Archives de catégorie : Vie Franciscaine

Vacances insoupçonnées à Notre-Dame de Reinacker !

Couvent de Notre-Dame de Reinacker
Lieu-dit Reinacker
67440 REUTENBOURG
tél : +33 3 88 03 23 26

Tous les deux ans depuis sa fondation, notre fraternité du « Petit Prince » choisit de partir en vacances pour vivre une semaine, ensemble, dans un cadre détendu et si possible spirituel, qui nous sorte du quotidien et nous permette de nous retrouver et d’approfondir nos échanges dans une ambiance sereine et baignée de nature !
En cette année où la pandémie commence à régresser, nous avions soif de partir et nous avons eu le privilège de nous évader la première semaine de septembre.


Presque par hasard, l’idée de notre assistant capucin, le frère Gilles Rivière, qui connaissait ce lieu, nous amena à séjourner en Alsace, non loin de Strasbourg, à 9 kms de Saverne, chez les Petites Sœurs de saint François d’Assise au « Foyer Notre-Dame de Reinacker ».
Si vous cherchez un hâvre de paix, où l’on vous accueille chaleureusement, « comme en famille », où vous trouverez toutes les commodités d’un séjour agréable, dans un cadre de prière et de calme et un site exceptionnel de campagne, n’hésitez pas : votre trésor est là !
Nous étions onze (neuf laïcs et deux frères capucin et franciscain) accueillis merveilleusement par une communauté de onze religieuses, à l’esprit ouvert et joyeux, où chacune se rend toujours disponible, d’une écoute bienveillante et en recherche constante d’une présence fraternelle à tous (alors qu’elles préparaient leur chapître général qui se déroulait juste après notre séjour dans ces lieux!).
Notre arrivée coïncida avec le début du « Mois de la Création », organisé par cette communauté, en lien avec les orthodoxes et célébré chaque week-end de septembre jusqu’à la saint François. Une belle prise de conscience de la nécessité de la Sauvegarde de la Création selon l’esprit de « Laudato Si » de notre Pape François !
Nous avons d’ailleurs apprécié d’être associés largement aux rencontres des 150 laïcs présents à cette occasion (concert de flûtes par le Quatuortensia le samedi soir, messe festive en plein air le dimanche présidée par Mgr Kratz, évêque auxiliaire de Strasbourg, ateliers et exposition d’oeuvres d’artistes, apéritif-rencontres…)

Puis, chaque jour de notre semaine se déroula selon un programme bien établi :

Le matin

Après l’office de laudes pour certains et la prière ensemble, nous avions convenu que chacun pourrait, seul ou en couple, présenter au groupe, entre 9h et midi, un thème qui lui tenait particulièrement à coeur : ce fut une surprise pour chaque matinée et l’occasion de nous découvrir mutuellement un peu mieux à travers nos choix.

• La première se lança sur ce magnifique thème de « la Joie », meilleur remède au pessimisme ambiant dans la période que nous traversons. Elle nous tint en haleine avec son texte « être joyeux », jaillissant de propositions concrètes et profondes, nous faisant deviner jusqu’au bout quel auteur avait bien pu être si intelligemment créatif dans un domaine que peu de gens lui aurait attribué : mais oui, Jacques Attali avait pu écrire tout cela en 2001 !
• La seconde matinée fut focalisée autour des textes du 22ème dimanche ordinaire (Deut,4 et Mc,7) où il est question de ce qui est intérieur (dedans) et extérieur (dehors) à l’homme, ce qui est pur et impur avec, en appui, un texte témoignage très dense de l’expérience d’un aumônier de prison qui atteste combien la moindre lueur du dedans ne doit pas s’éteindre, combien la Parole de Dieu peut transformer une vie et rendre libre intérieurement.
• le troisième matin nous plongea dans les grands problèmes socio-économiques et sociétaux de notre France actuelle : un interview remarquable de Gaël Giraud, s.j., projeté sur écran nous situa avec grande lucidité quels enjeux pourraient être réfléchis et « remis en jeu » dans les futurs programmes présidentiels : un grand chantier plein d’ouvertures pour nous !
• Le quatrième intervenant choisit de nous faire réfléchir très avantageusement sur l’amitié : amitié de Dieu, François d’Assise et l’amitié, l’amitié au-delà des différences, l’amitié : mot souvent galvaudé…Qu’est-ce qu’un ami pour nous, quelle est notre expérience de l’amitié, quelles différences entre amitié et fraternité?.. interrogations qui ouvrirent un échange très fructueux !
• La cinquième matinée fut consacrée à la découverte d’Arcabas : ce peintre de l’âme, sculpteur, poète converti à 25 ans et ce don de traduire sa foi et sa liberté de croire dans ses riches peintures, aux teintes extraordinaires (rouge, or, bleu…) qui font de son travail une œuvre sacrée, toujours très vivante, marquée d’une candeur joyeuse, révélatrice de questions profondes qui interrogent et provoquent à l’émerveillement. Un semeur d’Evangile à sa manière…qui a occasionné un vrai partage entre nous autour de ses œuvres parfois si surprenantes.
• Le dernier jour nous emporta sur un Discours du Pape François prononcé en 2015, lors d’une audience générale, plein d’humanité, de conseils, dans une expression toujours simple, actuelle, pragmatique, sur ce qu’est « être heureux » dans toutes les situations , meilleures ou pires, de la vie.Il ne condamne pas, va toujours de l’avant avec un regard positif sur les êtres , il est riche de foi en l’homme et en Dieu. Merveilleux échange pour clore cette belle semaine !

L’après-midi : détente et tourisme !

Soeur Pascale Bonef, de la communauté, nous a fait l’honneur de découvrir notre lieu d’accueil résidentiel et pendant plus de deux heures, nous a détaillé l’histoire de la Chapelle du Sanctuaire (XIIème siècle), le cimetière, le jardin des simples et des produits biologiques, les bâtiments et leurs nouvelles constructions porteuses d’avenir pour ce lieu plein de promesses. D’autres jours, nous sommes partis en balades visiter l’Abbatiale de Marmoutier, la Basilique, les rues pittoresques et le jardin botanique de Saverne, avons expérimenté « le Plan incliné de Saint Louis Arzviller » ascenseur à bateaux unique en son genre en Europe et situé sur le canal de la Marne-au-Rhin, et flané en découvrant le joli village typique d’Obernai.

Certaines soirées furent aussi bien occupées par le témoignage de sœur Nicole, supérieure de la Communauté, par la projection de 2 films «Dan et Aaron» (deux frères juifs que tout sépare reflètent bien une société en mutation), et « rêves d’or »(des migrants partis du Guatemala vivent la dure réalité de leur arrivée en Europe) suivis de débats enrichissants, par le partage-signalement de livres intéressants avec notre frère Gilles et même par une replongée sympathique dans nos chants de jeunesse avec l’accompagnement de notre cher guitariste Michel !

« Frère Soleil» rayonna chaque jour fidèlement pour nous découvrir les merveilles de ses levers et couchers dans cette nature luxuriante de fleurs, de champs, de verdure et d’oiseaux multiples !
En somme, une semaine de grâces où nous avons été gâtés en tous points et où nous nous sommes sentis très privilégiés par l’accueil, les rencontres, les échanges, le temps donné et passé ensemble, la prière avec la communauté, les richesses des lieux touristiques…
Oui, nous avons été très heureux de ces jours si fraternels, partagés dans une ambiance joyeuse et sereine, qui sont pour chacun source de renouveau et de « commencement » !…

Brigitte L
fraternité du « Petit Prince »

L’écriture d’un livre

L’écriture d’un livre est toujours une aventure et une plongée dans l’inconnu. On sait comment l’on veut commencer, on ne sait pas toujours ce qui viendra sous la plume (le clavier) en fin de course.

Dans certains cas, cette aventure réserve des surprises, de très bonnes surprises. Invité par les éditions Mame à écrire un petit livre sur la « manière franciscaine » de protéger la Création de la part de laïcs, j’ai pris le parti d’éviter de trop disserter sur ce que j’en pensais et de rassembler des témoignages de membres de l’OFS engagés dans des démarches correspondant à ce que le pape François, dans Laudato si’ appelle l’écologie intégrale : expériences de conversion personnelle et familiale des modes de consommation, réorientation de choix de vie dans le sens d’une plus grande sobriété, actions de solidarité fraternelle avec les plus démunis et les plus fragiles dans les périphéries souffrantes de la société (prisons, hôpitaux, migrants…), respect du monde animal, etc.

Ce pari n’était pas gagné d’avance pour moi. Je craignais de ne récolter que trop peu de témoignages et de me heurter à une trop grande retenue dans le récit d’histoires de vie et d’engagements personnels. Or la récolte a été au-delà de mes espérances, au point qu’après avoir supplié des religieux et des laïcs franciscains de me rediriger sur des personnes ou des fraternités susceptibles de témoigner, j’ai dû dire « N’en jetez plus ! »

Car très nombreux, à la vérité, sont ceux, dans l’OFS, qui mouillent leur chemise, en fraternité ou ailleurs, pour agir en faveur de la sauvegarde de la Création. Oui, vraiment très nombreux. Et, j’ai été intimidé devant ces témoignages, incité à une grande humilité, et surtout émerveillé par le dynamisme et la créativité d’une famille franciscaine laïque dont, prenant peut-être mon cas pour une généralité, j’avais l’image totalement erronée d’une communauté vieillissante, aux effectifs fondants, fatiguée… Tout le contraire. Les cheveux blancs n’empêchent guère d’aller de l’avant —toutes les têtes, d’ailleurs, sont loin d’être blanches dans la fraternité — et la large palette d’engagement de mes frères m’est apparue comme un vrai motif de louange.

Oui, disent tous ces témoignages, il est possible de partager ses biens, de se dégager de la crainte obsessionnelle du lendemain, de faire la différence entre besoin et caprice, de réfréner nos usages d’Internet, de se désapproprier d’une carrière supposée « prometteuse », de sortir de sa zone de confort et de revisiter sa vie à partir des plus pauvres, de voir en les plantes et les animaux des cadeaux de la Création, de verdir notre Église. Sans être des héros pour autant. Tous ces témoignages le disent et le redisent. Loué sois-tu Seigneur, pour tous ces frères qui ont le souci de respecter ta Création, de la protéger, de la jardiner !…

Libres, simples et heureux. Retourner à l’essentiel avec saint François, Éditions Mame, septembre 2021.

Michel Sauquet

La vie de notre Région Créteil / St Denis / Meaux

Chapitre régional électif.

Dimanche 26 septembre, chez les Petites Soeurs de St François d’Assise à Fontenay, s’est tenu notre chapitre régional électif, en présence de Claire Decheneaux, membre de l’équipe nationale et du frère Dominique Lebon, assistant national. Toutes les fraternités étaient représentées.
L’équipe sortante était composée de : Jacqueline Rossi, ministre régionale, Appoline Djondo, ministre adjointe, Joachim Lesage, trésorier, Brigitte sauquet, responsable de la formation et Pascale Clamens-Zalay, secrétaire.
Ont été élues ou réélues : Jacqueline Rossi, ministre régionale, Brigitte Lys, ministre adjointe, Françoise Rousseau, trésorière, et Pascale Clamens-Zalay, secrétaire.
Nous n’avons pas pu élire une personne en charge de la formation. Comme celle-ci est assurée dans chacune des fraternités, nous nous sommes donné un an pour revoir cette question.
L’après-midi s’est achevée par une célébration eucharistique d’action de grâce.

En l’absence de Rencontre régionale en juin dernier, nous avons demandé à chaque fraternité de nous partager ce qu’elle avait vécu en ces temps de confinement afin de constituer un livret qui puisse être envoyé à chacun et chacune durant l’été. C’était une autre façon de maintenir les liens entre frères et sœurs de la Région.
Nous avons décidé de diffuser ces différents témoignages sur notre Site Internet.

Fraternité Arc en Ciel
(La fraternité est composée de 7 personnes accompagnées par la sœur MarieJia , franciscaine Missionnaire de Marie à Clichy-sous-Bois. La fraternité se réunit chez la communauté des sœurs)
Depuis plus d’un an, notre fraternité vit par le truchement des téléphones qui nous ont permis de communiquer régulièrement. Équipés plus ou moins sur le plan informatique, voire pas du tout, il était difficile de mettre en place des visioconférences.
Nous nous sommes pourtant rencontrés à l’occasion de la messe d’au revoir de Sœur Françoise Roussel, à Clichy sous Bois, en juin 2020, avant son départ pour Lille afin de remplacer Sœur Yola. Ensuite, grâce au groupe WhatsApp créé par André, les informations ont circulé plus aisément, sérieuses, humoristiques parfois, histoire d’alléger la sinistrose extérieure…
A l’automne dernier, en octobre, Marie-Thérèse s’en est allée rejoindre son cher Jésus, après un parcours de vie remarquable, sans attendre son centenaire, mais toute de blanc vêtue comme elle le souhaitait. Elle nous a permis de nous retrouver physiquement à ses obsèques, et nous avons pu faire nos adieux à cette belle âme et belle personne qu’elle fut, toujours priant pour chacune et chacun de nous, gaie malgré sa quasi-cécité, toutes ses douleurs.
Nous avons vécu cette période aussi, rythmée par les méditations proposées par les fraternités bourguignonnes, transmises par Jacqueline. Pendant le temps de Carême, grâce à Joséfa, nous pouvions suivre les réflexions selon Saint François et nous avons partagé la joie de célébrer la Semaine Sainte dans nos paroisses respectives avec Pâques en point d’orgue !
Le 29 mai dernier, nous nous sommes revus chez Bernard, dans son petit paradis vert, pour un goûter de retrouvailles, fixer enfin des dates de réunion à Clichy sous Bois, chez les Sœurs franciscaines missionnaires de Marie, choisir un thème d’échange dans le dernier numéro d’Arbre. Notre sœur et amie Christine avec son époux Émeric, est revenue, ce printemps, en région parisienne après le refus de l’évêque de Rodez, de la poursuite de leur projet pour l’abbaye de Bonnecombe. Grande déconvenue qu’il leur faut prendre le temps d’appréhender… Voilà pour l’essentiel !

VOUS AVEZ DIT EMOTIONS ? BENEVOLAT DANS UNE ECOLE PRIMAIRE A PARIS

Voilà maintenant 3 ans que je suis bénévole dans une petite école primaire catholique à Paris et y propose des séances destinées au développement des « compétences psychosociales » (pour reprendre le jargon officiel en cours ! ;-). Il s’agit de séances destinées à mieux se connaître, notamment par la découverte et la « gestion » des émotions qui nous traversent. Une manière de contribuer à l’apaisement des relations et à l’éducation à la paix.

Toute ma source vient de la Communication NonViolente (CNV) de Marshall B. Rosenberg : suite aux stages « modules de bases » que j’avais eu la grâce de pouvoir suivre, je souhaitais ardemment la partager tant cela m’avait apporté. Et je pensais tout spécialement aux enfants dans un premier temps : moi j’avais attendu d’avoir 40 ans pour apprendre ça, quel temps perdu ! Je me disais que je pouvais déjà en partager au moins quelques « miettes », ce serait toujours ça de gagné pour eux ! Les séances que je propose ne prétendent donc pas être une transmission fidèle de la CNV (il faut beauooooooocoup de temps pour l’intégrer et la pratiquer vraiment !), cependant elles s’en inspirent largement.

Au début j’ai commencé dans une seule des 3 classes maternelles de l’école : celle de Silvia, rencontrée providentiellement lors d’une journée Foi et Lumière chez nous à Fontenay-sous-Bois, et par qui je suis entrée dans cette école. Puis, assez rapidement, le lien se créant dans le secteur des maternelles (il est « géographiquement » un peu à part), je suis intervenue dans les 2 autres classes. Il s’agit de 3 classes maternelles Montessori, avec des enfants âgés de 3 à 6 ans en moyenne (les petite, moyenne et grande sections y sont donc mélangées, à proportion aussi égale que possible), et les maîtresses sont également éducatrices Montessori, formées à l’Institut Maria Montessori.

En arrivant là, j’avais un double objectif : apprendre et m’imprégner le plus possible de cette pédagogie qui m’intéressait beaucoup, pour ensuite partager dans cette dynamique là ce que j’avais compris et intégré du processus de CNV. Cela repose donc depuis le début sur une étroite coopération avec les maîtresses et leurs aides maternelles, et le partage de nos compétences respectives dans un dialogue ouvert aux tâtonnements. Maria Montessori n’ayant pas développé cet apprentissage spécifique (pas en vogue ni au programme scolaire à son époque), nous avions conscience d’innover quelque chose tout en tâchant de rester fidèles à l’esprit d’une pédagogie qui nous précède et nous dépasse, avec l’humilité que cela requiert, notamment par l’accueil de nos erreurs comme faisant partie de notre apprentissage et de notre avancée « pas à pas ». Le fait que nous ayons posé cela dès le début était très libérant à mes yeux, dans le sens où nous ne nous sommes pas fait peser d’attentes ni d’exigences surdimensionnées. L’expérience a été très chouette, et cette première année a aussi été l’occasion de créer de nouveaux outils dans l’esprit de cette pédagogie, et destinés à l’apprentissage des émotions et des besoins (au sens où on l’entend dans le jargon CNV, c’est-à-dire uniquement nos besoins vitaux, ces « énergies de vie » universelles, ces « forces motrices » intérieures qui nous meuvent et nous poussent à développer des stratégies concrètes au service de la vie, pour sa protection et sa croissance – même si on fait aussi le contraire ! Le terme « besoin » n’est donc pas ici employé au sens d’un manque, ni pour désigner une « stratégie » concrète comme cela peut être courant dans notre langage habituel. Par exemple on dira facilement « j’ai besoin d’un stylo » à un moment où il nous manque. En CNV, on distinguera bien la « stratégie » du « besoin », et on ira chercher quelle est l’énergie profonde qui nous anime lorsque nous cherchons la « stratégie » stylo dans cette situation précise et en cet instant t (on pourrait imaginer que c’est le « besoin », la force vitale d’expression/de communication qui est motrice à ce moment-là et me pousse à chercher un stylo pour écrire un message à quelqu’un).

La deuxième année, ayant aussi créé des liens avec les autres institutrices l’année précédente, j’ai continué avec les maternelles, et commencé des séances dans une des autres classes (avec une pédagogie classique : dans cette école seules les maternelles suivent la pédagogie Montessori). Là, c’était une toute nouvelle expérience, avec des séances plus structurées et à durée limitée dans le temps. Un nouvel apprentissage donc, avec des enfants d’une toute autre tranche d’âge, un autre format pour leur partager la CNV, et une autre forme de coopération avec la maîtresse. Une découverte très riche aussi !

Puis le confinement est arrivé et a tout interrompu. Et lorsque je suis revenue, je me suis plutôt rendue disponible pour aider là où c’était nécessaire, la situation étant inédite et l’année scolaire touchant déjà à sa fin.

L’an dernier nous avons eu une année presque normale avec seulement une semaine de fermeture des écoles primaires, ce qui a été très chouette car j’ai pu, cette fois-ci, intervenir tout au long de l’année dans les 8 classes de l’école. Avec les maternelles j’ai continué à peu près sous le même mode que la première année (j’étais toutefois moins présente du fait de mon investissement dans les autres classes), et du CP au CM2, nous avons calé avec chacune des maîtresses, le mode, la durée et le rythme des séances. Là aussi j’ai énormément apprécié la collaboration avec les maîtresses, le partage d’expérience et de compétences, ainsi que leur soutien pour vérifier avec elles que ce que je proposais était bien adapté aux enfants de la tranche d’âge concernée et pour la « gestion de groupe » (dans laquelle je n’avais pas de compétences particulières, et je les prenais en général seule par demi groupes, ce qui fût parfois assez sportif !).

Je rends grâce de tout mon cœur au Seigneur qui par sa Providence a permis cela, et éprouve une profonde gratitude à l’égard de la Congrégation qui m’encourage et me soutient dans cette riche expérience. Je vois que cela m’apporte beaucoup, et me permet de continuer mon apprentissage de la CNV en la pratiquant avec les enfants. Et ce, d’autant plus que le besoin de cohérence, que nous avons tous, est particulièrement « sensible » chez eux. Cela a aussi plein de sens pour moi dans la mesure où ce processus m’aide à vivre davantage de cohérence intérieure pour vivre l’Evangile, notamment pour contribuer à la paix, paix qui est si chère à notre spiritualité franciscaine ! Et cette découverte de nos besoins profonds, ces énergies si vitales qui nous meuvent, est toujours un cadeau : les rejoindre par ce processus est source d’émerveillement et de gratitude devant l’infinie bonté de Dieu et la beauté de sa création. Et bien sûr, comme pour tout le reste, rien n’est définitivement acquis : c’est toujours à re-commencer !!! 😉

Sr Elisabeth Desportes, Sœurs de Saint François d’Assise

POUPONNIERE SAINTE CLAIRE DE LOME-TOKOIN-TOGO

Directrice de la pouponnière Sainte Claire : Sœur Esther SOME
La pouponnière Sainte Claire de Tokoin, à Lomé, a été créée le 28 décembre 1959. Elle accueille des enfants de 0 à 3 ans de diverses catégories : orphelins de mère, bébés nés de mères malades mentales ou en prison, ainsi que des enfants abandonnés. Ce centre abrite actuellement un effectif de 45 enfants.

Extrait du Rapport d’activité 2019 – 2020

RELECTURE DE LA PANDEMIE DU CORONAVIRUS « La vitalité missionnaire de notre Institut s’enracine dans sa capacité à rester ouvert aux réalités du monde et à sa propre réalité…» (Constitutions des Sœurs de saint François d’Assise, chapitre 5)

Le discernement communautaire était nécessaire face à la crise sanitaire mondiale liée à la COVID19. Bouleversées, notre inquiétude était de savoir comment protéger ces enfants vulnérables dont nous avons la charge ? Quelles dispositions prendre ? La solution adoptée à l’unanimité fut celle de rester confinés dans la clôture de la pouponnière pour la sécurité des enfants et de nous tous. Ne pouvaient adhérer à ce projet que les salariés qui avaient moins de contraintes familiales. Des sœurs des autres communautés de Lomé ont été également sollicitées pour renforcer l’équipe de la Pouponnière. Il fallait repenser l’organisation et le système de rotation dans les services. Ce fut à la fois une expérience difficile mais riche de sens car il fallait tout mettre en œuvre pour favoriser le vivre ensemble dans un esprit d’entraide. Il fallait aussi supporter le travail supplémentaire lié à la prise en charge, à tous les niveaux, des employés en confinement surtout quand intervient la maladie. Ce furent des moments d’intenses angoisses. Ce qui est beau est qu’au-delà de cette situation éprouvante pour tous nous pouvons y lire des impacts positifs à plusieurs niveaux :

• Au niveau spirituel. La prise de conscience de la limite de l’homme. La recherche de Dieu comme seul et unique sauveur. Comme Pierre dans la barque nous avons crié : « Seigneur sauve nous ». Notre impuissance face à la situation nous a conduits à l’abandon total à Dieu, notre unique libérateur. Un soutien mutuel nous invitait à prier ensemble pour une même cause : la délivrance de l’humanité de cette pandémie. Une expérience riche en la Providence divine.

• Au niveau relationnel. Nous avons vécu l’expérience de la dépendance face à l’épreuve. La question « Que faire ? » nous a permis de mieux mesurer le sens de la dépendance qui évoque l’idée du besoin. C’est-à-dire : avoir besoin de… Nous avons eu besoin d’un discernement communautaire afin de parvenir à un choix libre et personnel de participer au confinement strict, avec l’adhésion des employés qui n’avaient pas de contraintes familiales. L’application des mesures barrières et la distanciation sociale édictées par les autorités gouvernementales étaient et demeurent une rude épreuve pour nous tous mais un remède en attendant les dispositions idoines pour lutter contre le coronavirus. Ceci dit, le lavage des mains et le port des masques sont obligatoires à la Pouponnière.

Au niveau matériel et financier. Le soutien, tant moral que matériel et financier, dont nous avons bénéficié, témoigne une fois de plus que la cause des enfants à la Pouponnière préoccupe des âmes sensibles et généreuses. Une générosité qui nous a permis à notre tour, dans l’écoute et le discernement, de soutenir des personnes que la pandémie a privées du minimum vital.

Difficultés : Les difficultés s’expriment en termes d’impossibilités et de contraintes. Il s’agit, entre autres, de la limitation des contacts entre les enfants et les personnes extérieures occasionnant la suspension des visites, des stages et des services de bénévolat. La réduction des activités avec les enfants : les sorties détente par exemple. Comme déjà signalé plus haut, une des grosses difficultés a été le travail supplémentaire lié à la prise en charge du personnel confiné avec les enfants. Ce furent des moments d’angoisse mais aussi de tension qui ont, par moment, troublé l’ambiance de paix du groupe. Le contexte de la crise sanitaire a également affecté l’élan de nos activités, mais l’ensemble des acteurs ont été plutôt déterminés à offrir une prise en charge adéquate aux enfants. Les conséquences imposées par cette situation de crise sanitaire ont bouleversé les stratégies de mobilisation des ressources.

Questionnements : Quelles attitudes adopter face au vaccin contre la COVID19 ? Dans quelles conditions autoriser l’accès des personnes extérieures auprès des enfants avec une garantie de sécurité ?

CONCLUSION : Dans la fidélité à notre Charisme, sœurs de saint François d’Assise, la place des plus vulnérables a été toujours valorisée à travers, à la fois le souci des enfants, mais aussi des familles en général vivant dans des conditions de précarité. (…) Au-delà des difficultés incontournables, il convient de souligner combien ces enfants, dans leur innocence, nous édifient et nous interpellent sur notre perception de la vie. Ils nous apprennent comment apprécier les merveilles de la vie en étant à leur service.

Petites Sœurs de Saint François dites de Montpellier

Dans cette rubrique, le comité de rédaction a toujours souhaité partager avec les lecteurs le vécu et les expériences des sœurs et frères de la famille franciscaine. Il nous manquait, entre autres, nos « Petites Sœurs de Saint François » – dites « de Montpellier ».
Deux fraternités africaines ont accepté de nous partager leur vécu. Les textes qu’elles nous offrent sont tirés de rapport d’activités de l’année écoulée.


Le dispensaire

Dispensaire SAN MARZIANO (Centre Médicosocial)
ANYRONKOPE – TOGO

Population desservie : 4194
Hôpital de référence : CHP D’ANEHO ( Distance : 12 Km) et CHP de VOGAN : (13Km).
Nom du responsable : Sœur Gwladys KIBI-MANIBO
Les activités principales : Consultation curative ; Maternité ; Laboratoire ; Dépôt pharmaceutique ; Soins ; Suivi des PVVIH ; Suivi des personnes tuberculeuses ; Suivi des enfants malnutris…

Extrait du Rapport d’activité 2019 – 2020

Accueil sous l’apatam

ACCUEIL
Dans le monde médical, il est souvent dit qu’un malade bien accueilli est à moitié guéri. La compétence d’un centre de santé est aussi jugée par la qualité de son accueil. Nous nous efforçons de rendre cette première étape de la prise en charge de nos patients assez agréable pour eux et de leur donner confiance.

Personnel du dispensaire et bénévoles

Avant le début des activités, à 7 heures, l’équipe soignante ouvre la journée avec la prière suivie des informations puis d’une causerie éducative (par exemple : l’hygiène, l’alimentation équilibrée, les premiers gestes dans les cas de maladies courantes, diarrhée, paludisme…). Nous prenons les malades par ordre d’arrivée en insistant sur les mesures barrières tout en les orientant vers les consultants.
Avec la pandémie due à la COVID19, il nous a été recommandé, par le district, de faire l’accueil des malades dès l’entrée du portail avant de les admettre à la consultation. Le début de la mise en place de ce nouveau système a créé quelques désagréments chez certains de nos patients. Ce qui a demandé beaucoup de vigilance, de patience et d’attention de notre part pour expliquer le bien-fondé de ce « tri » qui permet une meilleure prise en charge de tous, sans distinction et sans discrimination.

ANALYSES
Dans l’ancien testament, les chapitres 13 et 14 du Lévitique sont consacrés à la maladie de la lèpre. La lèpre était une maladie maudite, redoutable et surtout invalidante. La communauté mettait tout en œuvre pour la diagnostiquer, pour isoler les malades et leur interdire toute vie communautaire avec les autres jusqu’à leur totale purification. La lèpre de notre communauté aujourd’hui, c’est la COVID19. Depuis l’année dernière cette pandémie a plongé le monde entier dans la peur et l’incertitude. La lutte contre cette crise sanitaire, par le respect de la distanciation sociale et des autres mesures barrières, nous oblige à nous adapter à un nouveau mode de vie qui vient bouleverser nos habitudes. Il faut s’isoler, isoler tous ceux qui sont contaminés et mettre en quarantaine tous les contacts de ces malades. Plus question de proximité si précieuse au réconfort de toute personne souffrante. Dans Marc (1,40-45) Jésus guérit un lépreux par contact avec ce dernier. Notre père saint François se fait proche d’un lépreux en descendant de son cheval. Pour nous, filles de saint François, comment prendre soin d’une personne souffrante à distance, une personne qui a besoin de notre secours et notre proximité ? Comment faire un soin à un malade sans le toucher ? Comment garder la distanciation à la maternité qui est un service de proximité ? Comment imposer à une parturiente, qui se tord de douleur et qui a besoin d’un certain confort, le port d’un masque ?

Cette année est pour nous une année de doute, de crainte mêlée d’espérance et, en fin de compte, une année de grâce et de bénédiction. Dieu est pour nous, il est avec nous, nous ne pouvons que nous savoir pleines de grâces et dire avec Marie « Mon âme exalte le Seigneur exulte mon esprit en Dieu mon sauveur…. Le Puissant fit pour moi des merveilles, saint est son Nom. » Nous avons eu peur que les deux cas que nous avons reçus, dont l’un suspect et l’autre confirmé de COVID19, fassent baisser considérablement le taux de fréquentation du centre.

Sœur Denise « sensibilise » et distribue une moustiquaire imprégnée à une femme enceinte.

Nous craignions pour notre santé mais nous redoutions également la fermeture du centre. Cependant, comme des guetteurs dans la nuit, nous attendions l’arrivée des malades et des femmes enceintes dans l’impatience et c’est dans la joie que nous accueillions ceux qui viennent à nous. « Comme les yeux de la servante vers la main de sa maîtresse, nos yeux levés vers notre Dieu », nous avons compté sur le Seigneur qui n’a pas manqué de bénir nos petites œuvres et de nous protéger.

ENSEIGNANT BENEVOLE

Après avoir suivi une carrière de 36 ans comme enseignant en France et avoir exercé comme chercheur et professeur en Colombie, me voici comme professeur bénévole retraité dans une association de promotion par la culture, chez les adultes. Cette nouvelle expérience est complétée par des cours de soutien à des adolescents malades, hospitalisés et à la scolarité chaotique.

Cette nouvelle façon d’enseigner à l’hôpital ou à des adultes, a changé la pédagogie pour laquelle j’avais été formé depuis mon adolescence, et m’a enrichi de façon extraordinaire. Elle m’a permis de concevoir le service sous un angle différent. En effet, très jeune déjà, j’ai su que ma vocation était de me consacrer à la transmission et au partage de mes acquis avec les autres. Cela a commencé par une courte expérience avec les « gamines » (nom donné aux enfants qui sont abandonnés et qui traînent dans les rues de Bogotá), reçus dans un centre social des Salésiens à la campagne. Chaque enfant retrouvait, grâce aux soins donnés à l’animal dont il était responsable, sa motivation pour grandir en dehors de la violence. Là, j’ai compris ce que signifiait le manque de tendresse et d’affection chez un enfant et comment on pouvait réussir à redonner confiance à un être que l’on croyait perdu à jamais.

Cette première expérience a été poursuivie quelques années plus tard, dans le cadre du service civil obligatoire, à la fin des études secondaires. J’avais choisi l’école du soir qui était fréquentée par des adultes qui avaient le double de mon âge, ou par des adolescents sans aucune formation de base, ignorant les rudiments de l’écriture et de la lecture.

En réalité, ce sont surtout ces deux expériences de base, qui ont fait surface dans mon engagement franciscain d’aujourd’hui. Cet engagement coïncide avec le temps de la retraite et c’est une réponse à la recherche d’une spiritualité.

A la lumière de François, j’ai bien compris que mon engagement auprès des jeunes et des adultes, était un service, un service qui n’est pas à sens unique ; je donne, je me donne, mais en retour je reçois beaucoup. Le fait de voir le sourire d’une jeune élève à l’hôpital, qui vous remercie d’avoir pu assister au cours, alors qu’elle vient de faire une tentative de suicide pendant le week-end, donne du baume au cœur et envie de continuer. Le fait de savoir qu’un jeune garçon a eu son bac après plusieurs tentatives infructueuses et malgré une ambiance familiale catastrophique, vous dynamise.

Avec la sensibilité franciscaine, je fais plus attention au regard porté sur les jeunes qui me sont confiés, en les considérant comme personnes à part entière : eux, qui ont été estropiés par la vie, qui ont peur d’aller à l’école, qui sont victimes d’un camarade ou d’une classe, d’inceste ou de violence, sont aussi des enfants aimés de Dieu : ils méritent un enseignement de qualité. J’étais habitué à des élèves qui faisaient des cours supplémentaires pour être les mieux classés dans les concours, je travaillais dans une ambiance très porteuse avec des élèves motivés ; à l’hôpital je fais l’expérience franciscaine de me dépouiller de tous ces acquis, pour me rendre disponible à une nouvelle misère humaine.

Le temps de pandémie que nous traversons est venu interrompre en partie, ce type de relation humaine et d’écoute privilégié. Comme dans tous les établissements, quelques élèves suivent des cours par internet, quand cela est possible, et d’autres peuvent aller à l’hôpital pour suivre quelques enseignements en présentiel. Dans ces conditions, le nombre d’élèves recevant un enseignement a diminué.

Ainsi, j’ai pu préparer deux élèves aux épreuves d’espagnol du baccalauréat grâce aux visioconférences, mais j’ai constaté que cela demandait un effort de concentration très important, chez les élèves qui parfois suivaient de traitements médicamenteux assez lourds et avaient tendance à décrocher. Mon rôle était alors d’accompagner le jeune sans chercher la performance intellectuelle. Au fond, ce qui nous est demandé c’est de redonner confiance, le goût de l’école et de la vie à ceux qui l’ont perdu. Ces valeurs ne sont-elles pas à pratiquer lorsque nous nous engageons à la suite de François ?

  Jesus

Bénévole au resto du cœur

Voilà 2 ans que je suis engagée en tant que bénévole au « resto du cœur », espace bébés (distribution pour des enfants de 0 à 18 mois).

Ce témoignage me donne l’occasion de faire le point sur cet engagement, mes joies, difficultés à assumer ce service.

Ayant travaillé dans la petite enfance, une ancienne collègue psychologue m’a sollicité pour rejoindre l’équipe de bénévoles. J’ai répondu « oui » rapidement à cette proposition. Après une vie professionnelle consacrée à la petite enfance, l’occasion m’était de nouveau donnée d’accueillir et d’accompagner parents et jeunes enfants.

L’équipe de bénévoles est riche par sa diversité, croyants et non croyants avec des parcours professionnels très différents. Les échanges sont riches et se font dans le respect de chacun, il y règne un esprit d’équipe. La richesse des expériences de chacun nous aide à améliorer notre accueil.

Quelles que soient les raisons de l’engagement de chacun, nous sommes tous là pour apporter de l’aide aux personnes en difficultés, mais aussi et surtout pour vivre la solidarité avec les bénéficiaires et entre bénévoles.

Mon travail est d’accueillir dans un espace de jeux les enfants que le parent peut nous confier pendant le temps où il retire les denrées qui lui sont nécessaires. C’est aussi un temps où il peut se poser, échanger, se détendre dans l’espace de convivialité autour d’une boisson chaude. Si la séparation est difficile pour l’enfant, le parent n’est jamais très loin… Mon rôle est de créer un lien de confiance et d’accompagner l’enfant dans ses découvertes, de l’aider à se poser et à respecter quelques consignes. Ma satisfaction est de voir comment l’enfant aime retrouver ce lieu chaque semaine ; rapidement, le parent nous le laisse avec confiance. Pour moi l’accueil est important d’autant que nous ne connaissons rien de l’histoire de ces familles et qu’un geste, une parole, un regard peuvent laisser des traces. Souvent ces familles sont de passage et changent fréquemment de lieux d’accueil. Il me faut faire preuve d’humilité et accepter de ne pas faire du travail sur du long terme.

Mon rôle peut être aussi de trier du linge et de préparer des trousseaux, mais aussi de trier et compléter des jouets et livres pour jeunes enfants.

Pour moi, respecter le bénéficiaire, c’est :
• l’accueillir dans un espace propre, convivial et chaleureux,
• respecter ces choix, ses goûts,
• en proposant du linge et du matériel de puériculture propre et correct,
• en proposant aux enfants des jeux complets et adaptés à leur âge.

Ce que je retiens de cette expérience, c’est qu’il s’agit souvent de rencontres brèves.

Pour celles qui vivent dans un même lieu d’hébergement, c’est le groupe qui se présente à nous, alors il est très difficile de faire de l’individuel, elles communiquent entre elles et ne sont pas en lien avec nous. Avec d’autres, l’échange est plus facile et elles font part de leurs besoins.

Mon objectif, c’est d’observer et d’aller vers la personne en retrait pour parler avec elle et saisir ses besoins. Etre bienveillante et à l’écoute.

Malheureusement la pandémie a eu beaucoup d’impacts négatifs : les bénéficiaires ne peuvent plus rentrer dans le local, la distribution se fait à l’extérieur (plus de moment de convivialité…). Les enfants ne peuvent plus être accueillis. Une distance doit être maintenue, alors que ces personnes ont besoin d’être mises en confiance. Le masque accentue cette distance, il n’y plus que le regard comme support à la communication. Ma plus grande difficulté est d’accepter les limites de cet échange, de maintenir la distance, et ne pas se toucher…. Les familles n’ont plus la possibilité de choisir le linge de leur enfant, le trousseau est préparé à l’avance et remis dans des sacs plastiques transparents (et non plus des sacs poubelle, heureusement !!!!)

Ma plus grande joie est de voir l’effet de surprise et le sourire des enfants au moment où je leur remets un jeu, un livre….

Cette expérience me fait réfléchir sur la « pauvreté » dont parle St François. Nous sommes tous pauvres de quelque chose ; pour moi, pauvre de ne pas trouver la bonne attitude, la bonne parole. Mettre de côté mes peurs et mon jugement.

Seul, nous ne pouvons rien faire. Il s’agit de voir en chaque personne (bénéficiaire et bénévole) un Frère.

Elisabeth

La coopérative Coop’Cot et les frères capucins de Créteil

©Frères capucins Créteil

Depuis le printemps 2020, la communauté des frères capucins de Créteil s’investit dans un projet de coopérative de consommation.

Témoignage de Frère Dominique Lebon, OFM Capucin (15 janvier 2021).

Notre communauté de frères capucins, après avoir participé pendant deux années à une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), s’est investie dans un projet de coopérative de consommation à Créteil : la Coop’Cot. Ce projet s’est concrétisé au printemps 2020 avec l’ouverture d’une épicerie située dans le centre commercial de Créteil-L’Échat. L’objectif est d’offrir au plus grand nombre une alimentation saine, aussi bien pour les humains que pour notre planète, de qualité, au prix juste pour les producteurs et les consommateurs.

A ce jour, 180 familles sont adhérentes à la coopérative et contribuent à son fonctionnement. Chaque adhérent participe aux décisions. Chacun donne 3 heures de son temps, toutes les 4 semaines, pour effectuer les diverses tâches inhérentes au fonctionnement de la Coop’Cot. Cela aide à avoir des prix justes et raisonnables. Les produits proposés sont à marge fixe et les bénéfices sont réinvestis dans le projet.
Participer à la Coop’Cot amène à changer quelques habitudes : par exemple, cela prend plus de temps que de faire les courses à la supérette du coin. Cela oblige à ralentir. Le bénéfice, c’est que l’on est organisé ensemble pour une consommation responsable. Que l’on peut consommer des produits qui ont un bon goût et qu’à la coopérative, on se sent un peu comme chez soi, dans une ambiance vraiment cordiale.
Nous, les frères capucins, nous essayons aussi d’être attentifs à ce que la Coop’Cot atteigne son objectif social, qu’elle puisse, comme elle le souhaite, s’ouvrir au plus grand nombre, et en particulier aux milieux modestes. Déjà aujourd’hui il y a une certaine diversité sociale chez les adhérents. Nous ne pouvons pas oublier que les plus pauvres sont les premières victimes de la malbouffe, et donc des maladies que celle-ci entraîne.

✅ Pour en savoir plus, rendez vous sur le site de Coop’Cot
✅ Découvrez aussi « Tout est lié » un webzine sur l’écologie intégrale qui a recueilli le témoignage de Frère Dominique Lebon, ofm Capucin

Du 9-3 à l’Aveyron central

Témoignage sur un changement de vie
(2ème partie)

Mais au-delà de ces multiples efforts pour changer de mode de vie pratique, en tant que franciscaine, je ne peux qu’aspirer à une conversion écologique plus profonde, qui soit d’abord une révolution de la fraternité. Un concept en pleine expansion, dans les milieux engagés en la matière, illustre d’ailleurs bien la démarche, c’est celui de permaculture, qui vise à s’inspirer de la nature pour développer des systèmes en synergie, fondés sur la diversité des cultures, leur résilience leur productivité naturelle et leur interaction fertile. Nous voulons en effet que notre projet Propolis soit « permaculturel » tous azimuts, en favorisant certes différents types de productions agricoles selon cette méthode, aussi bien dans le potager, le verger que dans nos jardins de plantes à parfum, aromatiques et médicinales, mais aussi et d’abord en permettant des rencontres fructueuses entre les personnes.

Notre projet vise ainsi à brasser les profils des participants au cursus de formation : étudiants en césure, actifs en reconversion, salariés d’entreprise, chômeurs et retraités. Nous souhaitons aussi que Bonnecombe, qui est très grande et comporte en plus de l’abbaye-même, une ferme et un moulin, puisse accueillir des activité annexes au centre de formation, qui viendraient l’enrichir : lieu de vie et d’accueil pour mineurs migrants ou jeunes en séjour de rupture confiés à l’Aide sociale à l’enfance, artisans du fer, du verre de la pierre et visiteurs, le tout formant comme un écosystème en interaction fertile. Nous voulons aussi que des jeunes et familles résidant dans les cités – emmenés par exemple par l’association Le Rocher – puissent venir passer des séjours à Bonnecombe, en vue de renouer avec la nature et se ressourcer. Enfin, l’Association Propolis se fixe aussi comme objectif, dans ses statuts, le service du département de l’Aveyron et de la région Occitanie. Ceci implique de faire découvrir et aimer ces territoires à nos futurs étudiants et peut-être avant tout, de nous insérer dans le tissu local, à commencer par celui des habitants du village dont l’abbaye dépend. Ceci prend bien sûr un temps fou. Il faut lentement se défaire de l’image de parisiens idéalistes et gagner lentement la confiance des Aveyronnais de souche, un brin méfiants. Humblement, accepter de rester pour longtemps des étrangers.

Pour nourrir ma vie de prière, je ne peux pas m’appuyer sur une fraternité séculière en Aveyron. Car il n’y en a pas. J’ai en revanche reçu un très fraternel accueil au sein de la fraternité de La Drèche dans le Tarn, à une heure de l’abbaye. Je m’intéresse aussi de plus près à la règle de saint Benoît et à sa devise « ora et labora », qui structurera sans nul doute l’emploi du temps de Propolis. Bernard de Clairvaux, le grand saint cistercien et François, le saint d’Assise, sont donc des guides bien utiles sur ce long chemin de la conversion à 360 degrés !

Christine Fisset (FFS)