Saint Jean Chapitre 11 Versets 1-54

La Résurrection de Lazare

Remarques préliminaires

1. Utiliser le mot « résurrection » pour Lazare est équivoque ; au sens strict, il ne devrait s’appliquer qu’à Jésus, devenu « corps glorieux ». Pour Lazare, c’est plutôt le ‘retour à la vie’.

2. C’est le récit le plus long du 4ème évangile. Mais aussi le plus central (le 11ème des 21 chapitres). Il sert en quelque sorte de charnière aux deux grandes parties de l’évangile : il « clôt » le livre des « signes » (ch. 1-12), et prépare celui de « l’heure de la gloire » (ch. 13-21). C’est à partir du retour à la vie de Lazare que les juifs décident définitivement de mettre Jésus à mort. C’est parce qu’il a rendu la vie à Lazare qu’on va prendre la sienne.

3. Ce signe est le 7ème et dernier « miracle-signe » opéré par Jésus (4 en Galilée + 3 à Jérusalem) :
• Cana
• Guérison du fils de l’officier à Capharnaüm
• Guérison du paralytique de Bethzatha (Jérusalem)
• Multiplication des pains
• Marche sur la mer
• Guérison de l’aveugle-né (Jérusalem)
• Le retour à la vie de Lazare (Jérusalem)

Introduction

Lazare est un « Signe » : c’est à dire qu’il n’est pas qu’un fait, il est une prédication au travers d’un geste, une révélation en acte.
Révélation de deux vérités insoupçonnées, du moins pour un regard purement humain, purement « charnel », dirait Jean :

1. Jésus laisse deviner ici le mystère de sa condition transcendante ;
2. et en rendant la vie à Lazare, il symbolise sa propre résurrection prochaine.

La mystérieuse condition transcendante de Jésus

1. Après la guérison du paralytique de la piscine de Bézatha, Jésus disait : « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; car ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement. C’est que le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait ; il lui montrera des œuvres plus grandes encore, de sorte que vous serez dans l’étonnement. Comme le Père en effet, relève les morts et les fait vivre, le Fils aussi fait vivre qui il veut » (5, 19-21).
C’est ce qui se passe pour Lazare quand Jésus lui rend la vie.
Et l’on comprend alors le début de cet épisode, le retard de Jésus et l’une ou l’autre de ses réflexions : « Cette maladie n’aboutira pas à la mort, elle servira à la gloire de Dieu : c’est par elle que le Fils de Dieu doit être glorifié » (11, 4)
« … Notre ami Lazare s’est endormi, je vais aller le réveiller » (11)
« … Lazare est mort ! et je suis heureux pour vous de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez » (15)

2. « … afin que vous croyiez ». Que les disciples croient à quoi ? Pas seulement au pouvoir de Jésus de faire des miracles, mais à sa condition tout à fait transcendante, qui seule explique un tel pouvoir sur la vie et sur la mort.
Et cette condition transcendante (cette ‘gloire’), c’est la condition même du Père.

3. Cette révélation sur la condition transcendante de Jésus est bien marquée par la progression de la triple confession de foi de Marthe (21-27)
• D’abord, tout comme sa sœur Marie après elle, la simple foi au pouvoir de Jésus sur la maladie : « … si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort » (21.32).
• Puis, sa foi (Marthe) à la résurrection générale à la fin des temps (24).
• Puis, sa profession de foi complète : je crois que tu es, Seigneur, de filiation et d’origine divine : « Oui, je crois que tu es la Résurrection et la vieque tu es le Messie, le Fils de Dieu, Celui qui vient dans le monde » (27). Marthe croit à ce Messie insoupçonné et stupéfiant, qui se prétend maître de la vie. C’est déjà le credo chrétien.

Fr Joseph