi quand je fus appelée à la Pastorale de la Santé et en l’occurrence à aller visiter à l’hôpital, ce ne fut pas sans appréhension … C’est là pourtant que j’étais donc appelée à rencontrer des frères que je n’ai pas choisis bien sûr et qui vont peut être m’interpeller, me déranger …. Non seulement les patients mais aussi les soignants et les familles !

  • Reconnaître en chacun sa dignité d’homme (ou de femme) quel que soit sa situation ,non seulement physique mais parfois morale ….
  • Reconnaître un frère dans cette femme toute bleue parce qu’elle est tombée et qu’elle m’a fait peur au 1er abord.
  • Reconnaître un frère dans cet homme très en colère de voir sa mère partir et qui en veut à toute la société et particulièrement à la religion.
  • Reconnaître un frère dans cette aide-soignante fatiguée d‘être appelée sans arrêt par la même personne et qui finit par perdre patience.
    …. Ce n’est pas toujours évident.
  • Être proche de ces parents qui font appel pour qu’on baptise leur enfant qui va être débranché
  • Accompagner ces mêmes familles avant le départ de leur enfant
  • Se faire proche de cette maman qui a perdu son enfant parce que trop petit à la naissance ou qui mettait la vie de la maman en danger
  • Accompagner les familles lors du décès d’un de leur proches et parfois faire des rencontres humaines extraordinaires et toujours être remercié des paroles qu’on a pu dire … des paroles qu’il me faut bien peser car la plupart des personnes ne se disent pas croyants …
  • Partager avec cette infirmière et cette aide-soignante heureuses de te voir parce qu’elles sont impliquées dans la paroisse et qu’elles peuvent en parler.
  • Sentir la confiance de la psychologue du service qui me dit « j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, je vous confie la suite » ou encore de cette infirmière qui me dit « je n’y arrive pas mais vous vous allez peut-être y arriver … »
  • Goûter la joie des personnes à qui je vais porter la communion le dimanche parce qu’elles l’ont demandé dans la semaine.

  … ce n’est pas plus évident mais bousculant

J’ai découvert que si j’arrivais à vivre cela et à respecter chacun dans ce qu’il vit, c’est parce que je n’étais pas seule et que sans la prière et la confiance, ce serait impossible. Si on m’avait dit que je ferai cela un jour, j’aurais dit « mission impossible »

Vive l’Evangile, pour moi, c’est donc, dans ces situations, être là tout simplement par la présence, l’écoute … sans parler forcément de Jésus-Christ ! (c’est rare).

Toutes ces personnes que je rencontre dans mes visites à l’hôpital sont présentes dans ma prière le soir de mes visites et je rends grâce pour ce que j’ai vécu, partagé avec elles
Avant de rentrer dans une chambre ou avant d’aller au service néonatal ou encore à la chambre mortuaire , je demande toujours au Seigneur de me précéder car j’ai bien conscience que je n’y vais pas pour mon propre compte …

Je fais mienne les paroles d’Eloi Leclerc : « Evangéliser un homme, vois-tu, c’est lui dire : Toi aussi, tu es aimé de Dieu dans le Seigneur Jésus. Et pas seulement le lui dire, mais le penser réellement. Et pas seulement le penser, mais se comporter avec cet homme de telle manière qu’il sente et découvre qu’il y a en lui quelque chose de plus grand et de plus noble que ce qu’il pensait, et qu’il s’éveille ainsi à une nouvelle conscience de soi. C’est cela, lui annoncer la Bonne Nouvelle. Tu ne peux le faire qu’en lui offrant ton amitié. Une amitié réelle, sans condescendance, faite de confiance et d’estime profonde. »