L’apocalypse de saint Jean

Introduction

Un livre étrange. Le théâtre, le climat et le style tranchent nettement avec tout le reste du N.T., particulièrement avec les évangiles.
Un texte hermétique, dont le langage constamment symbolique semble fait pour les seuls initiés.

AUTEUR
Jean, se nomme l’auteur lui-même, qui se dit relégué à Patmos et se qualifie de prophète. La plus ancienne tradition le tient pour Jean l’évangéliste, mais on en a douté assez vite (différences de style, de thèmes théologiques et d’atmosphère). Il est possible que des disciples de Jean y aient pas mal mis la main, une école johannique.

DATE = entre 90 et 96 (sous Domitien finissant), quoique 17, 9-11 semblerait situer la rédaction après la persécution de Néron sous Vespasien (vers 69-79). Auquel cas, deux hypothèses : ou bien une partie de l’œuvre serait de l’époque de Vespasien ; ou bien l’auteur, comme l’auteur de Daniel en 160 av. JC., ferait de l’anti datation, c’est-à-dire décrirait le passé comme s’il était encore à venir.

CIRCONSTANCES
L’EGLISE est dans la tourmente. Nous sommes au temps de la 3° génération chrétienne. Non seulement le Christ n’en finit pas de revenir, mais voilà que se déchaîne une ère de persécutions sous un empereur mégalomane, Domitien. – Déjà Néron, 30 ans plus tôt, avait déclenché pour la 1ère fois une persécution venant de la puissance romaine (et non plus des juifs), mais c’avait été le caprice d’un fou. Sous Domitien le motif devient spécifiquement religieux : l’empereur se fait appeler « Seigneur et Dieu », et exige qu’on lui rende un culte, sous peine de prison, de confiscation, de déportation et même de mort. Et la Province romaine d’Asie fait du zèle. Le problème pour 1’Eglise est très grave et le danger mortel, à la fois au dehors et au dedans :

  • Vis-à-vis des autorités, 1’Eglise ne peut transiger, ce serait un blasphème envers Dieu et le Christ. Mais c’est risquer la persécution, la fin du développement, et même l’extinction progressive de la foi.
  • Mais à l’intérieur, certains chrétiens inspirés par le courant « gnostique » – désignés nommément comme « nicolaïtes » à Ephèse et Pergame – distinguaient entre le « matériel » dans l’homme (son extérieur, son corps, ses gestes) et le « spirituel » qui seul compte (l’intérieur, le cœur, les pensées, l’intention). Ils acceptaient donc de faire les quelques simagrées cultuelles pour être tranquilles.

Sous Domitien, empereur de 81 à 96, 1’Eglise revivant la même situation de prétentions impériales impies, Jean ne trouve pas de meilleur modèle que Daniel et son mode d’expression grandiose, triomphal et secret.

Fr Joseph