Prions en confinement Semaine_2

« Père très Saint, avec Saint François d’Assise nous te supplions.
Au nom de Jésus-Christ donne-nous ton Esprit.
Répands-Le sur tous les hommes, toutes les femmes, et tous les enfants,
Sur la Création toute entière.
Qu’Il chasse la pandémie et restaure les corps et les cœurs.
Nous te le demandons à Toi qui vis pour les siècles des siècles.
»

Prière composée par fr Michel Laloux, ministre provincial, en cette période de pandémie.

Cette réflexion se fera, sœurs et frères, tout en continuant l’appel à la prière.

Comment François d’Assise voit-il l’humilité ?

Disons pour commencer, que l’humilité ne relève pas, chez François, de la morale. Elle est fondamentalement une donnée christologique : il voit l’humilité du Christ, et cela induit chez lui une manière d’être, pour lui ressembler.

L’humilité du Christ, il la voit dans trois événements majeurs :

L’incarnation :
« Ce Verbe du Père, si digne, si saint et si glorieux, le très haut Père du ciel annonça, par son saint ange Gabriel, qu’il viendrait dans le sein de la glorieuse Vierge Marie ; et de fait il reçut vraiment, dans son sein, la chair de notre fragile humanité. Lui qui était riche plus que tout, il a voulu, avec la bienheureuse Vierge sa mère, choisir la pauvreté ». (Lettre à tous les fidèles 4-5)

Le lavement des pieds :
« On ne donnera à aucun frère le titre de prieur, mais à tous distinctement celui de frères mineurs. Ils se laveront les pieds les uns aux autres ». (1R 6, 3)

L’eucharistie :
« Voyez : chaque jour il s’abaisse, exactement comme à l’heure où, quittant son palais royal, il s’est incarné dans le sein de la Vierge ; chaque jour c’est lui-même qui vient à nous, et sous les dehors les plus humbles » (Adm. 1, 16-17)

Ce désir de conformité avec le Christ se manifestera dans la connaissance de soi-même devant Dieu.
Barthélemy de Pise (franciscain, né en 1338 et mort en 1401) nous rapporte la prière suivante que récitait François :
« Mon Dieu et mon tout. Qui es-tu, très doux Seigneur, mon Dieu ? Et qui suis-je, moi, pauvre vermisseau, ton serviteur ? »
Prendre conscience de l’abîme qui le sépare de son Seigneur, le rend humble.

Être humble, être petit :
« Heureux le serviteur qui, lorsqu’on le félicite et qu’on l’honore, ne se tient pas pour meilleur que lorsqu’on le traite en homme de rien, simple et méprisable. Car tant vaut l’homme devant Dieu, tant vaut-il en réalité, sans plus ». (Adm. 20, 1-2)

Vouloir ressembler au Seigneur veut dire que l’humilité est un devoir :
« Ils doivent se réjouir quand ils se trouvent parmi des gens de basse condition et méprisés, des pauvres et des infirmes, des malades et des lépreux, et des mendiants des rues ». (1R 9, 1)

Cette vertu se traduit par la patience au moment de la contrariété :
« Heureux les pacifiques : ils seront appelés fils de Dieu. Ce qu’un serviteur de Dieu possède de patience et d’humilité, on ne peut le savoir tant que tout va selon ses désirs ». (Adm 13, 1)

Elle se traduit aussi dans l’acceptation de l’injustice envers soi :
« Heureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté, car le royaume des cieux leur appartient.
Il y en a beaucoup qui sont férus de prières et d’offices, et qui infligent à leur corps de fréquentes mortifications et abstinences. Mais pour un mot qui leur semble un affront ou une injustice envers leur cher « moi », ou bien pour tel ou tel objet qu’on leur enlève, les voilà aussitôt qui se scandalisent et perdent la paix de l’âme
». (Adm. 14, 1-3)

Elle se traduit par la discrétion sur les grâces reçues et le bien qu’on fait :
« Heureux le serviteur qui amasse, mais dans le ciel, le trésor de grâces que le Seigneur lui offre et qui ne cherche pas, pour se faire valoir, à les manifester aux hommes ; Heureux le serviteur qui conserve en son cœur les secrets du Seigneur ». (Adm 28, 1.3)
« Heureux le serviteur qui ne se glorifie pas plus du bien que le Seigneur dit et opère par lui, que du bien que le Seigneur dit et opère par un autre
». (Adm 17, 1)

Cette humilité est tellement fragile que François demande à Dieu de la sauver :
« Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te sauve, avec ta sœur sainte Humilité » (Sal Vertus 2)

Frère Joseph (assistant régional)