Pourquoi je m’engage aujourd’hui dans l’Ofs

Le 7 octobre, la région Créteil, St-Denis, Meaux a fêté la St-François chez les sœurs franciscaines, à Fontenay-sous-Bois.
Lors de cette célébration, Michel Sauquet a fait son engagement canonique au sein de la fraternité franciscaine séculière.
Avec son autorisation, nous publions le texte qu’il a partagé avec nous pour expliquer cette démarche, et quelques photos de ce temps fraternel.

La plupart d’entre nous connaissent par cœur cette invitation de François d’Assise : « Frères commençons à servir le Seigneur, car nous n’avons pas fait grand-chose jusqu’ici. »

« Frères, commençons »… Ces deux mots utilisés comme titre de nombreux articles dans nos revues m’ont très longtemps agacé. Je les tenais pour un slogan, dans un entre soi de laïcs et religieux franciscains, quelque chose d’allusif, qui ne me parlait pas du tout.

« Entré » il y a 45 ans, à la suite de mon épouse Brigitte, dans une fraternité franciscaine, je n’y avais jamais fait mon engagement. Je n’en voyais pas l’intérêt. Puis, à la faveur de recherches et de travaux d’écriture autour de François, et surtout de rencontres avec de nombreux religieux, religieuses et laïc(que)s de la famille franciscaine, j’ai changé de posture. Ces inspirateurs sont notamment les frères ici présents, Gilles Rivière, Joseph Banoub et Thierry Gournay, ainsi que le frère Jean-Luc Dehès qui nous a quitté et à qui je dois tant également. Ce sont aussi les sœurs de saint François d’Assise chez qui nous avons le bonheur de nous réunir aujourd’hui. C’est enfin cette fraternité du Petit Prince si riche en questionnements (on ne peut pas s’endormir avec elle !), et avec qui je chemine depuis des décennies. J’ai changé de posture, oui et je crois que je comprends beaucoup mieux aujourd’hui, la richesse de ce « Frères commençons ».

S’engager en fraternité à 76 ans, voilà qui n’a pas manqué de susciter l’étonnement, voire l’incompréhension de plusieurs de mes amis qui se demandaient quelle mouche me piquait de faire une telle démarche à cet âge-là.

Cette décision, je l’ai prise un peu dans le flou, intuitivement, jusqu’à ce que les mots d’un moine de l’abbaye d’En-Calcat me rejoignent en plein cœur. « Les chrétiens, disait-il, sont ceux qui commencent toujours, chaque matin et à toute heure. Parce qu’ils commencent, ils sont joyeux. Parce qu’ils ne font que commencer, ils ne peuvent s’enorgueillir, ils ne peuvent se prendre au sérieux. »



Ainsi nous, chrétiens, nous sommes des débutants, sur ce chemin de la joie initié par le Christ. Oui, nous sommes tous des débutants, et c’est tant mieux !

J’ai pris l’habitude, pour parler du temps qui nous reste à vivre, à nous les seniors, de dire que tout ce qui vient, c’est « du rab ». Que nous avons eu une assez belle vie, et que maintenant advienne que pourra. Mais je crois maintenant que cette attitude est fataliste, résignée, paresseuse.

Je repense aussi au deuxième livre des Rois, qui rapporte la lassitude d’Élie dans le désert. Épuisé, n’en pouvant plus, il demande à Dieu d’en finir : « Reprends ma vie, je ne vaux pas mieux que mes pères. » Et il s’étend sous un buisson où il s’endort. Mais par deux fois Dieu le secoue, le nourrit, et, finalement il reprend la route. Commencer, recommencer toujours, à n’importe quel âge, non à la force du poignet, mais avec l’aide de Dieu, grâce à son inlassable initiative.

Et recommencer avec votre aide à tous, au sein de cette famille franciscaine dans laquelle je m’engage ce soir plus résolument que je ne l’ai fait jusqu’ici ! Ce soir, oui, je vais demander au Seigneur, à l’Église et à vous tous de m’aider à mieux mettre mes pas dans ceux de Saint François, à imprimer aux années qui sont devant moi une feuille de route plus éthique, plus ouverte, moins autocentrée, plus franciscaine. Merci de votre soutien, et de celui de Brigitte, qui me guide sur cette voie depuis si longtemps.

Michel Sauquet