Dieu, la foi et moi !

La foi, je lui ai tourné le dos, car je n’en suis pas digne, je ne la comprends pas, et je ne veux pas finir ma vie dans un monastère. Voilà d’où je viens.

Pour moi, la foi est réservée à un petit nombre d’élus, de personnes hors du commun prêtes à donner leur vie à Dieu. Elles portent soutane et vivent dans des églises, des monastères, des lieux de recueillement, froids et silencieux.

La foi avec un petit « f », je ne l’envisageais pas. J’ai découvert son existence grâce à un ami qui en parle peu mais qui vit avec elle. Quand il l’évoque, je suis à chaque fois étonnée. C’est vrai, me dis-je, elle est là, en lui, un trésor caché qui lui fait regarder, ressentir, humer les choses, les êtres et le monde différemment.

Pourtant, il a l’air tout à fait normal ! Son comportement, son habillement, son lieu de vie, rien n’indique cette différence que je soupçonne fondamentale. Il ne s’est pas retiré du monde des vivants. Ces vivants, comme moi, qui courent après des chimères et s’enfoncent dans la frivolité comme dans une guimauve sucrée. J’observe toutefois dans sa manière de vivre quelque chose d’extrêmement mesuré et une grande sobriété.

Une foi qui ne se voit pas, ne s’entend pas, ne se repère pas avec le nez, comment la trouver ? Et où apprend-on à avoir la foi ? Nulle part. Décidément, je ne sais pas ce que c’est et je suis navrée de ne pas avoir la foi. Je n’arrive même pas à l’imaginer. Pourtant je suis dans une quête spirituelle. Le yoga, la méditation sont pour moi d’éventuelles portes d’entrée vers une vision plus large, plus claire, plus juste et plus aimante de notre humanité. Assise en tailleur, les yeux fermés j’ai une conscience forte de mon appartenance à ce monde extraordinaire et je rêve de fusionner avec lui. Mais j’ouvre les yeux et tout disparait.

Alors comment ça vient ?
Peut-être au seuil de la mort, pour se réconforter face à cet inconnu.
Peut-être en s’intéressant aux étoiles, aux fourmis, à la terre, aux coquelicots. Peut-être en portant un regard « béat » sur la beauté du monde et son immensité.
Peut-être en s’oubliant ? En se fondant dans cet impensable merveilleux ?

Comme dit mon ami qui a failli mourir, quand on part, tout reste. Et je me dis, quand on part on reste aussi, mais différemment. Là, sûr, je ferai partie du grand tout, les yeux définitivement fermés.

Isabelle Bal