Nous avons souhaité rencontrer les Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie (FMM) présentes dans notre Région, à Clichy-sous-Bois. Originaires de Pologne, de Corée, de Croatie, de Chine et de Madagascar, les sœurs Jolanta, Jeanne, Ana, Marie et Julienne constituent une vraie communauté internationale, que sœur Andréa, du Burkina Faso, est venue rejoindre depuis peu. Il y a quelques mois, à la demande de leur évêque, elles se sont installées au-dessus de l’église Jean XXIII, nouvellement construite, pour redonner vie et dynamisme au sanctuaire Notre-Dame-des-Anges, haut lieu de dévotion mariale.
Elles ont accepté de répondre pour nous à ces 3 questions :
• Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie…Quelle est la spécificité de votre vocation franciscaine ?
• Pouvez-vous nous parler de votre nouvelle implantation et de la mission qui s’y rattache ?
• Comment parvenez-vous à concilier vie communautaire et vie de travail ?
Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie…Quelle est la spécificité de votre vocation franciscaine ?
Sœur Jeanne : Je pense qu’il faut s’arrêter sur l’histoire du changement de nom de notre Institut : nous étions tout d’abord les Missionnaires de Marie. Pourquoi notre fondatrice a-t-elle voulu ajouter le mot « Franciscaines » ? Marie de la Passion était sœur de Marie-Réparatrice, mais, après des difficultés au sein de la congrégation, elle a décidé, avec une vingtaine de religieuses, de se séparer des Réparatrices pour fonder en 1877 les Missionnaires de Marie, « vouées à la mission universelle ». En 1884, elle a souhaité que les sœurs rentrent dans le Tiers-Ordre franciscain parce qu’elle désirait vivre la pauvreté, une pauvreté aussi stricte que possible. L’Institut est alors devenu celui des Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie. L’esprit de pauvreté est donc très présent dans notre charisme.
Sœur Ana : Je ne m’étais jamais posé la question car j’ai toujours pensé qu’il n’y avait qu’une vocation franciscaine… Pour moi, la spécificité de notre vocation c’est de vivre en tant que Franciscaine, non pas seulement avec des frères et sœurs qui m’entourent et qui sont de la même culture, la même nationalité, mais de vivre en tant que frères et sœurs, en dépassant toutes les frontières possibles et imaginables. Je crois que la spécificité de notre vocation franciscaine passe par cette interculturalité, internationalité et par l’aspect missionnaire aussi, dans l’environnement où nous sommes, avec nos voisins maghrébins, tamouls…
Sœur Marie : Pour moi c’est vivre à la manière de François et de Marie, à leur exemple. Marie, c’est la première disciple de Jésus, elle l’a suivi jusqu’au pied de la Croix. François, c’est le frère universel, c’est la fraternité, la joie, la simplicité. Sa manière de prier, de louer le Seigneur, sa communion avec l’universel, tout cela rejoint notre mission. A l’exemple de Marie et de François, j’offre ma vie pour l’Église et le Salut du monde, chaque jour, à travers de petites choses. Je m’engage à vivre à la suite du Christ, dans l’Esprit Saint, je me livre sans réserve au Père parce que lui se donne totalement, gratuitement et librement. De par ma vocation, je m’engage à vivre en communauté fraternelle, j’accueille les sœurs que le Seigneur me donne, ensuite je les choisis, c’est un consentement. C’est suivre les pas du Christ avec l’aide des sœurs et la grâce du Seigneur.
Pauvreté, désappropriation, solidarité, dépendance au Seigneur… Cette relation avec le Seigneur est tellement intime qu’elle transforme ma relation avec les frères et sœurs que je rencontre. J’apprends à aimer par les autres, à vivre avec eux, je suis évangélisée par les autres.
Sœur Jolanta : Notre spécificité, elle est déjà dans notre nom : Franciscaines Missionnaires de Marie… Dans la formule de nos vœux, nous nous engageons à suivre le Christ, à vivre l’Évangile, à l’exemple de Marie et de François, les deux ensemble. J’insisterai aussi sur la fraternité. Ici, à Clichy, cet aspect de la fraternité universelle est très fort. Déjà nous-mêmes, par nos nationalités, nous rendons visible cette fraternité universelle. Dans le concret, elle n’est pas parfaite, mais c’est un chemin pour rejoindre notre entourage qui est composé de multiples nations…c’est à la fois un témoignage et une mission.
Nous nous engageons dans un Institut international. Au moment de l’engagement définitif, nous n’appartenons plus à notre Province d’origine, mais à l’Institut, nous recevons alors notre envoi de la Supérieure générale. Pour moi, cela a été une prise de conscience très forte : « Maintenant, j’appartiens à l’Institut, ma vie est donnée à l’Eglise qui n’a pas de frontières. »
On peut faire le lien avec la fraternité universelle : vous êtes envoyées pour le monde…
Sœur Jolanta : Oui…et je pense à cette phrase de François : « Notre cloître c’est le monde »…C’est aussi porter le monde dans notre prière.
Sœur Julienne : De par notre nom, nous sommes invitées à vivre l’Évangile comme François et à en témoigner, dans le monde. Je retrouve cette spiritualité de François dans la fraternité et la contemplation.
La fraternité universelle, avec les sœurs que Dieu nous donne, avec ceux qui nous entourent et avec toute la Création.
La Contemplation : comme le disent nos constitutions, le Christ contemplé nous envoie à nos frères…et nos frères nous renvoient à la contemplation du Christ. Nous puisons notre force dans l’Eucharistie célébrée et dans l’adoration pour aller vers nos frères et présenter au Seigneur leurs demandes. C’est la richesse de notre vocation d’Adoratrices et de Missionnaires.
Comme François, nous aimons et essayons de respecter la Création qui est le reflet de la beauté et de la bonté de Dieu. La vie est un don de Dieu, nous avons aussi à témoigner de cette joie de vivre, de la joie de notre vocation, de la joie des rencontres avec ceux que le Seigneur met sur nos chemins, dans nos lieux de mission.
A l’exemple de François, qui a embrassé le lépreux et qui a un amour particulier pour les pauvres, Franciscaines, nous essayons d’être plus proches de ceux qui vivent une pauvreté matérielle mais aussi spirituelle, les marginalisés ou les exclus de la société. Ce sont les lépreux de notre époque, que nous côtoyons chaque jour sur nos lieux de travail.
Propos recueillis par Pascale Clamens-Zalay, le 21 janvier 2024