« Des ténèbres à son admirable lumière » – Saint François d’Assise Un temps fort pour vivre ensemble le mystère pascal, de la croix à la résurrection. Retraite animée par Fr .Joseph BANOUB, O.F.M. avec les sœurs de St François d’Assise
Découverte du Maroc et retraite spirituelle à Tazert
5 jours de découverte du Maroc, rencontre avec les habitants du village
4 jours de retraite spirituelle avec la Fraternité de Tazert la Visitation BP 234 43350 SIDI RAHAL –
Prix sur demande : tel (00212) 6 10 04 28 00 Inscriptions et informations : animation.tazert@gmail.com https://www.soeurs-saint-francois-assise
Lourdes 2025
8ème centenaire du Cantique des créatures Une approche écologique franciscaine
Pour célébrer le 8ème centenaire du cantique des créatures, la fraternité franciscaine séculière vous invite à un grand rassemblement à Lourdes avec toute la famille franciscaine et au-delà. Quand Du jeudi 29 mai vers 17h, avec la participation à la messe de l’Ascension, au dimanche 1er juin 2025 matin.
Au programme : • Approche historique, philosophique et théologique du cantique des créatures. • Ecologie intégrale : Cri de la terre et cri des pauvres. • Actualité du Cantique des créatures. • L’émerveillement et la louange • des ateliers : Louer en prenant soin de la création • des activités pour les enfants et les jeunes.
Programme détaillé, coûts et modalités d’inscription : C’est ici
Tard je T’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je T’ai aimée Et voici que Tu étais au-dedans, et moi au-dehors, Et c’est là que je Te cherchais ; Je me jetais, moi difforme, sur ces belles formes que Tu as faites. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec Toi. Me retenaient loin de Toi ces choses qui, sans Toi, ne seraient pas. Tu m’as appelé, et Ton cri a forcé ma surdité. Tu as brillé, et Ton éclat a chassé ma cécité. Tu as exhalé Ton parfum, je l’ai respiré, Et je soupire après Toi. Je T’ai goûté, et j’ai faim et soif de Toi. Tu m’as touché, et je me suis enflammé du désir de Ta paix.
Le 15 février dernier, Philippe Pierre, ancien DRH dans de grandes entreprises et aujourd’hui consultant et formateur très apprécié dans les milieux de l’entreprise (https://philippepierre.com), nous a fait l’amitié d’intervenir avec Michel Sauquet à Fontenay-sous-Bois, autour du thème de l’intelligence de l’Autre. Les membres des fraternités présentes ont particulièrement apprécié son apport et constaté à quel point nous avons besoin, pour enrichir notre spiritualité, du détour par des regards extérieurs à l’Ofs, qu’ils soient de croyants ou d’agnostiques. Nous lui avons demandé de dire en quoi le franciscanisme l’a intéressé.
Michel Sauquet : Philippe, comment vois-tu le franciscanisme et l’influence du fait religieux en entreprise ?
Philippe Pierre : Je le vois comme une invitation à la mesure et à la compréhension mutuelle. Je ne suis pas croyant mais je considère que toute personne est une histoire sacrée et que l’étranger est un ami que l’on ne connait pas encore.
Le fait religieux en entreprise amène des questions que l’on peut résoudre avec de l’intelligence et de la volonté à propos de différences de rites alimentaires, de manières de se saluer, de manières de se vêtir, de normes de politesse à décoder et décrypter… En permanence. Au final, la République et la laïcité nous rassemblent en indiquant le chemin souhaitable. Un principe qui refuse qu’une personne affiche son appartenance à un collectif restreint, sa « communauté », pour n’avoir nul compte à rendre à la nation, voire au genre humain. Un principe qui appelle à la mise entre parenthèses de ce qui nous différencie au profit de ce qui nous unit.
MS : Qu’est-ce qui t’a amené à t’intéresser au franciscanisme ?
PhP : Surtout tes livres et nos dialogues. Et je t’en remercie. Alors que je viens du monde des entreprises privées et toi du domaine de l’humanitaire, j’ai pu confirmer – dans notre collaboration – que nous avions de communes aspirations, et notamment les mêmes inquiétudes sur les dangers de méthodes et de discours uniques, la même volonté de mettre en débat une question interculturelle souvent trop chargée, de références nationales qui enferment (tous les « Chinois » ou « Coréens » travaillent comme cela, les « Italiennes » ou les « Maliennes » ont d’abord ce type de comportement quand on les approche…). Nous voulons dépasser les dualismes[1].
Je vois dans le franciscanisme une occasion de contester des réflexes communautaires victimaires. Le franciscanisme me semble produit par la rencontre et non la simple mise en présence. Tolérer, c’est vivre côte à côte, sans véritablement chercher à se connaitre. On se tolère. Cela amène à se dérober…
Le franciscanisme m’intéresse car il invite à reconnaitre et à couronner cette maxime : pour être proche, il faut s’approcher… Je le comprends d’abord comme un art de la rencontre et du dialogue, face au loup de Gubbio, aux brigands, aux lépreux, au Sultan…
MS : Tu veux dire qu’une rencontre est davantage qu’un rendez-vous ?
PhP : Oui. Un rendez-vous, on l’encarte dans un agenda. Une rencontre, c’est d’abord une posture d’accueil à l’inconnu. En suis-je capable ? Le franciscanisme nous montre que beaucoup de contradictions sont de fausses contradictions : il ne s’agit pas d’une juxtaposition d’éléments totalement contraires, mais plutôt d’éléments hétérogènes qu’une suspension de jugement pourrait aider à résorber, qu’une posture interculturelle pourrait élucider et enrichir. Précisément parce qu’une posture interculturelle nous apprend qu’il n’y a pas de situation où A et B sont incompatibles parce qu’ils n’ont pas de cadre ou de référent commun, appartiennent à deux mondes qui ne se rencontrent pas. On mésestime le pouvoir d’élucidation des humains quand il s’agit de comprendre les raisons d’agir de l’autre. On surestime même « cette part de la réalité qui nous échappe si nous demeurons passifs[2] ».
L’Autre n’est autre que par l’effraction qu’il ouvre. C’est ce que je comprends du message de François. Le frère Gwénolé Jeusset, dans Saint François et le Sultan écrit : « il ne s’agit nullement de se mépriser et de canoniser celui d’en face, mais de traverser la rue et de lui serrer la main en espérant un partage ». La rencontre est donc disposition d’accueil, forme psychique aimantée par la réciprocité de véritables fluides et énergies… A l’opposé de la consommation de relations feintes, comme celles que nous proposent le plus souvent une certaine télévision et un type d’Internet. La représentation d’un homme substituable, interchangeable, flexible, mobile, jetable.
La rencontre est un appel à une réflexion sur soi-même. Et du reste, en nos sociétés, ce n’est peut-être pas le désir d’affirmer la supériorité de son désir de reconnaissance qui est le fondement de la lutte des hommes mais le désir plus secret d’échapper au mépris dans la présentation de soi. Or une société juste permet à l’homme d’échapper au mépris. Et « le rôle de la politique », écrit Alain Ehrenberg, « dans un âge de subjectivité généralisée ne consiste pas à s’occuper des âmes ou des inconscients, à définir le bien commun, mais à régler les rapports entre les hommes de telle sorte que les articulations entre souci pour soi et pour autrui soient facilitées[3] ».
MS : Quelles sont les valeurs du franciscanisme que tu as repérées comme pouvant inspirer le management ?
PhP : François m’apparaît médiateur entre des mondes à mille lieues les uns des autres. Or, une entreprise, c’est un projet de socle commun avec des personnes qui discutent des principes et veulent comprendre pourquoi. Pourquoi on agit comme cela, pour quoi on évalue nos performances comme cela… Aussi, beaucoup de messages forts issus du franciscanisme peuvent influencer des pratiques managériales au quotidien. J’en vois deux principaux.
D’abord, faire preuve de volonté. « Vouloir vouloir… » disait un philosophe[4]. Je crois que l’espace du travail, si exigeant, appelle à refuser le fait de donner la même chose à chacun quel que soient les efforts consentis. Le risque du nivellement. Non, l’horizon pour moi, doit être celui de l’équité : identifier et assumer dans nos équipes de travail des différences qui profitent à toutes et tous.
Travailler, c’est se confronter au réel et vouloir dépasser la contrainte. Emmanuel Mounier remarque que « tant que furent ignorées les lois de l’aérodynamique, les hommes rêvèrent de voler ; quand leur rêve s’inséra dans un réseau de nécessités, ils volèrent. Sept notes sont un étroit registre : et cependant sur ces sept notes, plusieurs siècles d’invention musicale se sont déjà établis. Qui prend argument des fatalités de la nature pour nier les possibilités de l’homme s’abandonne à un mythe ou tente de justifier une démission »[5].
Ensuite, former au doute constructif : pour promouvoir une véritable intelligence de l’autre, il faut en finir avec les certitudes conquérantes et endosser — la pandémie nous y a incité — une culture de l’incertain. Il nous faut en permanence questionner nos certitudes culturelles, comprendre que nos évidences ne sont pas forcément celles de l’autre, que derrière nos mots, l’autre met peut-être autre chose que nous, que nous n’avons pas tous les mêmes rapports au temps, à l’espace, au statut social, à l’autorité, pas la même manière de gérer les conflits, pas les mêmes modes de communication interpersonnelle…
Il s’agit de passer d’une logique du « ou » (toi ou moi, tes méthodes, tes références ou les miennes, et l’un doit prendre le pas sur l’autre) à une logique du « et » (que nous nous soyons choisis ou non, quel commun pouvons-nous trouver entre nous, quels repères communs sur lesquels nous pouvons nous appuyer nous aideront à vivre et travailler ensemble ?) Nous devons avoir l’humilité de reconnaître que nous ne savons pas tout de l’autre, nous faire expliquer la façon dont il raisonne ; en rabattre sur nos certitudes sur ce qui est bien ou mal dans l’autre ; distinguer l’essentiel de l’accessoire, et, au total, pratiquer une « négociation socioculturelle » : comment, sans abdiquer ses propres valeurs et sans mettre l’autre sur un piédestal, trouver des terrains d’entente ?
Comme l’écrivait Jean Cocteau : « Ce qui caractérise notre époque, c’est la crainte d’avoir l’air bête en décernant une louange et la certitude d’être intelligent en décernant un blâme. »
[1] : Philippe Pierre et Michel Sauquet, L’archipel humain. Vivre la rencontre interculturelle, ECLM, 2022. [2] : Gabrielle Halpern, Tous centaures ! Éloge de l’hybridation, Le Pommier, 2020, p. 15. [3] : Alain Ehrenberg, L’individu incertain, Calmann Lévy, 1995. [4] : Philippe Pierre et Michel Sauquet, Abécédaire interculturel. 50 mots à prendre en compte par temps d’intolérance, ECLM, 2024. [5] : Emmanuel Mounier, Le Personnalisme, PUF, 2016, p. 24.
La trinité infernale : Avant d’étudier cette nouvelle section, revenons sur les 2 chapitres précédents, en conclusion desquels s’impose une constatation étonnante : nous avons vu apparaître une véritable caricature de la trinité chrétienne, en la personne du Dragon, de la Bête de la mer, et de la Bête de la terre, répliques impies du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’est intentionnel chez Jean.
Le DRAGON, figure mythique par excellence de l’opposition à Dieu, servait déjà de symbole dans l’A.T. pour qualifier Pharaon ou le roi de Babylone ; d’où son emblème royal. Sans avoir une puissance égale à celle de Dieu, le Dragon exerce son pouvoir sur terre – Surtout il est la réplique du Père, puisqu’il est à l’origine du surgissement des 2 bêtes, comme le Père engendre le Fils et l’Esprit Saint.
La BETE de la MER a reçu du Dragon » toute sa puissance, son trône et son pouvoir immense » (13, 2). Cette investiture est une véritable parodie de celle qui fut si solennellement conférée à 1’Agneau au chapitre 5, 9-14. « L’une des têtes de la Bête était comme immolée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie » (13, 3) : ici encore, parodie évidente de l’Agneau apparaissant » comme égorgé » mais glorieusement vivant au chapitre 5 verset 6.
La BETE de la TERRE a 2 cornes comme un agneau. Elle « parle comme un dragon « , c.-à-d. que l’origine de son message vient du Dragon, comme celui de l’Esprit Saint vient du Père. Mais elle est entièrement au service de la 1ère bête, singeant ainsi ce que l’évangile de Jean disait de l’œuvre de l’Esprit Saint, tout au service du Fils : » II ne parlera pas de son propre chef, mais il vous communiquera ce qui vient de moi » (Jn. 16, 13) – Par ex. :
la 2nde Bête amène toute la terre à adorer la 1ère Bête, dont elle fait reconnaître l’étonnante guérison = démarquage évident de l' »évangélisation », qui consiste à faire confesser la résurrection et la divinité du Christ.
elle accomplit de grands prodiges et fait descendre le feu sur la terre, allusion probable au feu de la Pentecôte et aux miracles qui accompagnèrent la toute première évangélisation.
On retrouvera cette trinité infernale en Apocalypse 16, 13 et 20, 10.
L’annonce du jugement (14, 6-20)
Toute Apocalypse comporte les éléments suivants : 1) Une annonce du jugement par Dieu des persécuteurs à la fin des temps, 2) L’annonce de signes avant-coureurs de ce « jugement », sous forme de « malheurs », 3) Enfin et surtout la promesse solennelle que les fidèles sont déjà au-delà du jugement, déjà sauvés. Or nous avons ici un résumé de la façon dont s’accomplira cette fin des temps, en quelque sorte une anticipation du jugement.
Accueil des étrangers : vers un retour à l’Évangile ?
Quel paradoxe ! Oui, paradoxe de la division des chrétiens quant à leur attitude sur l’accueil des étrangers dans notre pays, alors que les textes qui alimentent notre foi appellent constamment à cet accueil et ne laissent pas la moindre marge d’hésitation dans ce domaine. Ainsi l’Ancien Testament ne cesse-t-il de rappeler au peuple juif son passé de déracinement (« Tu ne molesteras pas l’étranger ni ne l’opprimeras, car vous avez été vous-mêmes étrangers au pays d’Égypte[1] »), et de décrire des situations d’errance, d’exil, évoquant notamment la situation d’Abraham, toujours étranger en terre nouvelle. Ainsi le Nouveau Testament offre-t-il aux étrangers une place privilégiée, non seulement ceux des peuples voisins (la Samaritaine du puits, le bon Samaritain, etc.) mais aussi les envahisseurs (le centurion romain par exemple). Plus encore : de l’accueil de l’étranger dépend le salut du croyant (« J’étais étranger et vous ne m’avez pas accueilli[2] »).
D’autres religions, d’ailleurs, ne sont pas en reste : le Coran prône par exemple le devoir d’hospitalité comme un héritage d’Abraham, qui accueillit royalement chez lui des hôtes étrangers dont il ignorait qu’ils étaient des envoyés divins. La sollicitude à l’égard de l’étranger est également présente dans la sagesse bouddhiste – « Autour du feu, il n’y a plus ni hôte, ni invité » – et dans l’hindouisme : « Tu fais des prières à ton Dieu, mais quand un homme frappe à ta porte, si tu l’ignores, ta prière est une impiété[3] ». En Afrique, l’étranger est, dans les cultures bantoues, un envoyé. Son message pourrait venir de l’au-delà et apporter une information nouvelle et importante. C’est pourquoi il est accueilli avec un mélange de curiosité et de vénération[4].
Sans aller jusqu’aux dangereuses extravagances de Donald Trump dont le premier acte, après avoir juré sur la Bible en janvier a été d’engager l’expulsion d’un maximum d’étrangers, ou de son vice-président pour qui le concept chrétien d’amour signifie « d’aimer d’abord sa famille et puis ses voisins, et puis sa communauté, et puis ses concitoyens et seulement après de donner priorité au reste du monde[5] », de plus en plus nombreux sont les catholiques de notre pays — y compris dans les cercles de pouvoir — qui invoquent, pour justifier leur résistance à l’accueil d’étrangers, un luxe d’arguments plus ou moins acceptables. Lorsque l’on est, comme beaucoup d’entre nous, bien logés et bien nourris, on ne peut pas ironiser sur la crainte d’une concurrence portant sur le logement, l’emploi ou la protection sociale. En revanche, les réactions identitaires (peur de perdre notre « identité française », de voir notre religion submergée par d’autres, etc.) sont le plus souvent chargées d’une xénophobie et d’un racisme en opposition radicale avec l’idéal évangélique. Quant à tous ceux qui mettent en avant les menaces sur notre sécurité, ils versent facilement dans des amalgames et des stigmatisations, encore une fois peu évangéliques, et surtout ils oublient que les migrants eux-mêmes, particulièrement les mineurs non accompagnés, sont pour la plupart dans des situations de grave insécurité.
Reste la surexploitation de la fameuse phrase de Michel Rocard lorsqu’il était premier ministre dans les années 1990 « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », phrase dont on omet régulièrement de signaler qu’elle était prolongée par la nécessité de traiter déjà le mieux possible la part de cette misère qu’elle a déjà. Cette prudence, ce prétendu réalisme est-il quant à lui compatible avec l’esprit de l’encyclique Fratelli Tutti du pape François quand on sait les conditions dans lesquelles sont refoulés sans ménagement ou parqués dans des centres de rétention administrative surpeuplés les arrivants étrangers « irréguliers » ? Nombreux sont d’ailleurs les franciscains, religieux ou laïcs, qui participent depuis de nombreuses années à des « cercles de silence » destinés, à l’initiative du frère Alain Richard en 2007, à protester de manière non violente contre ces conditions de rétention.
La fraternité occupe une place centrale dans notre spiritualité, à la suite de saint François dont on peut se demander s’il transigerait sur ces questions aujourd’hui. Réfléchissait-il à trois fois avant de soigner les lépreux, d’accueillir les brigands (et pourtant nos migrants ne sont pas des brigands ni des loups), de célébrer la différence ? Ne nous montrait-il pas, par son exemple que nous devons être « frères de tous ». Tout simplement parce que nous avons le même Père ! Commentant la prière enseignée par Jésus, le pape François écrivait fort à propos que si nous disons « Notre Père » et non « Mon Père », c’est parce qu’aucun de nous n’est fils unique et que si nous n’acceptons pas d’être frères, « nous pourrons difficilement devenir les fils de ce Père, puisqu’il est le père de tous[6]. »
Malgré cette évidence, les catholiques sont divisés, les évêques sont divisés, et sans doute la famille franciscaine elle-même est-elle divisée. Il ne s’agit pas ici de réclamer une abolition radicale des frontières, bien entendu, mais de tendre toujours plus vers ce que nous dit l’enseignement du Christ. Serons-nous un jour assez convertis non pour juger ceux qui ne pensent pas comme nous mais pour oser une parole publique réclamant une autre façon de considérer l’accueil, et, par là-même, même si rien n’est simple, réclamant un simple retour à l’Évangile ?
Comité de rédaction
[1] Exode22, 21 [2] Matthieu 25, 31-46 [3] Toukârâm, Psaumes du Pèlerin, Gallimard, Paris, 1956. [4] Thierry VERHELST, Des racines pour l’avenir – cultures et spiritualités dans un monde en feu, L’Harmattan, Paris, 2008. [5] Interview de J.C Vance le 30 janvier 2025 à la chaine Fox News [6] Pape François, Quand vous priez, dites Notre Père, Bayard éditions, 2018.
Le comité de rédaction du site « franciscains94 » m’a demandé de rencontrer le frère François Comparat, qui animera notre retraite régionale du 16 mars, pour mieux le connaître. Rencontre simple et joyeuse. Un bel éloge de la « paresse » !
(Seconde partie de l’entretien) Dans tout ce que tu m’as dit, j’ai l’impression que beaucoup de choses sont liées à des rencontres ? Oui, tout à fait, tu as raison, c’est cela, c’est la rencontre… J’ai rencontré le Christ et cela a changé ma vie. Et puis j’ai rencontré des personnes qui avaient besoin d’être aidées sur le plan humain, professionnel, administratif. Aujourd’hui, je les écoute parce qu’on a créé une amitié. Ils sont musulmans, chrétiens, athées… peu importe… Alors je passe beaucoup de temps à écrire. Tous les matins, je me lève très tôt, à 4 h, et pendant une heure et demie environ je réponds à mon courrier sur Internet. C’est du courrier très basique, Facebook, WhatsApp, Instagram, e-mails… car beaucoup de gens m’écrivent…plusieurs centaines…pas tous les jours, heureusement !
C’est un temps que tu t’imposes ou, au contraire, c’est plutôt un plaisir ? Non, c’est un temps que j’aime bien. D’abord, parce que j’aime me lever de bonne heure et être tranquille, pendant que les frères dorment…mais je leur prépare le petit déjeuner ! J’ouvre mon ordinateur de très bonne heure. Je me lève entre 3h et 4h30. Je n’ai pas besoin de beaucoup de sommeil parce que je suis un « excité », et j’aime écrire, j’aime écrire aux gens. A 90 %, ce sont des femmes…pourquoi ? Je n’en sais rien, mais c’est comme ça. Donc, j’ai beaucoup de « copines » dans le monde entier. Dans le monde entier, de par l’aumônerie des étudiants, et parce que j’ai moi-même voyagé pour la théologie.
Et quand tu écris des textes pour la feuille de messe le dimanche, tu le fais de toi-même ou parce qu’on te le demande ? C’est parce que le chapelain me le demande. J’ai beaucoup de choses, non plus dans la tête, mais dans l’ordinateur, sur tous les thèmes. Le plus dur c’est de ne faire qu’une page, pour répondre au souhait des frères ; mais j’ai été juriste et les juristes ont l’esprit de synthèse. Donc je ne fais qu’une page sur le sapin de Noël, par exemple, alors que sur mon ordinateur, j’en ai cinquante ! Et maintenant, à près de 80 ans, je découvre l’Intelligence artificielle ! J’y vais après avoir travaillé, mais je n’apprends pas grand-chose. Et je constate que je pense souvent comme l’IA, nous ne sommes pas en concurrence, donc tout va bien !
Tu t’occupes également de la librairie ? Oui, j’ai été délégué par le Provincial pour travailler dans cette librairie franciscaine. Il faut aimer la lecture, bien sûr, et il faut aimer le contact avec les clients. Nous sommes tous des bénévoles, car il n’y aurait pas de quoi payer un salaire, et l’argent gagné est envoyé aux missions franciscaines. En ce moment, c’est pour Madagascar, non pas pour les frères, mais pour les pauvres dont s’occupent les frères, et c’est quelque chose qui nous motive. Nous fonctionnons par équipes de deux : deux le matin et deux l’après-midi, pour des raisons de sécurité, et surtout pour être ensemble, pour discuter…
Pourrais-tu nous parler de ton travail pour la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église) ? C’est quelque chose qui a été douloureux. Il se trouve que quelques frères, très peu, décédés ou non, ont été des pédocriminels… Aussi a-t-il fallu ouvrir des dossiers et avoir le courage d’aller jusqu’au bout, de se mettre du côté des victimes. C’est un travail éprouvant et assez difficile à vivre. Moi, ça m’a profondément blessé, perturbé même… parce que je ne savais pas qu’on pouvait faire des « conneries » pareilles ! J’ai constitué ces dossiers parce que le Provincial me l’a demandé. Cela s’est passé dans le plus grand secret, mais en même temps dans la plus grande vérité. Peu importe les peurs, peu importe les désillusions, une victime doit être respectée jusqu’au bout, et donc ceux qui manquent de respect doivent être démasqués…Mais ce n’est pas facile à faire. Surtout quand ce sont des frères ! Je le fais par amour pour le Christ, en me disant : Jésus, lui, qu’aurait-il fait ? Bien sûr, je ne suis pas Jésus…mais pour prendre la défense d’un petit, ça me donne du courage. Disons que mon amour est plus fort que ma peur, ou que ma paresse !
Dans quelques mois, on va peut-être te demander de partir ailleurs ? Oui, tout à fait, et je me sens très libre. Je crois que c’est cela aussi la vie religieuse, c’est le fait d’être libre, mais respectueux, également, de l’institution qui peut avoir besoin de moi, même avec mes limites. Par conséquent, j’ai toujours bougé, parce que c’était une demande qui m’était faite, que j’estimais tout à fait correcte et qui correspondait à un besoin. En fait, j’ai toujours fait des choses auxquelles je n’avais jamais pensé, mais comme je ne pensais à rien… (éclats de rire) Voilà, je suis paresseux de nature, mais obéissant par vocation.
Pour conclure, on peut dire que tu es quelqu’un de « paresseux », passionné par la rencontre des autres et qui a fait beaucoup de choses malgré lui, mais en est très heureux… Oui, j’ai une vie heureuse, très heureuse. Je sais que le Christ m’aime comme je suis, ça me rassure. La théologie m’a beaucoup aidé, la théologie ça embellit la vie ! La connaissance de la spiritualité, de la prière… Et puis la connaissance des autres, aussi. On apprend à fréquenter d’autres opinions, d’autres personnes, à être respectueux d’autres croyances…et ça va bien avec la paresse parce qu’on s’engage un peu moins. Je ne dirais pas que tout équivaut à tout – tout n’a pas la même valeur – mais on est dans un monde très diversifié et les gens qui ne pensent pas comme moi, ça ne me gêne pas. Je suis assez paresseux pour rester dans mon trou, tout en les aimant. Ma spiritualité c’est celle du bouchon de liège : il flotte sur l’eau, il ne sombre jamais, mais il va là où on l’emporte, ce n’est pas lui qui choisit…et moi, ça me va bien. J’ai changé de communautés à de nombreuses reprises, parce qu’on me le demandait, et ça ne m’a jamais posé de problèmes. J’ai toujours été comme cela…et donc je suis vieux, mais heureux de vieillir…
Propos recueillis par Pascale Clamens-Zalay, le 7 janvier 2025
La première partie de cet entretien a été mise en ligne sur notre site au mois de février.
François Leclerc du Tremblay, un capucin dans la tempête religieuse, … … Qui devint un adepte zélé d’un absolutisme catholique, …
Francois Leclerc du Tremblay (1577-1638)
Deux hommes incarnèrent la politique française au début du « Grand Siècle »[1] : l’un, Richelieu, en fut l’artisan ; l’autre, le père Joseph, en fut la cheville ouvrière. Supérieur du couvent des Capucins à Tours, François Leclerc du Tremblay rencontra en 1609 Eléonore de Bourbon, tante d’Henri IV et abbesse de Fontevraud, qui le chargea de réformer l’abbaye. Lorsque le cardinal de Richelieu entra au Conseil du roi[2] Louis XIII, en 1624, il fit immédiatement appel au père Joseph. Ce fut alors que débuta la collaboration entre lui et Richelieu, collaboration renforcée par une amitié qui dura 30 ans. Les objectifs politiques des deux hommes consistaient à mettre au pas la noblesse, prompte aux duels et aux révoltes, et à asseoir l’autorité du roi, « l’absolutisme ». Il s’agissait de combattre les protestants de l’intérieur et leurs alliés anglais, de garantir la tranquillité de la France sur ses frontières en s’alliant aux protestants allemands pour diviser l’Allemagne et abaisser la maison des Habsbourg qui, d’un côté, gouvernait l’Espagne et, de l’autre, les États autrichiens. Le Père Joseph fut aux côtés du Cardinal pour vaincre les menaces intérieures et mettre en place un État moderne. Difficile d’appréhender la personnalité du principal collaborateur de Richelieu, personnalité affectée de la légende noire multiséculaire conférée à ce moine capucin[3], « éminence grise »[4] de Richelieu, tout à la fois Talleyrand et Machiavel, présenté par ses contemporains comme une « âme méchante », une « araignée[5] » et un « bourreau », le père Joseph fut décrié pendant des siècles. Il organisa un véritable service de renseignements parallèle, recourant à de nombreux capucins. Le père d’Alais est ainsi chargé des relations avec la Bavière pendant que celles avec l’Empire germanique sont dévolues au père de Casal. Le Père Joseph participa au « mouvement d’exaltation royale » qui fit de Louis XIII le nouveau Saint Louis, capable de restaurer l’harmonie de la chrétienté, face aux prétentions hégémoniques des Habsbourg. Ainsi, l’Europe centrale fut engagée dans l’inextricable guerre de Trente ans[6] et la toile d’araignée des « honorables correspondants » du père Joseph permit à Richelieu de tisser ses alliances au gré des circonstances. Progressivement, le capucin s’imposa comme ministre des Affaires étrangères officieux, faisant parfois peu de cas du personnel diplomatique en place. De l’affaire de la Valteline[7], en 1625, au siège de La Rochelle[8], en 1627-1628, le père Joseph fut de toutes les « campagnes » de Richelieu. Après la reddition de La Rochelle, le cardinal, qui n’était pas un ingrat, proposa à son ami et conseiller le titre d’évêque de la ville. Mais le père Joseph refusa cet honneur. Richelieu se plut à surnommer le père Joseph tour à tour Ezéchieli ou Tenebroso-Cavernoso, selon qu’il fit référence à ses talents de prédicateur ou de négociateur et de manipulateur hors pair. Richelieu et son conseiller travaillaient souvent la nuit, entre deux et six heures du matin. Puis, le cardinal se couchait deux petites heures. C’est le moment que choisissait le père Joseph (qui logeait dans une petite pièce attenante à la chambre du ministre de Louis XIII) pour recevoir ses agents, souvent des capucins, venus lui présenter leur rapport.
Il fut un fervent apologiste de l’absolutisme catholique, « système mystico-politique » au service du souverain. Du reste, il composa de La Turciade, une épopée en quatre mille six cent trente-sept vers latins, qui fut imprimée en deux exemplaires dont un pour le pape florentin urbain VIII (pape de 1623 à 1644) destinataire de l’un d’eux. Le souverain pontife l’appela « L’Énéide chrétienne ». Il avait influencé le pape Grégoire XV pour l’érection, en 1622, de la Congrégation pour la propagation de la foi et fut nommé, en 1625, commissaire apostolique pour toutes les missions étrangères. Il dirigea, de 1624 à 1638, le seul journal autorisé à l’époque, Le Mercure françois[9] fondé en 1605, y théorisant notamment l’absolutisme catholique.
Mais servir le roi consistait aussi pour lui à servir la gloire de Dieu en espérant reconquérir les Lieux Saints, …
Érik Lambert
[1] Le XVIIe siècle français est souvent appelé « le siècle de Louis XIV », ou le « Grand siècle » dont on considère qu’il atteignit son apogée à la mort de Louis XIV en 1715. Pourtant, il fut aussi le fruit du règne des rois précédents Henri IV et Louis XIII, ainsi que de la régence d’Anne d’Autriche, sans lesquels le futur Roi-Soleil n’aurait pas trouvé un pays solidement gouverné à l’intérieur comme à l’extérieur ; un pays capable de s’affirmer comme la première puissance politique et économique européenne et de rayonner jusqu’en Amérique du Nord sur le plan culturel et intellectuel. Henri IV, Louis XIII et Richelieu, Anne d’Autriche et Mazarin, permirent le redressement spectaculaire de la France, qui mit plus d’un demi-siècle à remonter du fond de l’abîme où l’avaient plongée ces longues et ruineuses guerres civiles (8 guerres de religion !). C’est la période de la monarchie absolue de droit divin, mais aussi celle du développement des arts comme la littérature, le théâtre, la musique, la peinture et l’architecture. [2] Le 29 avril 1624, le jeune roi Louis XIII appela à ses côtés le cardinal duc de Richelieu, Armand Jean du Plessis. Malgré ou à la faveur de leurs différences de tempérament, les deux hommes firent ensemble de la France encore féodale et brouillonne un État centralisé et fort. Marie de Médicis s’étant brouillée avec son propre fils, le roi Louis XIII, celui-ci lui avait interdit d’assister aux séances du Conseil d’en haut, aussi appelé « Conseil ordinaire » ou « Conseil des affaires », il se réunissait en présence du roi en personne et traitait des sujets majeurs. À force de persuasion, la reine-mère obtint toutefois de son fils qu’il y fît entrer le cardinal dont elle espérait qu’il servirait ses intérêts. Le jeune roi accéda à sa requête car, confronté à une situation internationale embrouillée, il devait bien constater l’impéritie de son chef de gouvernement, le surintendant des Finances Charles de la Vieuville. Il nota a contrario la pertinence des avis du cardinal, transmis par sa mère. Très vite, le cardinal se fit remarquer du roi par son talent et son dévouement. Il prit l’habitude de s’entretenir en tête-à-tête avec le roi avant chaque Conseil de façon à faciliter ses interventions. Quatre mois plus tard, le 13 août 1624, La Vieuville fut arrêté sous l’accusation de malversations et Louis XIII offrit à Richelieu la direction du Conseil d’en haut. À ce poste de « principal ministre » ou Premier ministre, le cardinal révéla dès lors jusqu’à sa mort son génie politique. Il en fut récompensé dès 1629 par les titres de duc et pair. Le Roi était « assisté » par des conseils. Le Conseil du roi était l’organe au sein duquel le roi déclarait sa volonté et définissait son action. Le Conseil d’en haut avaitpour objet toutes les questions importantes de politique intérieure ou extérieure et a lieu au moins trois fois par semaine, réunissant le roi et les ministres d’État.Le Conseil des dépêches où étaient examinées les affaires rapportées dans des dépêches rédigées par des gouverneurs et intendants des provinces. Institué vers 1650, il fut d’abord présidé par le chancelier, mais le roi se mit à le présider lui-même à partir de 1661. C’était donc un conseil de haute administration, dont les réunions avaient lieu tous les quinze jours. Le chancelier, les ministres d’État, les secrétairesd’État, le chef du conseil royal des finances participaient à ce conseil qui était ouvert à des membres de la famille royale. Monsieur, frère du roi, y était admis. C’était aussi le lieu de formation politique du Dauphin et de ses fils.Le Conseil royal des finances qui se tenait deux fois par semaine et consacra le rôle de plus en plus important du contrôleur général des finances surtout lorsque ce fut Colbert. Le Conseil de conscience qui comprenait principalement le roi et son confesseur, avait pour charge la distribution des bénéfices ecclésiastiques. Ces réunions, non soumises au regard de la Cour, comportaient le roi entouré de quelques personnes de confiance placées à des postes-clés. On vit se constituer de véritables dynasties au service de l’État : les Colbert, les Le Tellier, les Phélyppeaux… [3] Clin d’œil : Le cappuccino, boisson iconique italienne, tire son nomde “capucin”, qui ne fut au départ qu’un surnom donné par la population locale au moines qui portaient un long capuce – capuchon en pointe. L’origine du nom cappuccino serait à attribuer à Marco d’Aviano, un frère capucin choisi comme confident par l’empereur autrichien Léopold Ier dans les années 1680. Ce fut à cette période qu’apparurent les premiers cafés à Vienne, qui servir des « Kapuziner », café bouilli et mélangé avec de la crème, du sucre et des épices. Le nom de la boisson chaude viendrait de sa couleur qui rappelle celle de l’habit porté par lesdits religieux. [4] « Éminence », parce qu’il a été élevé au rang de cardinal par Richelieu un peu avant sa mort. « Grise » parce qu’en tant que membre des capucins, il portait une robe de bure grise. A sa mort, le cardinal de Richelieu écrivit : « Je perds ma consolation et mon unique secours, mon confident et mon appui. » [5] Peut-être en référence à « l’universelle araignée », image attachée à la politique tortueuse de Louis XI. Peu d’hommes ont autant espéré que Louis XI, la mort de leur père, Charles VII, le Bien Servi qui n’eut pas de pire ennemi que son propre fils, né de Marie d’Anjou. Mais une fois parvenu à ses fins et installé sur le trône, à l’âge déjà avancé de 38 ans, Louis XI témoigna rapidement d’un sens politique hors du commun, avec l’objectif de consolider l’État, sans souci de son apparence et de son amour-propre. « Je suis France », aurait-il dit. Surnommé Louis le Prudent, il privilégia la ruse et la négociation sur la guerre, n’hésitant jamais à acheter la paix au prix fort pourvu que ce soit dans l’intérêt du royaume. Louis XI fut un fin stratège qui tissa sa toile à la manière d’une araignée, ce qui lui valut le surnom de « l’universelle araignée ». [6] Guerre qui impliqua la plupart des États européens de 1618 à 1648. L’Allemagne en sortit ravagée et divisée. Le conflit débuta avec la défenestration de Prague (1618), une péripétie qui mit aux prises l’empereur d’Allemagne, de confession catholique, et ses sujets tchèques, de confession protestante. À la Montagne Blanche (1620), Ferdinand II de Habsbourg écrasa les Pragois. Craignant la suprématie des Habsbourg, le roi de Danemark Christian IV, intervint dans le conflit, aidé en secret par la France de Richelieu. Mais la paix de Lübeck (1629) l’obligea à ne plus s’occuper des affaires allemandes. En 1631, le roi de Suède Gustave Adolphe intervint à son tour. Mais il trouva la mort à Lützen, près de Leipzig (1632). La France, enfin, déclara officiellement la guerre aux Habsbourg d’Espagne (1635). Le jeune duc d’Enghien mit fin à Rocroi à plus d’un siècle de suprématie militaire de l’Espagne (1643). La guerre de Trente Ans se conclut par les traités de Westphalie (1648). Le conflit franco-espagnol perdura quant à lui jusqu’au traité des Pyrénées (1659). [7] La guerre de la Valteline (région italienne) s’inscrivit dans le contexte de la guerre de Trente Ans (1618-1648) dont elle fut un des épisodes. [8] La Rochelle était la dernière des places fortes concédées aux protestants par l’Édit de Nantes 30 ans plus tôt. À la faveur des troubles consécutifs à la minorité de Louis XIII, les habitants de la ville commirent l’imprudence de se soulever contre le roi. À l’instigation du duc de Buckingham (favori de Jacques 1er puis de Charles 1er d’Angleterre), les Anglais en profitèrent pour débarquer sur l’île de Ré, en face de la cité rebelle. Richelieu ordonna le siège de la ville le 10 septembre 1627 et prit en personne le commandement des opérations. L’âme de la résistance en fut le maire Jean Guitton (1585-1654), un armateur énergique qui sut maintenir très haut le moral des assiégés. Il fit le serment de tuer le premier qui parlerait de se rendre : « Pourvu qu’il reste un homme pour fermer les portes, c’est assez ! » Mais Richelieu, décidé à en finir, fit construire une digue pour fermer le port aux Anglais. Et, du côté de la terre, il interdit l’accès des secours par une ligne de retranchements longue de douze kilomètres. Pendant que les Rochelais endurèrent une terrible famine, le duc de Buckingham prépara à Portsmouth, une nouvelle expédition pour venir à leur secours. Mais il fut assassiné le 23 août 1628 par un officier protestant, John Felton. Dès lors, réduits à leurs seules forces, les Rochelais durent reconnaître leur défaite et Guitton préféra capituler plutôt que de les voir mourir de faim. Honorant le courage du maire, Richelieu renonça à le faire emprisonner. Fort de sa victoire, le roi Louis XIII accorda aux rebelles la paix d’Alès. Il confirma le régime de tolérance religieuse tout en réduisant les privilèges militaires accordés aux protestants. [9] Titre exact : Le Mercure françois ou la Suitte de l’histoire de la paix commençant l’an 1605 pour suite du Septénaire du D. Cayer, et finissant au sacre du très grand Roy de France et de Navarre Louis XIII.
un lieu de fraternité et de dialogue pour les personnes migrantes isolées.
Isabelle Roustang est responsable de la pastorale des migrants sur le diocèse de Créteil. Elle est à l’origine du projet « D’ici et d’ailleurs ».
FR94 : Isabelle, comment vous est venue cette idée ?
Isabelle Roustang : Au cours de ma carrière de médecin dans des permanences hospitalières d’accès aux soins de santé (PASS), dans des PMI, dans des prisons, dans une unité médico-judiciaire, je me suis rendu compte que ce dont manquaient les personnes migrantes, c’est de liens fraternels. Lorsque j’ai pris ma retraite, j’ai gardé des contacts avec beaucoup de femmes migrantes que j’avais suivies, et j’ai pu prendre la mesure de leur terrible solitude. L’une raconte que, pour lutter contre cela, elle passait une partie de son temps dans des bus, de terminus à terminus, pour entendre bavarder les gens, les voir sur leur téléphone en contact avec d’autres, pouvoir leur dire simplement « bonjour ». Et quand l’évêque m’a missionnée pour la pastorale diocésaine des migrants et des réfugiés — il savait que je travaillais avec eux depuis longtemps — J’ai pensé qu’il était important de faire partager à toute personne « d’ici » en ayant le désir, la joie de la rencontre avec des personnes « d’ailleurs », et de marquer le fait que nous sommes tous frères et sœurs. D’où l’idée « d’ici et d’ailleurs », consistant à constituer des tandems entre personnes « d’ici », (bien insérées dans notre société quelles que soit leurs origines, sans que cela ne nécessite de compétences particulières si ce n’est le désir de rencontres), et « d’ailleurs » (personnes migrantes récemment arrivées en France) isolées, quelle que soit leur religion ou leur situation administrative au regard de la loi française. La seule contrainte est que ces personnes soient hébergées de façon à peu près stable lors de leur insertion dans le projet.
FR94 : Avez-vous monté seule ce projet ?
Isabelle Roustang : Bien sûr que non ! J’ai partagé l’idée de cette aventure avec d’autres responsables des pastorales des migrants en Île de France, avec le Service jésuite des réfugiés (JRS), avec des personnes de France Terre d’Asile, des personnes « d’ici » intéressées et une « d’ailleurs », les curés et EAP du secteur, etc. Nous avons fait des annonces au cours des messes, rencontré les personnes intéressées à s’engager dans le projet. Les premiers tandems ont été constitués en mai 2023 à Créteil.
FR94 : Comment cela fonctionne-t-il aujourd’hui ?
Isabelle Roustang : Le projet met en relation des « tandems » : une femme d’ici avec une femme d’ailleurs, un homme d’ici avec un homme d’ailleurs, un couple avec un couple… Je rencontre individuellement (en tant que référente du groupe de Créteil) une à une les personnes qui souhaitent participer au projet, pour insister sur le caractère non pas « technique » mais humain, fraternel, de la rencontre. Si on peut aller au-delà du purement humain (aide matérielle en cas de grand dénuement, par exemple), tant mieux, mais ce n’est pas le but premier du projet. Le besoin auquel nous tentons de répondre est surtout un besoin de liens, d’oxygène, de chaleur humaine, de culture. Les personnes « d’ailleurs » sont heureuses qu’on leur propose des échanges, une promenade en forêt, la visite d’un musée, un cinéma, ou simplement goûter ou cuisiner ensemble.
FR94 : Les personnes « d’ici » sont-elles laissées à elles-mêmes dans le fonctionnement des tandems ?
Isabelle Roustang : Non bien sûr, nous sommes là pour les accompagner, les conseiller. Dans chaque groupe local « d’ici et d’ailleurs », il y a un référent auquel on peut s’adresser en cas de problème. Et, en plus des rencontres (souvent mensuelles) de chaque tandem, à leur convenance, nous proposons des temps collectifs (6 par an environ) pour tous. Ces temps collectifs sont essentiels, permettent des liens entre tous et réservent parfois de très belles surprises : telle exilée, que sa mère (au pays) croyait morte (car sans nouvelle depuis plus d’un an), a pu la recontacter grâce au frère (du même pays) d’une autre exilée du groupe qui a pu la retrouver localement et les remettre en contact ! Vous imaginez l’émotion ! Et pour les personnes « d’ici », nous proposons des relectures d’expérience, des réunions de réflexion sur certains aspects de la rencontre, (l’interculturel, les problèmes de toute sorte à résoudre…).
FR94 : Combien de tandems se sont-ils constitués dans le groupe de Créteil ?
Isabelle Roustang : 18 à 20 aujourd’hui, et nous ne souhaitons pas aller au-delà dans ce groupe (et c’est même trop pour avoir le temps d’accompagner chacun). Mais nous encourageons la constitution d’autres groupes, nous recherchons des personnes qui pourraient devenir référents de groupes dans le diocèse. Actuellement, un se constitue à l’Haÿ-les-Roses. Partout, on constate les mêmes demandes de temps de « respiration » de la part des personnes « d’ailleurs » : Se rencontrer, visiter quelque endroit nouveau, parler, se promener dans un endroit calme… selon les désirs de chaque tandem.
FR94 : Un schéma désastreux circule aujourd’hui dans toutes les universités : la « pyramide de Maslow », pyramide des besoins humains, qui me paraît prôner la démarche inverse de la vôtre. Vous la connaissez ?
Isabelle Roustang : Bien sûr ! Elle suppose à sa base, et ce n’est pas faux, qu’il faut d’abord satisfaire des besoins essentiels comme le toit ou la nourriture. Mais elle relègue en son étroit sommet, en tout petit, le besoin de sociabilité, d’oxygène mental, de culture, comme si c’était secondaire. Or c’est bien à ces besoins fondamentaux que le projet « d’ici et d’ailleurs » essaie de répondre.
L’Espérance…ou le passage de la nuit à la lumière.
Nous le savons, notre vie, aussi heureuse soit-elle, ne nous met pas à l’abri de la souffrance et des épreuves. Nombreux sont ceux dans l’Histoire, à commencer par de grandes figures de l’Église, qui ont dû traverser la « nuit de la foi » avant de retrouver le chemin de l’Espérance.
La Bible nous relate cette longue nuit du peuple hébreu, nuit de l’exil à Babylone, où tout ce qui le constituait lui a été retiré. Le Temple est détruit, Jérusalem n’est plus qu’un champ de ruines, le roi, garant de son unité, a été déporté et ses fils égorgés. « La joie a disparu de notre cœur, notre danse s’est changée en deuil. La couronne de notre tête est tombée. » (Lm 5,15-16) « Jour de brouillard et d’obscurité…» (Ez 34,12) Et Dieu qui se tait…Dieu qui semble avoir abandonné son peuple, le peuple de l’Alliance… Et pourtant…et pourtant l’exil, loin d’être la fin d’Israël, va être pour lui comme une renaissance. Dieu ne l’a pas oublié, et les prophètes qu’il a suscités vont pousser les Juifs à relire leurs traditions pour raviver leur foi et leur espérance. Ils s’étaient détournés de leur Dieu et de ses commandements, pour se fabriquer des idoles à leur mesure, ils vont revenir à lui, le cœur brisé et contrit. « Je suis haut et saint dans ma demeure, mais je suis avec l’homme contrit et humilié, pour ranimer les esprits humiliés, pour ranimer les cœurs contrits. »(Is 57,15) Ainsi, quand l’homme a tout perdu, jusqu’à sa suffisance, et qu’il redécouvre humblement sa pauvreté, alors – et alors seulement – peut-il entendre l’appel de Dieu à se faire un cœur nouveau, un esprit nouveau, et à choisir la vie pour renaître avec Lui et en Lui. « L’heure où l’homme ne sait plus ce qu’il est, où il erre comme une ombre parmi ses propres ruines, cette heure de grande solitude et de vide est aussi celle des grands commencements. C’est l’heure où l’inconnu nous visite, où l’avenir nous tire à lui. C’est l’heure où l’Esprit nous fait signe, car il veut devenir en nous « cœur nouveau », » esprit nouveau ». » (Eloi Leclerc, Le peuple de Dieu dans la nuit)
François d’Assise, le « jongleur de Dieu », que l’on dépeint spontanément comme l’homme de la joie et de la louange, a connu lui aussi ce temps de la détresse et de l’abandon. Le nombre des frères ne cessant de croître, des dissensions apparaissent au sein de l’Ordre, et des choix se font jour qui s’écartent du projet de vie initié par François et ses premiers compagnons. C’est un constat bien amer qui le conduit à démissionner de sa charge de ministre et à se retirer dans un ermitage. Nuit de la solitude et de l’incompréhension où il voit « son Ordre » lui échapper et ne parvient plus à discerner la volonté de Dieu …Tristesse infinie, comme l’hiver sur la campagne ombrienne qui ne lui chante plus la grandeur et la beauté de son Bien-Aimé…Silence de Dieu qui le plonge dans les ténèbres et lui fait perdre la paix de l’âme. Mais c’est dans ce silence que François peut enfin entendre la voix de son Seigneur : « Pourquoi être ainsi troublé, pauvre petit homme ? Est-ce que je t’ai constitué le berger de mon Ordre pour que tu oublies que j’en suis le premier protecteur ? Si je t’ai choisi, toi un homme simple, c’est pour donner en exemple à tous ceux qui désirent marcher à ta suite des actions qu’ils puissent, eux aussi, réaliser. C’est moi qui ai appelé ; c’est moi qui protègerai […] Ne te trouble donc pas. » (2 C 158) François comprend qu’il lui faut aller encore plus loin sur le chemin de la désappropriation. S’il a fait depuis longtemps, avec enthousiasme et parfois exagération, le choix de n’avoir rien en propre, il lui faut maintenant renoncer à ce qui lui tenait tant à cœur et accepter de remettre l’avenir de l’Ordre entre les mains du Seigneur. Il lui faut renoncer à son œuvre pour devenir l’œuvre de Dieu. (Eloi Leclerc) Au sortir de cette épreuve, c’est un homme apaisé et réconcilié qui peut affirmer : « Dieu seul suffit »… Tout remettre entre les mains de Dieu et renoncer à sa volonté propre…peut-être sommes-nous appelés nous aussi à abandonner des combats, des projets qui nous étaient chers. Dépasser le sentiment d’échec ou d’injustice peut prendre du temps ; le temps nécessaire pour se décentrer de soi, pour faire silence et retrouver le cœur à cœur avec Dieu. Pour l’entendre nous murmurer qu’il nous attend ailleurs… Alors l’espérance redevient possible, et avec elle la joie et la louange pour ce Dieu qui ne cesse de créer en nous et à travers nous.
Plus près de nous, le frère Éloi Leclerc a vécu cette nuit du silence et de l’absence de Dieu dans l’enfer des camps de concentration nazis. Son enfance heureuse en famille et ses premières années chez les frères ne l’avaient pas préparé – si tant est qu’on puisse l’être – à une telle barbarie ! Il est alors témoin de la cruauté de l’homme, de sa capacité à affamer, blesser, humilier, exterminer et nier l’autre au point de le déshumaniser…au point qu’il puisse parfois éprouver jusqu’au désir inavouable de voir mourir son voisin, pour un peu plus de pain ou un peu plus de place… D’où la question qui le poursuit à son retour : « L’Évangile a-t-il encore un sens dans la nuit de la mort où Dieu se tait ? » et qu’il aborde dans plusieurs de ses ouvrages. Ainsi écrit-il dans Le Royaume caché : « Ce pouvoir transfigurant du Royaume s’exerce avec le plus de force, là précisément où il est le plus caché : dans l’expérience de la souffrance, de l’humiliation et de la mort […] Par sa souffrance et sa mort, Jésus établira le Royaume, non dans un lointain pays de rêve, mais au cœur de la condition humaine la plus dure, la plus défigurée, la plus inhumaine. A tous les exclus, les bannis, les abandonnés, à tous les crucifiés, il apportera l’aujourd’hui du Règne. Et sa présence à leurs côtés attestera que Dieu les a rejoints dans leur abîme et que le Royaume de lumière est venu jusqu’à eux. » Un même thème traverse l’ensemble de ses écrits : comment passer de la nuit à la lumière ? Comment dans le silence même de la nuit déceler déjà les premiers signes de l’espérance ? « Quel chaos ne faut-il pas porter en soi pour voir le monde naître dans la lumière ! C’est toujours dans l’ombre de la Crucifixion, au bout du voyage, que le chrétien retrouve le regard de l’enfant. Ce regard dépouillé ne fixe plus quelque paradis perdu. Il exprime une immense volonté de paix et de miséricorde, au cœur même de la dévastation et de la mort. Et malgré la puissance apparente du mal, c’est lui qui est le plus fort. Il est capable de tenir en échec la plus monstrueuse entreprise de barbarie. Dans l’Histoire en furie, ce regard exprime déjà le mot de la fin. Ce n’est pas assez dire. Il le chante. » (Le langage de la nuit de l’âme, Postface du Cantique de Frère Soleil, Le chant des sources)
De telles épreuves ne peuvent que plonger dans la nuit, une nuit où Dieu semble s’être retiré et se taire. Mais ceux qui les ont traversées peuvent en témoigner : le silence n’est pas l’absence. Dieu ne peut se résoudre à voir souffrir l’homme sans être à ses côtés, sans l’accompagner pas à pas vers le jour qui ne manquera pas de se lever et de faire renaître l’espérance, car il est le Dieu fidèle, éternellement. « Dieu – la Vérité et l’Amour en personne – a voulu souffrir pour nous et avec nous […] L’homme a pour Dieu une valeur si grande que Lui-même s’est fait homme pour pouvoir compatir avec l’homme de manière très réelle, dans la chair et le sang, comme cela nous est montré dans le récit de la Passion de Jésus. De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu’un qui partage la souffrance et la patience ; de là se répand dans toute souffrance la « consolatio » ; la consolation de l’amour participe de Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance. » (Sauvés dans l’Espérance, Benoît XVI)
Ce sont les 2 instruments de Satan, des sortes de jumelles comparses : l’Empire romain impie, et le sacerdoce païen tout à sa dévotion.
la BETE qui MONTE de la MER (13, 1-10) – L’imagerie est empruntée à Daniel, dont les « 4 bêtes » symbolisaient les empires, mais qui vont être fusionnées par Jean en un monstre hybride revêtu des attributions de ces 4 bêtes : (Daniel 7, 2-8) – « Au cours de la nuit, dans ma vision, je regardais …Quatre bêtes énormes sortirent de la mer, … La première ressemblait à un lion, et elle avait des ailes d’aigle … La deuxième bête ressemblait à un ours ; … Je continuais à regarder : je vis une autre bête, qui ressemblait à une panthère ; … Puis, … je vis une quatrième bête, terrible, effrayante, extraordinairement puissante ; elle avait des dents de fer énormes ; elle dévorait, déchiquetait et piétinait tout ce qui restait. Elle était différente des trois autres bêtes, et elle avait dix cornes. Comme je considérais ces cornes, il en poussa une autre, plus petite, au milieu ; trois des premières cornes furent arrachées devant celle-ci. Et cette corne avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui tenait des propos délirants. « — La mer : double allusion 1) géographique : la Méditerranée, tout entière contrôlée par Rome. 2) Biblique : le repaire du mal et de la mort, la patrie des monstres.
— 10 cornes : très grande puissance, ou allusion à 10 rois vassaux ? étant donné aussi les 10 diadèmes ? … On dirait le chiffre du Dragon. Ce que confirme ce qui suit : « le dragon lui donna sa puissance ». — La bête ne cesse de proférer des blasphèmes : allusion aux titres divins que revendiquent les empereurs, ainsi qu’aux injures à Dieu et au Christ. — pouvoir d’agir durant 42 mois : toujours le même temps limité, ici celui de la persécution. — les habitants de la terre : ceux qui adorent la bête, par opposition aux chrétiens dont les noms sont inscrits dans les cieux (cf. Luc 10, 20 : » Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux ! « ) — Si quelqu’un est destiné à la captivité… : Chaque chrétien doit s’arcbouter à la non-violence absolue, et accepter sans se révolter le genre d’épreuve qui lui est destiné. Comme pour Jésus, Dieu n’empêchera rien.
La BETE qui MONTE de la TERRE (13, 11-18) – C’est le pouvoir religieux sacerdotal du temps, tout dévoué à 1’Empereur. Il va plagier les références chrétiennes. — La Terre : L’Asie mineure et même tout le Moyen Orient, d’où sont venues toutes les religions importantes, ainsi que les « cultes à mystères ». C’est la terre des « 7 églises chrétiennes » que Jean connaît. — 2 cornes : comme 1’Agneau ! La Bête se déguise en faux Christ (Jean l’appellera plus loin « faux prophète« ). Jésus avait parlé de » loups qui se déguiseraient en brebis » (Mt 24, 11). — Toute la puissance de la 1ère Bête : La Religion païenne va prêter toute son influence à l’autorité romaine en faisant la promotion du culte impérial et en réglant sa mise en œuvre :
organisation de la liturgie (prières, encensements, prosternements, etc.)
Erection et adoration de statues de l’empereur (allusion à la statue de Nabuchodonosor de Daniel 3, 5).
propagande pour l’insolite : miracles, déclenchement du feu du ciel pour copier Elie (1 R 18, 38). : animations truquées des statues de l’Empereur.
tatouage obligatoire des citoyens au nom ou au chiffre de l’Empereur, sinon ostracisme et boycottage commercial pour les chrétiens, sans compter les poursuites éventuelles. … donc à la fois séduction et contrainte possible du pouvoir clérical. — le fameux chiffre de la Bête de la Mer : 666 (ou 616 ?) : Néron ou Domitien, identifiés par le procédé de la « gématrie » (où les lettres de l’alphabet peuvent aussi désigner des chiffres).
L’AGNEAU et ses FIDELES
Au triomphe apparent des 2 Bêtes sur la terre, lieu des pires tyrannies, quel est le vrai sort des chrétiens persécutés ?
Ils partagent dès maintenant la gloire de 1’Agneau immolé. Telle est l’échappée de lumière venant du ciel, qui sert de répondant et de contraste à la situation tragique des fidèles ici-bas. — L’Agneau est debout : en position de ressuscité – Sur le mont Sion : lieu classique du rassemblement des sauvés (Joël 3, 5). — et 144.000 avec lui : ici, ce n’est plus la totalité d’Israël (12 tribus), mais la plénitude de l’Eglise, le nouvel Israël (sous la houlette des 12 Apôtres). — avec sur le front, non pas le signe de la Bête, mais le nom de l’Agneau et de son Père (Remarquer une nouvelle fois l’égalité parfaite du Père et du Fils). — Ils chantent un cantique nouveau. Quel cantique ? – Le même que le Cantique du ch. 5, 8-10 en l’honneur de l’Agneau. Or ce cantique célébrait son œuvre de rédemption. C’est bien pourquoi seuls les « rachetés » le savent et sont tout désignés pour l’entonner. — ils ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Il ne s’agit pas de la continence, mais de l’idolâtrie (traditionnellement dans l’Ecriture « culte des idoles », donc « prostitution »). Autrement dit : « ils n’ont pas accepté de rendre un culte à l’Empereur ». — ils suivent l’Agneau partout où il va : fidélité, au besoin jusqu’à la croix. — Ils ont été rachetés comme prémices : non pas comme « premiers fruits » de l’humanité, ni comme « élite chrétienne », mais comme « lot de Dieu » prélevé sur l’ensemble et « mis à part pour son culte ».
Dans leur bouche pas de mensonge : pas de parodie de culte, pas de singerie du christianisme, pas de recours au faux-semblant, comme ne cesse de s’y essayer le culte idolâtrique, inspiré par le « père du mensonge », Satan, (cf. Jn 8, 44 : » Lorsque le diable profère le mensonge, il puise dans son propre bien, parce qu’il est menteur et père du mensonge « .