Après avoir suivi une carrière de 36 ans comme enseignant en France et avoir exercé comme chercheur et professeur en Colombie, me voici comme professeur bénévole retraité dans une association de promotion par la culture, chez les adultes. Cette nouvelle expérience est complétée par des cours de soutien à des adolescents malades, hospitalisés et à la scolarité chaotique.
Cette nouvelle façon d’enseigner à l’hôpital ou à des adultes, a changé la pédagogie pour laquelle j’avais été formé depuis mon adolescence, et m’a enrichi de façon extraordinaire. Elle m’a permis de concevoir le service sous un angle différent. En effet, très jeune déjà, j’ai su que ma vocation était de me consacrer à la transmission et au partage de mes acquis avec les autres. Cela a commencé par une courte expérience avec les « gamines » (nom donné aux enfants qui sont abandonnés et qui traînent dans les rues de Bogotá), reçus dans un centre social des Salésiens à la campagne. Chaque enfant retrouvait, grâce aux soins donnés à l’animal dont il était responsable, sa motivation pour grandir en dehors de la violence. Là, j’ai compris ce que signifiait le manque de tendresse et d’affection chez un enfant et comment on pouvait réussir à redonner confiance à un être que l’on croyait perdu à jamais.
Cette première expérience a été poursuivie quelques années plus tard, dans le cadre du service civil obligatoire, à la fin des études secondaires. J’avais choisi l’école du soir qui était fréquentée par des adultes qui avaient le double de mon âge, ou par des adolescents sans aucune formation de base, ignorant les rudiments de l’écriture et de la lecture.
En réalité, ce sont surtout ces deux expériences de base, qui ont fait surface dans mon engagement franciscain d’aujourd’hui. Cet engagement coïncide avec le temps de la retraite et c’est une réponse à la recherche d’une spiritualité.
A la lumière de François, j’ai bien compris que mon engagement auprès des jeunes et des adultes, était un service, un service qui n’est pas à sens unique ; je donne, je me donne, mais en retour je reçois beaucoup. Le fait de voir le sourire d’une jeune élève à l’hôpital, qui vous remercie d’avoir pu assister au cours, alors qu’elle vient de faire une tentative de suicide pendant le week-end, donne du baume au cœur et envie de continuer. Le fait de savoir qu’un jeune garçon a eu son bac après plusieurs tentatives infructueuses et malgré une ambiance familiale catastrophique, vous dynamise.
Avec la sensibilité franciscaine, je fais plus attention au regard porté sur les jeunes qui me sont confiés, en les considérant comme personnes à part entière : eux, qui ont été estropiés par la vie, qui ont peur d’aller à l’école, qui sont victimes d’un camarade ou d’une classe, d’inceste ou de violence, sont aussi des enfants aimés de Dieu : ils méritent un enseignement de qualité. J’étais habitué à des élèves qui faisaient des cours supplémentaires pour être les mieux classés dans les concours, je travaillais dans une ambiance très porteuse avec des élèves motivés ; à l’hôpital je fais l’expérience franciscaine de me dépouiller de tous ces acquis, pour me rendre disponible à une nouvelle misère humaine.
Le temps de pandémie que nous traversons est venu interrompre en partie, ce type de relation humaine et d’écoute privilégié. Comme dans tous les établissements, quelques élèves suivent des cours par internet, quand cela est possible, et d’autres peuvent aller à l’hôpital pour suivre quelques enseignements en présentiel. Dans ces conditions, le nombre d’élèves recevant un enseignement a diminué.
Ainsi, j’ai pu préparer deux élèves aux épreuves d’espagnol du baccalauréat grâce aux visioconférences, mais j’ai constaté que cela demandait un effort de concentration très important, chez les élèves qui parfois suivaient de traitements médicamenteux assez lourds et avaient tendance à décrocher. Mon rôle était alors d’accompagner le jeune sans chercher la performance intellectuelle. Au fond, ce qui nous est demandé c’est de redonner confiance, le goût de l’école et de la vie à ceux qui l’ont perdu. Ces valeurs ne sont-elles pas à pratiquer lorsque nous nous engageons à la suite de François ?
Jesus
Archives de catégorie : Vie Franciscaine
Bénévole au resto du cœur
Voilà 2 ans que je suis engagée en tant que bénévole au « resto du cœur », espace bébés (distribution pour des enfants de 0 à 18 mois).
Ce témoignage me donne l’occasion de faire le point sur cet engagement, mes joies, difficultés à assumer ce service.
Ayant travaillé dans la petite enfance, une ancienne collègue psychologue m’a sollicité pour rejoindre l’équipe de bénévoles. J’ai répondu « oui » rapidement à cette proposition. Après une vie professionnelle consacrée à la petite enfance, l’occasion m’était de nouveau donnée d’accueillir et d’accompagner parents et jeunes enfants.
L’équipe de bénévoles est riche par sa diversité, croyants et non croyants avec des parcours professionnels très différents. Les échanges sont riches et se font dans le respect de chacun, il y règne un esprit d’équipe. La richesse des expériences de chacun nous aide à améliorer notre accueil.
Quelles que soient les raisons de l’engagement de chacun, nous sommes tous là pour apporter de l’aide aux personnes en difficultés, mais aussi et surtout pour vivre la solidarité avec les bénéficiaires et entre bénévoles.
Mon travail est d’accueillir dans un espace de jeux les enfants que le parent peut nous confier pendant le temps où il retire les denrées qui lui sont nécessaires. C’est aussi un temps où il peut se poser, échanger, se détendre dans l’espace de convivialité autour d’une boisson chaude. Si la séparation est difficile pour l’enfant, le parent n’est jamais très loin… Mon rôle est de créer un lien de confiance et d’accompagner l’enfant dans ses découvertes, de l’aider à se poser et à respecter quelques consignes. Ma satisfaction est de voir comment l’enfant aime retrouver ce lieu chaque semaine ; rapidement, le parent nous le laisse avec confiance. Pour moi l’accueil est important d’autant que nous ne connaissons rien de l’histoire de ces familles et qu’un geste, une parole, un regard peuvent laisser des traces. Souvent ces familles sont de passage et changent fréquemment de lieux d’accueil. Il me faut faire preuve d’humilité et accepter de ne pas faire du travail sur du long terme.
Mon rôle peut être aussi de trier du linge et de préparer des trousseaux, mais aussi de trier et compléter des jouets et livres pour jeunes enfants.
Pour moi, respecter le bénéficiaire, c’est :
• l’accueillir dans un espace propre, convivial et chaleureux,
• respecter ces choix, ses goûts,
• en proposant du linge et du matériel de puériculture propre et correct,
• en proposant aux enfants des jeux complets et adaptés à leur âge.
Ce que je retiens de cette expérience, c’est qu’il s’agit souvent de rencontres brèves.
Pour celles qui vivent dans un même lieu d’hébergement, c’est le groupe qui se présente à nous, alors il est très difficile de faire de l’individuel, elles communiquent entre elles et ne sont pas en lien avec nous. Avec d’autres, l’échange est plus facile et elles font part de leurs besoins.
Mon objectif, c’est d’observer et d’aller vers la personne en retrait pour parler avec elle et saisir ses besoins. Etre bienveillante et à l’écoute.
Malheureusement la pandémie a eu beaucoup d’impacts négatifs : les bénéficiaires ne peuvent plus rentrer dans le local, la distribution se fait à l’extérieur (plus de moment de convivialité…). Les enfants ne peuvent plus être accueillis. Une distance doit être maintenue, alors que ces personnes ont besoin d’être mises en confiance. Le masque accentue cette distance, il n’y plus que le regard comme support à la communication. Ma plus grande difficulté est d’accepter les limites de cet échange, de maintenir la distance, et ne pas se toucher…. Les familles n’ont plus la possibilité de choisir le linge de leur enfant, le trousseau est préparé à l’avance et remis dans des sacs plastiques transparents (et non plus des sacs poubelle, heureusement !!!!)
Ma plus grande joie est de voir l’effet de surprise et le sourire des enfants au moment où je leur remets un jeu, un livre….
Cette expérience me fait réfléchir sur la « pauvreté » dont parle St François. Nous sommes tous pauvres de quelque chose ; pour moi, pauvre de ne pas trouver la bonne attitude, la bonne parole. Mettre de côté mes peurs et mon jugement.
Seul, nous ne pouvons rien faire. Il s’agit de voir en chaque personne (bénéficiaire et bénévole) un Frère.
Elisabeth
La coopérative Coop’Cot et les frères capucins de Créteil
Depuis le printemps 2020, la communauté des frères capucins de Créteil s’investit dans un projet de coopérative de consommation.
Témoignage de Frère Dominique Lebon, OFM Capucin (15 janvier 2021).
Notre communauté de frères capucins, après avoir participé pendant deux années à une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), s’est investie dans un projet de coopérative de consommation à Créteil : la Coop’Cot. Ce projet s’est concrétisé au printemps 2020 avec l’ouverture d’une épicerie située dans le centre commercial de Créteil-L’Échat. L’objectif est d’offrir au plus grand nombre une alimentation saine, aussi bien pour les humains que pour notre planète, de qualité, au prix juste pour les producteurs et les consommateurs.
A ce jour, 180 familles sont adhérentes à la coopérative et contribuent à son fonctionnement. Chaque adhérent participe aux décisions. Chacun donne 3 heures de son temps, toutes les 4 semaines, pour effectuer les diverses tâches inhérentes au fonctionnement de la Coop’Cot. Cela aide à avoir des prix justes et raisonnables. Les produits proposés sont à marge fixe et les bénéfices sont réinvestis dans le projet.
Participer à la Coop’Cot amène à changer quelques habitudes : par exemple, cela prend plus de temps que de faire les courses à la supérette du coin. Cela oblige à ralentir. Le bénéfice, c’est que l’on est organisé ensemble pour une consommation responsable. Que l’on peut consommer des produits qui ont un bon goût et qu’à la coopérative, on se sent un peu comme chez soi, dans une ambiance vraiment cordiale.
Nous, les frères capucins, nous essayons aussi d’être attentifs à ce que la Coop’Cot atteigne son objectif social, qu’elle puisse, comme elle le souhaite, s’ouvrir au plus grand nombre, et en particulier aux milieux modestes. Déjà aujourd’hui il y a une certaine diversité sociale chez les adhérents. Nous ne pouvons pas oublier que les plus pauvres sont les premières victimes de la malbouffe, et donc des maladies que celle-ci entraîne.
✅ Pour en savoir plus, rendez vous sur le site de Coop’Cot
✅ Découvrez aussi « Tout est lié » un webzine sur l’écologie intégrale qui a recueilli le témoignage de Frère Dominique Lebon, ofm Capucin
Du 9-3 à l’Aveyron central
Témoignage sur un changement de vie
(2ème partie)
Mais au-delà de ces multiples efforts pour changer de mode de vie pratique, en tant que franciscaine, je ne peux qu’aspirer à une conversion écologique plus profonde, qui soit d’abord une révolution de la fraternité. Un concept en pleine expansion, dans les milieux engagés en la matière, illustre d’ailleurs bien la démarche, c’est celui de permaculture, qui vise à s’inspirer de la nature pour développer des systèmes en synergie, fondés sur la diversité des cultures, leur résilience leur productivité naturelle et leur interaction fertile. Nous voulons en effet que notre projet Propolis soit « permaculturel » tous azimuts, en favorisant certes différents types de productions agricoles selon cette méthode, aussi bien dans le potager, le verger que dans nos jardins de plantes à parfum, aromatiques et médicinales, mais aussi et d’abord en permettant des rencontres fructueuses entre les personnes.
Notre projet vise ainsi à brasser les profils des participants au cursus de formation : étudiants en césure, actifs en reconversion, salariés d’entreprise, chômeurs et retraités. Nous souhaitons aussi que Bonnecombe, qui est très grande et comporte en plus de l’abbaye-même, une ferme et un moulin, puisse accueillir des activité annexes au centre de formation, qui viendraient l’enrichir : lieu de vie et d’accueil pour mineurs migrants ou jeunes en séjour de rupture confiés à l’Aide sociale à l’enfance, artisans du fer, du verre de la pierre et visiteurs, le tout formant comme un écosystème en interaction fertile. Nous voulons aussi que des jeunes et familles résidant dans les cités – emmenés par exemple par l’association Le Rocher – puissent venir passer des séjours à Bonnecombe, en vue de renouer avec la nature et se ressourcer. Enfin, l’Association Propolis se fixe aussi comme objectif, dans ses statuts, le service du département de l’Aveyron et de la région Occitanie. Ceci implique de faire découvrir et aimer ces territoires à nos futurs étudiants et peut-être avant tout, de nous insérer dans le tissu local, à commencer par celui des habitants du village dont l’abbaye dépend. Ceci prend bien sûr un temps fou. Il faut lentement se défaire de l’image de parisiens idéalistes et gagner lentement la confiance des Aveyronnais de souche, un brin méfiants. Humblement, accepter de rester pour longtemps des étrangers.
Pour nourrir ma vie de prière, je ne peux pas m’appuyer sur une fraternité séculière en Aveyron. Car il n’y en a pas. J’ai en revanche reçu un très fraternel accueil au sein de la fraternité de La Drèche dans le Tarn, à une heure de l’abbaye. Je m’intéresse aussi de plus près à la règle de saint Benoît et à sa devise « ora et labora », qui structurera sans nul doute l’emploi du temps de Propolis. Bernard de Clairvaux, le grand saint cistercien et François, le saint d’Assise, sont donc des guides bien utiles sur ce long chemin de la conversion à 360 degrés !
Christine Fisset (FFS)
Du 9-3 à l’Aveyron central
Témoignage sur un changement de vie
(1ère partie)
Membre de la fraternité franciscaine séculière depuis le 4 octobre 2016, je travaillais jusqu’au 1er août 2020 comme salariée, au sein de l’association Le Rocher Oasis des Cités, une association catholique d’éducation populaire implantée dans 9 quartiers urbains en difficulté. La particularité de cette association est d’avoir des équipes qui font le choix de venir vivre dans les cités. Nous habitions au nord de Bondy, en Seine-Saint-Denis, mon mari Émeric et moi, pour cette raison. Parallèlement à ma mission de responsable des relations institutionnelles du Rocher, je travaillais depuis 2015 avec Émeric à un projet de centre de formation sur l’écologie environnementale et sociétale. Ce projet rejoignait en effet nos aspirations respectives : celle d’Émeric à protéger la nature, née de ses nombreux voyages à pied dans des contrées sauvages et la mienne à mener une vie plus fraternelle avec toutes les créatures, inspirée de notre frère François. Nous nous étions aussi fortement sentis encouragés dans notre entreprise par la sortie de l’encyclique Laudato si’ en juin 2015, qui montrait bien que « tout est lié ».
Nous avions assez rapidement baptisé notre projet « Propolis ». L’allégorie nous semblait bonne. Nous voulions que notre projet serve l’homme et la nature. La propolis est en effet une substance fabriquée par l’abeille pour entretenir et assainir la ruche, en colmater les fissures. Il suffisait de considérer la ruche comme notre « maison commune » : planète ou/et communauté humaine. Nous cherchions bien sûr un lieu pour établir Propolis et de fil en aiguille, une piste s’est ouverte en Aveyron, fin novembre 2017. L’abbaye cistercienne de Bonnecombe, au sud de Rodez, était en effet disponible à ce moment-là et l’évêché de Rodez et Vabres, qui en est propriétaire, cherchait repreneur. Nous avons décidé de faire le saut en nous installant en Aveyron, non loin de Bonnecombe, en avril 2019, puis en nous établissant à l’abbaye-même le 1er août 2019. Nous continuons aujourd’hui d’étudier la faisabilité de notre projet dans ce bien, bâti en 1167 et très largement reconstruite à la fin du XIXème siècle, heureusement dans un style médiéval.
Notre projet Propolis visera notamment à promouvoir un style de vie sobre et heureux, en faveur de cinquante étudiants pendant 9 mois, de septembre à mai, qui viendront se former sur les questions environnementales et sociétales, en vivant à Bonnecombe, avec des cours le matin et des activités manuelles et ateliers d’échanges de talents l’après-midi. Mais, sans attendre le lancement du projet, nous tentons déjà de convertir dans ce sens notre vie quotidienne, encouragés par les traditions rurales et la beauté de la nature de notre nouveau territoire d’adoption. Alors bien sûr, la conversion écologique ne se fait pas en un jour. En témoignent les exemples suivants. Comme l’abbaye est située dans une combe et que la côte est raide et sinueuse pour en sortir, il est très difficile d’opter pour le vélo et je passe mon temps à prendre ma voiture pour faire des courses et des démarches administratives diverses. Je rêve du moment où nous pourrons relancer la production hydroélectrique du moulin de l’abbaye, qui a fonctionné jusqu’en 1997, pour alimenter une voiture électrique. Je vais aussi toujours régulièrement au supermarché, car le potager – qu’une bénévole zélée a lancé en juin 2020 –, ne donne pas encore de quoi alimenter la table tous les jours. Mais, là aussi, les perspectives sont prometteuses, puisqu’au printemps prochain, le potager devrait s’agrandir d’une forêt-jardin. Qu’il est difficile aussi de résister à une proposition amicale ou familiale de « petit voyage » en avion vers l’Europe centrale, le Proche-Orient, etc. Heureusement que l’enclavement de l’Aveyron freine la bougeotte. Dans un autre registre, à présent que la pollution due au numérique a dépassé celle provoquée par le transport aérien [1], il devient urgent de devenir plus sobre dans sa production d’emails, ses envois de photos, de vidéos, etc. Il faut donc sans cesse arbitrer sur l’utilité/coût pour la planète de chaque action de communication pour notre confort personnel et pour notre projet.
Il faut donc se remettre en question sur tous les fronts…
Christine Fisset (FFS)
[1] Le numérique émet aujourd’hui 4 % des gaz à effet de serre du monde, c’est 1,5 fois plus important que le transport aérien ! Envoyer un simple mail rejette en moyenne 10 grammes de CO², soit l’énergie nécessaire pour faire fonctionner les machines qui envoient, transportent et stockent les informations. Plus une pièce jointe est volumineuse, plus cela pollue. Enfin, toute donnée stockée en ligne consomme de l’énergie.
Sources : The Shift Project /Greenpeace.
Pardons d’Assise (2/2)
Le comité de rédaction a souhaité partager avec vous l’homélie du frère Michael Perry, ministre général de l’Ordre des Franciscains, pour la fête du pardon, le 2 août, à la basilique Notre Dame des Anges – la Portioncule. Texte toujours d’actualité.
Comme elle est un peu longue, nous la publierons en deux parties.
Bonne lecture, et peut-être bonne méditation.
PS : Les chiffres donnés datent du début août. Ils ont fait un bond faramineux depuis.
Comme membres d’une fraternité cosmique toutes les créatures partagent la même vocation et dignité donnée par Dieu – Suite de l’homélie du Ministre Général pour la fête du Pardon d’Assise
Frères et sœurs, l’appel au repentir et à la conversion, afin d’ouvrir nos esprits, nos cœurs et nos vies à un nouveau mode de vivre ensemble sur cette planète est aujourd’hui plus urgent qu’à n’importe quel autre moment de l’histoire humaine. La conversion exige que nous écoutions « autant le cri de la terre que le cri des pauvres ». (cf. Pape François, Laudato si, par. 49) Mais ce n’est pas encore ce qu’entendait François d’Assise quand il priait pour que toutes les personnes et, j’ajouterai, tout l’univers créé puissent être admis au paradis. Il s’agit de faire l’expérience de ce que saint Matthieu appelle « un style de vie des Béatitudes » (Mt 5, 1-11) et la vivre dans une bonne et juste relation réciproque entre nous, et avec toute la création.
Aujourd’hui nous arrivons dans cet espace sacré de la Portioncule, un lieu de prière, de rencontre, de pardon, de miséricorde et d’amour. Dieu nous a conduits ici afin d’entrer plus pleinement dans le drame divin de l’acte rédempteur de Jésus, de libération du péché. Le pouvoir de réconciliation de la croix nous invite à chercher la voie du retour vers Dieu, vers l’autre, vers nous-mêmes, et vers la création. Nous venons comme frères et sœurs, en portant dans nos cœurs, dans nos esprits et dans nos corps, toute créature vivante, afin que tous puissent participer au pouvoir libérateur de l’amour de Dieu qui réconcilie. Comme dit Saint Paul : « Nous savons que toute la création gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement ; elle n’est pas la seule, mais nous aussi qui possédons les prémices de l’Esprit nous gémissons intérieurement, attendant l’adoption filiale, la rédemption pour notre corps ». (Rm 8, 2-23) L’acte même de cette adoption, cette démarche de rédemption, n’est rien d’autre que la pleine réconciliation de toutes choses dans le Christ Jésus, obtenue par la mort de Jésus sur la croix (Col 1,20). C’est ici que convergent le témoignage de Saint Paul et celui de François qui nous offrent une voie nouvelle pour faire l’expérience des conséquences de la grâce d’une vie réconciliée.
Dans son Cantique des Créatures François nous indique la route pour rejoindre une vie de Béatitudes, de Paradis retrouvé. Dans le Cantique, François célèbre la présence amoureuse de Dieu dans toute la création. Il contemple la nature comme un guide sur lequel nous devons modeler nos rapports avec Dieu, entre nous et avec le monde naturel.
Il reconnait dans la création – Frère Soleil, Sœur Lune et tous les autres éléments, l’appel à vivre en totale dépendance du Créateur. Il nous invite à ouvrir notre vie à une compréhension de notre identité authentique comme membres d’une « fraternité cosmique » où toutes les créatures partagent la même dignité et vocation donnée par Dieu depuis le moment de la création. Cette unique fraternité, cette maison commune a été créée par Dieu avec la vocation d’aimer, de servir et d’honorer le Créateur en s’aimant, en servant et en s’honorant les uns les autres. Les êtres humains et le monde créé ont comme vocation le devoir de se soutenir et de se compléter mutuellement, non pas de s’opposer et se détruire mutuellement. Nous sommes coresponsables les uns des autres, surtout des pauvres et des exclus. Nous sommes coresponsables de la vie de l’habitat naturel, en démontrant de la gratitude et respectant les limites de la nature sans pousser la planète sur la rive du désastre écologique.
« Venez à moi vous qui me désirez et rassasiez-vous de mes fruits. Car mon souvenir l’emporte en douceur sur le miel et ma possession sur le rayon de miel. » (Sir 24, 18-19) Ces mots de consolation nous offrent l’espérance que Dieu sera toujours miséricordieux, qu’il nous accueillera toujours à nouveau, pour loin que nous dévions dans nos vies, et peu importe combien nos communautés humaines sont éloignées de la pratique de l’amour, de l’attention, de la justice et de la miséricorde envers chaque être humain et envers le monde naturel, notre maison commune.
Frères et sœurs, Dieu nous appelle à travers cette grande célébration du Pardon d’Assise, à abandonner tout ce qui porte à la mort, tout ce qui nous vole la miséricorde, le pardon, la paix et la joie de Dieu. Nous sommes invités à vivre comme des fils aimés par un Dieu amoureux, destinés à la liberté, destinés à l’amour, destinés à Dieu. Il n’y a pas d’espace pour la peur, il n’ya pas d’espace pour l’exclusion, il n’y a pas d’espace pour l’apathie ou l’inaction. Au Paradis, en Dieu, tous sont bienvenus, tous sont pardonnés et tous sont aimés.
Que Marie, Mère de Jésus, nous embrasse et nous console alors que nous renouvelons ensemble notre engagement à vivre une amitié authentique avec Dieu, les uns avec les autres et avec notre mère terre, notre maison commune.
Frère Michael Anthony Perry, OFM
Ministre et Serviteur
Pardon d’Assise 2020 (1/2)
Le comité de rédaction a souhaité partager avec vous l’homélie du frère Michael Perry, ministre général de l’Ordre des Franciscains, pour la fête du pardon, le 2 août, à la basilique Notre Dame des Anges – la Portioncule. Texte toujours d’actualité.
Comme elle est un peu longue, nous la publierons en deux parties.
Bonne lecture, et peut-être bonne méditation.
PS : Les chiffres donnés datent du début août. Ils ont fait un bond faramineux depuis.
Comme membres d’une fraternité cosmique toutes les créatures partagent la même vocation et dignité donnée par Dieu – Homélie du Ministre Général pour la fête du Pardon d’Assise
Loué sois-tu mon Seigneur avec toutes tes créatures
Spécialement Messire le Frère soleil, …par sœur Lune et les étoiles
Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère vent…
Et par l’air et le nuage et le ciel serein et tout temps, par sœur eau, par frère feu,
Par notre sœur Mère terre qui nous soutient et nous gouverne.
Loué sois-tu mon Seigneur par ceux qui pardonnent par ton amour et soutiennent maladies et tribulations.
L’année 2020 sera rappelée comme une année de grande maladie et tribulation dans le monde. Chaque communauté humaine sur cette petite planète Terre a été touchée d’une manière ou d’une autre par la pandémie SARS-CoV-2. Actuellement plus de 650 mille personnes sont mortes dans le monde, dont 35 mille en Italie. Plus de 17 millions de personnes se sont révélées positives au virus, mais les scientifiques nous disent qu’il ne s’agit probablement que d’une petite partie du total des contaminés. La vie sociale, culturelle, économique et spirituelle des gens – notre vie – a été partout profondément bouleversée. Beaucoup ont ressenti de graves altérations psychologiques qui en ont porté certains à abandonner l’espérance et à se suicider. Encore plus préoccupant, nous n’avons pas idée de comment évoluera le virus et cela crée une profonde incertitude pour l’avenir.
Ces conséquences sont justement trop réelles pour nous tous qui sommes ici réunis aujourd’hui pour célébrer la fête du Pardon d’Assise. Nous nous couvrons le visage avec les masques, nous maintenons la distance sociale l’un de l’autre, nous cheminons dans la crainte de l’ennemi invisible : cette année nous constatons aussi que dans cet espace sacré se réunissent moins de pèlerins que ceux qui d’une année à l’autre se rendent ici pour célébrer la fête du Pardon d’Assise: la « Marche franciscaine » annuelle qui devait fêter son quarantième anniversaire, devra se renvoyer à une autre date.
Le nouveau Coronavirus a aussi ouvert les yeux de nombreuses personnes – et j’espère qu’il a aussi ouvert les yeux de nous tous ici réunis pour la prière – aux profondes blessures sociales et écologiques présentes de longue date dans la plupart, sinon dans toutes les sociétés. Ces blessures, symbole d’un grave péché social et institutionnel, dans un passé récent, ont peu attiré l’attention parmi ceux qui font partie des classes majoritaires ou « privilégiées ». Ce n’est pas le cas de ceux qui sont repris parmi les « minorités » qui ont vécu quotidiennement de graves infirmités sociales et tribulations durant une grande part de leur vie. Cela a été démontré plus clairement par l’homicide cruel de Georges Floyd, un homme de couleur innocent de Minneapolis dans le Minnesota, aux USA, suffoqué par la police, malgré sa demande de pitié, d’oxygène – huit minutes et quarante-six secondes – « Je n’arrive plus à respirer », aucune pitié ne s’est montrée de la part de ceux à qui on a confié de sauver des vies humaines. Mais la situation difficile de George Floyd, son homicide ne se limite pas seulement aux États Unis. C’est l’expérience de tant d’individus dans le monde entier – en Angleterre, France, Italie, Inde, Afrique du Sud, Brésil pour nommer seulement quelques lieux- systématiquement exclus qui, réduits à une vie de pauvreté, ne « peuvent pas respirer » à cause de la couleur de leur peau, de la classe sociale qui leur est assignée, à cause de leurs convictions religieuses ou de leur orientation sexuelle. L’expérience de la souffrance et des tribulations dont parle Saint François n’est pas une expérience seulement vécue au niveau personnel. L’intuition personnelle de Saint François, son cri de miséricorde, de pardon et de réconciliation a aussi une dimension sociale qui si elle s’embrasse par la suite, produira en chacun de nous une profonde conversion. Cette conversion donnera des fruits de vie authentique, juste et pleine de joie à nous qui sommes disciples et missionnaires avec le Christ, avec Marie et avec Saint François.
La nouvelle pandémie de Coronavirus nous offre la possibilité d’analyser un autre élément profondément préoccupant qui produit de la souffrance et des tribulations de plus en plus grandes pour l’immense majorité des habitants du monde. Je veux parler de la profonde différence socio-économique qui augmente. Ceux qui contrôlent les forces de production et distribution économique – les multinationales (Apple, Amazon, Facebook et Google)- en ces temps incertains de la pandémie, tandis que les pauvres, les exclus, les personnes de couleur deviennent plus pauvres, marginalisées, poussées à la limite de la survie, elles aussi à un rythme alarmant. Ce sont eux qui affrontent les plus grands risques et supportent les pires conséquences de la pandémie car ils n’ont rien sur quoi compter, comme réserves, comme ressources sociales significatives. En même temps, nous assistons aussi à une aggravation de la crise du milieu, à l’implacable destruction du milieu naturel – les forêts pluviales ; les océans, les fleuves, l’atmosphère qui fournit l’oxygène à nos poumons ; la fonte des deux pôles et une augmentation alarmante du niveau de la mer qui à son tour, contraignent surtout les pauvres à abandonner leurs maisons et à devenir « des réfugiés de l’environnement ». Toutes ces inégalités sociales destructrices et les abus envers la nature créent les conditions favorables où des agents pathogènes mortels, précédemment tenus sous contrôle dans des milieux naturels protégés, peuvent passer rapidement de l’animal à la communauté humaine, apportant des dangers et des souffrances imprévues. La pandémie de la SARS Cov-2 nous a permis, peut-être pour la première fois de notre vie, de reconnaître la nature profonde de l’interconnexion de tous les êtres vivants et le besoin pour nous de nous repentir et de changer nos vies.
Prions en confinement
(Cette peinture nous montre Jésus portant dans ses bras l’humanité malade, masque sur la bouche, drapée de multiples drapeaux nationaux)
Chers sœurs et frères,
Que le Seigneur vous donne la paix !
Le confinement ne permet pas à nos fraternités de se retrouver, physiquement, et cela peut durer encore quelques temps.
Nous avons donc pensé, le bureau régional, de vous proposer, chaque semaine, et durant toute la durée du confinement, un petit thème de réflexion, qui, nous l’espérons, nous fera avancer à la rencontre du Christ, notre Seigneur et frère, en ce temps tout à fait particulier.
Comme nous espérons que vous rentrerez tous dans cette proposition qui nous permettra d’approfondir notre sentiment d’appartenance à l’OFS et à notre région, et donc consolider notre unité.
Pour cette semaine, nous vous proposons de nous arrêter, sur la prière :
« Si nous n’étions franciscain(e)s que lorsque tout va bien, le serions-nous vraiment ? Prions ensemble le Seigneur pour que cette crise s’éloigne le plus vite possible, épargne autant que possible les plus fragiles, mais prions aussi pour que nous sachions en tirer les leçons et avancer vers une société plus humaine, plus juste et plus solidaire, cette société à laquelle nous appelle tous les ans le carême. Avançons vers Pâques avec cette boussole. »
Michel Sauquet
Voici une prière que nous vous proposons, et qui est dite par l’ensemble des frères franciscains de la province du bienheureux Jean Duns Scot :
« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles. »
Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie
la dimension franciscaine de pause et partage
Une expérience de fraternité
Chacun d’entre nous a expérimenté en fraternité combien cela peut faire du bien de pouvoir dire à d’autres ce qui vous pèse, les questions qui nous taraudent et de trouver des interlocuteurs bienveillants qui écoutent sans jugement, donnent leur point de vue sans rien imposer et partagent avec nous leur expérience humaine et spirituelle. Nous avons voulu offrir à d’autres ce que nous recevons dans notre fraternité et le faire à plusieurs. Souvent, dans une fraternité franciscaine, chacun a ses propres engagements à l’extérieur et pratique le service du frère selon ses dons et ses choix. Mais il y a dans l’ADN de l’expérience franciscaine cet envoi sur les routes à deux ou trois pour annoncer la Bonne Nouvelle. C’est un choix intermédiaire entre l’engagement individuel et l’engagement collectif de toute une fraternité dont nous rêvons parfois mais qui pourrait avoir quelque chose de contraignant et d’uniformisant.
A plusieurs, nous sommes plus forts pour affronter ce qui est difficile dans le service que nous assumons ensemble et pour chercher à le faire dans un esprit franciscain. Nous pouvons mieux prendre de la distance par rapport à nos réactions trop personnelles ou émotionnelles. Nous échangeons entre nous sur les questions que nous nous posons à propos de notre positionnement vis-à-vis des personnes que nous accueillons. Jusqu’où pouvons –nous les aider, répondre ou non à leurs demande ? Et ce n’est pas facile de résister à certaines demandes quand nous nous mettons à la place de ceux qui les formulent. Nous veillons dans cette perspective à orienter nos hôtes vers d’autres aides extérieures au groupe, notamment des associations, pour tout ce qui dépasse nos compétences et nos forces. Nous ne sommes pas psy, ni assistants sociaux, ni conseillers juridiques. Mais ce que nous pouvons faire ensemble, c’est donner l’occasion d’expérimenter la richesse et la fécondité des relations fraternelles, même si chacun de nos hôtes peut croire en arrivant qu’il ne peut rien pour l’autre.
C’est merveilleux de voir nos invités après un certain temps, se proposer de sortir ensemble ou échanger des adresses utiles ou s’apporter d’autres formes d’aide par exemple du soutien scolaire pour un enfant en difficulté. Cela exige de notre part de rester très discret, de ne rien forcer, de laisser mûrir les choses et naître les initiatives. Tout ce qui peut être perçu comme incitation moralisante est démobilisateur et culpabilisant mais La fraternité vécue est contagieuse, elle donne de la joie, du courage, l’envie de vivre et d’être soi-même avec les autres.
Nous sommes conscients des limites de l’aide que nous pouvons apporter. Personne ne peut porter la croix de l’autre mais seulement le soutenir comme Simon de Cyrène. Nous nous rappelons la parole de Jésus : «En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire »( Jn 15,5) C’est pourquoi nous tenons à proposer au groupe ce temps de ressourcement l’après-midi où chacun peut approfondir ou renouer sa relation avec le Christ, déposer sa vie devant lui, et la relire en sa présence, apprendre à Lui faire confiance, à s’appuyer sur Lui . Il s’agit aussi pour ces personnes qui se posent des questions sur leur vie et sur elles-mêmes, de se sentir accueillies et aimées par l’Eglise et dans cette perspective, la présence et les prises de parole de frère Joseph sont essentielles. IL représente l’autorité de l’Eglise et nous laïcs, nous ne pouvons pas le faire seuls. Chacun doit travailler à sa juste place.
Pause et partage, c’est une grande école de dé-maîtrise. A chaque rencontre, nous ne savons pas quels seront les frères et sœurs qui nous seront donnés, nous sommes impuissants devant certaines situations et certains choix, nous devons nous incliner devant la liberté de l’autre et le secret de ses motivations malgré l’inquiétude que nous pouvons ressentir pour eux et pour les enfants. Heureusement, les liens fraternels entre les membres de l’équipe nous aident à avancer à travers ombre et lumière. C’est la fraternité vécue entre nous qui nous aide à vivre la fraternité plus largement et à transmettre par delà nos propres forces cette expérience de la force de la fraternité qui peut s’étendre de proche en proche lorsqu’on a eu la grâce de la vivre.
Témoignage de Marie-Agnès Fleury, de l’équipe d’animation de Pause et Partage
La dimension franciscaine de Pause et Partage
L’hospitalité de Dieu est ouverte à tous !
L’hospitalité, c’est accepter de se laisser accueillir par l’autre et de devenir son hôte, ou accueillir l’autre et prendre soin de lui.
Au cours de cette journée, dans un naturel et une simplicité de cœur, il est très important d’être conscient de l’importance de l’accueil : toute personne qui se présentera à nous est considérée comme un frère ou une sœur. Tout au long de cette journée, il y a des temps forts qui s’inspirent de la spiritualité franciscaine : la rencontre, l’écoute, le partage du repas, le dialogue, ce moment de recueillement et de prière à l’oratoire où nous nous situons tous en enfants bien -aimés du même Père. L’écoute de l’autre est très importante, une personne qui se confie à vous c’est une part de sa vie, une part d’intimité qu’elle dévoile à un inconnu et il faut la respecter. Nous sommes là sous le regard de Dieu avec sa bienveillance et son amour. Lors du partage du repas, chaque personne se découvre, le dialogue s’ouvre et l’on apprend aussi à se connaître un peu mieux. Nous essayons de prendre conscience que nous devons nous mettre au service de nos frères, comme l’aurait aimé François, pour ce jour exceptionnel où nous devons recevoir chacun comme un invité de marque. Sur le thème de l’hospitalité franciscaine, dans nos choix face à l’accueil, deux phrases sonnent comme un appel et font écho aux nombreux témoignages : Nous sommes nés comme don et nous sommes appelés au don, nous sommes dignes parce que nous sommes aimés. Chaque frère rencontré est un don de Dieu qui a lui aussi quelque chose à donner.
L’après-midi, il y a ce temps à l’oratoire, ce moment de partage et de prière à partir d’un texte choisi à la dimension franciscaine. Un exercice d’ailleurs dont nous avons l’expérience en fraternité comme le partage de l’Évangile mis en relation avec notre vie par exemple. Lors de ce temps de partage, chacun peut s’exprimer sur une phrase, sur un mot qui l’a marqué dans le texte, d’abord médité en silence. Il faut aussi rappeler l’importance de la présence de Frère Joseph qui nous accompagne tout au long de cette journée, une présence indispensable, je tiens à le souligner. La présence de l’Esprit Saint est indéniable tout au long de cette journée, mais je dirais encore plus lors de ce temps de prière où les personnes sont touchées au plus profond d’elles-mêmes par rapport à leur vécu ; ce texte qui leur parle, résonne en elles comme une porte ouverte sur leur histoire et leur vie sous le regard bienveillant de Dieu.
Pause et partage n’est pas seulement un moment ‘’spirituel’’, c’est un vrai moment de fraternité, d’une fraternité qui nous tient à cœur, où chaque personne prend soin de l’autre dans des gestes simples. Dès le début François fera de l’accueil chaleureux et simple un des traits caractéristiques de la fraternité franciscaine.
«La fraternité se construit par des actes. François n’est pas un théoricien. il utilise rarement le mot abstrait de « fraternité », mais il parle toujours de « frère » dans des situations concrètes : « Et qu’ils s’aiment les uns les autres, comme dit le Seigneur : Ceci est mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. Et qu’ils montrent par des actes l’affection qu’ils ont les uns pour les autres, comme dit l’Apôtre : « N’aimons pas en paroles ni de langue mais en actes et en vérité (1reg.11, 5-8) ». (Extrait du livre de Michel Hubaut, chemin d’intériorité avec Saint-François).
Philipe Defoort