Notre cadre d’emploi ne nous permet pas toujours de témoigner ouvertement de l’Evangile. Mais de larges ouvertures sont possibles dans le comportement évangélique que nous pouvons avoir, conformément à ce que dit Jésus aux disciples : « Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 16)
Après quinze années de service comme inspecteur des Finances publiques où j’ai pu occuper différentes fonctions (gestionnaire de compte des grandes enreprises, contrôle fiscal, maîtrise d’ouvrage d’applications numériques), j’ai souhaité devenir professeur des écoles. Mon désir était de servir au plus près les besoins intellectuels et émotionnels de personnes dont j’allais avoir la responsabilité continue six heures par jour : des élèves d’école primaire.
Témoigner de sa foi comme inspecteur des Finances publiques pouvait se concrétiser au quotidien dans les relations de bienveillance et de transparence, non seulement à l’égard des collègues mais aussi envers les usagers du service public. La neutralité du service public ne m’autorise pas en effet à verbaliser cette foi.
En changeant de ministère, j’ai voulu me rendre plus utile aux enfants et aux familles, de manière beaucoup plus concrète. L’Ecole est souvent la première institution que les familles vont rencontrer de manière quotidienne, en particulier dans les quartiers de réseau d’éducation prioritaire. Avec une présence permanente à leurs côtés, je représente pour les élèves un exemple modélisant, à la fois pour le raisonnement, mais aussi dans le comportement. Cela m’amène à être exigeant vis-à-vis de moi-même et à me dépasser : la bienveillance est constamment requise et le respect de la parole donnée est impératif pour créer la confiance et le cadre nécessaire aux travaux de la classe dans une ambiance sereine.
Le respect des valeurs de la République et la laïcité dans la classe et dans l’école sont aussi un outil, par le cadre de neutralité qu’il pose et qui permet aux enfants de se contruire et de grandir librement par essai et erreur, à l’abri d’influences extérieures prématurées. Il est important que l’enfant puisse oser penser librement dans un cadre neutre et sécurisant.
Sur le plan philosophique, la raison est importante : elle est l’outil qui permet de s’orienter dans la vie sur les plans techniques et parfois relationnels. C’est ce que nous valorisons dans les classes. La foi permet d’avancer là où la raison se tait ou est impuissante. Sa découverte et sa compréhension peuvent se faire avec les autres et dans les familles qui sont de petites églises.
Témoin silencieux de Jésus-Christ Seigneur et Sauveur, je tente de manifester un comportement qui puisse à la fois faire grandir, aider à devenir libre de juger et de penser et susciter chez les élèves un
vrai souci des autres.
Jean Alvarez, fraternité Émile Romanet