La Passion 18-19
Introduction
Apparemment, le récit de Jean s’apparente à celui des synoptiques, mais en réalité il est très chargé d’intentions théologiques :
Jean contemple dans les événements tous les signes de la Royauté du Christ Sauveur. Nous sommes dans une ambiance d’une liberté incomparable, qui permet au Christ de prendre l’initiative ; l’impression d’une majesté souveraine ; et la prédominance d’un plan divin, qui se réalise à travers la Passion et la mort de Jésus, et qui déjoue l’apparente victoire du plan des hommes.
Jean devine que commence à cette heure-là le temps de l’Eglise et de la vie sacramentaire :
• Eglise signe de l’unité
• Eglise mère
• sacrements : baptême, eucharistie, réconciliation.
Arrestation, comparution devant Hanne, reniement de Pierre
La scène du jardin (18, 1-12)
Le texte johannique ne comporte pas l’épisode de l’agonie. Jean préfère retenir ce qui met en valeur la majesté et la liberté, la lucidité et la maîtrise des événements chez Jésus.
• Jésus sait tout ce qui va lui arriver, Judas ne le surprend pas (v. 4)
• C’est lui qui prend les devants et se livre ; impressionnés, les soldats reculent et tombent à terre (v. 4-8)
• « Je suis »… comme YHWH au Sinaï, qui se désigne ainsi à Moïse (v. 5)
• « Laissez partir ceux-ci » : signe de l’autorité de Jésus, même sur les ennemis (v.5)
• « La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? » (v. 11). Cela rappelle la réponse de Jésus aux disciples, lors de l’épisode de la Samaritaine : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas ! … ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé » (4, 32-34). L’événement de la Passion s’inscrit dans un plan divin à respecter.
Le procès juif officieux chez Hanne (18, 13-27)
Le procès juif officiel devant le Sanhédrin, Jean n’en dit rien. Et pour cause : pour lui tout est joué d’avance, l’audience a déjà eu lieu : ce sont tous les face à face de Jésus et des autorités religieuses tout au long de l’évangile.
Chez Hanne, ce n’est donc que l’audience officieuse. Hanne l’interroge sur ses disciples et son enseignement. Jésus, avec une liberté souveraine, répond : « J’ai toujours agi au grand jour ! »
Contraste entre la fermeté et la constance de Jésus, et la faiblesse de Pierre.
Le procès devant Pilate (18, 28-19, 16)
Tout va tourner autour de l’idée de Jésus Roi, du chef qui rassemble en sa personne la destinée de toute l’humanité.
L’épisode se déploie en 7 scènes, disposées suivant un plan précis, scènes qui se répondent pour mettre en valeur une idée centrale :
A 18, 29-32
Pilate sort pour dialoguer avec les Juifs :
« La loi ne permet pas de condamner à mort ! »
B 18, 33-38a
Pilate rentre et dialogue avec Jésus :
Royauté… Vérité
C 18, 38b-40
Pilate ressort devant les Juifs :
« innocent ! je le relâche ?
Barabbas ! »
D 19, 1-3
Investiture royale
C’ 19, 4-7
Pilate ressort avec Jésus devant les Juifs :
« Innocent ! Voici l’homme ! »
« Crucifie-le ! »
B’ 19, 8-11
Pilate rentre et dialogue avec Jésus :
quel pouvoir ?
A’ 19, 12-15
Pilate sort pour dialoguer avec les Juifs :
« Voici votre Roi ! Non !
César doit le condamner à mort ! »