Témoignage sur un changement de vie
(2ème partie)
Mais au-delà de ces multiples efforts pour changer de mode de vie pratique, en tant que franciscaine, je ne peux qu’aspirer à une conversion écologique plus profonde, qui soit d’abord une révolution de la fraternité. Un concept en pleine expansion, dans les milieux engagés en la matière, illustre d’ailleurs bien la démarche, c’est celui de permaculture, qui vise à s’inspirer de la nature pour développer des systèmes en synergie, fondés sur la diversité des cultures, leur résilience leur productivité naturelle et leur interaction fertile. Nous voulons en effet que notre projet Propolis soit « permaculturel » tous azimuts, en favorisant certes différents types de productions agricoles selon cette méthode, aussi bien dans le potager, le verger que dans nos jardins de plantes à parfum, aromatiques et médicinales, mais aussi et d’abord en permettant des rencontres fructueuses entre les personnes.
Notre projet vise ainsi à brasser les profils des participants au cursus de formation : étudiants en césure, actifs en reconversion, salariés d’entreprise, chômeurs et retraités. Nous souhaitons aussi que Bonnecombe, qui est très grande et comporte en plus de l’abbaye-même, une ferme et un moulin, puisse accueillir des activité annexes au centre de formation, qui viendraient l’enrichir : lieu de vie et d’accueil pour mineurs migrants ou jeunes en séjour de rupture confiés à l’Aide sociale à l’enfance, artisans du fer, du verre de la pierre et visiteurs, le tout formant comme un écosystème en interaction fertile. Nous voulons aussi que des jeunes et familles résidant dans les cités – emmenés par exemple par l’association Le Rocher – puissent venir passer des séjours à Bonnecombe, en vue de renouer avec la nature et se ressourcer. Enfin, l’Association Propolis se fixe aussi comme objectif, dans ses statuts, le service du département de l’Aveyron et de la région Occitanie. Ceci implique de faire découvrir et aimer ces territoires à nos futurs étudiants et peut-être avant tout, de nous insérer dans le tissu local, à commencer par celui des habitants du village dont l’abbaye dépend. Ceci prend bien sûr un temps fou. Il faut lentement se défaire de l’image de parisiens idéalistes et gagner lentement la confiance des Aveyronnais de souche, un brin méfiants. Humblement, accepter de rester pour longtemps des étrangers.
Pour nourrir ma vie de prière, je ne peux pas m’appuyer sur une fraternité séculière en Aveyron. Car il n’y en a pas. J’ai en revanche reçu un très fraternel accueil au sein de la fraternité de La Drèche dans le Tarn, à une heure de l’abbaye. Je m’intéresse aussi de plus près à la règle de saint Benoît et à sa devise « ora et labora », qui structurera sans nul doute l’emploi du temps de Propolis. Bernard de Clairvaux, le grand saint cistercien et François, le saint d’Assise, sont donc des guides bien utiles sur ce long chemin de la conversion à 360 degrés !
Christine Fisset (FFS)