Pourquoi faire une pause ?

La vie de notre société est rythmée par des pauses. Ainsi, nous sommes invités à entrer dans le rythme scolaire, avec ses congés réguliers, ou pour la retraite, dont on parle beaucoup. Ces périodes plus ou moins longues me font penser à un temps typique aux chrétiens : le carême, temps qu’il n’est pas indifférent de nommer « parcours de vie ».

C’est à travers une grille de lecture que nous évaluons les étapes de nos existences, leurs régressions, leurs dérives, leurs croissances. Un voisin qui m’est proche porte sa voiture chez le garagiste pour une révision tandis qu’un ami sportif se prépare à courir un marathon. Il s’en donne les moyens par un programme d’entrainement qui lui permet de rêver à la victoire… De même, l’étape du carême nous invite à une remise en forme afin d’entrer dans une dynamique de croissance spirituelle. À quelque groupe que nous soyons associés, notre vie n’est jamais un long fleuve tranquille, elle traverse perturbations et tempêtes. Les différents moments de notre existence méritent d’être révisés ou évalués. Nous avons à en discerner la succession et l’évolution. « Ça résiste», « Ça dévie », autant de critères de lecture à travers lesquels il nous faut également évaluer notre vie spirituelle. Il est nécessaire de prendre du recul si nous ne voulons pas ronronner au rythme de l’habitude, et il n’y a pas d’âge pour cela. L’Eglise nous propose une pause: le carême. C’est un temps précieux, un temps d’entraînement pour célébrer Pâques d’une manière plus consciente et plus active. Repérons nos blessures, nos fragilités, nous ruptures, nos déchirures humaines et spirituelles. Sans faire de bruit, quel que soit notre état, dans la dépendance ou la souffrance, notre « vie cachée » (titre d’un film profondément spirituel), nous conduira à la joie de Pâques.

Même en dehors de ce temps du carême, nous sommes aussi appelés à « toujours commencer ». La clé de la fraternité, universelle, est un outil incontournable pour le changement de notre société blessée, malmenée. L’enjeu est permanent ; en tout temps, il s’agit de devenir plus vivants, plus libres, plus ouverts au sens de la vie, amoureux de l’essentiel.

Fr Thierry Gournay