L’Apocalypse de saint Jean

Les interprétations de l’apocalypse

Du fait de son étrangeté et de son hermétisme, elle a suscité des interprétations très variées :

1. Les interprétations « historicisantes » : l’Apocalypse viserait des faits de l’histoire :

  • Pour certains, elle prédirait le déroulement de toute l’histoire de l’Eglise, depuis Jésus jusqu’à la fin du monde. – … mais personne ne s’entend sur les époques ni les dates, en particulier celle de la fin du monde.
  • Pour un exégète contemporain, il s’agirait de la description symbolique de l’Ancienne Alliance seulement, jusqu’à la Résurrection-Ascension du Christ (E. Corsini).
  • Pour les « millénaristes », qui prennent 20, 1-6 au pied de la lettre, il faudrait envisager très réelle¬ment une seconde venue du Christ sur la terre, qui durerait 1.000 ans, avant que n’arrive la fin du monde.
    … mais ces 1.000 ans ne sont-ils pas le symbole du temps de l’Eglise ici-bas avant le retour du Christ ?
  • Pour d’autres (Renan par ex.), l’Apocalypse ne ferait allusion qu’aux événements politiques contemporains de Jean, c.-à-d. à l’histoire romaine de Néron à Domitien (de 64 à 96). L’allusion fréquente aux « derniers temps » s’expliquerait par le fait que Jean se figurait la fin du monde comme toute proche. – … mais puisque Jean voit sans cesse aux prises Satan et Dieu, cela ne vaut-il pas pour toute période de l’histoire ?

    2. Les interprétations « eschatologiques » : c.-à-d. qui misent uniquement sur la fin de l’histoire,
    sur les « derniers temps » (eschata en grec = derniers) :
  • Pour les « fondamentalistes », ceux qui prennent toute l’Ecriture au pied de la lettre, les bouleversements cosmiques décrits dans l’Apocalypse sont le scénario exact de ce que sera la fin du monde !
  • Pour les autres « eschatologues » et presque toute l’ancienne tradition, l’Apocalypse ne nous parlerait effectivement que des « derniers temps », mais sous une forme purement symbolique.

    3. L’interprétation qu’on pourrait appeler « globalisante » – La plupart des exégètes actuels pensent que Jean, tout en visant les persécutions de Néron et de Domitien, les inscrit toutefois dans un cadre bien plus large. Un peu comme le photographe qui règle son appareil photo de façon à disposer d’une bonne « profondeur de champ », c.-à-d. qui lui permette d’avoir une image nette aussi bien de près que de loin. Donc Jean viserait le passé, le présent et l’avenir.
  • D’abord, avant de s’en prendre à la Rome impie et persécutrice, et de proclamer la ruine finale du paganisme romain (ch. 12 à 20), Jean commence par évoquer le passage du judaïsme au christianisme (ch. 3 à 11). La persécution par Rome étant la suite logique du manque de foi d’Israël qui avait éliminé Jésus.
  • Ensuite il est notable que l’Apocalypse fournit un esprit et des données valables pour toute époque, afin de signifier le combat éternel de Satan contre Dieu et contre son peuple, 1’Eglise.
  • Enfin, tout l’esprit de l’Apocalypse consiste à fonder l’espérance chrétienne sur le Retour et la victoire finale du Christ :  » Un jour Jésus reviendra vaincre pour nous la mort  » (Christian Ducoq op)

    Fr Joseph