Archives de catégorie : Vie Franciscaine

Témoignage de frère Michel Laloux (2ème partie)

Nous avons souhaité, dans le cadre de notre réflexion, « François…ou quand l’autorité se fait service », recevoir le témoignage d’un frère en responsabilité. Le Frère Michel Laloux a accepté de nous rencontrer et de partager son expérience de ministre provincial des Franciscains de France-Belgique.

Sans rentrer dans des situations personnelles… vous pouvez, dans l’exercice de votre charge, avoir été blessé ou découragé par l’attitude de vos frères. Comment vivez-vous ce que dit François dans la Lettre à un ministre à propos du pardon ?
Oui, être blessé, être incompris, être perçu comme un tyran ou comme une vache à lait financière… Il y a plusieurs niveaux dans tout cela. Par rapport au fait d’être blessé, l’important est de parler, dans le cadre de l’accompagnement spirituel, mais aussi avec mes frères, pour recadrer les choses, ne pas me laisser envahir, et repérer qu’il y a des projections par rapport à l’autorité. C’est-à-dire que selon ce que le frère a vécu dans son enfance, s’il a été écrasé, par l’autorité du père par exemple, il me verra comme un danger, il fera des projections sur moi que je serai appelé à comprendre plus profondément pour ne pas prendre les choses à titre personnel. A propos du pardon, il y a la relation au Christ qui compte : lui demander, et demander au Père, que je puisse pardonner profondément, surtout dans les cas difficiles. Je crois que le pardon ne se décrète pas, il se mendie : c’est Lui qui permet que je pardonne en profondeur. Ça prend parfois du temps. Je pense souvent à Maïti Girtanner…Combien de temps elle a demandé à Dieu de pardonner vraiment à Léo, son bourreau, officier médecin nazi… Et quand elle l’a rencontré, après des dizaines d’années, elle a su qu’elle avait pardonné. Je n’ai pas vécu des choses de cet ordre …mais ça montre que le pardon est un cheminement. Au début, je peux seulement l’espérer, le demander, être un mendiant devant Dieu. Puis, après, avoir le cœur tout à fait libre. Autre chose d’important aussi, pour moi, c’est de prier pour mes frères. Prier pour la relation, parfois dans des cas personnels avec des frères qui sont plus violents ou plus problématiques, mais aussi prier pour l’ensemble des frères de la province. C’est de poser une triangulation : les frères, Dieu et moi.

Dans le cadre de ce service auprès de vos frères, pouvez-vous nous faire part de l’une de vos plus grandes joies, d’une difficulté et d’un regret ?
Une de mes plus grandes joies, c’est quand il peut y avoir avec les frères, ou avec l’un ou l’autre frère, des conversations à un certain niveau de profondeur, au niveau de Dieu, où je sens le cœur d’un frère touché par Dieu, où il y a une vie spirituelle. Autre joie, c’est quand je perçois un frère bien à sa place, heureux dans ce qu’il fait, épanoui. Je pense, par exemple, à un frère qui a 92 ans, qui est heureux… Il a une jeunesse, un dynamisme, il est passionné… C’est cette jeunesse, même chez des frères âgés.
Une grande joie, aussi, mais ça ne concerne pas les frères, parce que j’ai beaucoup d’autres rencontres, c’est au contact de personnes victimes de frères prédateurs, de pédocriminels. En mai-juin dernier, ce fut de voir comment des personnes, après tout un chemin, ont vécu une libération profonde. Une femme me disait : « Je suis ressuscitée !» Un homme expliquait : « Mon épouse me dit que mon sommeil est plus paisible », cinquante-cinq ans après avoir été violé… Un autre monsieur me disait : « Eh bien, ça me donnerait envie de « re-croire » ». Là aussi, il y a mort et résurrection, et c’est une grande joie lorsque pour une personne qui a été écrasée, détruite, il y a de la vie qui resurgit.

Je trouve cela très intéressant : vous vous situez sur le plan relationnel, alors que d’autres pourraient répondre : « Ma plus grande joie c’est d’avoir réussi telle ou telle chose …»
Oui, je me méfie des réussites extérieures, si elles n’ont pas d’épaisseur. Avant d’être Provincial, j’ai fondé une maison de quartier avec une dame pour des personnes du quart-monde. Cette fondation a grossi, a embelli ; il y a 30 animateurs. Mais je suis plus sensible au fait qu’il y ait de la joie qu’au fait que cette maison ait grossi. « Vous serez jugés sur l’amour »… C’est ça l’important.

Mais il n’y a pas que des joies, une difficulté peut-être…
C’est le volume de travail, l’énorme volume de travail. Par exemple, des centaines de mails qui m’attendent en permanence ! Ça, c’est la difficulté : la gestion du temps… avec cette question : est-ce que je donne son importance à chaque chose et à chaque personne ? Ce n’est pas seulement régler des dossiers. La difficulté, aussi, c’est d’être impuissant, et c’est une difficulté plus terrible. Quand je perçois qu’un frère n’est pas heureux et qu’il va d’échec en échec, d’être impuissant face à cela, même après lui avoir fait différentes propositions, avoir réfléchi avec d’autres… Le frère peut ne pas en être conscient. Il y a un scénario qui se reproduit de communauté en communauté, mais il ne le voit pas. Pour moi, c’est une souffrance, parce qu’on n’a qu’une vie, et c’est tellement dommage. Ça me renvoie à moi-même et je me dis : « Michel, profite de la vie ! Tu n’as qu’une vie, profites-en pour ta qualité de relation avec Dieu, avec les autres.

Et avez-vous un regret ?
De ne pas connaître suffisamment l’anglais ! Toutes les rencontres des provinciaux européens se déroulent en anglais. Je peux me débrouiller, mais lorsqu’on aborde des choses un peu profondes et que mon anglais est insuffisant, ça pose problème. Ne pas avoir non plus d’éléments d’économie.
Est-ce que j’ai d’autres regrets ? Oui, beaucoup. Par exemple, il y a souvent des jubilés de frères ; je n’arrive pas nécessairement à les suivre tous, à y participer sur place. Alors j’envoie un sms, un petit mot. Pour les funérailles également…

Une dernière question : François dresse le portrait du ministre et de ses qualités. Après ces 10 ans d’expérience, pour vous, quelle est la qualité indispensable pour pouvoir être le ministre, le serviteur de ses frères ?
Le flash qui me vient, c’est Jésus avec Pierre. Dans son entretien avec lui, qu’est-ce qu’il dit du fait d’être berger de ses brebis ? Jésus explique que c’est l’amour qui est important. Pour moi, fondamentalement, ce qui est essentiel c’est d’aimer mes frères, même si je peux être en colère. Etre berger, ce n’est pas d’abord une compétence organisationnelle, intellectuelle, etc., c’est aimer. C’est cela qui fait tout traverser. Aimer Dieu, recevoir son amour et pouvoir le redonner.

D’où l’importance de ce temps personnel de vie spirituelle …
Absolument, c’est capital. Temps de vie spirituelle, d’oraison, de lecture de la Parole de Dieu, de relecture le soir. En 2015, j’ai suivi les Exercices spirituels dans la vie courante de St Ignace, pendant un an et demi. Il y a eu une évolution dans ma relation à la Parole, dans la relecture, etc. La vie spirituelle est capitale parce qu’être Provincial, c’est dangereux, comme toute responsabilité.
C’est dangereux — c’est sans doute la même chose pour une vie de couple ou pour une vie à hautes responsabilités — parce qu’on est, et je le suis, poussé au bout de soi-même. C’est dangereux, parce qu’en étant confronté à des choses très difficiles, je peux aller soit vers des compensations, soit vers un approfondissement. Donc, il y a danger, et il y a chance. Une chance de transformer le danger en approfondissement de la relation amoureuse avec Dieu. Ou alors, il peut y avoir compensation, dans le pouvoir, dans l’alcool, dans la dépression. C’est le même enjeu que dans toute vie : elle est dangereuse mais elle peut être géniale ! Je comprends beaucoup mieux certains psaumes aujourd’hui qu’hier. Je suis en train de méditer le psaume 21, le 68 aussi. Vu les situations que nous vivons et que je vis, il y a un autre éclairage… « Que la bataille s’engage contre moi, je garde confiance », « Seigneur, ma lumière et mon salut ». Des paroles des psaumes ou de l’Évangile ont une autre couleur à présent. Jésus prit avec courage le chemin vers Jérusalem. Avec courage, et je sais beaucoup mieux maintenant ce que ce courage peut signifier. C’est le passage pour moi de l’agacement face aux difficultés : « Merde, je suis Provincial ! Je voudrais être ailleurs ! » à la joie : « Michel, c’est une chance ! » Je crois que l’enjeu, c’est de passer du ressentiment, de la colère, à la louange. La vie me propose des évènements que je dois accepter profondément pour y voir le chemin qui m’est offert afin d’aller plus loin dans ma relation à Dieu, aux autres, et à moi-même. Ce qui est très beau, c’est que nous avons un Dieu trinitaire. La Trinité, c’est la relation entre le Père, le Fils, dans l’Esprit. Tout est relationnel. Si je suis devenu Franciscain, c’est parce que je suis tombé amoureux… Le Christ est au centre ; s’il n’y a pas la relation au Christ, je ne sais pas ce qu’est la relation à Dieu. Pour moi, la relation au Christ, c’est le tout. Mon combat, c’est de faire tout en Lui. Parce que le danger est d’être « un athée pratique », c’est-à-dire de faire des choses sans Lui. J’avoue que je suis assez régulièrement athée ! Je ne crois pas qu’il m’en veuille trop… mais c’est indispensable de repérer ce danger, d’en être conscient.

Propos recueillis par Pascale Clamens-Zalay, le 5 octobre 2023
La première partie de cet entretien a été mise en ligne sur notre site au mois de novembre.

Témoignage de Frère Michel Laloux (1ère partie)

Nous avons souhaité, dans le cadre de notre réflexion, « François…ou quand l’autorité se fait service », recevoir le témoignage d’un frère en responsabilité. Le Frère Michel Laloux a accepté de nous rencontrer et de partager son expérience de ministre provincial des Franciscains de France-Belgique.

François invite le ministre à se faire le serviteur de ses frères. Comment vous, Frère Michel, vivez-vous votre charge de ministre provincial ?
Actuellement, je rends visite à chaque communauté, une visite canonique, et c’est justement mon rôle de rencontrer et d’écouter en profondeur chaque frère. Je le rencontre, puis je rencontre la communauté, et c’est véritablement le premier rôle du Provincial: écouter chaque frère, écouter jusqu’au bout (écouter jusqu’au bout, ob-audire, c’est être obéissant). Un exemple : récemment, un frère âgé refusait absolument de quitter sa communauté, pour ne pas être placé dans un EHPAD. On a pris en compte sa demande. Je l’ai étudiée avec la communauté, puis je lui ai dit : « Oui, c’est possible. » Donc, c’est écouter le frère, mais c’est aussi écouter la communauté. Être Provincial, c’est ne pas se substituer au responsable local. Etre le Provincial ça veut dire, pour moi, être serviteur, ni plus, ni moins. Par exemple, s’il y a un conflit dans une communauté entre deux frères, et que l’un des deux me téléphone, je vais d’abord le renvoyer au responsable, au gardien parce qu’il y a subsidiarité. Ou s’il y a une demande qui m’est adressée, je vais voir avec le gardien. Cela fait dix ans que je suis Provincial. Plus j’avance, et plus je vois que c’est vraiment important d’agir dans le cadre de ma fonction, ni plus, ni moins.
Alors, mon rôle ?…comment être serviteur de mes frères ? Mon rôle, c’est d’abord, comme le dit François d’Assise, d’exhorter mes frères, de les encourager — une des choses les plus difficiles aujourd’hui, c’est la dépression, la dévalorisation de soi — et de pouvoir encourager un frère dans ce qu’il est, dans ce qu’il fait, et donc de refléter ce qui est positif, mais pas ce qui est imaginaire : d’être toujours vrai.

Il y a deux excès d’un Provincial, ou d’un serviteur de ses frères, c’est l’autoritarisme et le laxisme. Pour freiner l’autoritarisme, il y a le discernement des communautés, il y a l’aide du conseil du Provincial. Beaucoup de choses permettent un contre-pouvoir. Il y a aussi un cadre qui est donné par l’ensemble des frères, dans les mandats, au moment d’un chapitre provincial, donc ce n’est pas « faire ce que je veux ». Mais aussi, pas de laxisme, et François est une boussole…Pas de laxisme, pourquoi ? Il peut y avoir un frère, par exemple, qui disjoncte, qui se montre violent envers les autres frères. Ça doit d’abord être réglé par le gardien. Mais, si c’est trop grave, alors là je dois intervenir. Et ça peut aller jusqu’à demander au frère de quitter la communauté, de recommencer dans une autre communauté… Ce n’est pas simplement m’en laver les mains. Evidemment, il faut d’abord que j’en parle au conseil provincial, mais c’est parfois dire stop ! C’est un des cas où il faut exercer l’autorité. Parce que, chez les Franciscains, parfois, on peut être gentil. Mais il ne s’agit pas d’être gentil, il s’agit d’être bon, et même par moments d’être tranchant. Voilà, c’est un peu comme dans l’éducation d’un père ou d’une mère, c’est de voir ce qui est ajusté au réel.

Comment conciliez-vous la part administrative croissante de votre charge et la présence indispensable aux frères ?
Concrètement, si je reçois une demande de la curie générale franciscaine de Rome pour connaître l’état de la province en terme de nombre – on est cent quinze –je vais la renvoyer à Jean-Pierre, qui est mon secrétaire. Dès que j’ai une demande d’ordre administratif, je vois si c’est moi qui dois m’en occuper ou si c’est quelqu’un d’autre. C’est pareil pour chaque courriel, parce que j’ai énormément de courriels et de demandes. Je vois si c’est à moi ou à quelqu’un d’autre de répondre, ou si ce n’est pas opportun. C’est toujours un discernement dans ce que je dois faire, ce que je peux faire. C’est vrai aussi, au niveau financier, avec Yannick qui est économe provincial. C’est lui demander s’il peut gérer, ou lui demander un avis, parce que c’est ma charge mais que j’ai besoin d’être éclairé. Donc, effectivement, il y a un boulot administratif qui est énorme et mon rôle c’est de déléguer. Parfois, je signe simplement.

Et vous avez le sentiment que vous arrivez vraiment à rester disponible pour vos frères ?
C’est tout mon problème : la gestion du temps. Mais c’est aussi la distance intérieure, par rapport à tous les problèmes, à tout le quotidien. C’est une grosse question. Ça rejoint celle de l’hygiène de vie, de la vie spirituelle. Ce n’est pas simplement une délégation. C’est ne pas être habité par tous les problèmes. Pour moi, c’est la question numéro un : comment je reste centré sur le Christ ? Non seulement centré, mais comment est-ce que mon union au Christ va grandissante ? En étant accompagné spirituellement, en méditant la Parole de Dieu, en faisant du sport, en courant 30 à 40 km par semaine. J’ai moins de temps pour la danse, mais j’ai besoin d’oxygène, d’aller à l’extérieur. L’équilibre de vie, l’hygiène de vie, c’est primordial. Je pense souvent aux athlètes de haut niveau : une des choses importantes pour eux, c’est la récupération. Comment je récupère ? Comment je fais le vide ? En ayant chaque matin une bonne période d’oraison, c’est-à-dire de silence. Ça équilibre par rapport au nombre de paroles que j’entends. Se mettre à l’écoute de la parole de Dieu, c’est fondamental.

Ce n’est donc pas qu’une question de temps et de délégation, c’est aussi une question de vie intérieure pour ne pas se noyer et pour rester disponible pour ses frères ?
Absolument. Et puis je demande souvent à Dieu de me rendre présent à l’instant. C’est tout simple, mais…mais d’être vraiment là… c’est tout un travail. Chacun, avec son emploi du temps, comment faire pour être quelqu’un de vivant, quelqu’un de présent à chaque instant, qui écoute vraiment en profondeur ?

Pour tout être humain, l’autorité peut se transformer en pouvoir. Comment, en tant que Provincial franciscain, parvenez-vous à vous garder de ce danger, pour que votre autorité soit toujours un service ?
Chez les Jésuites, le Provincial a un socius, un numéro deux, qui interpelle le Provincial et qui lui dit : « Il me semble que là, ou là, ce n’était pas tout à fait juste. » On n’a pas cela au niveau structurel chez les Franciscains. Mais, quand même, Frédéric-Marie, qui est le vicaire provincial, peut, à certains moments, m’interpeler, me dire là où ça a « beugué ». C’est important pour que l’autorité ne se transforme pas en pouvoir. Il n’y a pas que lui, il y a le conseil provincial et puis il y a les frères. Il y a donc de nombreux éléments qui peuvent permettre de faire attention à ce pouvoir, parce que c’est un des risques. C’est un risque important, d’autant plus important chez les Franciscains que, structurellement, à la différence des Dominicains ou des Jésuites, les contre-pouvoirs ne sont pas organisés, c’est-à-dire écrits. Un Provincial pourrait être très autoritaire, chez les Franciscains, parce que son domaine de décision est très étendu. Est-ce une question de tempérament, ou de limites que je perçois chez moi aussi ? En général, j’essaie, le plus possible, de partager les questions. Par exemple avec le conseil, le définitoire, pour qu’on puisse décider ensemble. Encore une fois, structurellement, le Provincial pourrait être autoritaire. Mais la mentalité est différente dans la spiritualité franciscaine : il y a une fraternité, et un esprit démocratique. Parfois même, il y a des frères qui me disent : « Michel tu pourrais décider beaucoup plus tout seul »… J’hésite par rapport à cela. Je préfère partager trop plutôt que trop peu. Les choses sont certes plus lentes, car plus participatives, mais je crois aussi plus profondes.

Et vous pensez qu’aujourd’hui les frères, dans un conseil, n’hésitent pas à dire non au Provincial ?
Oh oui ! Nous venons d’avoir des définitoires, et sur plusieurs questions, les frères m’ont dit : « non, non, nous on voit autrement. » Il y a une liberté de parole assez large et les frères sont suffisamment à l’aise pour me dire les choses. Un petit exemple : quand j’envoie une lettre à tous les frères de la province, je la fais toujours relire par l’ensemble du conseil. Ils me font des corrections, des compléments. Donc ce n’est pas la parole du Provincial, ou, en tout cas, elle peut être corrigée. Et puis je vois que certains frères peuvent mieux s’exprimer que moi…et donc, en étant Provincial, je touche beaucoup plus à mes limites parce qu’il y a tellement de domaines : administratif, canonique, juridique, psychiatrique parfois… J’ai besoin d’aide, et pas seulement de mes frères. Par exemple, je travaille avec une psychanalyste sur toutes les questions d’abus sexuels, car on a parlé des frères jusqu’ici, mais c’est beaucoup plus vaste…

Par conséquent, je crois que c’est très important, par rapport au pouvoir, de toucher ses limites. Je les perçois beaucoup plus aujourd’hui qu’avant d’être Provincial. Je pense souvent au curé d’Ars à qui on demandait : « Est-ce que vous n’êtes pas tenté par l’orgueil ? » Il répondait : « Non, je suis tenté par le désespoir. »
On ne voit pas cela chez ceux qui détiennent l’autorité, mais ça peut être terrible… le sentiment de ne pas être à la hauteur. Il ne faut pas avoir un complexe d’infériorité, mais reconnaître qu’on n’est pas à la hauteur et que c’est normal. Oui, c’est normal que je sois impuissant dans certaines situations.

Pour que l’autorité ne se transforme pas en pouvoir, il y a aussi toute la vie spirituelle, dont je parlais tout à l’heure. C’est extrêmement important, pour vivre vraiment, de savoir qu’il n’y a qu’un seul responsable, et c’est Dieu. C’est la question de la confiance de la foi qui se pose à toute vie humaine : c’est lorsque nous sommes confrontés à notre impuissance que peut se développer la confiance en Dieu, avec une autre profondeur. L’enjeu est le même pour tout un chacun, parce qu’on a tous des responsabilités, mais dans un cadre particulier pour le Provincial.

Propos recueillis par Pascale Clamens-Zalay, le 5 octobre 2023
La seconde partie de cet entretien sera mise en ligne sur notre site au mois de décembre.

Vacances franciscaines 2023

Notre fraternité « Le Petit Prince » prend régulièrement, tous les 2 ans, un temps de vacances ensemble,  8 à 10 jours selon les années.

Cet été  c’était,  pour la plupart d’entre-nous, le 23ème séjour ! Nous sommes allés à St Pierre- Quiberon dans une maison tenue par des dominicaines ; un lieu idyllique !

Notre objectif est de vivre une réelle fraternité au quotidien ; quand nous avons commencé nous étions tous jeunes parents et ce séjour se faisait avec tous nos enfants, et nous étions facilement une trentaine. Aujourd’hui nous continuons sans les enfants qui ont vieilli, et l’effectif est donc plus réduit puisque cette année nous étions 11 avec notre assistant, frère Gilles, et frère Thierry.

L’autre objectif est de mener une réflexion au quotidien sur un temps plus long. Nous privilégions aujourd’hui un lieu qui nous permet de suivre les temps de prière proposés ainsi que la messe au quotidien.

Notre rythme est toujours le même : un temps de partage le matin (2h) et l’après midi une découverte de la région. Nous avons pu voir ou revoir Carnac, Saint Cado, la presqu’ile de Quiberon  et la côte sauvage, Vannes et le golfe du Morbihan. Nos soirées permettent d’ajuster le programme de notre séjour au jour le jour, de chanter et même de danser !

Cette année nous avions pris comme base de réflexion le livre d’Anne-Marie Pelletier, « L’Eglise et le féminin » avec d’autres ouvrages pour éclairer notre réflexion sur la figure de Marie et la place du féminin dans la création en général,  dans la société, dans la vie et les écrits de François, dans la Bible et dans l’Eglise. Cela nous a permis de parler en vérité et à chacun d’exprimer la place que Marie a dans sa vie de croyant. Ce fut très riche et surprenant car nous avons découvert ensemble que  la dévotion mariale qui ne semblait pas être une évidence pour tous, était présente, sous différentes formes, dans la vie spirituelle de chacun.

Anne-Marie Pelletier nous a permis de redécouvrir les racines historiques de la place des femmes dans l’Eglise … Depuis les figures de l’ancien testament qui ont une présence et un rôle souvent aussi important que celui des prophètes, jusqu’aux femmes du nouveau testament, celles qui reçoivent des révélations, Marie bien évidemment, mais aussi Elisabeth, Marie-Madeleine,  Marthe et Marie de Béthanie, entre autres disciples de Jésus, mais aussi celles qui sont citées par Paul dans ses épitres, comme de véritables responsables de communautés. Nous avons noté aussi que dans le haut moyen âge, qu’une femme pouvait être abbesse d’un monastère mixte et que certaines avaient autorité sur les terres de l’abbaye, 

Lors du colloque organisé par la famille franciscaine à l’occasion du 8ème centenaire de l’approbation de la règle de 1209, Jacques Dalarun faisait cette remarque : « en 1216 il y avait à Pérouse des communautés mixtes de frères et sœurs mineures. Mais à Assise elles sont devenues les Pauvres Dames. »  

Lors du même colloque, sœur Véronique Margron s’interrogeait sur les rôles et les places respectives de l’homme et de la femme dans la société et dans l’Eglise. En genèse 1,27 nous lisons : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu, homme et femme il les créa. » Avant d’aller se reposer !                                            

Jacqueline et Jean-Pierre

Rencontre régionale

Le 14 mai 2023 au couvent St François de PARIS
sur le thème « la sobriété subie ou choisie »

C’est toujours avec bonheur que les fraternités de Créteil, St Denis, Meaux se retrouvent. Vaste et complexe thème qui ne manque pas d’intérêt, de convictions, de questions …
Le temps de prière du matin donne le tempo : « Si l’espérance t’a fait marcher … » « Bienheureux le serviteur qui rend tous ses biens au Seigneur (..) (Adm 18)
« Les laïcs franciscains (..) bien conscients que selon l’évangile, ils ne sont qu’administrateurs des biens qu’ils ont reçus en faveur des enfants de Dieu. » (Projet de vie 11)

Il ne fallut pas moins de 4 colonnes sur le grand tableau blanc pour noter toutes les expressions spontanées du brainstorming pour qualifier « la sobriété » selon qu’elle est choisie, qu’elle s’impose, qu’elle est subie …
Quelques mots reviennent : simplicité, partage, responsabilité, altruisme, limite, choix, ….. sans donner, pour autant, moins d’importance à tous les autres ….

L’Eucharistie, avec la participation d’une grande assemblée et de nombreux enfants dans la chapelle du couvent fut belle et festive. Dans son homélie, Fr Joseph à partir du texte de Pierre insiste sur l’importance du « rendre compte de l’espérance qui est en nous ». « Osez » !

Le repas partagé, sur les tables promptement installées dans le cloître, fut un bon et beau moment de convivialité.
« Loué sois tu mon Seigneur pour frère soleil » qui illumina notre sortie, après repas, dans la verdure du jardin fleuri des frères.


Fr Jean Baptiste Auberger nous fit ensuite rencontrer François d’Assise dans son choix de la pauvreté, son choix d’une vie sobre qui évolue au cours de sa vie.
Il donne son manteau : choix de donner ce dont il n’a pas besoin mais dont un autre a besoin.
L’Evangile de la St Mathias : partir en mission sans bâton, sans rechange ….mangeant et buvant ce que l’on nous donnera. » (Luc 3,7- Mth 10,10) « Voilà ce que je veux » s’écrie François.
Sobriété plus large que la nourriture. Etre en situation de dépendance. La sobriété n’est pas la pauvreté, pas l’ascèse pénitentielle. Mais un choix volontaire, joyeux, pour que d’autres puissent satisfaire leurs besoins. Légende de Pérouse 1 : « François fit préparer un repas au frère qui la nuit avait faim ». « Accorder à son corps ce qui lui est nécessaire. »
Deux raisons à la sobriété :

  • Disponibilité pour la rencontre de Dieu
  • Accepter toujours moins que ce que l’on nous offre, ce qui pourrait conduire à plus pauvre que soi.

Les petits groupes qui ont suivi, de façon ludique ou plus sérieuse, ont mis en évidence la société de consommation, le discernement nécessaire pour faire un choix …


Plusieurs questions jaillissent en conclusion de cette journée : des choix radicaux qui engagent l’avenir des enfants …. Des exemples de jeunes adultes qui posent des actes en vue de l’avenir de la planète : voyages en train, pas de télé … là une objection apparait « Et si le travail scolaire nécessite la recherche d’un document à trouver sur internet …

La question de la foi n’est pas absente. Combien parmi nos enfants participent à la vie en Église, en dehors de rassemblements ponctuels ?

Quoi qu’il en soit la transmission des valeurs est importante – en réciprocité.

Au terme de cette rencontre, la soif d’actualisation se fait sentir. Mais n’est ce pas cette
interrogation qui est la meilleure conclusion de la journée : « comment en tant que Franciscains continuer l’héritage de St François pour le bien de notre société ? »

Appel pour chacun de nous !

« Rien ne changera sur la terre des hommes si la justice meurt entre nos mains. Il nous sera vain de parler du royaume si la richesse encombre nos chemins ! »

Sœur Marie-France

« Heureux les pacifiants !…»

C’est ainsi que frère Daniel PAINBLANC, Capucin de la communauté de Créteil, introduisait son intervention pour notre journée de retraite régionale, sur le thème « Etre artisan de Paix », le dimanche 19 mars 2023, au couvent des Capucins de la rue Boissonade, à Paris.
Etre pacifié pour être pacifiant…

Comment être en paix avec soi-même, avec l’humanité et la création ? Comment la paix émane-t-elle de nous ? Comment faire vivre la justice et la paix qui sont inséparables ? Comment être fraternel ?

Nos fraternités sont des lieux de communion, de conversion et de pacification où nous sommes appelés à découvrir notre vocation, à changer notre regard sur l’autre, à avoir et à conserver un cœur humble et courtois, même dans les situations de conflits.


Ainsi, si l’amour est un acte de volonté, la fraternité aussi. Etre frère mineur, c’est une manière évangélique d’être au monde !

Frère Daniel nous a invités à ne pas nous appesantir, à aller davantage de l’avant dans le sillon de l’esprit de François d’Assise, et, en ce temps de Pâques, à « commencer » une vie nouvelle d’artisans de Paix et de Fraternité…

Un nouveau Conseil National pour l’OFS[1]de France

Chaque année, le Conseil National de l’OFS convie tous les Conseils Régionaux de France (représentés par 3 membres : assistant spirituel, ministre et une troisième personne déléguée) pour une rencontre fraternelle, un bilan de l’année écoulée et les perspectives à venir. 

En cette année 2022, le week-end des 15 et 16 octobre rassemblait environ 80 personnes et revêtait un caractère particulier puisqu’il comportait l’élection d’un nouveau Conseil National élu pour trois ans, par tous les membres présents des Conseils Régionaux ayant fait profession, (en fait 42 votants), avec la présence de deux de nos frères provinciaux Michel Laloux, ofm et Jean-François Marie Auclair, ofm conv, de deux représentants du CIOFS[2] venus de Rome : Noemi Paola Riccardi et le frère Tomàs Gilga Panzo Suva, assistant ofm cap., de François Van Tichelen, ministre national de Belgique, et de trois représentants de la Jefra[3] : Pierre-François Clément, Swann Cimbe-Brianceau et sœur Elizabeth Desportes assistante nationale de la Jefra.

Nous étions accueillis chaleureusement dans l’Espace Montcalm, maison diocésaine de Vannes, par la fraternité régionale de Bretagne qui n’a pas ménagé ses efforts pour que chacun vive ces deux jours dans une ambiance spirituelle – la prière de l’office des laudes, la célébration de l’Eucharistie et la prière du soir – et une organisation matérielle – chambres, collations et repas – très satisfaisante ! Même le soleil fut de la partie toute la journée de samedi !

Dès le samedi matin, après un mot de bienvenue de Claire Hulot, ministre nationale, et la présentation de la fraternité de Bretagne qui nous accueillait, chaque membre du Conseil National sortant, à tour de rôle, argumenta le bilan de la mission confiée qu’il avait pu mettre en œuvre et qui fut approuvé respectivement par les membres votants de l’assemblée présente. Nos deux assistants nationaux rapportèrent également le bilan de leur mission spirituelle et pastorale.

L’après-midi, nos deux frères provinciaux évoquèrent le rôle important de l’assistance spirituelle dans la vie de nos fraternités et la mission essentielle de ceux qui en assument la charge : être un lien de communion dans la vie de la fraternité, faire émerger les multiples expressions de la vie franciscaine séculière à travers l’écoute et à la lumière de la Parole de Dieu, avoir le souci de la croissance spirituelle des fraternités et des personnes, se former en permanence avec les autres assistants… Puis ils nous annoncèrent l’impossibilité de trouver de nouveaux frères pour remplacer les assistants nationaux actuels, les frères José Kohler, ofm et Dominique Lebon, ofm cap, arrivés eux-mêmes au terme de plusieurs mandats. Cet état de fait amènera à trouver d’autres modalités de fonctionnement, à l’étude actuellement…

Les membres de la Jefra et le représentant de l’OFS auprès des Groupes de Vie Évangélique, François Gaudard, prirent aussi la parole pour rapporter leurs activités au regard de l’OFS.

Vers la fin de l’après-midi, Noémi et le frère Tomàs nous dressèrent le cadre dans lequel allait s’effectuer l’élection du lendemain, et nous annoncèrent qu’un nombre insuffisant de candidats disponibles nécessitait que l’Esprit Saint nous insuffle de solliciter quelques membres supplémentaires pour élargir le choix des électeurs : nous avions le temps de la réflexion durant la nuit…

Après le repas du soir, un film intéressant: « caravane  amoureuse », tourné en 2010 par plusieurs membres de la fraternité de Bretagne, nous permit d’apprécier ce thème de « la fraternité semeuse de joie dans l’altérité » et ainsi de laisser décanter quelque peu les préoccupations électorales du lendemain !

La matinée de dimanche s’annonça laborieuse face aux exigences que préconisaient les Statuts rappelés avec insistance par la déléguée du CIOFS qui présidait les élections, mais ce temps put finalement se solder par des votes déterminants sur le choix de celles et ceux qui furent élus ou réélus : chacune et chacun fut interrogé sur son acceptation de sa nouvelle mission et vers midi, nous aurions pu laisser échapper une fumée blanche par la cheminée de notre « consistoire » : nous avions un nouveau Conseil National* élu pour trois ans pour la plus grande satisfaction de tous ! Un apéritif conclut cette réunion devenue festive et après le repas, l’Eucharistie concélébrée par le frère Michel Laloux et le frère José Kohler fut un vrai chant d’action de grâces – sans compter la danse finale ! – et un envoi magnifique pour chacun à la nouvelle mission qui lui était confiée dans l’esprit de François d’Assise que nous entendions profondément nous dire : « frères et sœurs, commençons !… »

Voici la composition du nouveau Conseil National de l’Ordre Franciscain Séculier de France :
– Ministre Nationale : Claire Hulot (réélue)
– Vice-Ministre Nationale : Catherine Delmas-Goyon  (réélue)
– Trésorier National : Xavier Fauvette (élu)
– Secrétaire Nationale : Suzanne Agrech (réélue)
– Responsable Nationale de la Formation : Marie-Agnès Fleury  (réélue)
– Conseillère Internationale : Claire Dechenaux (réélue)
– Conseiller National Jeunes et Familles : Bernard Cordier (élu)
– Conseiller National Présence au Monde : Etienne Poisson (réélu)
– Suppléante de la Conseillère Internationale : Catherine Delmas-Goyon (élue)


[1]OFS : Ordre Franciscain Séculier
[2]CIOFS : Conseil International de l’Ordre Franciscain Séculier
[3]JEFRA : Jeunesse Franciscaine

Pourquoi je m’engage aujourd’hui dans l’Ofs

Le 7 octobre, la région Créteil, St-Denis, Meaux a fêté la St-François chez les sœurs franciscaines, à Fontenay-sous-Bois.
Lors de cette célébration, Michel Sauquet a fait son engagement canonique au sein de la fraternité franciscaine séculière.
Avec son autorisation, nous publions le texte qu’il a partagé avec nous pour expliquer cette démarche, et quelques photos de ce temps fraternel.

La plupart d’entre nous connaissent par cœur cette invitation de François d’Assise : « Frères commençons à servir le Seigneur, car nous n’avons pas fait grand-chose jusqu’ici. »

« Frères, commençons »… Ces deux mots utilisés comme titre de nombreux articles dans nos revues m’ont très longtemps agacé. Je les tenais pour un slogan, dans un entre soi de laïcs et religieux franciscains, quelque chose d’allusif, qui ne me parlait pas du tout.

« Entré » il y a 45 ans, à la suite de mon épouse Brigitte, dans une fraternité franciscaine, je n’y avais jamais fait mon engagement. Je n’en voyais pas l’intérêt. Puis, à la faveur de recherches et de travaux d’écriture autour de François, et surtout de rencontres avec de nombreux religieux, religieuses et laïc(que)s de la famille franciscaine, j’ai changé de posture. Ces inspirateurs sont notamment les frères ici présents, Gilles Rivière, Joseph Banoub et Thierry Gournay, ainsi que le frère Jean-Luc Dehès qui nous a quitté et à qui je dois tant également. Ce sont aussi les sœurs de saint François d’Assise chez qui nous avons le bonheur de nous réunir aujourd’hui. C’est enfin cette fraternité du Petit Prince si riche en questionnements (on ne peut pas s’endormir avec elle !), et avec qui je chemine depuis des décennies. J’ai changé de posture, oui et je crois que je comprends beaucoup mieux aujourd’hui, la richesse de ce « Frères commençons ».

S’engager en fraternité à 76 ans, voilà qui n’a pas manqué de susciter l’étonnement, voire l’incompréhension de plusieurs de mes amis qui se demandaient quelle mouche me piquait de faire une telle démarche à cet âge-là.

Cette décision, je l’ai prise un peu dans le flou, intuitivement, jusqu’à ce que les mots d’un moine de l’abbaye d’En-Calcat me rejoignent en plein cœur. « Les chrétiens, disait-il, sont ceux qui commencent toujours, chaque matin et à toute heure. Parce qu’ils commencent, ils sont joyeux. Parce qu’ils ne font que commencer, ils ne peuvent s’enorgueillir, ils ne peuvent se prendre au sérieux. »



Ainsi nous, chrétiens, nous sommes des débutants, sur ce chemin de la joie initié par le Christ. Oui, nous sommes tous des débutants, et c’est tant mieux !

J’ai pris l’habitude, pour parler du temps qui nous reste à vivre, à nous les seniors, de dire que tout ce qui vient, c’est « du rab ». Que nous avons eu une assez belle vie, et que maintenant advienne que pourra. Mais je crois maintenant que cette attitude est fataliste, résignée, paresseuse.

Je repense aussi au deuxième livre des Rois, qui rapporte la lassitude d’Élie dans le désert. Épuisé, n’en pouvant plus, il demande à Dieu d’en finir : « Reprends ma vie, je ne vaux pas mieux que mes pères. » Et il s’étend sous un buisson où il s’endort. Mais par deux fois Dieu le secoue, le nourrit, et, finalement il reprend la route. Commencer, recommencer toujours, à n’importe quel âge, non à la force du poignet, mais avec l’aide de Dieu, grâce à son inlassable initiative.

Et recommencer avec votre aide à tous, au sein de cette famille franciscaine dans laquelle je m’engage ce soir plus résolument que je ne l’ai fait jusqu’ici ! Ce soir, oui, je vais demander au Seigneur, à l’Église et à vous tous de m’aider à mieux mettre mes pas dans ceux de Saint François, à imprimer aux années qui sont devant moi une feuille de route plus éthique, plus ouverte, moins autocentrée, plus franciscaine. Merci de votre soutien, et de celui de Brigitte, qui me guide sur cette voie depuis si longtemps.

Michel Sauquet

Journée régionale 19 juin 2022

Les sœurs et les frères de la Fraternité Franciscaine Séculière de la région Est-Francilien se sont retrouvés le dimanche 19 juin 2022, au couvent Saint François, chez les frères franciscains de Paris, pour une journée de rencontre, de détente et de réflexion sur le thème de la synodalité et particulièrement « l’écoute et le dialogue ».

La vidéo qui suit relate quelques moments de cette journée.

Cycle sur les traces de ma vie

Ce très beau texte d’Adémar de Barros interpelle.
Nous vous proposons de le lire et de le méditer.


Les interviews qui vont suivre au cours de ces mois sont autant de traces que de témoignages qui nous rendent lisible et visible cette si douce discrétion de la présence du Seigneur à nos côtés.

Interview N°3
Guillaume Régnauld

Interview N°2
Frère Luc Mathieu (OFM)

Interview N°1
Anne-Marie & Guy

Sur le sable, les traces de ma vie

Cette nuit, j’ai eu un songe :
je cheminais sur la plage accompagné du Seigneur.
Des traces sur le sable rappelaient le parcours de ma vie :
les pas du Seigneur et les miens.
Ainsi nous avancions tous deux
jusqu’à la fin du voyage.
Parfois une empreinte unique était marquée,
c’était la trace des jours les plus difficiles,
des jours de plus grande angoisse,
de plus grande peur, de plus grande douleur…
J’ai appelé :
« Seigneur, tu as dit que tu étais avec moi
tous les jours de ma vie,
j’ai accepté de vivre avec toi.
Pourquoi m’avoir laissé seul aux pires moments ? »
Il m’a répondu :
« Mon fils, je te l’ai dit :
Je serai avec toi tout au long de la route.
J’ai promis de ne pas te quitter.
T’ai-je abandonné ?
Quand tu ne vois qu’une
trace sur le sable
c’est que, ce jour-là,
c’est moi qui t’ai porté. »

Adémar de Barros, poète brésilien