Les plus anciens témoignages sur l’apôtre Jean nous viennent de PAPIAS et de POLYCARPE, par l’intermédiaire d’IRENEE.
Papias a été évêque de Hiérapolis en Phrygie, Asie Mineure, où il est mort vers 120-130. D’après IRENEE, il était « lui aussi auditeur de JEAN et compagnon de POLYCARPE » (Eusèbe, Hist. Eccl. III.XXXIX.I). Il avait composé une « Explication des sentences du Seigneur », en cinq livres. Voici ce qu’il dit lui-même dans la Préface :
« Pour toi, je n’hésiterai pas à ajouter à mes explications ce que j’ai bien appris autrefois des presbytres et dont j’ai bien gardé le souvenir, afin d’en fortifier la vérité. Car je ne me plaisais pas auprès de ceux qui parlent beaucoup, comme le font la plupart, mais auprès de ceux qui enseignent la vérité ; je ne me plaisais pas non plus auprès de ceux qui font mémoire de commandements étrangers, mais auprès de ceux qui rappellent les commandements donnés par le Seigneur à la foi et nés de la vérité elle-même. Si quelque part venait quelqu’un qui avait été dans la compagnie des presbytres, je m’infor¬mais des paroles des presbytres : ce qu’ont dit André ou Pierre ou Thomas, ou Jacques ou Jean, ou Matthieu, ou quelque autre des disciples du Seigneur ; et ce que disent Aristion et le presbytre Jean, disciples du Seigneur. Je ne pen¬sais pas que les choses qui proviennent des livres ne fussent aussi utiles que ce qui vient d’une parole vivante et durable. »
Polycarpe a été évêque de Smyrne. Il est né vers 70 ap. J.C. et mort martyr à l’âge de 86 ans, vers 156. Il est l’un des derniers témoins de l’âge apostolique. Il avait connu saint Jean et avait été établi évêque par les apôtres (d’après Irénée), par S. Jean lui-même, (d’après Tertullien). Voici ce que dit de lui Irénée, qui a été son disciple vers 140, dans une lettre à son ami Florinus :
« Je l’ai vu en effet, quand j’étais encore enfant, dans l’Asie Inférieure, auprès de Polycarpe ; tu brillais à la cour impériale et tu t’ef-forçais d’avoir bonne réputation auprès de lui. Car je me souviens mieux des choses de ce temps-là que des événements récents. En effet les connaissances acquises dès l’enfance grandissent avec l’âme et s’unissent à elle, de telle sorte que je puis dire l’endroit où s’assoyait le bienheureux Polycarpe pour parler, comment il entrait et sortait, sa façon de vivre, son aspect physique, les entretiens qu’il tenait devant la foule, comment il rapportait ses rela¬tions avec Jean et avec les autres qui avaient vu le Seigneur, comment il rap¬pelait leurs paroles et les choses qu’il leur avait entendu dire au sujet du Seigneur, de ses miracles, de son enseignement, comment Polycarpe, après avoir reçu tout cela des témoins oculaires de la vie du Verbe, le rapportait conformément aux Ecritures. » (cité par Eusèbe, Hist. Eccl. V. 20, 6).
Saint Irénée, qui était lui aussi originaire d’Asie Mineure, comme les deux précédents dont il rapporte le témoignage, est venu en Gaule avec les premiers missionnaires chrétiens. Il était né vers 120 et a été le disciple de Polycarpe. D’abord, il a été prêtre à Lyon sous l’évêque Pothin qui est mort martyr au cours des persécutions. Irénée devait alors être en voyage à Rome. A son retour à Lyon il a été nommé évêque de cette ville. Il est mort vers 202-203, après avoir laissé des écrits qui font de lui un des plus grands théologiens du deuxième siècle. Dans un de ces écrits, il apporte ce témoignage au sujet des Evangiles :
« Matthieu donc publia chez les Hébreux et dans leur propre langue un Évangile écrit, alors que Pierre et Paul annonçaient la bonne nouvelle à Rome et posaient les fondements de l’Eglise. Ensuite après leur départ, Marc, disciple et interprète de Pierre, nous a transmis lui aussi par écrit ce qui avait été prêché par Pierre. Quant à Luc, le compagnon de Paul, il a mis dans un livre l’Evangile prêché par celui-ci. Enfin Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui a reposé sur sa poitrine, a publié lui aussi l’Evangile, tandis qu’il vivait à Ephèse, en Asie. » (cité par Eusèbe, Hist. Eccl. V. 8, 1-4)
Fr Joseph