SAINT ANTOINE DE PADOUE, LA NAISSANCE D’UN GRAND PRÉDICATEUR …

Né en 1191 ou en 1195 sans que l’on sache vraiment quand il vint au monde, peut-être d’origine noble apparenté à Godefroy de Bouillon[1], le prestigieux avoué du Saint-Sépulcre[2], était probablement un roturier lisboète. Né et baptisé Fernando, Antoine de Padoue demeure un saint illustre et légendaire célébré le 13 juin. Élevé par sa mère dans le culte de la Vierge Marie, il était animé d’une foi profonde. Le premier des nombreux miracles prêté au saint, survint alors qu’il était encore adolescent. Agenouillé sur les marches de l’autel de la cathédrale Santa Maria Maior de Lisbonne, le diable lui apparut. Le jeune homme traça alors une croix sur le sol afin de repousser le démon, croix toujours visible aujourd’hui. Encore jeune, en 1210, il revêtit l’habit des chanoines[3] réguliers de Saint Augustin au monastère Saint Vincent de Fora fondé en 1147 par le premier roi portugais Alphonse 1er. Puis, il rejoignit le monastère de la Sainte-Croix de Coimbra au centre du pays où il fut ordonné prêtre. Frère portier, il côtoya une petite communauté de Frères, venus d’Assise vivant pauvrement et prêchant l’Évangile. Installés à l’ermitage Saint Antoine, sur la colline d’Olivares, ils descendaient demander l’aumône au couvent. En 1220, impressionné par l’exposition des reliques de cinq missionnaires franciscains martyrisés au Maroc, il aspira à suivre leur exemple. Il rejoignit donc les frères mineurs, prit le nom d’Antoine, et, après avoir vainement cherché le martyre au « Pays du couchant », il tomba malade et, suite à une tempête sur le chemin du retour, échoua en Sicile[4] où il rencontra peut-être Saint François d’Assise. Âgé de vingt-six ans, il arriva donc en Italie où il vécut jusqu’à sa mort. Il participa au premier chapitre général de l’ordre, le « Chapitre des nattes »[5] qui se déroula à la Pentecôte de 1221, en présence de cinq mille frères. Lors de cette rencontre, il impressionna lesdits frères par ses qualités de prêcheur chrétien et il commença alors sa carrière de prédicateur populaire. Le Provincial de Romagne, Frère Gratien, l’envoya au Monte Paolo dans les Apennins[6], tant les frères prêtres étaient rares au sein de l’Ordre franciscain naissant. Il y trouva un lieu de silence, un « désert de l’esprit », mena une vie de haute contemplation propice à la familiariser avec le charisme franciscain.

Érik Lambert.


[1] Par son père, Don Fernando Martins de Bulhões. Godefroy appartenait à l’une de ces familles qualifiées par les contemporains de « très nobles et très illustres », ce que justifiaient une parenté royale et l’éclat de la vie de ses ancêtres. Le pape Étienne IX était son grand-oncle. Godefroy faisait partie d’un clan de ducs, comtes et évêques, d’un groupe aristocratique qui gouvernait la Lotharingie depuis 950 au moins. Il n’était que le second fils du comte Eustache de Boulogne et d’Ida, mais son oncle, le duc Godefroy le Bossu, connaissait sa valeur et, à sa mort en février 1076, il le désigna pour être son successeur à la tête du duché de Basse-Lorraine.
[2] Pour lui la Terre sainte, Jérusalem surtout, était propriété du Christ et donc du Siège apostolique, qu’il ne pouvait être lui-même qu’un gérant, mettant son bras au service de l’Église. Dans l’Empire germanique, l’avouerie, (En droit féodal, l’avoué -du latin advocatus– est un laïc chargé de défendre les intérêts temporels d’une abbaye ou d’un chapitre. Reste désormais le terme français d’avoué) garde et protection des Églises, se muait souvent en seigneurie, tout en maintenant le respect de l’autorité ecclésiastique.
[3] Les chanoines réguliers vivent généralement selon la règle de Saint Augustin. Les chanoines séculiers sont des clercs diocésains, membres d’un chapitre cathédral ou collégial, ou de certaines basiliques dont la fonction essentielle est de réciter l’office divin. Chanoine honoraire est un titre honorifique donné à certains ecclésiastiques. In, glossaire de l’Église catholique de France.
[4] Son bateau fut dévié par les vents sur la côte de Sicile où il rencontra les franciscains de Messine et se rendit avec eux au Chapitre général de 1221 et passa ensuite près d’un an en retraite au couvent de Montepaolo, pratiquement isolé du reste de la communauté. En 1221, saint François avait convoqué ses 5 000 frères à Assise, pour ce qui fut le premier chapitre général de l’ordre. On l’appela le « Chapitre des Nattes », car, faute de lits, les religieux avaient été contraints de dormir sur des nattes et des joncs. 
[5] Son bateau fut dévié par les vents sur la côte de Sicile où il rencontra les franciscains de Messine et se rendit avec eux au Chapitre général de 1221 et passa ensuite près d’un an en retraite au couvent de Montepaolo, pratiquement isolé du reste de la communauté. En 1221, saint François avait convoqué ses 5 000 frères à Assise, pour ce qui fut le premier chapitre général de l’ordre. On l’appela le « Chapitre des Nattes », car, faute de lits, les religieux avaient été contraints de dormir sur des nattes et des joncs. 
[6] Les Apennins sont des montagnes sauvages dont les sommets peuvent atteindre 2000 m. Chaîne longue de 1 200 kilomètres qui « coupe » l’Italie en deux. Le Gran Sasso (« grande pierre » en italien) culmine à 2912 mètres au Corno Grande. Ce fut en ces montagnes que Mussolini fut retenu captif. Le 12 septembre 1943, des forces spéciales allemandes composées de parachutistes dirigées par Otto Skorzeny parvinrent à le libérer. Skorzeny et le Duce s’envolèrent de manière spectaculaire dans un petit appareil de reconnaissance, un Fieseler Storch piloté par le pilote virtuose Gerlach. (opération Eiche ce qui signifie chêne en allemand). Les Apennins sont désormais le refuge du loup des Apennins (Canis lupus italicus)

Les 7 trompettes (8-11 suite)

Personne, vraiment ne se convertira ?. . .
Si !… Car vient à présent l’essor de l’Evangélisation, symbolisée par les 3 scènes du « petit livre » (la Bonne Nouvelle de Jésus), de la « mesure du Temple » (la mise à part d’un « petit reste » d’Israël), et des « deux témoins » (les missionnaires de l’Evangile),

1. L’Ange et le PETIT LIVRE – Jean s’inspire manifestement de Daniel et d’Ézéchiel :
(Daniel 12, 7) –  » Et j ‘entendis parler l ‘Ange qui se tenait au-dessus des eaux du fleuve; IL éleva vers le ciel sa main droite et sa main gauche, et il jura par Celui qui vit dans les siècles : quand sera accomplie la destruction de la puissance du peuple saint, alors tous ces événements s’accompliront. »
(Ezéchiel 2, 9 – 3, 3) –  » Une main s’avança vers moi qui tenait un livre roulé; on le déroula devant moi, et il portait des choses écrites sur le recto et le verso; on y avait écrit des lamentations, des gémissements, des menaces. Et il me dit : « Fils d’homme, ce rouleau. . . Je le mangeai, et dans ma bouche ce fut comme du miel délicieux. « 

– L’Ange : il « descend du ciel », donc Jean n’est plus dans le ciel, mais sur terre.
: il a des traits majestueux qui rappellent ceux du Fils de l’Homme (vêtu d’une nuée, nimbé d’un arc-en-ciel, visage de soleil, jambes de feu). Ce n’est pas le Christ (qui est au ciel), c’est son représentant.
: il a les pieds sur « terre et mer » (tout l’univers) : l’Evangile doit parvenir à la terre entière.

Le Petit livre que l’Ange tient en mains, plus petit que le précédent des 7 sceaux qui symbolisait l’A. T. c’est l’Annonce évangélique, le message de Jésus.

« Il n’y aura plus de temps »… : quand sonnera la 7° trompette, ce sera l’éternité.

Douceur et amertume : manger le livre, c’est se pénétrer de la Parole du Christ. Mais si la voix est douce, la tâche est dure.

« Il faut à nouveau prophétiser contre des peuples nombreux » (v.11) = Ce sera l’objet de la 2ème partie de l’apocalypse (le combat de la Rome païenne contre l’Église du Christ).

– Jean est invité à « mesurer le Temple de Dieu, mais pas le « parvis extérieur ».
(Ezéchiel 40, 3) –  » Le Seigneur m’amena à Jérusalem; et voici, il y avait un homme dont l’aspect était comme celui de l’airain et qui tenait un cordeau d’architecte et une toise à mesurer ; il se tenait près de la porte. « 

la mesure = en général un symbole de protection, comme le « sceau » sur le front dont sont marqués les justes.

le Temple mesuré (avec ses adorateurs) = l’Israël converti à Jésus Christ = les vrais adorateurs du Père.
Le parvis extérieur = la synagogue, qui est rejetée.

– pendant 42 mois (= 3 ans 1/2), période durant laquelle le Temple fut profané par Antiochus, sous Daniel.
Période limitée durant laquelle l’Eglise, avec la permission de Dieu, subira le joug des nations.

– D’une vision de Zacharie, Jean a retenu la mention de « 2 témoins », symbolisés par 2 oliviers de chaque côté d’un candélabre.

(Zacharie 4, 1-3.11-14) –  » L’Ange me dit : « que vois-tu ? » – Je répondis : « Voici ce qui se présente à ma vue : un chandelier tout en or, et au-dessus un petit flambeau; il est surmonté de 7 lampes et de 7 conduites pour les 7 lampes qu’il porte. Au-dessus du chandelier, il y a 2 oliviers, l’un à droite du flambeau et l’autre à gauche. » Je repris pour demander :  » Qu’est-ce que ces 2 oliviers ? » L’Ange repartit : « Comment, tu ne le sais pas ? » – ‘Mon, Seigneur » – « Ce sont les deux fils de l’onction, ils se tiennent devant le Seigneur de toute la terre. « 

– Pour Zacharie, ces 2 hommes consacrés par l’onction étaient le grand prêtre Josué et le prince royal Zorobabel, autrement dit le pouvoir sacerdotal et le pouvoir royal, qui avaient toute la confiance du Seigneur.
De plus, le Judaïsme postérieur a vu dans ce texte de Zacharie la prophétie de la venue du Messie et du Grand prêtre des derniers temps.

– Pour Jean, ces « 2 témoins » sont des figures allégoriques, qui sont certainement en rapport avec l’Evangélisation : celle-ci opère avec puissance, elle dérange et déclenche l’hostilité et la persécution.

Mais qui sont exactement ces 2 Témoins ? – Les exégètes se perdent en conjectures : Jean-Baptiste et Jésus ? Etienne et Jacques, les 2 premiers martyrs ? Pierre et Paul ? Des personnalités ou fonctions collectives, comme l’église enseignante et l’église exhortante ? La Royauté et le Sacerdoce réunis en 1 seule personne = Jésus ?

1/- Ils ont quelque chose de MOÏSE et d’ELIE (la Loi et le Prophétisme) – Or dans le judaïsme contemporain on les attendait comme précurseurs du Messie. Car ils devaient revenir : Moïse selon Dt. 18, 18, Elie selon Malachie 3, 23 et Siracide 48, 10 ; ou même les deux ensemble, comme en témoigne la Transfiguration (Mt. 17, 3).

– « changer l’eau en sang », c’est ce que fit Moïse (Ex. 7, 17) ; arrêter la pluie durant 3 ans, c’est ce que fit Elie (1 R 17, 1).

– ils sont invulnérables ; « vomir du feu contre les ennemis », cela rappelle le prophète Elie.

2/- Mais ils ont surtout quelque chose de Jésus (mort violente, tremblement de terre, résurrection). Quoi qu’il en soit de leur identification, ces évangélisateurs-témoins sont étroitement configurés à Jésus-Témoin, selon les deux sens du mot « témoignage » (à la fois proclamation d’une vérité et martyre).

– ils prophétisent durant 1260 jours (3ans 1/2) = temps limité,

ils rendent témoignage… d’abord d’une vérité : ce que fut Jésus, fils unique de Dieu, mort et ressus-cité, sauveur du monde. Pour Jean « témoignage » = souvent « martyre », mais ici c’est d’abord la prédication précédant le martyre.

– ils seront tués par la Bête qui monte de l’abîme = par Rome aux mains de Satan,

– tout le monde se réjouit de leur mort (cf. Jésus),
– leur corps reste sans sépulture 3 jours 1/2 sur la place publique de Sodome-Jérusalem (? énigme…)

– Après quoi, ils montent au ciel (allusion à la Résurrection de Jésus ? ou récompense anticipée des martyrs ?

tremblement de terre… 7000 tués… tous rendent gloire à Dieu,


– Elle sonne l’heure du triomphe définitif de Dieu et de son Christ, que le « Peuple de Dieu » (les 24 anciens) célèbre dans la jubilation.
Les 24 anciens, le véritable Israël, reconnaissent que la véritable Alliance s’est établie avec Jésus.
– « La Royauté du monde acquise à notre Seigneur et à son Christ » est une citation du Ps. 2, 2.
– « Toi qui es et qui étais« , Jean n’ajoute plus « et qui viens« … car Dieu est déjà là.
A la « colère des nations » répond la « colère de Dieu », c’est à dire la punition des impies, et c’est cela le 3ème malheur, malheur pour les méchants, bien sûr, et non pour les justes. Malheur surtout pour Israël endurci.
Le Temple dans le ciel s’ouvre, et apparaît l’Arche d’Alliance… L’Arche était un coffret de cèdre qui séjourna longtemps dans le « Saint des Saints » du Temple de Jérusalem. Il contenait les 2 Tables de la Loi + le Bâton de Moïse + un petit vase contenant de la manne d’autrefois lors du séjour au désert.
– Selon Exode 23, Moïse avait fabriqué l’Arche d’après un modèle qui se trouvait au ciel.
– Quand le Temple fut complètement détruit et incendié par Nabuchodonosor en -587, une tradition juive voulut que Dieu ait miraculeusement sauvé l’Arche et l’ait mis en réserve auprès de lui dans son ciel, et qu’un jour viendrait à la fin des temps où le ciel s’ouvrirait pour la faire apparaître à tout l’univers.
– le Temple s’ouvre en effet et l’Arche apparaît… Jean n’en dit pas plus, mais on peut deviner ce que cela implique dans sa pensée :

➡️ Plus de murs ni de portes ni de rideaux pour cacher le « Saint des Saints » : il est ouvert, tout le monde peut avoir accès à ce symbole de la présence de Dieu, donc à Dieu lui-même.

➡️ II s’agit d’une Arche d’Alliance, ce qui veut dire qu’une Nouvelle Alliance succède à l’Ancienne, ouverte maintenant à toutes les nations.
… Mais l’histoire continue, et l’Eglise va se heurter à un nouvel opposant redoutable, la Rome impie.

Fr Joseph

La prière

Témoigner de ma prière ? Pas facile si l’on songe qu’il s’agit du plus intime de notre vie mais l’Esprit Saint aidant, je vais tenter de mettre des mots sur cet indicible. Deux petits points en préambule si vous voulez bien parce qu’ils me semblent essentiels :

Tout d’abord, je vous parlerai en simple chrétienne (pour la partie personnelle) et non pas en « spécialiste » de la prière comme on le pense trop souvent des religieux(ses) en général. En effet, prendre du temps chaque jour pour prier a changé ma vie de chrétienne alors même que je ne pensais pas le moins du monde entrer dans un monastère. En second, se poser une question : quelle image de Dieu avons-nous au fond de notre cœur ? Pour un chrétien/ne, il ne peut y en avoir d’autres que celle dévoilée par Jésus : le Dieu de la Bible, notre Dieu et Créateur, est amoureux de nous, Il est fou de nous, de chacun d’entre nous, et la passion d’Amour qui L’anime entoure chacun en particulier mais débouche immanquablement sur tous nos frères/sœurs en humanité : Notre Dieu appelle Abraham seul mais en disant qu’en lui « seront bénies toutes les familles de la terre ».

Alors…qu’est-ce que prier pour moi ? C’est respirer Dieu. C’est prendre un temps d’absolue gratuité pour Lui. Est-il un amoureux qui me convaincra que prendre du temps pour l’autre est facultatif ? Non ! Il peut faire noir dans mon cœur ou couleur de soleil. Je peux « sentir » quelque chose ou non (attention à la recherche de sensations, ça peut être piégeant). Je peux bien m’appuyer sur un texte inspirant (Parole de Dieu, prière…) ou non ; ce qui prime avant tout, c’est ce temps que je Lui donne, à Lui qui est ce Dieu mendiant, continuellement à la porte de mon cœur, espérant…mais oui, espérant qu’une porte s’ouvre, que je vais Lui donner un peu de temps et qu’Il pourra me combler comme Il le désire ( les plus grands dons ne sont pas ceux qu’on « sent »). Je sais que ces moments de prière, surtout celui du matin, raniment en mon cœur comme un feu, celui de mon désir de Lui. Quand j’ai pris ce temps, il me suffit dans la journée d’un regard, une invocation, un appel au secours…qui sont autant de menus bois, propres à entretenir ce feu. Je n’en dis pas plus car, pour le reste, « Dieu enseigne la prière à Celui qui prie » (St Jean Climaque) mais j’aime me souvenir qu’on entendait St François balbutier : « Toi…Toi…Toi… » puisqu’il est bien vrai que « Devant Toi, ma bouche est muette et mon silence te parle » (du livre « L’imitation de Jésus Christ »).

Et en communauté ? Nous avons en effet un temps rythmé par les offices que je vis comme le ferait un veilleur, une sentinelle responsable de la sécurité de son lieu de vie, c’est-à-dire pour nous, de la terre entière. Notre prière rejoint celle de tous les monastères, des religieux/ses mais aussi de tous les chrétiens et même de tous les croyants de bonne volonté. Contrairement à la prière personnelle, je ne choisis pas les textes car il s’agit de la prière de l’Église, essentiellement des psaumes. Certains jours, ils sont en accord avec ma météo intérieure, à d’autres…pas du tout mais je les prie avec tous les enfants de Dieu qui sont en phase ou avec ceux qui n’ont même plus la force de les dire ou de les penser. Qu’importe ! Il y a au profond de l’humanité une nappe phréatique qui crie vers Dieu ses joies et ses souffrances. Nous sommes intimement liés les uns aux autres dans une communion qui m’émerveille quand j’en prends conscience. Des distractions ? Lorsqu’elles sont là malgré ma bonne volonté, je reviens au Seigneur et Lui donne la joie de mes retours comme l’a fait l’enfant prodigue de la parabole. Je lui dis tout bas : « Jésus, je n’en fais pas d’autres, pardon ! ». Quand il n’y en a pas, c’est que le Seigneur s’en est mêlé mais « nous n’y sommes pour rien » dit St Paul. Avec quelle joie je Lui dis merci !

Pour clore, je fais miens les mots du père André Sève qui disait en son temps : « la prière est un rendez-vous d’amour ou elle n’est pas »
Vite ! Prenez date !

Une soeur clarisse de Cormontreuil

« Sois béni, Seigneur, de m’avoir créée »

Une telle phrase, sortie de son contexte, peut nous surprendre et nous paraître, aujourd’hui, bien présomptueuse… Que voulait donc exprimer sainte Claire en la prononçant au moment de mourir ? S’adressant à elle-même, elle dit à son âme : « Pars en toute sécurité, car tu as un bon guide pour la route ; pars, car celui qui t’a créée t’a aussi sanctifiée ; il t’a toujours gardée et aimée d’un tendre amour, comme une mère aime son fils. Sois béni, Seigneur, toi qui m’as créée ! » (Vie 46)

Dans ces derniers mots, Claire rend grâce au Seigneur de lui avoir fait présent de la vie, mais, plus encore, elle loue son Créateur, Celui qui l’a façonnée avec amour et lui a donné place au sein de la Création.

A aucun moment, elle ne cherche à tirer orgueil de ce qu’elle est par elle-même. C’est bien plutôt un gage d’humilité : Claire se reconnaît comme créature, voulue et modelée à l’image et à la ressemblance de Dieu ; c’est ainsi qu’elle peut s’accepter et aimer en elle ce que le Père a déposé.
C’est le sens même du psaume 138 : « C’est toi qui m’as formé les reins, qui m’as tissé au ventre de ma mère ; je te rends grâce pour tant de prodiges : merveille que je suis, merveille que tes œuvres. » (Ps 138, 13-14)
Claire ne diffère pas de François, lui qui « se réjouissait pour tous les ouvrages sortis de la main de Dieu », « remontait jusqu’à celui qui est la cause, le principe et la vie de l’univers », et « poursuivait à la trace son Bien-Aimé en tout lieu de sa création » (2 Cel 165). Elle, aussi, a cette capacité à percevoir en toute créature la tendresse et la bonté du Créateur pour chacune de ses œuvres. Ainsi peut-on lire dans le procès de sa canonisation : « Lorsque la très sainte Mère envoyait au dehors les sœurs quêteuses, elle les exhortait à louer Dieu chaque fois qu’elles verraient de beaux arbres fleuris et feuillus ; et elle voulait qu’elles fissent de même à la vue des hommes et des autres créatures, afin que Dieu soit loué pour tout et en tout. » (Pr 14,9)

Cette intimité avec le Père, elle l’expérimente également dans sa contemplation du Christ. Comme elle l’écrit dans ses Lettres à Agnès de Prague, le Christ est le miroir qui rend visible le Seigneur Dieu, il est « la splendeur de la gloire éternelle, l’éclat de la lumière éternelle et le miroir sans tache. » (4 LAg 14) Dans sa 2ème lettre, elle exhorte Agnès à regarder le Christ, à le méditer, à le contempler et à n’avoir d’autre désir que de l’imiter. Le contempler, c’est se laisser transformer par lui, en lui. C’est devenir à son tour miroir pour les autres, reflet de la divinité dans ce monde et pour ce monde. « Pose ton esprit devant le miroir de l’éternité, pose ton âme devant la splendeur de la gloire ; pose ton cœur devant l’effigie de la substance divine et transforme-toi tout entière par la contemplation en l’image de la divinité elle-même ». (3 LAg 13-14)

Sœur Aimée dira de Claire: « …lorsqu’elle revenait de l’oraison, son visage paraissait plus clair et plus beau que le soleil ». (Pr 4, 4)
Comme dans toute existence humaine, Claire a connu des difficultés et des souffrances, mais l’espérance et la joie l’ont toujours animée. Joie et allégresse de se faire la servante du Seigneur, joie de suivre les traces du Christ jusque dans sa pauvreté et son humilité. « O bienheureuse pauvreté, qui prodigue des richesses éternelles à ceux qui l’aiment et la pratiquent ! O sainte pauvreté, en échange de laquelle Dieu offre et promet formellement le Royaume des cieux, la gloire éternelle et la vie bienheureuse ! O chère pauvreté, que le Seigneur Jésus Christ a daigné préférer à toute autre chose, lui qui, de toute éternité, régnait sur le ciel et la terre, lui qui a parlé et tout a été fait ! » (1 LAg 15-17) N’avoir rien en propre, se libérer de toute attache, de toute entrave, pour marcher sûre, joyeuse et alerte, d’un pas léger, d’une course rapide sur le chemin de la Béatitude (2 LAg 12-13). Ainsi peut-elle aimer totalement celui qui s’est livré tout entier par amour, celui qui est le seul Bien, le Bien total.

En femme de conviction, elle a dû batailler ferme pour obtenir du pape le privilège de la pauvreté, privilège qu’elle a le bonheur de recevoir peu avant de s’éteindre.
Au moment de quitter ce monde, sa joie devient un chant de louange pour celui qui l’a créée, qui l’a toujours accompagnée et qui l’aime comme une mère aime son enfant. C’est donc dans la joie et la confiance qu’elle s’apprête à rejoindre le Père. Ses dernières paroles sont une action de grâce pour son Créateur, dont l’amour transfigure toute chose et tout être et qu’elle va pouvoir contempler, éternellement, non plus dans le miroir mais dans le face à face.

Qu’à l’exemple de Claire et de François, nous puissions nous aussi, chaque jour, louer le Seigneur dans toute sa Création et le bénir pour tous les bienfaits dont il nous a comblés, faisant de chacun, chacune, un être unique, une merveille, un reflet de l’amour miséricordieux du Père, Lui, « le dispensateur de la grâce ».

P. Clamens-Zalay

Prière novembre

L’art des petits pas

Seigneur, apprends-moi l’art des petits pas.
Je ne demande pas de miracles ni de visions,
mais je demande la force au quotidien.
Rends-moi attentif et inventif pour saisir au bon moment
les connaissances et expériences qui me touchent particulièrement.
Affermis mes choix dans la répartition de mon temps.
Donne-moi de sentir ce qui est essentiel et ce qui est secondaire.
Je demande la force, la maîtrise de soi et la mesure,
que je ne me laisse pas emporter par la vie,
mais que j’organise avec sagesse le déroulement de la journée.

Aide-moi à faire face aussi bien que possible à l’immédiat
et à reconnaitre l’heure présente comme la plus importante.
Donne-moi de reconnaître avec lucidité que la vie s’accompagne
de difficultés, d’échecs, qui sont occasion de croître et de mûrir.
Fais de moi un homme capable de rejoindre ceux qui gisent au fond.
Donne-moi non pas ce que je souhaite, mais ce dont j’ai besoin.
Apprends-moi l’art des petits pas !

D’après Antoine de Saint-Exupéry

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L’après guerre a vu éclore de nombreux cabarets sur la rive gauche de la Seine, dans des boutiques abandonnées, des arrière-salles de bistrot ou des caves dont la précarité provoquerait aujourd’hui des convulsions à nos frileux inspecteurs de la sécurité, si l’embourgeoisement de Paris n’avait pas réglé autrement la question. À l’opposé des cabarets de la rive droite où le spectacle ne devait pas gêner le dîner ni les conversations d’un public aussi cossu que béotien, les deux centaines de cabarets disséminés du quartier Saint-Germain au quartier Saint-Michel (le quartier latin) offraient dans leurs écrins de quatre sous bien après le dîner et jusque tard dans la nuit des spectacles variés, inventifs, sans apparat ni afféterie à une population avide des rencontres et des nourritures poétiques, musicales et intellectuelles dont la guerre l’avait frustrée.

La musique américaine s’était déjà implantée ; son jazz avait influencé certains artistes comme Charles Trenet ou Ray Ventura et continuait d’inspirer des musiciens tels que Boris Vian qui fut un honorable trompettiste avant de devenir trop brièvement un grand auteur-compositeur. Mais cette musique, tout appréciée qu’elle était, restait américaine, et chanteurs et public de la rive gauche se coulaient sans le savoir, c’est-à-dire naturellement, dans la tradition d’une chanson qui n’éprouvait alors aucun besoin de préciser qu’elle était française : c’était simplement la chanson, qui se renouvelait tout en renouant avec les précédents lointains des « goguettes » et des « caveaux » sans nécessairement les connaître. Le contact direct, la promiscuité entre artistes et public et du public avec lui-même, l’accompagnement instrumental élémentaire, l’absence de sonorisation, d’effets d’éclairage, de mise en scène (par défaut fréquent de scène), tous ces caractères du cabaret rive gauche ne laissaient à ses artistes qu’une seule ressource : la force des chansons et de leur interprétation, lesquelles ne pouvaient alors faire l’économie de la narrativité qui exclut tout bavardage, qu’elle fût réaliste, poétique ou d’une fantaisie débridée. C’était une école extrêmement exigeante et rigoureuse tant pour l’écriture que pour la prestation scénique dont on apprenait les métiers par de longues années de pratique et d’échange entre artistes si mal payés que beaucoup grappillaient de quoi vivre en courant d’un cabaret à l’autre dans la même nuit, y compris sur la rive droite où l’on ne se rendait qu’avec un peu de honte, pour la rondeur relative de ses cachets. Tous les grands et petits noms qui firent la richesse extraordinaire de la chanson dans le troisième quart du siècle dernier se formèrent à cette école. Le public se retrouvait en eux de plain-pied dans son besoin de renouveau, d’invention de nouvelles normes pour le monde en reconstruction, jusqu’à des aspirations libertaires en réaction au vieux monde qui s’était auto-détruit, avec une urgence de vivre qu’attisaient la guerre froide et les guerres coloniales menées par la France au mépris des peuples et de sa jeunesse. Puis les cabarets s’éloignèrent quelque peu des bords de Seine, où leur rébellion s’épuisait dans un existentialisme germanopratin devenu snobisme, pour gravir les flancs de la Montagne Sainte-Geneviève jusqu’à la Contrescarpe. La plupart des artistes lorgnaient alors vers le music-hall dont ils espéraient plus d’argent, plus de gloire, et commençaient à considérer le cabaret qui les avait formés comme un pis-aller, une solution d’attente de plus en plus mal vécue où les remplaçaient des aspirants vedette moins aguerris et peu conscients de devoir apprendre. C’est alors que déferla la vague yéyé, véritable ras de marée de l’industrie musicale américaine où frayaient de très jeunes chanteurs aux dents longues et aux idées courtes — pour paraphraser Johnny Halliday (pur produit de la vague) un peu plus tard. Quelques auteurs et compositeurs qui s’étaient plus ou moins affirmés sur la rive gauche retournèrent leur veste et tirèrent les marrons du feu avec un cynisme dont Gainsbourg fait impudemment état au cours du film devant une Denise Glaser courtoisement atterrée. Dès lors, avec la généralisation de la télévision, des moyens de diffusion et de reproduction mécanique, de la promotion publicitaire au volume inédit, et aussi du fait de l’embourgeoisement de son public qui s’en détournait pour des raisons qui restent à étudier, les jours du cabaret rive gauche étaient comptés. Entre-temps, Gréco, au visage pourtant si charmant, s’était fait refaire un nez passe-partout. Plus significativement que lorsque Aznavour en fit de même, la face du monde en fut changée, en moins séduisante, si bien que l’on a plaisir à retrouver son visage authentique sur les images d’archive de cet excellent documentaire (Arte, 2012) dont le refus de s’appesantir dans la nostalgie n’est pas le moindre des mérites. On pourrait toutefois regretter que n’y soit pas creusée davantage l’analyse des raisons — plus convaincante que celle d’un épuisement naturel — pour lesquelles cette merveilleuse effervescence collective se conclut si tristement au tournant de mai 68. L’étiquette « rive gauche » accolée avec dédain devint alors la plus infamante des injures dans la bouche des entrepreneurs du show-business. Leurs tâcherons s’empressèrent donc d’oublier qu’ils en venaient, qu’ils y avaient tout appris, qu’ils y avaient jalousé et imité des collègues sur lesquels ils déversaient maintenant leur mépris de parvenu.

Alors que toutes les interventions dans le film ne sont pas dénuées de cabotinage, celles du regretté poète Henri Gougaud disparu il y a peu, toujours d’une tranquille et fine lucidité, méritent d’être écoutées avec la plus grande attention. On pourrait se prendre à penser que si la chanson dite française est aujourd’hui écrasée par la grosse machine industrielle anglo-saxonne, c’est peut-être, entre autres causes à ne pas négliger, parce qu’une trop grande partie de nos artistes lui ouvrirent grand la porte en abdiquant leur rôle social et leur originalité culturelle pour devenir de maladroits imitateurs. Mais la chanson exprime un besoin humain immémorial d’enracinement collectif que les marchandises de l’industrie ne satisfont que très superficiellement, c’est-à-dire autant que le hamburger nourrit. Un jour, inévitablement, renaîtra un mouvement qui ressemblera sans le savoir à celui du cabaret rive gauche. Ce sera forcément autre chose, et sans doute pas à Paris, qui n’a plus de peuple sur aucune de ses rives.

Jean Chavot


L.Belvaux, Les Tourmentés, Folio, Paris, 2024, 346 pages.
8,90 €.

Les Tourmentés est le premier roman de l’acteur-réalisateur belge Lucas Belvaux. De multiples récompenses ont couronné ce livre qui déploie une intrigue pour le moins originale voire sordide. Trois personnages, deux légionnaires et une veuve fortunée passent un contrat scabreux. Le soldat Skender revenu traumatisé des guerres qu’il a menées. Habitué à voir la mort, à la donner, il ne peut reprendre une vie paisible, convenue, avec sa femme et ses fils. Condamné à errer, à vagabonder jusqu’à rencontrer Max, son ancien compagnon de combat. Ce compère képi blanc a refusé de sombrer dans la déchéance sociale et affective et s’est mis au service d’une riche veuve. Il est avec elle toute la journée et lui sert de majordome. Dix ans après que le licenciement des mercenaires est survenu, Max recherche Skender pour lui proposer, contre une belle somme d’argent de contribuer à satisfaire la passion de « madame » : la chasse. Mais cette chasse sera une chasse à l’homme lors de laquelle il sera traqué par la veuve armée et accompagnée de ses chiens. Perspective alléchante pour un homme sans avenir, sans un sou, incapable de s’occuper de ses deux fils. Quelle que soit l’issue de cette poursuite cynégétique, il gagnera trois millions. Trois millions : le prix d’une vie ; mais la vie aurait-elle une valeur si l’humain était immortel ? Pour « madame » qui a tout tué sauf un homme, tuer est un jeu pour tromper l’ennui, elle a un peu du Langlois de Giono[1]. Pour lui, ce fut un métier, une façon de gagner de l’argent. Le gibier ne sera pas un leurre banal mais un gibier apte à survivre en milieu hostile, à se défendre, à se cacher. Désormais, il peut mourir pour que ses enfants aient une vie heureuse. La traque est programmée six mois après la conclusion du contrat et se déroulera sur un immense domaine que la châtelaine possède en Roumanie. Max sera l’« arbitre de leur folie », soucieux du respect des règles établies pour le bon déroulement de cette partie de chasse qui doit durer un mois, mois durant lequel le gibier a le droit de se défendre, mais pas de s’armer.

Le roman est celui de ces six mois ; quelles relations se noueront durant ces mois d’attente ? Les sentiments, les atermoiements, les angoisses, les peurs, les états d’âme, les questions des trois protagonistes s’enchevêtrent au fil de phrases courtes voire lapidaires. 

Quel plaisir ressentir à traquer un homme ? Quels ressorts trouve la proie pour survivre ? Quels fantômes hantent les tourmentés ?  Fugitivement, interviennent la femme de Skender et un de ses fils, ignorant tout du contrat ; et si, la vie offrait une issue ? Le récit est constitué d’une enchaînement de soliloques qui révèlent les pensées de chacun, alternant au fil des chapitres. Les motivations des personnages se dévoilent, leur passé trouble et leur avenir incertain se révèlent.

Progressivement, les phrases s’allongent, lorsque les sentiments éclipsent furtivement l’action ; peut-être le prélude à un apaisement ? L’issue paraît inéluctable ; mais l’est-elle vraiment ?  

Un coup de maître inspiré des Chasses de comte Zaroff[2] ; un roman haletant dans lequel le suspense est envoûtant. Skender y raconte-t-il sa vie ou sa mort ?

Érik Lambert.


[1] J. Giono, Un Roi sans divertissement, 1947. La dernière phrase du roman est empruntée à Pascal : « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères, indiquant ainsi l’interrogation moraliste de l’auteur qui veut montrer que l’homme pour sortir de son ennui existentiel par le divertissement peut aller jusqu’à la fascination du Mal. 
[2] Film d’Ernest B. Schoedsack, 1932. Adaptation d’une nouvelle de Richard Connell, The Most Dangerous Game (1924).

événements novembre

‼️ Formation en présentiel ou distanciel ‼️

6 jeudis à partir du 7 novembre 2024 et jusqu’au 23 janvier 2025, de 17h à 19H

➡️ 12 h de formation : 6 jeudis à partir du 7 novembre 2024 et jusqu’au 23 janvier 2025, de 17h à 19H

Quand 👉 Les jeudis 7 novembre, 21 novembre, 5 décembre et 19 décembre 2024, 9 janvier et 23 janvier 2025, de 17h à 19h
Formation 👉 par François DELMAS-GOYON à la Faculté Loyola (anciennement Centre Sèvres).
Où 👉 En présentiel au 35bis, rue de Sèvres, 75006 Paris
Inscription 👉 site de la faculté Loyola
Tarif 👉 144 € – Possibilité de tarifs réduits.


➡️ Cours en ligne : durée 15h

Quand 👉 du Mercredi 06 Novembre au Mercredi 11 Décembre 2024.
Proposition de regroupement en visio le mercredi de 19h30 à 20h15.
Formation 👉 Par Frédéric-Marie LE MEHAUTE
ingénieur, frère mineur depuis 2004, docteur en théologie.
Inscription 👉 site de la faculté Loyola
Tarif 👉 130 € – Possibilité de tarifs réduits.


Quand 👉 Du jeudi 29 mai vers 17h, avec la participation à la messe de l’Ascension, au dimanche 1er juin 2025 matin.

Au programme :

  • Approche historique, philosophique et théologique du cantique des créatures.
  • Ecologie intégrale : Cri de la terre et cri des pauvres.
  • Actualité du Cantique des créatures.
  • L’émerveillement et la louange
  • des ateliers : Louer en prenant soin de la création
  • des activités pour les enfants et les jeunes.

Programme détaillé, coûts (jusqu’au 17 janvier 2025) et modalités d’inscription 👉 C’est Ici

Les « Béatitudes »

La liturgie catholique, pour la fête de la Toussaint, nous invite à redécouvrir le texte des Béatitudes.
Que signifient-elles dans notre présent, profondément habités que nous sommes par la quête du bonheur ? Comment les comprenons-nous ? En terre d’Israël, les Béatitudes, c’est une montagne et au cœur de nos existences, c’est un projet.

Mon but n’est pas de vous faire rêver mais, malgré les débordements du mal, de faire porter vos regards sur la vie espérée et sauvée pour tant d’individus et de groupes de notre société. Malgré les tensions qui blessent et qui tuent, les yeux sont éblouis et le cœur touché par tant de gestes d’amour que la vie porte autour de nous. Le Bien chimiquement pur n’existe pas sur la Terre, dans le réel que nous connaissons. Le mal et le Bien se partagent le monde où combattent et se manifestent à la fois la réalité dévastatrice de l’un et la force constructive de l’autre, l’énergie spirituelle qui inspire et soutient les accompagnants, les aidants, les bénévoles… tous d’une magnifique exemplarité, dans tous les domaines. Nous ne pouvons certes ignorer le mal, si bruyant, si écrasant, mais nous pouvons encore moins le laisser étouffer la voix du Bien, le murmure de son eau vivifiante qui pénètre toute chose de sa douce puissance pour lui donner réalité et vie. La salutation franciscaine « Paix et Bien » est pour nous une parole créatrice qui stimule et réconforte, un souhait étendu à tous, à commencer par ceux qui sont maltraités, c’est-à-dire victimes de telle ou telle atteinte du mal. « Paix et Bien » est une expression concentrée de l’Amour qu’est Dieu, transmis dans l’Évangile. Nous croyons à la source heureuse de la Vie qui, par la création, féconde le Bien. L’Esprit nous inspire pour développer et sauver le Bien. Mais ce n’est pas magique, car il faut y œuvrer, et compter avec l’incontournable facteur du « temps » pour mettre la création en bon ordre. Le synode en est une illustration. Comme dans la société, le mûrissement, la patience, la négociation sont autant de mouvements qui accompagnent celui de la vie.

Bien avant nous, Jésus a pris dans sa vie terrestre le risque d’une vie donnée, cela dans une période elle aussi difficile. L’histoire de l’humanité dépasse nos histoires personnelles car nous sommes témoins et messagers d’une vision positive du monde. Au-delà de la montagne en terre d’Israël, les Béatitudes sont notre horizon, notre avenir. Dès maintenant, il nous est possible de reconnaître ce projet et d’en faire le guide de nos existences. Des étincelles de bonheur scintillent çà et là et c’est déjà le bonheur en Dieu.

« Paix et Bien »
Fr. Thierry autour de la fête de Toussaint 2024