Saint Jean Chapitre 1, 1-18 (Suite)

Prologue de Jean : Analyse des versets,
1ère partie

1-2 ➡️ Jean identifie le Verbe, le logos, à la Parole créatrice : « Au commencement… » (Gn. 1, 1)
– Le Verbe, tout en étant Dieu de toute éternité, s’en distingue. C’est déjà le fondement de la théologie trinitaire.

3 ➡️ Raccourci de toute l’œuvre créatrice, qui se fait par la médiation du Verbe.

4 ➡️ Les 2 grands thèmes de l’évangile de Jean : la Vie (3, 15-16 ; 4, 10-14 ; 5, 21-29. 39-40 ; 6, 27-58), et la Lumière (3, 19-21 ; 8, 12 ; 9 ; 12, 35-36.46). C’est déjà de Jésus qu’il s’agit.
– Cette Vie est à la fois physique et spirituelle, puisque Dieu est à la source de l’une et de l’autre.
De même la Lumière : elle au sens physique le milieu nécessaire au maintien et à la croissance de la vie ; mais en revanche, c’est grâce à la Vie divine qu’il y aura illumination.
– Nous trouvons ce lien Vie / Lumière dans le psaume 36, 10 : « En toi est la source de la vie, par ta lumière nous voyons la lumière ».

5 ➡️ Opposition Lumière / Ténèbres. Les ténèbres, c’est tout ce qui s’oppose à Jésus (3, 19 ; 8, 12 ; 12, 35 ; 13, 30).

6-8 ➡️ Ces versets sur Jean-Baptiste, qui interrompent le développement sur le Verbe et sa venue, furent probablement rajoutés dans une 2° rédaction. Si on les déplace pour les mettre juste avant le verset 19, ils forment un excellent début à cette section sur Jean-Baptiste.
– Une 2° rédaction a inséré ici ces versets probablement comme une pointe contre les « Baptistes » qui tenaient leur maître pour supérieur à Jésus. Toutefois l’évangéliste Jean tient à faire apparaître le précurseur comme le grand témoin humain du Christ, celui qui résumait en sa personne toutes les annonces prophétiques du Christ dans l’AT.

9 Comme la Sagesse qui avait reçu mission d’illuminer tous les hommes, ainsi le Verbe est capable d’inspirer tout homme, même s’il ne connaît pas Jésus. Témoin de cela Jésus lui-même qui dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail… » (10, 16).

10 ➡️ La Parole-Sagesse se trouvait inscrite dans la création, or les païens n’ont pas su lire Dieu dans sa création. Elle était dans leur conscience et leur raison, mais ils n’ont pas suivi leur conscience et leur raison. C’est une allusion à la Loi Naturelle.

11 ➡️ « … chez les siens » : c’est à dire dans le peuple juif qui a été infidèle à la loi et aux prophètes.

12-13 ➡️ C’est la pointe du prologue : le Verbe vient dans le monde pour susciter des enfants de Dieu.
Nous ne sommes pas encore au moment où le Verbe s’incarne. saint Jean vient de constater que, avant l’arrivée du Christ, les « siens » (le peuple juif dans son ensemble), pas plus que les païens dans leur ensemble, ne se sont ouvert à l’illumination du « Logos ».
Le refus du Logos par les hommes aurait-il été universel ? le verset 12 montre qu’il n’en est rien : il y a eu des hommes qui ont fait bon accueil au Logos.
De qui s’agit-il ? D’abord, en Israël lui-même, de tous les « justes » que l’on a appelé le « petit reste » fidèle, les prophètes et les saints qui ont une foi ouverte et pure. Mais aussi des païens qui, en raison de leur conscience droite et de leur générosité, sont déjà d’une certaine manière des « enfants de Dieu ».
A tous ceux-là, qui déjà lui sont accueillants, le Verbe accorde la grâce d’une nouvelle naissance toute différente de la naissance charnelle (cf. entretien avec Nicodème 3, 3). C’est le don suprême, la filiation divine dont saint Jean ne cessera de s’émerveiller (cf. 1Jn. 3, 1-2)

Fr Joseph