La conversion est donc un retournement de tout l’être, un changement profond et radical dans sa façon de penser, de se comporter et de vivre…
Au seuil de cette année nouvelle, nous allons exprimer des vœux de toutes sortes, nous allons également prendre de grandes résolutions que nous essaierons de tenir…quelque temps… et que nous finirons par oublier. Mais, dans notre vie de foi, que pourrions-nous souhaiter pour 2020 ?
Il y a peu, nous entendions Jean le Baptiste proclamer : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 3,2) ; après l’arrestation de Jean, Jésus inaugure son ministère en annonçant la Bonne Nouvelle de Dieu et en déclarant : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc1,14-15) Alors, pourquoi ne pas émettre le vœu de nous laisser convertir tout au long de cette année…
Que faut-il entendre par “conversion“ ? Le mot grec qui lui correspond est “metanoïa“et il a longtemps été traduit par “repentance“, ce qui signifie se détourner du mal et des idoles et poser des actes de pénitence. Mais le mot “repentance“ à lui seul est quelque peu restrictif et ne rend pas compte de la foi qui est cet élan qui nous pousse à nous tourner vers Dieu. Ce sont ces deux mouvements, ensemble, qui constituent la “conversion“ comme l’écrit Paul aux Thessaloniciens : « Car chacun raconte […] comment vous vous êtes tournés vers Dieu en vous détournant des idoles, pour servir le Dieu vivant et véritable ». (1 Th1,9) Dans le livre des Actes 3,19 on peut lire également : « Repentez-vous donc et convertissez-vous ».
La conversion est donc un retournement de tout l’être, un changement profond et radical dans sa façon de penser, de se comporter et de vivre… Pour autant, il ne faudrait pas imaginer que ce retournement s’accomplit par la seule force de notre volonté. C’est un processus dynamique qui permet à l’homme d’entendre un appel et d’y répondre en s’ouvrant totalement au changement qu’opère en lui la Parole du Christ. Il ne s’agit pas de “se convertir“ mais plutôt de “se laisser convertir“. A l’origine, il y a toujours un appel du Seigneur, à travers un évènement ou une rencontre, et la conversion est liée à notre aptitude à accueillir cet appel et à y répondre, sous l’action de l’Esprit. C’est une grâce qui nous est faite et qui nous met en chemin à la suite du Christ. Comme aux pêcheurs, Pierre et son frère André, Jacques et Jean les fils de Zébédée, comme à Matthieu le collecteur d’impôts, comme au jeune homme riche, Jésus nous dit : « Viens, suis-moi ». De la même façon, il nous demande de quitter tout ce qui nous entrave et nous rend esclaves du péché. « Quiconque suit le Christ, homme parfait, devient lui-même plus homme » (Gaudium et Spes 41,1). Sa Parole nous libère de tout ce qui nous enferme sur nous-mêmes : nos richesses et nos possessions, nos habitudes et nos certitudes, notre égoïsme, nos faiblesses et nos manques d’amour. Elle vient donner sens à notre vie, elle nous donne la Vie. Dans les dernières heures que Jésus partage avec ses disciples, il déclare à Thomas : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14,6)
François d’Assise, lui aussi, l’a expérimenté, puisque le cœur de la vie franciscaine, c’est de : « suivre l’enseignement et les traces de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Reg1,1). Celano raconte qu’à la fin de sa vie, François « était loin de se croire arrivé, mais, tenace dans sa volonté de perpétuel renouvellement dans la sainteté, il gardait toujours l’espoir de commencer. Il voulait même reprendre le service des lépreux et sa vie méprisée de naguère, fuir la compagnie des hommes et se retirer dans la plus profonde solitude pour être débarrassé de tout autre souci et n’avoir plus, entre lui et Dieu, que la seule cloison provisoire de la chair. » C’est pourquoi il disait à ses frères : « Commençons, mes frères, à servir le Seigneur Dieu, car c’est à peine si nous avons jusqu’alors accompli quelque progrès ! » (1 C 103)
Suivre le Christ, mettre nos pas dans les siens chaque jour, accueillir sa Bonne Nouvelle et nous laisser transformer et “retourner“, c’est l’itinéraire de toute une vie, c’est notre vocation franciscaine, comme le souligne le Projet de Vie de la Fraternité Franciscaine Séculière : « Comme “frères et sœurs de la pénitence“, en raison même de leur vocation, animés du dynamisme de l’Évangile, ils conformeront leur façon de penser et d’agir à celle du Christ, par ce changement intérieur radical que l’Évangile appelle “conversion“ ; celle-ci, en raison de la fragilité humaine est à reprendre tous les jours. » (PdV 7)
Alors, sœurs et frères, ne tardons pas…commençons !
P. Clamens