L’apparition au bord du lac
21 (suite)
L’Eglise sera confiée à un pasteur : à un homme, au nom du Christ
➡️ Ce pasteur n’est qu’un homme, qui plus est un pécheur pardonné. Remarquons le triple reniement, la triple profession d’attachement au Seigneur et la triple investiture de fonction.
S’il y a remise d’autorité, cette autorité doit avoir pour fondement l’amour de Jésus. Le texte joue sur 2 verbes grecs, que nous traduisons en français par le même ‘aimer’. Les 2 premières questions de Jésus comporte le verbe « αγαπεω » – aimer du même amour que Dieu nous porte. Tandis que Pierre répond en utilisant le verbe « φιλεω » – aimer avec tout ce que l’homme peut porter en lui, en tant qu’homme, d’amour. Et c’est Jésus qui, la 3ème fois, change de verbe.
➡️ Ce pasteur est un délégué (… mes agneaux… mes brebis, dit Jésus) : ce ne sont pas ceux du pasteur. Et celui-ci reste lui-même brebis du Seigneur.
➡️ Ce pasteur est investi de la fonction pastorale dans sa plénitude, telle que l’a vécue Jésus « Bon Pasteur ». Il s’agira pour Pierre de conduire, d’unifier, de conforter, de faire entendre sa voix , c’est à dire enseigner, de connaître les brebis du Seigneur, de les mener dans les bons pâturages, autrement dit de les sanctifier, de donner sa vie pour elles comme le Bon Pasteur (cf. l’allusion de Jésus à la mort de Pierre).
L’Eglise sera toujours l’Eglise de la croix (allusion à la mort de Pierre)
« … un autre te ceindra, et te conduira là où tu ne voudrais pas » (21, 18-19)
➡️ L’Eglise sera toujours appelé à revivre pour elle-même le mystère du Christ souffrant, y compris la croix ( « … tu étendras les mains », allusion probable à la mort sur la croix, comme le Christ).
➡️ « … le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu ». Par sa mort, Pierre témoigne de l’absolu de Dieu, comme le Christ l’avait fait avant lui. En la personne de son chef, l’Eglise est responsable du témoignage de cette priorité absolue.
L’Eglise sera toujours l’épouse qui attend le retour de son Epoux (allusion au sort mystérieux de Jean)
« … S’il me plaît qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » (21, 22)
Alors que Pierre témoignera du mystère du Christ souffrant, Jean, lui, témoignera du Christ encore et toujours attendu. Car l’Eglise ne serait pas l’Eglise, si elle ne vivait pas cette attente du retour de son Seigneur.
• cf. 1Co. 11, 26 : « Vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ».
• cf. aussi la prière de l’Esprit et de l’Epouse, dans l’Apocalypse (22, 17-20)
• cf. enfin le refrain insistant de la liturgie primitive : « Viens, Seigneur Jésus ! »
L’Eglise sera toujours l’Eglise de Pierre et celle de Jean
Cette scène de l’apparition au bord du lac de Tibériade laisse apparaître l’importance, et presque la priorité par moments, du disciple que Jésus aimait :
➡️ c’est lui, ici, qui, le premier, reconnaît le Seigneur… avant Pierre ;
➡️ c’était lui aussi qui, au tombeau, était arrivé avant Pierre, et avait tout compris.
➡️ A la Cène, il était placé près de la poitrine du Maître, et Pierre passe par lui pour interroger Jésus.
➡️ Mais dès le début déjà, il précédait Pierre : près de Jean-Baptiste, il fit avant Pierre la connaissance de Jésus
➡️ Et on le voit ici figurer en tant que dernier disciple dont parle Jésus dans l’évangile de Jean.
➡️ Nous avons donc 2 hautes figures dans cette scène de l’apparition au bord du lac, celle de Pierre (l’apôtre ‘pasteur’) et celle de Jean (l’apôtre ‘disciple’). Mais il faut être disciple d’abord, pour pouvoir être appelé comme « pasteur ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? Sinon que la marche à la suite de Jésus, la proximité, l’écoute de sa parole, et finalement l’intimité avec lui seront toujours prioritaires par rapport à toute « fonction » ultérieure ou charisme particulier. L’Eglise sera toujours une Eglise de disciples, ou alors, ce ne sera plus l’Eglise.
➡️ Toutefois, Jésus, dans cette scène, s’adresse d’abord à Pierre, pour lui confier une mission de pasteur de son Eglise. Jésus veut donc que son Eglise ne soit jamais sans pasteurs.
Fr Joseph